Un dialogue entre expériences et savoirs pour la justice est nécessaire. La justice reproductive repose sur des principes fondamentaux : le droit d'avoir ou non des enfants ainsi que le droit de les élever dans des environnements sûrs et sains. La justice reproductive requiert l'autonomie sexuelle et la liberté de genre pour chaque individu (Ross & Solinger, 2017). Les droits reproductifs se déclinent en trois catégories : les droits à l'autodétermination en matière de reproduction, les droits aux services de santé sexuelle et en matière de reproduction, à l'information et à l'éducation, et les droits à l'égalité et à la non-discrimination (Erdman & Cook, 2008). Ces droits sont indissociables de l'accès à une santé reproductive holistique, définie comme un état de bien-être complet permettant aux individus de mener une vie sexuelle épanouie et sans danger, tout en ayant la liberté de décider s'ils souhaitent avoir des enfants, et le cas échéant, quand et à quelle fréquence (Organisation Mondiale de la Santé [OMS], 1994). Cependant, l’histoire a démontré que ces droits fondamentaux ont été systématiquement bafoués pour certaines populations en contextes de vulnérabilité (menaces ou des difficultés reliées à divers facteurs biologiques, physiques, psychologiques, cognitifs, socioéconomiques, ethnoculturels, sexuels et de genre, comportementaux, environnementaux et d’accès aux soins) (Grabovschi et al., 2013). Au Canada, par exemple, des pratiques de stérilisation forcée ont ciblé des personnes autochtones, migrantes, racisées, judiciarisées ou institutionnalisées (Stote, 2019). Ces inégalités historiques et structurelles demeurent présentes aujourd’hui, y compris au Québec, comme l’ont révélé nos premières recherches en santé reproductive. Il est donc impératif d’adopter une approche interdisciplinaire de justice reproductive, afin de garantir des droits équitables et une santé inclusive pour toustes.
Le lundi 5 mai 2025