En 1989, le directeur général de l’Institut Pasteur annonçait l’abandon complet du français vers l’anglais comme langue de diffusion de ses principaux périodiques, souhaitant ainsi assurer leur survie dans l’écosystème mondial de la publication savante. Cette décision prise au sein d’un centre de recherche prestigieux en France marquait un tournant en ce qu’il consacrait l’usage de l’anglais comme lingua franca scientifique, tout particulièrement dans le domaine des sciences naturelles et du génie (SNG). Aujourd’hui, 98% des articles dans ce domaine sont publiés en anglais. Au Canada, cette anglicisation de la science est préoccupante. L’anglais y occupe un statut de langue officielle comme le français, mais à la différence qu’il est en même temps la langue d’usage de la majorité de la population. Par conséquent, sa prévalence comme langue scientifique contribue directement à consolider la domination d’une langue officielle sur l’autre, fragilisant ainsi l’équilibre linguistique de l’écosystème canadien de la recherche, et cela est encore plus vrai en contexte francophone minoritaire. Comparativement aux sciences humaines et sociales, les objets de recherche en SNG sont plus facilement dissociables du contexte socio-culturel, et donc linguistique, dans lequel ils sont enchâssés. Cependant, cela ne disqualifie pas pour autant la pertinence et l’utilité, tant au niveau social que celui de la créativité scientifique, de produire et diffuser les savoirs dans sa langue locale ou nationale. Dans la foulée des réflexions initiées lors du Congrès de l’Acfas de 2019, le présent colloque vise à rassembler des chercheur·se·s francophones du Canada dans le domaine des SNG, ainsi que des organisations les représentant, qui réfléchiront ensemble sur les besoins et les pistes d’action à mettre en œuvre afin de revaloriser l’usage du français dans leurs disciplines.
Le jeudi 8 mai 2025