Bâtir une entreprise, créer de l’emploi, réaliser des projets, tout en utilisant sa science de surcroît, c’est aussi ça réussir selon moi. C’est aussi profiter d’une occasion, d’un besoin de notre collectivité et de mettre nos connaissances longuement acquises au profit de cette situation; et des opportunités il y en plus que vous ne le pensez!
Les autres parcours...
- d’une consultante en développement territoriale
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- d'un chercheur industriel
- d'une spécialiste de programmes sénior
- d'un chef d'équipe en développement des affaires
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- d'un coordonnateur de développement de services
- d'une coordonnatrice de commission au sein - d'un organisme-conseil
- d'un producteur de métaux de haute technologie
- d'un scientifique de données
- d'un chercheur dans un OBNL
Racontez-nous votre parcours, de vos études supérieures à votre occupation actuelle?
Disons que ma trajectoire diffère quelque peu du parcours classique, soit la ligne droite passant d’une formation générale au cégep au doctorat! Parti d’une formation technique en chimie-biologie au collégial, j’ai toujours été habité par un pressant sentiment « de passage à l’action scientifique » dès que ce serait possible. Après une courte carrière comme assistant de recherche qui a suivi mon bac en microbiologie, j’ai entrepris des études supérieures dans le milieu parapublic à Québec pour jouir d’une certaine autonomie de recherche. Profitant d’un milieu avec des moyens enviables et des équipements à la fine pointe de la technologie, j’ai nagé comme un poisson dans mes fonctions d’étudiant chercheur en immunologie pendant près de sept ans! J’ai adoré!
Parlez-nous de votre passage d’une formation en recherche à une profession en dehors du milieu universitaire?
Comme pour tout bon étudiant en fin de doctorat est venu le temps, un peu difficile, de me questionner sur mon avenir. Avec ces interminables demandes de subventions et une longue carrière de postdoctorant qui désormais la précède, la quête du poste de chercheur dans le milieu universitaire ce n’était pas pour moi. J’étais plutôt attiré par le contexte de recherche scientifique dans le milieu de l’entreprise. Mes études de doctorat m’avaient d’ailleurs très bien servi à ce sujet ralliant enjeux économiques, optimisation de produits et valeurs ajoutées. Jouissant d’un contexte économique assez favorable et attiré par l’aspect entrepreneurial de celle-ci, j’ai décidé de joindre les rangs de l’industrie du vaccin. J’y ai travaillé à titre de scientifique pendant quatre ans. Mes tâches étaient axées sur le développement de produits, les études précliniques et cliniques. Malgré un travail fort intéressant, l’autonomie conférée par les études supérieures me manquait. Toujours attiré par de nouveaux défis, jumelés à ce penchant pour le monde des affaires, l’idée de me lancer en solo est vite devenue criante!
Alors, quoi lancer? Une industrie en biopharmaceutique? Non, je connaissais : trop chère, trop long à commercialiser. Quoi d’autre? La bière! C’est de la science non? J’adore ça, tout le monde aime ça! Alors, pourquoi pas! Passionné de bières depuis mes jeunes années au collégial et co-instigateur d’un club de brasseurs à l’université à la fin des années 1990, de partir ma propre microbrasserie était un vieux rêve alliant passion, autonomie, affaires et science! J’ai toujours été attiré par ce monde qui, il y a vingt ans, m’apparaissait inaccessible. Aujourd’hui fleurissant, en pleine croissance, et comptant des amateurs de plus en plus à l’affût de nouveautés, il allait de soi que ce créneau d’entreprise serait un excellent milieu d’exploration pour moi. Alors, j’ai monté mon plan d’affaires, trouvé du financement et hop, c’est parti, Le Louénok ouvrira ses portes à Québec l’automne 2017!
Quelles compétences acquises lors de votre formation sont mises à profit dans votre occupation actuelle et lesquelles vous ont manqué?
Le rôle de mes études supérieures dans tout ça? Elles m’ont certainement permis de réaliser à quel point il est important de bien clarifier ses objectifs et de valider ses hypothèses, ce qui assure, en bonne partie, le succès d’un projet. Par exemple, lorsque vous êtes doctorant, vous voulez publier, et publier beaucoup. C’est votre ultime objectif. Comme en affaires, la planification de vos articles doit être judicieusement orchestrée afin d’optimiser votre visibilité; vous êtes un vendeur de concepts en quelque sorte! Dans ma vie professionnelle actuelle, je continue toujours et encore de penser ainsi : mesurer l’impact et la portée de mon idée, me démarquer et intéresser. Et surtout, être réaliste! Même si la bière est un milieu « effervescent », la compétition y est devenue très forte. C'est limpide, on ne peut contourner une bonne définition de ses objectifs d’affaires pour réussir.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants chercheurs pour les préparer à de multiples parcours?
Il est vrai que pour une personne curieuse, avide de connaissances et avec des idées plein la tête, les études supérieures restent un moment grisant que l’on voudrait voir éternel (ou presque, j’en conviens...). La carrière universitaire nous apparaît souvent comme un idéal, un ultime but à atteindre; elle nous semble garante d’une vie réussie. Mais, bâtir une entreprise, créer de l’emploi, réaliser des projets, et utiliser sa science de surcroît, c’est aussi ça réussir. C’est aussi profiter d’une occasion, d’un besoin de notre collectivité et de mettre nos connaissances longuement acquises au profit de cette situation; et des opportunités il y en plus que vous ne le pensez! Je dirais, pour finir, que vos études auront été un excellent moyen de développer des compétences transversales très utiles en affaires ou dans un autre domaine. Et elles sauront vous servir, j’en suis sûr, dans une carrière exo-universitaire!
- Eric Aubin
Brasserie Le Louénok
Originaire de Québec et diplômé d’un doctorat en microbiologie à l’Université Laval en 2011, Éric Aubin a principalement travaillé depuis à titre de scientifique dans l’industrie du vaccin. Poussé par une passion de longue date et ayant un faible pour l’entrepreneuriat, il a récemment fondé sa propre entreprise qu’il qualifierait de biotechnologie : Le Louénok, microbrasserie artisanale inc. L’ouverture est prévue pour l'automne 2017, à Québec, sa ville natale.
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