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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 500 - Éducation

Description :

Depuis trois décennies, la communauté scientifique mobilise la notion de geste professionnel pour mieux saisir l’activité du personnel enseignant (Bucheton, 2008; Jorro, 2016; Romain, Rey et Lex, 2018) en mettant au jour non seulement le verbal (ce qui est dit), le paraverbal (comment c’est dit), mais aussi le non-verbal (comment le corps se donne à voir aux élèves). Ces gestes verbaux, paraverbaux et non verbaux sont combinés, enchevêtrés, mobilisés dans une configuration complexe que l’on connaît sous le nom de pratique enseignante (Carpentier, Roy et Sauvageau, 2021). La recherche tente de saisir, d’isoler ces gestes, mais aussi de comprendre les intentions, les logiques profondes ou d’arrière-plan (Bucheton et Soulé, 2009) et les postures desquelles ils émanent (Jorro, 2016). Différents cadres d’analyse ont été proposés (Bucheton et Soulé, 2009; Jorro et Crocé-Spinelli, 2010), constituant des outils de travail autant pour la recherche que pour la formation initiale et continue en enseignement (Bucheton, 2020). Or, le geste ne se laisse pas enfermer par ces cadres (Jorro et Crocé-Spinelli, 2010). D’ailleurs, le geste, comme il se donne à voir aux élèves, ne permet pas toujours d’inférer avec certitude l’intention qu’avait la personne en le produisant. La communauté scientifique fait donc face à un défi d’ordre méthodologique pour le saisir. Si la vidéoscopie permet de capter le geste comme il se donne à voir, elle ne rend pas nécessairement compte de l’intention de la personne. Or, recueillir l’intention dans un entretien peut l’amener à donner au geste un sens nouveau. Par ailleurs, utiliser une grille pour répertorier les gestes professionnels amène inévitablement à les catégoriser, alors que les gestes peuvent traduire plus d’une intention (Bucheton et Soulé, 2009). Le grain d’analyse recherché est aussi un enjeu qui taraude les spécialistes depuis une trentaine d’années (Bucheton, 2008; Dolz et Toulou, 2008; Volteau et Garcia-Debanc, 2008).

Ainsi, ce symposium s’articule autour de deux questions : comment saisir les gestes professionnels du personnel enseignant? Dans quelle mesure les choix méthodologiques soutiennent-ils les visées et les objectifs de recherche poursuivis?

Inspiré par la méthode employée par le Réseau international francophone de recherche en éducation et formation (REF), ce symposium vise le partage d’articles inédits et la lecture commentée d’un pair en amont et la mise en commun des réflexions lors du colloque. Un dossier thématique dans la Revue des sciences de l’éducation suivra ce colloque.

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsables : Partenaire :
  • GEVAPP

Programme

Communications orales

Contributions de l’avant-midi

Salle : B-3245 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Présidence : Geneviève Carpentier (UdeM - Université de Montréal)
  • Communication orale
    Se construire dans l'intersubjectivité
    Isabelle Fristalon (HEFP), Christophe Gremion (IFFP - Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle), Mirko Steinle (-)

    Face à mon geste professionnel (Bucheton et Soulé, 2009), l'autre me prête des intentions dont je n'ai pas conscience ou que je n'ai peut-être pas. Si l'autoconfrontation croisée (p. ex. deux enseignants qui analyse une pratique enseignante) permet de redessiner un genre professionnel et de prendre conscience de son propre style (Clot, 2005), l'autoconfrontation miroir (p. ex. l'enseignant et l'élève qui analyse la pratique de l'enseignant) ouvre vers la prise en compte d'horizons (Husserl, 2000) très différents, de finalités, si elles ne sont pas antagoniste, probablement partiellement ignorée par l'Autre. Cette intersubjectivité, au cœur de l’évaluation dialogique (Figari et Gremion, 2020), pourrait-elle enrichir le registre transpersonnel (Bakhtin, 1970) du dialogue et, de fait, développer l'éthos professionnel (Jorro, 2016) ?

