525 - Enjeux et perspectives du numérique éducatif

Présentation du symposium

Conférence d’ouverture

• Communication orale 09 h 00
  Évaluer l’impact des technologies sur l’apprentissage : est-ce la bonne question?
  Eric Sanchez (Université de Genève)

  La question de l’évaluation de l’impact ou de l’efficacité des technologies numériques sur l’apprentissage est légitime au regard des attentes des éducateurs et de leurs institutions mais est-elle pour autant pertinente ?
  Dans cette présentation, je m’appuierai sur les travaux de recherche sur les jeux numériques destinés à un usage éducatif pour discuter les enjeux épistémologiques et méthodologiques auxquels sont confrontés les chercheurs qui souhaitent mettre à jour les effets des technologies éducatives sur l’apprentissage. Cela me conduira à examiner les limites des travaux actuels au regard de ces enjeux et à présenter la recherche orientée par la conception (design-based research) en tant que méthode alternative de conduite de la recherche permettant de comprendre les effets du numérique en contexte éducatif.

Recherches sur l’usage de la réalité virtuelle en contexte éducatif

• Communication orale 09 h 40
  La scénarisation pédagogique de simulation en réalité virtuelle en sciences : une recherche collaborative
  Christine Marquis (Cégep de Saint-Jérôme), Bruno Poellhuber (Université de Montréal), Normand Roy (Université de Montréal), Sébastien Wall-Lacelle (UdeM - Université de Montréal)

  Plusieurs études rapportent des niveaux alarmants d’intérêt, de motivation et d’engagement chez les étudiants en éducation supérieure, notamment en raison du niveau d’abstraction des concepts, du manque de contextualisation et de la prédominance de l’enseignement magistro-centré. La simulation en réalité virtuelle (RV), qui permet d’observer et d’interagir avec des concepts abstraits et ce, tout en étant actif, a le potentiel de répondre à ces problématiques. Or, fournir un outil technologique aux étudiants n’est pas suffisant pour que celui-ci soit efficace, et le scénario pédagogique l’entourant est vu comme la principale condition d’efficacité d’une simulation en RV.

  À travers une recherche collaborative, 39 enseignants ont élaboré, en collaboration avec notre équipe de recherche, plus de 67 scénarios pédagogiques qui ont été présentés à plus de 5000 étudiants. Les données recueillies par questionnaires et entrevues ont permis d’étudier les effets de ces scénarios sur l’intérêt, la motivation et l’engagement des étudiants. Durant cette présentation, nous partagerons tout d’abord les perceptions des enseignants et des étudiants ainsi que les outils de scénarisation qui ont été mis au point, pour ensuite présenter un modèle qui montre que l’engagement cognitif des étudiants est statistiquement relié au scénario pédagogique, contribuant ainsi directement à l’objectif de ce colloque d’étudier les conditions favorables d’utilisation du numérique en contexte éducatif.

• Communication orale 10 h 00
  Jeux sérieux en réalité virtuelle : des principes pour un développement réussi
  Christine Marquis (Cégep de Saint-Jérôme), Bruno Poellhuber (Université de Montréal), Sébastien Wall-Lacelle (Cégep de Saint-Jérôme)

  Dans un contexte où l’intérêt des étudiants pour les sciences est en déclin partout dans le monde et dans l’optique de proposer des méthodes pédagogiques où les étudiants sont actifs, la réalité virtuelle (RV) présente de nombreuses opportunités pour l’éducation, notamment, en lien avec la contextualisation et le transfert des apprentissages, la visualisation et la motivation.

  Dans le cadre d’un projet NovaScience, nous nous sommes lancés dans le développement de jeux sérieux en RV immersive pour l’apprentissage en biologie, chimie et physique au collégial. Nous nous sommes ancrés dans l’analyse de la valeur pédagogique comme approche de recherche-développement tout en nous inspirant d’autres modèles, ce qui a abouti à un processus de développement constitué des phases d’analyse, de design, de développement et d’implantation, chaque phase débouchant sur un résultat particulier. Par exemple, une analyse de produits comparables nous a permis d’aboutir à une grille de critères de qualité pour les applications de RV, qui ont servi de point de départ au développement. Au terme du processus, nous avons mis en évidence certains principes de design inspirant pour la conception de jeux sérieux en RV.

  Nous présentons la grille de critères de qualité que nous avons élaborée, le processus hybride de développement, les jeux développés et les résultats de l’expérimentation avec les étudiants. Nous offrirons aussi des conseils pratiques pour une implantation réussie de la RV en classe.

