412 - Le télétravail, nouvelles modalités de travail et d’occupation des territoires postpandémiques, entre amélioration du liant et fragilité du lien

Depuis la pandémie de la COVID-19, le télétravail à domicile devient une forme répandue d’organisation du travail, ce qui vient poser de nouveaux défis en droit du travail,  un modèle de régulation juridique rattaché à l’établissement de l’employeur. 
Avec la dématérialisation du lieu de travail, les obligations légales de l’employeur envers ses salariés sont-elles dénaturées dans le contexte du télétravail ? Afin de répondre à cette question, nous nous pencherons sur trois principales obligations de l’employeur dans le cadre du contrat de travail. 
Notre étude repose sur une méthodologie juridique classique analysant les lois, la jurisprudence et la littérature pertinente, ainsi que sur une étude des conventions collectives et des lettres d’entente conclues au Québec dans le secteur des assurances, en vigueur avant et après la pandémie, soit entre septembre 2018 et mars 2026, ayant une ou des dispositions impliquant l’enjeu du transfert des risques économiques de l’employeur vers les salariés pour illustrer la dénaturation des obligations de l’employeur dans le contexte du télétravail. 
Cette communication mettra en lumière : 
•    L’évolution des obligations de l’employeur vis-à-vis des télétravailleurs; 
•    Le cadre juridique régulant le télétravail au Québec et ses limites; 
•    Les dépenses liées à l’implantation, au fonctionnement et à l’entretien du télétravail. 

Cette recherche a examiné l'expérience vécue des relationnistes qui utilisent les technologies de l'information et de la communication (TIC) telles que les téléphones intelligents et les ordinateurs portables, non seulement pendant la journée de travail, mais aussi après les heures de travail et pendant les fins de semaine. Ce projet, complété en 2023, a suivi une approche critique axée sur la société hyperconnectée et hypermoderne dans laquelle tout est socialement accéléré. L'expérience des relationnistes, les stratégies utilisées pour résister ou s'émanciper de l'appel constant de la technologie, et ce que cela signifie pour la pratique des relations publiques ont été examinés. Une enquête par questionnaire (N=123) a été suivie d'entretiens (N=25). Cette étude a révélé que les relationnistes apprécient la flexibilité que le télétravail et formes de travail à distance et hybrides ont apportée. Cependant, l'éventail de stratégies appliquées pour se libérer de l'appel à la connexion était limité dans de nombreux cas. Les relationnistes estiment que plus de ressources, un meilleur modèle de rôle de la part de la haute direction, de meilleures limites, ainsi qu'une compréhension commune de ce qui constitue une crise nécessitant un soutien en dehors des heures régulières de travail, les aideraient. Ces résultats contribuent à l'étude des relations publiques et du travail en mettant l'accent sur les voix des relationnistes au Canada et sur leur vécu avec les TIC et leur travail.

Dans le contexte postpandémique, certaines modalités du télétravail sont sujet à controverse; notamment le nombre de jours devant être effectués au bureau. Contrairement à ses homologues, une grande organisation publique a choisi d’implanter une politique de télétravail flexible laissant aux personnes gestionnaires le soin de déterminer les modalités pertinentes pour leurs équipes en collaboration avec celles-ci. Notre recherche en cours évalue le processus d’implantation de cette politique et ses retombées et pour explorer les associations entre ses différentes modalités et des indicateurs individuels et organisationnels de performance et de bien-être. Entre autres, nous avons pour objectif d’1) examiner comment le télétravail et les modalités des ententes individuelles sont associés aux risques psychosociaux du travail (RPS) en tenant compte des caractéristiques professionnelles et individuelles du personnel; et 2) d’identifier et évaluer les formes de soutien en place par l’organisation pour accompagner les gestionnaires et le personnel dans le changement.
La recherche comporte un volet qualitatif avec des entretiens de groupes avec des gestionnaires, et un volet quantitatif composé d’un questionnaire en ligne distribué aux membres du personnel effectuant du télétravail et à leurs gestionnaires. À la lumière des résultats préliminaires de l’étude, il sera discuté des apports et des limites de ce type de politique.

Les retours au bureau, après une longue période de télétravail (depuis la pandémie exigent des adaptations du côté des salariés et des gestionnaires. Nous nous intéressons à la gestion de l’hybride, et aux innovations organisationnelles et managériales déployées par les gestionnaires). Les entreprises imposent une présence au bureau de 2 ou 3 jours, et la gestion de l’hybride est plus complexe pour les gestionnaires, notamment pour la gestion des places, les rotations des équipes et la répartition du temps de travail entre les espaces.  Des outils de gestion spécifiques à l’aire ouverte sont déployés, et on note une gestion différenciée des tâches et de l’activité de travail selon que les employés sont sur site ou à distance. Aussi, l’organisation du temps du travail ou du télétravail se fait en lien avec d’autres temps sociaux dont le temps familial, ce qui peut parfois avoir un effet aussi sur les gestionnaires. La recherche a été menée dans six organisations des secteurs public, privé et d’économie sociale. Elle repose sur une observation des lieux qui a permis de caractériser les espaces du point de vue spatial, organisationnel, temporel mais aussi sur les perceptions des salariés et des gestionnaires de leur propre activité de travail. Les méthodes qualitative et quantitatives ont été déployées. Nous traiterons surtout des résultats qualitatifs sur le management hybride et de proximité, ainsi que les supervisions en présentiel au sein de l’open space et à distance. 

