658 - Transdisciplinarité et évolution des savoirs : fondements et pratiques

La théorie des graphes et des réseaux (Aldous & Wilson, 2000 ; Bonchev & Rouvray, 2003). En chimie, cette théorie, appelée « la théorie des graphes chimiques » utilise l'appareil mathématique de la théorie générale des graphes pour extraire des descripteurs invariants prédictifs à partir des formules moléculaires déduites de la chimie empirique. On y rencontre des réseaux tout comme on en rencontre dans de multiples autres domaines : le tissu cérébral (la connexion interneuronale), les sciences du comportement, les patrons de citation dans la littérature, les algorithmes d’intelligence artificielle (modelés sur les réseaux neuronaux), les « réseaux sociaux » (Facebook et autres), la biochimie (l’interconnectivité et interdépendance des réactions), le réseau électrique d'une ville, le réseau d'approvisionnement en aliments ou en eau, la climatologie (les réactions atmosphériques), l’épidémiologie (pandémies), ainsi que sur les routes et hubs aériens ou maritimes à travers le monde (Solé, 2009). L’objectif de cette communication est de présenter des domaines qui bénéficient de la théorie transdisciplinaire des graphes et des réseaux, dont la chimie où elle participe à la compréhension de la nature moléculaire, comme pont conceptuel entre deux domaines de théorie chimique jusqu’ici distincts : la théorie des graphes chimiques et la chimie quantique (Matta, Cook & Ayers, 2023 ; Matta 2018).

La formation interprofessionnelle en soins de santé est un aspect clé pour apprendre aux étudiants à communiquer et collaborer efficacement et, par conséquent, à améliorer la sécurité des patients ; cependant, et paradoxalement, les étudiants en soins de santé sont souvent formés en silos (Montgomery et collab.) et exposés à des approches unidisciplinaires (Ciesielski et collab.) qui peuvent les laisser avec peu de compréhension des rôles des autres professionnels , leurs frontières professionnelles et leurs approches communes. Dans cette proposition, nous présentons un modèle pédagogique transdisciplinaire basé sur la méthode de la simulation, qui concerne les compétences attitudinales et émotionnelles, comme la confiance et l'empathie, dans la formation multidisciplinaire des médecins, des infirmières et des pharmaciens. Ce modèle inédit, que nous avons appelé « le modèle des fenêtres interprofessionnelles » a été mis en place par le Centre d’Apprentissage des Attitudes et habilités cliniques de la Faculté de Médecine et le Centre d’expertise en Simulation en Santé de la Faculté des sciences infirmières, de l’Université de Montréal. Nous exposerons les résultats empiriques d'un projet pilote mettant en œuvre ce nouveau modèle. Nous l’accompagnons d’une analyse conceptuelle du contenu de la séance de débriefing de la simulation pour comprendre les notions transdisciplinaires de la confiance et de l’empathie en ce contexte.

Certains évènements de vie, par leur dimension non ordinaire et leur charge affective, peuvent bouleverser un individu en transformant sa vision du monde et sa manière d’y prendre place. Un état de conscience non ordinaire vécu par la méditation ou la transe, le passage par une situation limite comme celle des expériences de mort imminente, une communion avec la nature ou un moment extatique peuvent modifier la façon d’envisager l’existence et parfois rendre très difficile l’habitation du monde commun.  Dans certains cas l’expérience intérieure est impossible à intégrer et perturbe la capacité à vivre, et ceci d’autant plus que la personne n’a pu trouver d’interlocuteur capable de l’entendre. La communication proposera une réflexion sur les enjeux d’accompagnement d’expériences psychologiques et existentielles se situant à la périphérie des paradigmes scientifiques et sociaux. Comment le psychologue peut-il trouver une posture permettant de rester ouvert à la personne qui lui partage son vécu tout en l’aidant à y donner sens ? Comment l’art, l’héritage symbolique de la tradition voire d’autres disciplines que la sienne peuvent-elles servir de point d’appui transversaux ? À travers la suspension phénoménologique et le dialogue herméneutique, c’est la capacité à habiter des seuils, à la frontière des mondes, qui tentera ici d’être pensée.

