L’innovation est simultanément célébrée pour son rôle moteur dans le progrès et la croissance économique, et critiquée en tant que vecteur de domination, d’uniformisation et d’exclusion sociale. Synonyme de modernité et de prospérité dans le domaine du développement, l’innovation en action humanitaire est aussi souvent associée aux technologies permettant de sauver des vies. Certes, l’innovation fait également partie d’un système plus large d’inégalités mondiales caractérisé par un flux (de ressources, de connaissances, de produits, de bénéfices) parfois unidirectionnel. Dans les pays du Sud global, l’innovation est souvent liée à la nécessité de répondre à des défis mondiaux de justice sociale et environnementale, visant à renforcer la résilience face aux changements climatiques et d’autres types de crises, développer des économies plus robustes et diversifiées et rehausser l’accès à l’information. Toutefois, et bien que porteuses de solutions, les innovations peuvent s’inscrire dans une dynamique d'appropriation, de marchandisation et de reproduction de rapports de domination. L’application d’une lunette critique à l’analyse de l’innovation met en lumière une conceptualisation occidentalocentrée et un ancrage néocolonial, renforcé par une société consumériste, qui peut créer et entretenir des inégalités. Ce colloque s’intéresse donc en un premier temps à mieux comprendre les mécanismes qui perpétuent les inégalités en matière d’innovation (par exemple, la marchandisation et la centralisation du pouvoir, des ressources, des agendas, des bénéfices). Ensuite, il a comme objectif d'élargir la conceptualisation en faisant valoir le potentiel d’innovations (toutes formes confondues - technologiques, managériales, organisationnelles, sociales) en solidarité, de cadres d'analyse et des pratiques prometteuses en vue de contribuer à l'émergence d'une innovation inclusive, décoloniale, socialement responsable et engagée en matière de réduction des inégalités.
Le lundi 5 mai 2025