Au cours des dernières décennies, l'Afrique subsaharienne a enregistré la plus forte progression mondiale en matière de pénétration d'internet, passant de moins de 1 % de personnes connectées en 2000 à 40% en 2022. Pour la majorité des Africain.e.s, l'accès à Internet se fait via les smartphones, utilisés par 63 % d'entre eux.
L’essor du numérique en Afrique a des implications politiques majeures. Il transforme notamment les conditions d’exercice de l’action politique et publique en offrant de nombreuses opportunités aux acteurs politiques ainsi qu'à ceux de la société civile. Dans des environnements politiques marqués par des problèmes de gouvernance et de légitimité, l’avènement du numérique a en effet transformé l’engagement politique et citoyen, devenant un levier de mobilisation. Les citoyens s'en servent de plus en plus pour exprimer leurs opinions, organiser et coordonner les mouvements de contestation ou de soutien à un pouvoir ou à une cause, ou encore pour faire du fact checking mettant souvent les gouvernements devant leurs contradictions et leurs insuffisances. Parallèlement, les diasporas africaines affichent une volonté croissante de s’impliquer dans la vie politique de leur pays d'origine. Elles deviennent ainsi, par le biais des médias sociaux, les porte-voix des revendications nationales et panafricaines.
Face aux oppositions et contestations citoyennes, particulièrement dans des contextes autoritaires, certains gouvernements restreignent l'accès à Internet et surveillent les communications en ligne à l'aide de logiciels de surveillance sophistiqués. D’autres exploitent ces technologies pour manipuler l’opinion publique ou pour s’en prendre à la société civile, particulièrement présente dans les espaces numériques et vulnérable aux enjeux de sécurisation des données ainsi qu'à diverses formes d'attaques.