Il s’agit de présenter l’expérience de l’utilisation d’approches pédagogiques entrecroisées dans le cadre du cours d’introduction aux loisirs thérapeutiques qui met l’emphase sur la transdisciplinarité du parcours en santé.  Le rôle du professeur-médiateur est abordé. Celui-ci ne transmet pas un savoir, mais place son savoir-faire à la disposition des personnes étudiantes créant des environnements qui encouragent leur participation pour construire et déconstruire leur propre savoir et maximiser leurs compétences et leur capacité à s’adapter aux besoins évolutifs de la société. Dulude (2020) précise que «la science n’est pas une réponse en soi, mais une façon d’interagir et de réfléchir. Elle nous oriente de façon fiable dans cet Univers complexe». Dans les domaines en lien avec la santé et le mieux-être des personnes, la science pure ne suffit pas, le contact humain direct reste primordial, sachant également que le regard de la société peut rajouter aux difficultés des personnes. Nous abordons une approche qualitative, descriptive et en partie autobiographique, qui questionne l’apprentissage immersif dans une perspective transdisciplinaire. Le projet souhaite apporter de nouvelles questions relativement à la transdisciplinarité en formation universitaire en santé. Il s’agit de réfléchir en détail à la question posée et d’enrichir celle-ci, une pédagogie axée sur la poursuite du processus (pas uniquement sur le produit final) (Ministère de l'Éducation, CB, 2015). 

Dans cette présentation, les auteures se servent de leurs expériences académiques pour réfléchir à ce qu’il y a lieu de comprendre des adaptations et des modifications ayant accompagné le développement de leurs expertises. Tel que souligné par Rege Colet (1993),  bien que l’organisation du savoir soit, encore aujourd’hui, tout aussi éclatée et morcelée, les unités ou séquences de connaissances comme nous aimons à les désigner en éducation, ne cessent d’évoluer et se complexifier parfois à cause des exigences disciplinaires et interdisciplinaires; parfois dues à des conjonctures contextuelles ou bien à l’émergence de nouvelles aires transdisciplinaires qu’il devient nécessaire d’intégrer vu l’évolution même du monde global. De fait, parce que l’enseignement est une profession elle-même partagée entre deux disciplines, soit l’art et la science, elle rassemble et dispense des savoirs, savoir-faire et savoir-être éthiques, didactiques, psychopédagogiques et de contenus divers, parfois disciplinaires, pluri- ou multi, inter-, voire même trans- disciplinaires. Les auteures proposent de mener une double réflexion en se basant sur les univers socioéducatifs qui les entourent. Du point de vue de la science, elles vont examiner l’évolution de leurs pratiques et recherches scientifiques. Sur le plan théorique, les auteures vont analyser leurs collaborations en référence à des unités de savoirs et de connaissances qui les complètent ou les distinguent.

La transdisciplinarité n’est plus aujourd’hui explorée uniquement comme méthode de recherche, mais aussi comme objet effectif de cours, dès la première année de Baccalauréat où elle forme à une pensée intégratrice des savoirs. Nous présenterons ici notre expérience d’apprentissage dans un tel cours que nous suivons à l’Université de l’Ontario français. Dans une première partie de notre communication, nous exposerons la manière dont nous percevons sa structure et son contenu. Avant tout, ce cours (sur trois ans) est conçu sur le modèle du Tiers-lieu, comme un espace-temps de rencontre et d’action créative des collègues issus des quatre spécialisations : Cultures numériques, Environnements urbains, Pluralité humaine et Économie et innovation sociale. Puis, ce cours nous expose à un apprentissage expérientiel autant sur le plan disciplinaire qu’humain. Par les activités interactives, les devoirs ou les projets proposés, nous sommes constamment appelé-e-s à nous situer nous-mêmes en tant qu’êtres humain-e-s par rapport aux objets étudiés. Nous faisons l’exercice de l’ouverture envers nous-mêmes, puis de l’ouverture face aux autres (leurs perspectives disciplinaires et leur vécu), dans un même but de résolution efficace et respectueuse des problèmes complexes. Dans une deuxième partie, nous montrerons de quelle manière ce cours nous offre des connaissances et des compétences transférables dans nos propres spécialisations, ou, plus tard, dans nos professions et dans nos vies.