  • Communication orale
    Saisir les gestes professionnels des enseignantes dans le cadre d’une recherche collaborative en contexte de jeu symbolique à la maternelle
    Brahim Azaoui (Université de Montpellier et Université Paul Valéry Montpellier 3), Hélène Castany-Owhadi (LIRDEF EA 3749), Christian Dumais (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Raymond Nolin (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Yves Soulé (Université de Montpellier et Université Paul Valéry Montpellier 3)

    Considérés comme « des gestes d’ajustement à ce qui se déroule en classe » (Bucheton, 2014, p.195) ou comme des « arts de faire » (Jorro, 2018), les gestes professionnels désignent « de manière métaphorique l’action de l’enseignant, l’actualisation de ses préoccupations » (Bucheton et Soulé, 2009, p.32). Cette communication ainsi que le texte écrit qui en découlera présenteront une recherche collaborative (Desgagné et al., 2001) dont l’objectif est de coconstruire un modèle des gestes professionnels en contexte de jeu symbolique à la maternelle. Cette étude exploratoire à visée compréhensive et transformative a été menée avec quatre enseignantes expérimentées dans des écoles maternelles de Perpignan en France en 2022 avec des enfants de Moyenne et Grande Sections (4-6 ans). Pour collecter les données, cinq rencontres ont été filmées et des entretiens d’auto-confrontation ont été menés avec une chercheure-formatrice lors des moments de co-construction du modèle des gestes professionnels. Les enseignantes ont aussi été auto-confrontées à la suite de captations vidéo dans les classes. Notre choix méthodologique permet de saisir les gestes professionnels avec les praticiens en mettant l’accent sur leur développement professionnel. Dans le cadre de cette communication et de notre écrit, nous interrogerons la pertinence de ce choix en montrant notamment les tensions inhérentes à la double contrainte de formation et de recherche.

  • Communication orale
    La complémentarité des outils méthodologiques, garante d’une description plus juste des savoirs et des pratiques enseignantes
    Rosianne Arseneau (UQAM - Université du Québec à Montréal), Carole Fisher (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Marie-Hélène Giguère (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Afin de saisir au mieux les gestes professionnels du personnel enseignant, une combinaison d’outils méthodologiques peut être exploitée. C’est le choix qui a été fait dans la recherche-action-développement qui sera présentée (FRQSC, 2021-2024). Dans le but de coélaborer une autoformation numérique sur l’enseignement de la syntaxe et de la ponctuation, un sous-objectif s’attache à décrire l’évolution des savoirs linguistiques et didactiques de même que les pratiques des enseignant.e.s participant au projet. Afin d’observer cette évolution, les collectes de données font appel à quatre outils méthodologiques complémentaires, à savoir l’observation participante et les notes de terrain (Bru, 2014), la correction explicitée (Rondelli, 2010; Van Beveren, Dumortier et Dispy, 2013), l’entretien d’autoconfrontation à la suite d’une leçon filmée (Lamy, 2014; Nicolas, 2015) et l’instruction au sosie (Forget, 2013). C’est grâce à cette complémentarité que l’analyse se raffine dans le but de mieux cerner les savoirs et pratiques didactiques à différents moments de la recherche et ainsi coélaborer l’autoformation numérique. En effet, en considérant les forces et les défis relevés à l’aide de ces outils, il sera plus aisé d’identifier les caractéristiques essentielles (Loiselle et Harvey, 2007) d’une activité d’enseignement/apprentissage de syntaxe et de ponctuation profitable à l’apprentissage des élèves en contexte d’écriture et d’en tenir compte dans l’élaboration de l’autoformation.