Le télétravail se généralise, perçu de plus en plus comme un mode productif d’organisation du travail. Mais bien qu’avantageux à certains égards, le télétravail a eu des effets indésirables, en particulier sur la santé mentale de certains travailleurs. Malheureusement, au lendemain de la crise de COVID-19, les études sur la relation entre le télétravail et la santé mentale ont à tel point proliféré que l’état de la littérature en devient fragmenté. En effet, la relation entre les deux phénomènes varie énormément selon les études, leurs contextes empiriques, les théories mobilisées, etc., ce qui occasionne une confusion croissante autour du sujet.

Pour pallier cette confusion, la présente recherche entreprend une revue narrative systématisée afin d’identifier les tendances majeures de la littérature et de les synthétiser en catégories théoriques, méthodologiques et contextuelles. Cela permettra, espérons-nous, d’orienter utilement les recherches futures.  

Un échantillon de 52 articles publiés entre 2015 et 2025 ont été inclus à l’issue d’un tri méthodique basé sur le modèle PRISMA. Les analyses sont en cours, et les premiers résultats sont attendus pour début avril 2025.

Alors que l’étude contribue principalement à orienter les recherches futures, elle a également le potentiel de guider la prise de décision politique et organisationnelle. 

Avec l’essor du travail à domicile (TAD), de nombreux télétravailleurs continuent de rester chez eux quelques jours par semaine et certains avec leurs animaux de compagnie. Des études antérieures ont montré que le TAD peut avoir des effets positifs sur les employé.es en termes de rendement (Taskin, 2013), conciliation travail-famille (Tremblay, 2014), autonomie et flexibilité (Rigaud, 2016). Une littérature en sciences humaines et sociales démontre que l'autorisation des animaux de compagnie dans les environnements de bureau traditionnels peut contribuer à réduire le stress lié au travail et crée un climat de travail plus détendu (Wells et al. 2001). D'autres recherches sur le TAD indiquent que l'expérience du télétravail peut susciter certains défis en termes d'intensification du travail (Scaillerez, Tremblay, 2015) ou d'isolement (Huws, 2015). Notre recherche a pour objet d’analyse le lien entre la présence d'animaux de compagnie et le TAD. Elle possède un double questionnement. Les animaux de compagnie (chiens, chats, ou autres) peuvent-ils influer sur le bien-être des télétravailleurs (bien-être physique, émotionnel, réduction du stress…)? Concilier TAD et présence d’un animal de compagnie peut-il présenter également des défis (en termes de gestion du temps, concentration et rendement? Les premiers résultats de notre recherche qualitative menée au sein de la Péninsule Acadienne et du Sud-Est du Nouveau-Brunswick seront présentés lors de ce colloque.

Des espaces ouverts de travail sont apparus, sous forme de bureaux individuels non attitrés, de bureaux partagés ou flexibles. Ces réaménagements permettent plus d’optimisation des espaces et de réduction de coûts financiers pour les employeurs, mais quels sont les enjeux pour les salariés? L’occupation des places et l’organisation du temps de travail au bureau, sur site et du hors travail sont de nouveaux enjeux pour les salariés. Le travail et le hors travail s’envahissent davantage qu’auparavant avec le télétravail grâce entre autres aux outils technologiques. L’organisation du télétravail exige la prise en compte des autres temps sociaux comme le temps familial. L’aire ouverte est un lieu de collaboration et de socialisation, propice aux échanges et aux interactions. Les activités devraient être distribuées entre le bureau pour les tâches fondées sur la collaboration, et le domicile pour les tâches exigeant de la concentration. Le sentiment d’appartenance à une équipe et à une organisation peut être renforcé, ou au contraire diminué par la réduction de la présence sur site.
Notre communication proposera une analyse de l’organisation des activités et du temps de travail dans les aires ouvertes et à domicile. La recherche a été déployée dans six organisations du secteur public, privé et d’économie sociale. Nous présenterons les perceptions des salariés à partir d’une soixantaine d’entrevues et d’une enquête par questionnaire.