Cette communication vise à soulever les défis inhérents à l’enseignement des cultures numériques (Cardon 2019, Miller 2020) et les solutions pédagogiques envisagées dans le cadre des orientations transdisciplinaires de la nouvelle Université de l’Ontario français (UOF). Le travail coopératif au sein de l’équipe professeur.e.s-étudiant.e.s est au cœur de cette recherche-action participative (Kemmis & McTaggart, 2000). L’équipe professorale élabore une série de problèmes théoriques et des pratiques expérientielles pour chaque activité d’enseignement. La pratique guidée ainsi que les échanges professeur.e.s - étudiant.e.s permettent la mise en œuvre de cette orientation pédagogique. À la fin de chaque activité d’enseignement, on fait une évaluation liée à la pertinence des problèmes choisis et d’éventuels ajustements sont effectués. Les résultats présentés dans cette communication sont l’aboutissement de cette stratégie déployée sur une période de deux ans (2021- 2023). Celle-ci se poursuivra jusqu’à la sortie de la première cohorte du programme quand une évaluation globale sera faite pour proposer des modifications plus importantes au cheminement et au contenu du programme. Dans cette communication, nous présenterons le contexte du programme d’études en cultures numériques de l’UOF, le rationnel théorique de notre approche pédagogique et des exemples concrets d’activités éducatives transdisciplinaires centrés sur le sujet (être humain), réalisées dans le cadre du programme.

La mesure et l’évaluation constituent une problématique abordée amplement abordée (Laveault, 2014 ; Vial, 2013). L’évaluation comparée à la mesure appelle à un regard critique sur certains aspects avec des questions issues de la pratique (Gremion, 2015). La mesure porte sur la dimension quantitative à des fins de sanction - bulletin de notes, examens (Fontaine et collab., 2020) alors que l’évaluation permet d’utiliser la dimension qualitative de l’acquisition des savoirs en proposant une progression évolutive des apprentissages vers la réussite. Grâce à Piaget (1970), on sait que l’on ne peut construire que sur du construit. (Guillemette et Luckerhoff 2016). Il s’agit ici d’un changement de paradigme où la transdisciplinarité contribue au changement de la position de l’enseignant (Gérard, 2013). Les résultats que nous présenterons mettront en lumière : 1) la question de la cohérence entre les apprentissages visés, les stratégies d’enseignement-apprentissage et l’évaluation selon des critères-indicateurs de réussite (Biggs, 2003; Wiggins et McTighe, 2006; Milgrom et collab., 2010); 2) l’importance axiologique d’une évaluation qui reconnait l’apprentissage et la progression de l’étudiant. On identifiera les formules d’évaluation qui soutiennent, au moyen d’un apprentissage transdisciplinaire, l’acquisition d’une pensée intégrative des savoirs (McGregor) favorisant la motivation et l’engagement de l’étudiant dans sa progression, jusqu’à l’excellence (Deci et Ryan, 2008).

Pour conclure une entente collective de travail, dans le secteur de l’éducation au Québec, menée par un gestionnaire praticien œuvrant au sein de la direction des ressources humaines d’un centre de services scolaires francophones du Québec, la négociation « intra » utilise des concepts propres à une multitude de champs étant le reflet d’un exemple pratique de transdisciplinarité. C’est à l’aide d’un exemple concret d’application, à titre de porte-parole en relations du travail, lors de la conduite d’une négociation « intra » visant la conclusion d’une entente collective de travail, que nous proposons de présenter les principaux courants mobilisés entre les disciplines. En procédant de la sorte, cette communication tente de répondre à la question : De quelle manière la transdisciplinarité contribue-t-elle au changement de paradigme actuel ? Cette communication présente le cadre conceptuel d’une recherche qualitative utilisant l’entretien d’explicitation [Vermesch, 1991] pour faire émerger les savoirs pratiques dans le domaine de l’administration de l’éducation et dont les analyses réalisées ont permis d’identifier 95 comportements clés, rassemblés en 15 actions spécifiques du porte-parole en situation de négociation intra. Ainsi, les résultats mettent en évidence, qu’en fonction de la situation de négociation intra auquel il est confronté, le porte-parole mobilise ses actions en ayant recours à plusieurs comportements clés.