  • Communication orale
    Approcher l’intime méthodologique : la phénoménologie husserlienne comme adossement aux recherches
    Alban Roblez (Institut français de l'éducation (ENS Lyon) et Conseil d'évaluation de l'école (ministère de l'Education Nationale et de la Jeun)

    Dans cette communication, nous abordons la question de l’atteinte d’informations subjectives chez la personne enquêtée. La phénoménologie, husserlienne notamment (Husserl, 1950, 1976, 2014), propose une approche mi-pratique mi-épistémologique de l’accès à la connaissance qui passe par l’intersubjectivité. Après avoir présenté brièvement ce courant philosophique, nous présenterons des méthodologies de recherche en SHS inspirées et revendiquées de la phénoménologie selon Husserl, pour conclure sur des perspectives attenant à l’évaluation.


Dîner

Dîner

Salle : B-3245 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant

Communications orales

Contributions de l’après-midi

Salle : B-3245 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Présidence : Geneviève Carpentier (UdeM - Université de Montréal)
Discutant·e·s : David Bezeau (UdeS - Université de Sherbrooke), Dominique Bucheton (Université), Geneviève Carpentier (UdeM - Université de Montréal), Emerick Coulombe, Isabelle Montésinos-Gelet (UdeM - Université de Montréal), Véronique Rey (Aix Marseille Université), Christina Romain (INSPE Institut national supérieur du professorat et de l'éducation), Anick Sirard (Centre de services scolaire des Samares), Catherine Tardif (UdeM - Université de Montréal), Valérie Thomas (UdeM - Université de Montréal), François Vandercleyen (UdeS - Université de Sherbrooke), Myriam Villeneuve-Lapointe (UdeS - Université de Sherbrooke)
  • Communication orale
    Appréhender les pratiques de différenciation pédagogiques des enseignants en ÉPS : combinaison de l’entretien d’auto-confrontation et des techniques d’explicitation
    David Bezeau (UdeS - Université de Sherbrooke), Emerick Coulombe (UdeS - Université de Sherbrooke), Lionel Roche (Université du Québec à Montréal), François Vandercleyen (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Depuis plus de 20 ans, afin de répondre à la diversité des élèves, le ministère de l’éducation du Québec (MEQ) s’est doté de politiques éducatives dites « inclusives » (MEQ, 1999). Adopter une approche inclusive n’est pas sans poser certains défis aux enseignants. Elle nécessite notamment de développer des pratiques de différenciation pédagogique qui consistent à adapter son intervention à priori afin de répondre aux besoins de tous les élèves (CSÉ, 2017). Quels sont les gestes professionnels qui caractérisent ce type de pratique enseignante? À la lumière du modèle de Tomlinson (2014), cette étude vise à identifier, à décrire et à comprendre les pratiques de différenciation pédagogiques mises en œuvre par des enseignants en éducation physique et à la santé (ÉPS) en présence d’élèves à besoins particuliers (EBP). S’inscrivant dans une approche résolument compréhensive, avec la perspective de tenir compte de la complexité de telles pratiques, une méthodologie combinant plusieurs stratégies a été privilégiée : 1) enregistrement filmé des pratiques de différenciation mises en œuvre par quatre enseignants en ÉPS à l’aide de la vidéo à 360 degrés; 2) entretien d’auto-confrontation (Clot, 1999; 2006) à posteriori avec les enseignants participants, enrichi par des techniques d’explicitation (Vermersch, 1994). La présente communication sera l’occasion de discuter des avantages et des limites méthodologiques, aux plans de la collecte et de l’analyse, d’un tel dispositif de recherche.

  • Communication orale
    Les gestes langagiers comme gestes professionnels : la mise en bouche, la mise en mots et la mise en scène au service de la transmission langagière en école maternelle
    Véronique Rey (Aix Marseille Université), Christina Romain (INSPE Institut national supérieur du professorat et de l'éducation)

    L’enjeu des gestes professionnels de l’enseignant (Romain & Rey, 2017, 2022) est au cœur de notre questionnement comme outils de description de la gestion de classe (Doyle, 1986 ; Nault & Fijalkow, 1999 ; Legendre, 2005 ; Nault & Lacourse, 2016). Nous faisons entrer la gestion de la relation interdiscursive de l’enseignant dans le geste éthique (Jorro, 2006). Surtout, nous décrivons ce geste professionnel tant dans sa dimension langagière, que dans ses dimensions paraverbale et non verbale (Romain, Rey & Lex, 2018 ; Romain, 2015), questionnant ainsi le modèle muti-agenda (Bucheton & Soulé, 2009).