• Communication orale 10 h 50
  ARanatomy, une application de réalité augmentée dédiée à l’enseignement de l’anatomie et de l’histologie : une innovation pédagogique à haut potentiel dans différentes scénarisation
  Pierre Bonnet (Université de Liège), Valérie Defaweux (UNIVERSITÉ DE LIÈGE), Allyson Fries (Université de Liège), Detlev Grabs (Université du Québec à Trois-Rivières), Pascale Quatresooz (Université de Liège), Michael Schyns (Université de Liège), Stephane Sobczak (Université du Québec à Montréal)

  L'anatomie et l’histologie sont des pierres angulaires de l’enseignement préclinique au sein des institutions universitaires formant des professionnels de la santé. Cependant, les étudiants peuvent ne pas percevoir pleinement l’importance de ces disciplines en tant que composantes essentielles de leur formation et ne pas développer un niveau de compétence suffisant. Les séances de laboratoire sont souvent limitées et l’intégration des notions reste compliquée pour la majorité des étudiants. Pour faciliter leur apprentissage et gagner en efficacité, des environnements 3D utilisant la réalité augmentée apparaissent dans les stratégies éducatives émergentes. Dès lors, nous avons développé, ARanatomy, une application de réalité augmentée répondant aux exigences suivantes : intégré des notions d’anatomie et d’histologie, basé sur la réalité anatomique, capable d’évoluer et utilisable dans un enseignement hybride. ARanatomy associe des notions anatomiques du rétropéritoine et histologiques du système néphro-urinaire, de même que le squelette reconstitué en photogrammétrie et les données d’imagerie médicale correspondantes. Le potentiel de l’intégration de cette application a été évalué dans différentes scénarisations pédagogiques.

• Communication orale 11 h 10
  Développer les connaissances spatiales des élèves de 6 à 10 ans au travers de l’utilisation de l’environnement virtuel SpageoCity
  Sandra Berney (Université de Genève), Mireille Betrancourt (Université de Genève), Sophie Bénard Linh Quang (Université de Genève), Fatou-Maty Diouf (Université de Genève), Roland Maurer (Université de Genève)

  L’une des plus-values des technologies numériques est de pouvoir simuler des situations inaccessibles ou complexes à réaliser dans le contexte scolaire comme le déplacement dans un macro-espace physique (au-delà du champ visuel). Or, les compétences visuospatiales relatives à l’espace de déplacement (orientation, navigation, repérage dans le plan et communication), sont cruciales sur le plan personnel comme pour la réussite scolaire (Denis, 2016). Pour soutenir le développement de ces compétences à l’école, l’équipe de recherche pluridisciplinaire du projet SPAGEO a développé un programme didactique médiatisé par un environnement virtuel simulant un environnement urbain (SPAGEO City). Les séquences didactiques et l’environnement virtuel ont été développés de façon conjointe pour offrir un programme didactique sur trois niveaux scolaires (de 6-7 à 9-10 ans). Les questions de recherche sont doubles : quel rôle joue la médiatisation par l’environnement virtuel dans la conduite des séquences didactiques ? Dans quelle mesure les séquences didactiques favorisent-elles le développement des compétences spatiales en termes de communication, de représentation et de stratégies d’orientation et de navigation ? Dans cette communication seront présentées les fonctionnalités didactiques implémentées dans l’environnement virtuel et les résultats actuels concernant l’évolution des compétences spatiales des élèves ayant bénéficié des séquences didactiques par rapport à un groupe contrôle.

• Communication orale 11 h 30
  FormationMeta – Se retrousser les manches et s’aventurer pour comprendre les enjeux et les bénéfices de la conception d’expériences d’apprentissage dans le métavers
  Manon Boulanger (Université Laval), Sivime El Tayeb El Rafei (Université Laval), Nadia Naffi (Université Laval), Audrey-Ann Poulin (Université Laval), Parnaz Rasti (Université Laval)

  FormationMeta est un projet exploratif d’une durée de 14 semaines, mené par la Chaire de leadership en enseignement de l’Université Laval sur les pratiques pédagogiques innovantes en contexte numérique – Banque Nationale en collaboration avec la Bibliothèque de l’Université Laval et l’entreprise OVA. Il a offert une expérience authentique à un groupe de future conceptrices et concepteurs pédagogiques pour développer leurs compétences en conception et en développement d’apprentissage immersive en réalité virtuelle et dans le métavers. Sept étudiantes et étudiant des trois cycles en technologie éducative, en art et en conception de jeu ont expérimenté avec le logiciel StellarX.ai et développé une formation immersive adaptée à la clientèle de la Bibliothèque. Nous présenterons FormationMeta ainsi que les recommandations qui en émergent et qui pourront guider les équipes pédagogiques intéressées par la conception en monde immersif. Plus spécifiquement, nous répondrons aux questions : Qu’est-ce qui est possible aujourd’hui et qu’est ce qui demandera plus d’avancement technologique ? Quelles compétences seront-elles nécessaires pour développer des expériences d’apprentissage dans le métavers? Comment former les groupes experts en éducation et en technologie éducative pour concevoir des expériences immersives qui a) répondront mieux aux besoins des groupes apprenants, b) sont éthiques, équitables et inclusives ?

