624 - Regards multidisciplinaires sur l’adaptation aux changements climatiques des villes du monde : quelles actions efficaces ?

Les systèmes de transports et l’immobilier sont étroitement liés. Les infrastructures de mobilité influencent la valeur foncière : la proximité des transports en commun joue un rôle important dans la valorisation des biens immobiliers, alors que les zones mal desservies baissent leur attractivité. L’immobilier influence également les besoins en transports : les formes urbaines mixtes et compactes favorisent une mobilité durable, tandis que les zones étalées augmentent la dépendance automobile. Il est donc crucial de penser les systèmes de transports et l’immobilier de façon intégrée. Les infrastructures de transport à la fois contributrices et victimes du changement climatique, sont vulnérables à ses effets, entrainant une diminution de la valeur immobilière et un impact sur l’économie locale. Dans ce contexte, L’intégration de l’adaptation climatique dans la planification urbaine est importante. Les plans de déplacements urbains (PDU) sont des outils de planification et de gestions des transports, qui visent à promouvoir une mobilité durable. Cependant, les impacts climatiques sont en augmentation, cela signifie que ces PDU doivent viser à la fois la durabilité et l’adaptation climatique. Notre recherche vise à identifier les meilleures stratégies d’adaptation des systèmes de transports aux changement climatiques, en analysant des PDU internationaux. Cette recherche va guider les urbanistes afin de créer des villes accessibles, durables et résilientes aux changements climatique.

L’immobilier d’entreprise joue un rôle clé dans l’adaptation des villes aux changements climatiques. Il ne se limite pas à fournir des espaces pour les activités économiques, mais influence aussi l’urbanisme, la gestion des ressources et la résilience environnementale. Par ailleurs, les environnements de travail se doivent d’offrir des territoires vivables, inclusifs et résilients face aux défis environnementaux du XXIe siècle.

Face à l’intensification des épisodes climatiques extrêmes (canicules, inondations, tempêtes), il est devenu crucial de concevoir des espaces de travail capables d’en atténuer les impacts et d’assurer un développement socio-économique urbain durable. (Minchella, 2022, Gupta et al., 2022).

Mais quels modèles d’organisation des espaces de travail et du bureau permettraient de renforcer les capacités de résilience socio-climatique ?  Pour répondre à cette question, nous avons choisi dans un 1^er temps de mener une recherche qualitative mobilisant les ateliers comme instruments de recherche (Ørngreen and Levinsen, 2017). Une revue de la littérature nous a permis d’isoler et d’identifier 4 grands modèles d’espaces de travail (Petitbon, 2023). Ces modèles coexistent actuellement : Open, Flex office, ABW et autres (Bouchez, 2023 ; Bertier et Cochard, 2021). Pour développer des propositions empiriques et identifier de nouvelles configurations « souhaitables » du bureau de demain et des nouveaux espaces de travail, nous avons organisé plusieurs ateliers mobilisant les objets frontières (Star et Griesemer, 1989) et la méthode LEGO® Serious Play® (Roos, J. et al., 2004). Ces ateliers à visée prospective ont été menés avec des directeurs d’environnement de travail, des directeurs immobiliers et des consultants en environnements de travail. Ils ont permis de définir trois configurations, le modèle territorialisé et durable, le modèle métropolitain centralisé et le modèle flexible et hybride.

Les impacts du changement climatique sur les habitats humains nécessitent des solutions innovantes et localisées pour réduire l'empreinte carbone du secteur du bâtiment (UN-Habitat, 2021, p. 34). Cependant, les matériaux de construction conventionnels (béton et acier) sont énergivores et augmentent les émissions de gaz à effet de serre. En Afrique de l'Ouest, le bambou, matériau endogène aux multiples propriétés dont la durabilité, la résistance et la séquestration du carbone, apparaît comme une alternative prometteuse et mérite d'être étudié et positionné comme une solution innovante en matière de matériau de construction.

Malgré ses avantages, le bambou reste sous-utilisé dans la construction en Afrique de l'Ouest en raison du manque de connaissances techniques, de l'absence de normes de construction appropriées et des perceptions négatives concernant sa durabilité (M. Sharma, 2019, p. 23). Ainsi, le travail vise à explorer le potentiel du bambou, matériau écologique, dans la construction durable et dans la résilience climatique des villes d'Afrique de l'Ouest. A partir de l’analyse documentaire, des travaux de terrain et des essais en laboratoire, il ressort que le bambou peut contribuer de manière significative à la réduction des émissions de carbone et à l'amélioration de la résilience climatique de l’habitat dans les villes ouest-africaines.

