Au Québec et en France comme dans l’ensemble de l’Amérique et de l’Europe francophones, l’analyse sociohistorique et la sociologie historique sont parfois exclues du champ sociologique. Or, la distribution des frontières comme l’attribution des étiquettes disciplinaires ne s’équivalent pas nécessairement d’un espace francophone à l’autre. Ces deux constats ont rendu concurremment difficile la constitution d’un espace francophone pluriel, mais en dialogue continu, de la sociologie historique, au détriment conjoint du savoir sociologique francophone dans son ensemble comme de la pratique disciplinaire de la sociologie historique ou de la production de savoir sociohistorique au sein de la francophonie universitaire.
Poser la question de la définition et de la pertinence d’une sociologie historique relève d’une réflexion plus large sur les définitions et les enjeux de la discipline, et sur nos manières de la pratiquer. Nous invitons à réfléchir collectivement, en privilégiant une orientation œcuménique, aux constructions et aux exclusions de méthodes, d’objets et d’approches. Cette analyse entre réflexivité et épistémologie peut concerner les aspects les plus théoriques, les enseignements, les pratiques de terrain, et même les applications dans la société civile. Au-delà des répartitions disciplinaires qui relèvent aussi autant de partages que de concurrences, étudier la place accordée ou non à la sociologie historique permet de réfléchir à l’organisation même des disciplines, des carrières et des professions universitaires.
Les participantes et participants à ce colloque proposent des contributions à l’aménagement comme à l’élargissement de l’espace francophone de la sociologie historique en offrant des analyses et des réflexions puisant tant aux traditions, aux entre-deux et croisements, qu’à des perspectives originales et à de nouvelles interdisciplinarités, que ce soit sur le plan des objets abordés ou des méthodologies théoriques et pratiques adoptées.