Dîner libre

Recherches sur l’intelligence artificielle en contexte éducatif

• Communication orale 13 h 10
  La théorie de l’utilisation et de l’acceptation de la technologie pour expliquer l’utilisation du tableau de bord d’analyse de l’apprentissage
  Audrey Bistodeau (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

  Le tableau de bord d’analyse de l’apprentissage (TBAA) est un outil émergeant ayant pour objectif de favoriser la persévérance et a réussite, mais il demeure encore peu déployé dans les établissements postsecondaires (Alexander et al., 2019). La conception et l’implantation de TBAA représentent des opérations coûteuses pour les établissements d’enseignement, alors que le non-usage de ces outils par les parties prenantes préoccupe certains chercheurs (Fritz, 2011; Herodotou et al., 2017; West et al., 2016). Devant l’intérêt des établissements pour ces outils, il est ainsi important d’évaluer leur acceptation et leur utilisation. La théorie unifiée d’acceptation et d’utilisation de la technologie (TUAUT) (Venkatesh et al., 2003) est modèle reconnu pour prédire l’utilisation et les expliquer les variables qui l’influencent (Khechine et al., 2016). Cette recherche vise donc à explorer comment la TUAUT peut expliquer l’utilisation du TBAA par des étudiants universitaires, à partir des réponses à un sondage complété par 319 étudiants. Cette communication vise à présenter les résultats de nos analyses par équations structurelle selon la méthode des moindres carrés partiels (PLS-SEM), afin de vérifier si la performance attendue, l’effort attendu, l’influence sociale, les conditions facilitatrices et l’utilisation actuelle permettent de prédire significativement l’intention d’utilisation du TBAA par les étudiants.

• Communication orale 13 h 30
  Tableaux de bord intelligents : le point de vue des enseignants et des étudiants
  Amel Guedidi (UdeM - Université de Montréal), Bruno Poellhuber (Université de Montréal), Normand Roy (Université de Montréal)

  Dans le cadre de projet TIRIA, nous sommes intéressés à comprendre les perceptions et usages des tableaux de bord intelligents au sein des établissements postsecondaires et à étudier l’appropriation de ces outils par le personnel enseignant et par les personnes étudiantes afin de développer des modèles prédictifs de réussite et de motivation appropriés. Comme première étape, nous avons analysé qualitativement des données issues des 14 entrevues de groupe avec des non-utilisateurs des tableaux de bord intelligents. Les participants sont des personnes étudiantes et du personnel enseignant de l’Université de Montréal et de Polytechnique. L’analyse qualitative des entrevues permettait d’avoir des résultats préliminaires sur l’intention d’utilisation des tableaux de bord en termes d’utilité perçue et fonctionnalités pour les non-utilisateurs des tableaux de bord. Pour avoir une meilleure représentation de la population, nous cherchons à recruter encore un groupe restreint d’enseignants et de leurs étudiants. Les enseignants et les étudiants auront à répondre à un questionnaire et nous cherchons aussi à réaliser quelques entrevues individuelles avec les étudiants, afin d’analyser leurs attentes et préoccupations ainsi que leurs futurs usages des tableaux de bord intelligents. Les questionnaires (pour les enseignants et pour les étudiants), hébergés dans la plateforme LimeSurvey, sont déjà prêts et la sollicitation est planifiée pour la mi-session de l’hiver 2023.

• Communication orale 13 h 50
  La Maison de l’intelligence artificielle en France : comment des équipes de médiation scientifique enseignent l’IA à des publics scolaires
  Alexandre Lepage (UdeM - Université de Montréal), Margarida Romero (Université Côte d'Azur), Normand Roy (Université de Montréal)