Les bouleversements environnementaux frappent inégalement les territoires en raison de différences en matière de ressources, d’aménagement et de capacités d’anticipation. Ces inégalités ne sont pas seulement économiques ou géographiques : elles résultent aussi d’une gouvernance fragmentée et d’une communication des risques inadaptée. Comprendre ces disparités permet d’identifier des leviers d’action pour renforcer la résilience. L’accès à l’information et la collaboration sont essentiels pour gérer efficacement les risques. À Valence, les inondations de 2024 ont révélé des lacunes dans les alertes. À Séville et Athènes, des stratégies de communication adaptées aux vagues de chaleur ont permis de mieux protéger les populations. Au Québec, les inondations de 2017 et 2019 ont souligné des défis de sensibilisation et de collaboration. Ces exemples montrent comment une communication adaptée aide à mieux se préparer aux risques. Pourtant, la confiance excessive dans les infrastructures, la faible adoption des mesures de prévention et la surcharge d’informations continuent d’exacerber les vulnérabilités face aux risques. Mal ciblées ou contradictoires, les communications en altèrent la perception et ralentissent l’action. L’objectif de cette présentation est d’identifier des approches inspirantes issues d’exemples concrets à travers le monde, illustrant comment la communication des risques et la collaboration entre acteurs peuvent renforcer la préparation aux crises.

L’urbanisation des sociétés met le marché immobilier en tension, notamment pour les activités à faible rendement économique comme la logistique. Le changement climatique et les obligations de performances énergétiques conduisent à la mise en place de nouvelles normes réglementaires pour le bâti, dont les entrepôts logistiques, outils protéiformes et indispensables pour l’approvisionnement croissant des marchandises (stockage, tri, préparation de tournée). Une des pistes de résilience est de construire des entrepôts flottants, sur les quais et les bords à voie d’eau où le potentiel de déploiement existe. Grâce à une souplesse réglementaire et à des impacts environnementaux plus faibles, cette solution est compatible avec les risques de montée des eaux, profite d’un environnement offrant un rafraîchissement naturel pour le bâti, tout en proposant une solution logistique de proximité. Imaginés mobiles, ces hubs logistiques flottants permettent de charger des marchandises en périphérie, de les acheminer de manière massifiée en centre-ville tout en travaillant à bord pendant la navigation, puis de faire appel à des modes décarbonés pour le dernier kilomètre (cyclologistique). Construire sur l’eau limite l’artificialisation des sols, tout en décongestionnant l’espace urbain, qui voit diminuer le trafic des camions et l’espace public libéré pour être végétalisé et « pacifié » pour les modes actifs. Plusieurs entrepôts flottants mobiles sont opérationnels en France, notamment à Paris.

