Le monde traverse une transition profonde socioécologique. La société est à la recherche urgente de solutions plus durables. Ce changement transforme le rôle des ingénieur.es, qui doivent désormais intégrer les principes de l’ingénierie durable dans leur travail. Cependant, des questions cruciales demeurent : les ingénieur.es sont-ils.elles adéquatement formé.es pour cette transition ? Quelles compétences et connaissances sont essentielles pour pratiquer l’ingénierie durable? Les programmes de baccalauréat en ingénierie préparent-ils vraiment les diplômé.es à ce virage essentiel ? Quels sont les verrous et les leviers ? Comment concilier le besoin de repousser les limites de la technologie avec l’épuisement des ressources et le réchauffement climatique ? Comment ne pas céder au technosolutionnisme ?
Pour relever ces défis, il est crucial de dépasser une vision purement technique de l'ingénierie. Les futur.e.s ingénieur.e.s doivent être formé.e.s à une approche holistique intégrant les dimensions environnementales, sociales et économiques du développement durable. Cela nécessite de développer des compétences transversales telles que la pensée critique, la résolution de problèmes complexes, et la capacité à travailler en équipe interdisciplinaire.
Toutefois, l’intégration des principes de l’ingénierie durable dans les programmes représente un défi majeur. De nombreuses études montrent un retard notable dans l’intégration de ces enjeux de manière transversale, à travers tous les programmes, et tout au long du parcours académique. Une enquête réalisée en 2023 par la Confédération pour le Rayonnement Étudiant en Ingénierie au Québec (CRÉIQ), regroupant 14 associations étudiantes des facultés de génie à travers la province, met en évidence les préoccupations des étudiant.es concernant l’enseignement du développement durable dans leurs programmes. Des changements importants s’imposent au niveau des contenus de cours, des méthodes pédagogiques et du support institutionnel.