Le consentement sexuel s’est imposé comme une norme primordiale dans nos sociétés. Il a pour effet juridique de légitimer des interactions sexuelles qui, en son absence, seraient des agressions. Son primat se justifie généralement pour trois raisons. Il garantit le respect de l’autonomie des personnes impliquées dans une interaction sexuelle : c’est à chaque partenaire que revient l’autorité de l’accepter ou non, suivant les désirs et les raisons qu’il a. De plus, c’est une norme neutre : peu importe ce que les autres peuvent penser moralement de certaines pratiques, ces dernières sont permises du simple fait que tous les partenaires y consentent. Enfin, le consentement sexuel est une norme qui protège notre liberté : au contraire de la promesse et du contrat qui nous obligent pour le futur, le consentement, parce qu’il peut être retiré à tout moment, nous laisse libres de changer d’idée.
Le consentement sexuel semble ainsi être une norme juridique tout à fait adéquate. Pourtant, il pose son lot de défis. Mal interprété, peu informé, difficile à retirer, souvent complaisant voire contraint, parfois non enthousiaste. Il n’est pas toujours garant de nos épanouissements sexuels ni d’une égalité sexuelle entre les partenaires. Nombreuses sont les critiques qui lui ont donc été adressées en différents domaines : études féministes et de genre, psychologie, droit, éthique, philosophie, etc. Au point où il nous est permis aujourd’hui de nous interroger sur ses limites. Sous quelles conditions le consentement sexuel est-il une norme adéquate pour nos interactions sexuelles ? Et sous quelles conditions ne l’est-il plus ? Faut-il le transformer, voire le remplacer par d’autres normes ? Que doit-il être pour être garant de nos épanouissements sexuels ?