L’adaptation des technologies face aux changements climatiques est devenue une priorité mondiale. Dans ce contexte, l'innovation verte constitue un levier essentiel pour développer des technologies capables d’atténuer ces impacts et de promouvoir la durabilité. Mais quels domaines voient le plus d’innovations vertes émerger, et quels sont leurs réels impacts ? Cette communication se propose d’explorer l’importance de l’analyse des bases de données d’innovation verte au Canada et le rôle que peut jouer l’intelligence artificielle (IA) pour simplifier les prises de décisions environnementales en analysant l’impact des brevets verts, source majeure de solutions technologiques face aux défis climatiques. Nous nous appuyons sur une base de données des brevets verts canadiens, enrichie par une méthode innovante de labellisation automatique. Grâce à l'utilisation d'outils d’IA, cette approche dépasse la simple catégorisation International Patent Classification (IPC) traditionnelle des bases de données de brevets verts émise par World Intellectual Property Organization (WIPO) en évaluant automatiquement les formes de valeur associées à chaque brevet pour déterminer si une technologie peut être considérée comme durable et sa catégorie d’impact environnemental. En analysant de multiples indicateurs environnementaux, économiques et sociaux, la labélisation automatique par l’IA offre une vision globale de l'impact des innovations vertes. Les brevets verts, couvrant des domaines variés allant des technologies de l'énergie renouvelable à la gestion des ressources naturelles, il peut en effet être difficile d’identifier déficits d’une vision globale. Ainsi, les impacts des technologies vertes identifiés via l’approche automatisée sont analysés selon cinq catégories principales, puis répartis en sous-catégories : - Qualité de l'environnement - Utilisation des ressources - Utilisation de l'énergie - Santé et vie - Sécurité écologique Cette catégorisation des impacts environnementaux des brevets permettra une recherche inversée en les filtrant par catégorie d’impact. Grâce à cette catégorisation, les tendances en technologies vertes pourront être analysées en fonction de leur portée environnementale. Cela permettra d’identifier les secteurs les plus affectés par ces technologies, ainsi que ceux qui restent moins explorés. Cet outil facilitera la tâche des chercheurs, entrepreneurs et gouvernements pour identifier le manque à combler en termes de solutions aux problèmes environnementaux. Cette approche permettrait d’identifier les stratégies les plus efficaces en matière d’innovation verte. À travers cette présentation, nous démontrerons que l’application d’outils d’intelligence artificielle permet non seulement d’évaluer avec précision les impacts des technologies vertes, mais aussi de déterminer les secteurs d’impact les moins ciblés. De plus, nous mettrons en lumière comment l’intégration de techniques de labellisation par IA pour analyser ces technologies constitue un outil de taille pour aider à trouver des solutions durables aux défis climatiques. Cette approche offre aux décideurs, aux villes et aux entreprises une vision plus fine et exhaustive de l'offre croissante de technologies propres, facilitant ainsi leur repérage et leur adoption dans le cadre de la transition durable. L’évaluation des impacts environnementaux requiert une compréhension contextuelle approfondie, et la qualité de la classification dépend en grande partie de la précision de la description de la technologie dans le titre et le résumé du brevet. Toutefois, certaines formulations techniques complexes peuvent être difficiles à interpréter automatiquement, ce qui introduit un biais dans la classification. Pour améliorer ces systèmes, il serait pertinent d’affiner les données d’entraînement en intégrant des références environnementales plus détaillées et de renforcer la transparence des modèles afin de faciliter leur validation et leur adoption par les experts du domaine.

Le dérèglement climatique représente une menace croissante pour la santé physique et le bien-être mental des populations en milieu urbain. Les vagues de chaleur, la sécheresse, les inondations, les ouragans, les incendies de forêt et les tempêtes fragilisent les systèmes de santé, exposant particulièrement les populations vulnérables. De plus, l’intensité de l’utilisation des ressources en ville (énergie, eau, matériaux) exerce une pression accrue sur ces systèmes, aggravant les risques climatiques avec des répercussions directes sur la santé. Dans ce contexte, il est crucial d’examiner les mesures mises en œuvre pour renforcer la résilience urbaine face à ces défis croissants et anticiper leurs impacts futurs. Cette communication repose sur une revue de la littérature scientifique, visant à identifier les risques sanitaires liés au changement climatique en milieu urbain, ainsi que les initiatives développées dans différentes villes à travers le monde pour y faire face. Les résultats attendus permettront de dégager les principales stratégies d’adaptation, telles que les aménagements urbains résilients, les dispositifs sanitaires adaptés, l’adoption de politiques publiques ciblées et des pratiques de gestion efficiente des ressources visant à optimiser leur usage et réduire leur impact écologique. En croisant les approches urbanistiques et sanitaires, cette analyse mettra en lumière les leviers d’action pour une ville plus durable et inclusive au bénéfice de la santé publique.

Les villes des pays en développement, comme Ouagadougou, sont particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques, notamment les inondations et les vagues de chaleur. Ces phénomènes exacerbent les défis liés à la dégradation des écosystèmes urbains et à la perte de biodiversité. Dans ce contexte, les solutions fondées sur la nature (SFN) représentent une opportunité prometteuse pour renforcer la résilience urbaine et améliorer le bien-être des populations. Cette communication explore l'intégration de la connectivité des habitats naturels dans la planification urbaine, à travers une approche de modélisation spatiale. L’objectif principal est d’identifier les corridors écologiques essentiels et de proposer des interventions adaptées pour restaurer et préserver ces connexions, favorisant ainsi des solutions durables. La méthodologie repose sur l’utilisation d'outils de modélisation géospatiale tels que Biodispersal et Graphab. Les résultats montrent que la connectivité écologique joue un rôle crucial dans l’atténuation des risques climatiques en milieu urbain. Ils mettent également en évidence des opportunités spécifiques pour intégrer ces stratégies dans les politiques locales de développement urbain. Cette recherche apporte des éléments de réponse aux débats sur l’adaptation des villes aux changements climatiques et propose des pistes d’action pertinentes pour le contexte urbain de Ouagadougou.