Les difficultés d’accès au droit et à la justice font régulièrement surface dans les médias et les débats sociaux, notamment les coûts et délais des procédures judiciaires, la rigidité des processus et pratiques ainsi que l’insuffisance des ressources investies dans le système de justice. Des phénomènes persistent, tels que la désaffection des tribunaux par les individus, le monopole des entreprises et institutions publiques sur les tribunaux civils, l'autoreprésentation des citoyens ou le recours aux réseaux sociaux pour critiquer les tribunaux ou pour se faire justice à soi-même.
L’étude des innovations et mutations des activités de justice permet de constater que, bien qu’il n’y soit pas totalement hermétique, le changement dans le milieu judiciaire semble devoir présenter des caractéristiques précises pour réussir. La justice se compare ainsi à d’autres milieux fortement institutionalisés comme l’éducation et la santé. Alors que les pourtours d’une théorie du changement institutionnel sont en voie d’être établis dans le cadre des travaux du groupe Innovations et mutations des activités de justice (ou « IMAJ »), il est fondamental de se demander comment une telle théorie peut évoluer, et comment elle pourra être mobilisée pour étudier le changement.