    Au sein de ce symposium, nous interrogerons la pratique langagière du jeune élève qui émerge dans l’interaction verbale scolaire et s’y enrichit progressivement (Boysson-Bardies, 1999 ; Colletta, 2004). Nous posons l’existence de gestes professionnels langagiers vecteurs des apprentissages.

    A partir d’une analyse contrastive réalisée dans deux classes d’une école maternelle, reposant sur une transcription linguistique et phonétique des productions verbales et paraverbales, nous décrirons les interactions langagières. Les gestes langagiers observés révèlent des stratégies différenciées de systématisation d’une pratique de tissage interactionnel entre enseignant et élèves. Ils conduisent à les intégrer dans « un modèle langagier professionnel » que nous décrirons.

  • Communication orale
    Gestes professionnels déclarés de personnes enseignantes : un regard méthodologique
    Geneviève Carpentier (UdeM - Université de Montréal), Anick Sirard (Centre de services scolaires des Samares), Catherine Tardif (UdeM - Université de Montréal), Valérie Thomas (UdeM - Université de Montréal), Myriam Villeneuve-Lapointe (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Dans le cadre d’une recherche-action visant l’accompagnement d’enseignant.e.s en matière d’enseignement dit durable, un des objectifs vise à décrire l’évolution de leurs gestes professionnels. Différents outils de collecte de données permettent d’atteindre cet objectif en accédant à des pratiques déclarées ou constatées (Altet, 2017; Clanet et Talbot, 2012). Des entrevues ont permis de documenter les gestes professionnels déclarés des participant.e.s en lien avec les savoirs liés à l’apprentissage durable présentés dans le dispositif de formation et d’accompagnement. Pour décrire les gestes professionnels grâce au modèle de Bucheton et Soulé (2009), une analyse de contenu dirigée (Hsieh et Shannon, 2005) a été effectuée. D’abord, il a fallu s’assurer d’une compréhension commune du cadre conceptuel choisi. Pour y parvenir, l’équipe de recherche a réalisé plusieurs lectures et participer à différentes rencontres de concertation. Des extraits d’entretien ont fait l’objet de discussion et d’une préanalyse. Ensuite, l’équipe a procédé à l’analyse de contenu dirigée. Alors que cette première année de recherche a permis de documenter des gestes professionnels déclarés, la deuxième année permettra de documenter des gestes professionnels constatés. Ainsi, des observations et des entretiens d’autoconfrontation simples (Martineau, 2016; Nicolas, 2015) permettront de bonifier la documentation des gestes professionnels afin de tendre vers l’analyse de pratiques plus effectives.

  • Communication orale
    Observer la qualité de mise en œuvre d’un réseau littéraire en classe : une réflexion méthodologique sur les outils de cueillette et d’analyse
    Annie Charron (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marie Dupin de Saint-André (UdeM - Université de Montréal), Isabelle Montésinos-Gelet (UdeM - Université de Montréal)

    Cette présentation se veut l’occasion de réfléchir aux outils de cueillette et d’analyse de données d’une recherche-action qui s’est déroulée dans une école montréalaise et qui a porté sur la mise en œuvre de réseaux littéraires en classe de primaire. La présentation offrira d’abord une vue d’ensemble de la recherche et s’attardera plus longuement aux choix méthodologiques effectués pour observer les pratiques d’enseignement, notamment à la manière dont nous avons mobilisé le cadre d’analyse du multiagenda (Bucheton, 2021). Par la suite, les nombreuses questions soulevées par cette recherche seront examinées, ce qui nous mènera à établir une proposition pour l’analyse de l’observation ethnographique de pratiques d’enseignement et l’appréciation de leur qualité. Enfin, cette présentation se conclura sur les résultats de la recherche-action.