Depuis la fin de la situation pandémique (Covid-19), un nombre croissant de travailleurs du savoir deviennent géo-indépendants et pratiquent le télétravail nomade. Ces nomades numériques peuvent travailler dans n’importe quel lieu, mais aussi dans n’importe quel territoire ou n’importe quel pays muni d’une connexion internet…). Pour répondre à ce nouveau phénomène, des espaces de coliving se développent à travers le monde. 
Notre recherche qualitative-exploratoire nous a amené à interroger des nomades numériques adoptant un mode de vie sans contrainte géographique. Certains sont des nouveaux-arrivants, ayant quitté les grands-centres urbains au profit de zones rurales pour y fréquenter tiers-lieux, quart-lieux et espaces de coliving. Certains se situent dans des milieux urbains ; ou se réclament du nomadisme rural ; d’autres permettent même de travailler dans un lieu de villégiature et organiser ses journées entre moments de travail et de vacances (workation) ou possède aussi un espace de coworking. Notre communication a pour objet de présenter ces travailleurs nomades, ainsi que les catégories d’espaces de coliving, objets de notre recherche pour en déduire les avantages et les défis de vivre et travailler dans ses espaces de coliving pour les personnes et les territoires. 
 

Cette communication examine deux phénomènes souvent amalgamés (par les médias, les acteurs publics et la société civile en général) : le nomadisme numérique (NN) et les tracances (contraction de "travail" et "vacances", ou "workations" en anglais).

Qu’ils soient salariés, entrepreneurs ou indépendants, bons nombres de travailleurs s’affranchissent des contraintes de localisation et profitent de ces nouvelles opportunités pour devenir plus mobiles et investir de nouveaux territoires à fortes aménités pour exercer leur activité professionnelle.

Nous posons l’hypothèse que le NN constitue une modalité spécifique des tracances. Le NN désigne davantage un mode de vie où les individus utilisent principalement des appareils mobiles pour le travail et les loisirs, leur permettant de rester connectés lors de leurs déplacements. Les tracances font quant à elles référence à la pratique consistant à travailler à distance depuis un lieu de villégiature, combinant ainsi journées et temps de travail et de détente.

En nous appuyant sur les résultats d’enquêtes par entretiens menés auprès de ces travailleurs « géo-indépendants », nous montrons qu’il existe une diversité de situations menant ces individus à vivre des situations de tracances comme le travail en résidence secondaire, les séjours mixtes en hôtel et espace de coliving, les retraites et … le nomadisme numérique. En d’autres termes, notre objectif consiste à resituer cette dernière pratique parmi d’autres. 

Les provinces maritimes ont connu une croissance démographique impressionnante au cours des dernières années. L’immigration internationale ainsi qu’interprovinciale est normalement identifiée comme la source de cette croissance. La présente étude utilisera les données de l’enquête sur la population active pour analyser l’évolution des emplois en fonction des professions dans les trois provinces maritimes. L’analyse comprendra une analyse à trois niveaux géographiques. Premièrement, nous aurons une analyse comparative entre la performance de la région et des autres régions du pays. Deuxièmement, nous compareront la performance des centres urbains des provinces maritimes avec ceux du reste du pays. Finalement, nous effectuerons une analyse urbain-rurale, en fonction des régions économiques.
Peu d’études ont été effectuées sur les changements du marché du travail dans la période postpandémique, particulièrement dans les provinces maritimes. Par contre, à la lueur de la croissance démographique qu’a connu la région, l’analyse de ces changements est particulièrement pertinente. Quelles sont les professions qui ont contribuées à ces changements? Est-ce que performance de la région diffère des autres régions du pays. Est-ce que ces changements sont concentrés dans les régions urbaines, ou est-ce que les régions rurales en bénéficient également. Voici certaines questions auxquelles nous répondons dans notre présentation.
 

La disponibilité des outils technologiques a permis l’émergence du télétravail. La pandémie et les mesures d’isolement imposées par les autorités de santé publique ont rendu le télétravail permanent. Les avantages et les inconvénients du télétravail en contexte urbain sont connus. 
Dans le cadre d’une étude nationale, l’impact et le potentiel du télétravail sur les régions rurales francophones en contexte minoritaire sont analysés. L’objet de cette communication est de présenter les résultats de l’Acadie de la Nouvelle-Écosse. Ces résultats sont teintés par la spécificité du terrain. Les entreprises opèrent dans des secteurs (pêche, construction navale) où le télétravail n’est pas possible.    L’arrivée de télétravailleurs des centres urbains permet l’augmentation de la population dans des régions en déclin démographique. Elle affecte cependant la vitalité ethnolinguistique de communautés qui sont déjà en contexte minoritaire. La fracture numérique est un enjeu dans plusieurs régions francophones et rend certaines moins attractives. Les espaces de coworking sont presque rares, cependant des formes hybrides et atypiques émergent. Le télétravail est convivial et pratique, mais l’isolement est renforcé en contexte rural. Enfin chez certains groupes, la question de la littéracie numérique se pose. En somme, le télétravail semble avoir des effets inattendus et insoupçonnés à première vue sur ces régions. Les politiques publiques doivent en tenir compte.