  L’enseignement de l’IA au secondaire pose des défis comme le choix d’une discipline ou les compétences des enseignants et enseignantes. Pour l’heure, des organismes de médiation scientifique s’affairent à combler l’espace laissé vacant par les systèmes d’éducation. En France, la Maison de l’intelligence artificielle (MIA) initie depuis 2020 des collégiens et collégiennes (11-13 ans) à l’IA en collaboration avec le milieu scolaire. Pour y parvenir, elle compte sur une équipe de médiation scientifique qui anime des ateliers sur place ou directement dans les collèges. En s’appuyant sur le modèle T-PACK, nous nous sommes intéressés aux connaissances mobilisées par le personnel, soit d’ordre technologique (les outils facilitant l’initiation à l’IA), pédagogique (la préparation des activités), ou disciplinaires en lien avec l’IA. À l’été 2022, des activités de la MIA ont été observées, et des entretiens ont été réalisés avec le personnel. Il ressort de notre étude que l’enseignement de l’IA fonctionne bien à partir de cas d’usage issus de différentes disciplines en intégrant les enjeux éthiques. Certains préalables mathématiques limitent les possibilités de compréhension des élèves (p. ex. dérivées). Les connaissances pédagogiques ne sont pas spécifiques à l’IA et concernent surtout l’adoption d’une pédagogie active. L’équipe a aussi une connaissance des plateformes de vulgarisation de l’IA (p. ex. Quick, Draw!) et réalise une veille des cas d’usage pour bonifier les ateliers.

Enjeux et potentiels des modalités de formation avec le numérique

• Communication orale 14 h 50
  Les cours comodaux : panacée ou pis-aller selon les étudiants ?
  Guillaume Desjardins (Université du Québec en Outaouais), Cathia Papi (TÉLUQ - Université du Québec), Sébastien Perrot (École Nationale Vétérinaire d’Alfort)

  La pandémie a amené une école vétérinaire française à faire passer tous ses cours à distance ou en comodal, pas uniquement de manière temporaire, mais dans une visée de long terme. En décembre 2020, nous avons soumis un questionnaire à l’ensemble des étudiants pour connaitre leurs préférences de mode de formation ainsi que leurs manières d’étudier. Plus de 400 étudiants de la première à la cinquième année ont répondu. 70% déclarent apprécier pouvoir choisir sous quel mode suivre leurs cours. Lors de la communication, nous pourrons notamment voir que, indépendamment du contexte sanitaire, le type d’enseignement et la pédagogie développée par l’enseignant sont ce qui détermine leur préférence en termes de mode d’apprentissage, loin devant d’autres facteurs tels que la maitrise de la technologie par l’enseignant, l’heure du cours ou la distance d’avec son domicile.En effet, alors que les étudiants sont à peu près aussi nombreux à préférer assister aux cours magistraux en comodal ou en présence, voire en mode synchrone; concernant les TD, la préférence de la grande majorité des étudiants se porte clairement pour le présentiel.Le mode asynchrone semble quant à lui très peu apprécié, quel que soit le type de cours. Par ailleurs, alors que la moitié des étudiants considère que le mode de formation influence leurs chances de réussir et que 40% des étudiants disent qu’ils n’étudient pas de la même manière en présence et à distance, nous proposons de nous intéresser à ces différences.

• Communication orale 15 h 10
  La formation à distance au secteur postsecondaire québécois : résultats de l’enquête annuelle 2022 de l’ACRFL
  Simon Parent (Université Laval), Bruno Poellhuber (Université de Montréal)

  La formation à distance est étudiée aujourd’hui à travers la lentille pandémique : nous constatons le résultat d’une transformation rapide des pratiques pédagogiques et des politiques institutionnelles à l’égard de la formation à distance. Il semble important de comprendre les changements qui ont et qui continueront d’avoir lieu dans cet écosystème changeant aux nombreuses parties prenantes (Parent, Poellhuber et Depover, 2023). C’est dans cette perspective que nous proposons, dans le cadre de cette communication, de tracer un portrait de la formation à distance telle qu’elle est mise en œuvre et vécue par les gestionnaires et le personnel enseignant des établissements d’enseignement postsecondaires du Québec. Pour ce faire, nous présenterons les résultats de l’enquête annuelle de l’Association canadienne de recherche sur la formation en ligne (ACRFL) 2022, plus particulièrement ceux des établissements québécois. Il s’agit donc d’un tour d’horizon qui permettra de mettre la table aux autres communications portant sur la formation à distance et s’inscrivant dans une perspective réflexive ou critique. Enfin, en adoptant une posture prospective, nous présenterons quelques tendances anticipées par les répondantes et répondants, notamment quant à l’utilisation d’outils numériques pour l’appui à l’apprentissage.

• Communication orale 15 h 30
  Du dispositif pédagogique à l’expérience d’apprentissage : l’approche utilisateur·rice comme moteur de l’innovation
  Nicolas Roland (Caféine.Studio)

  Au regard des mutations actuelles de l’enseignement supérieur, l’innovation pédagogique devient une quasi nécessité (Poumay, 2014). Néanmoins, ce contexte se révèle en même temps particulièrement complexe pour l’émergence et le déploiement de cette innovation : enseignant·e·s peu formés à la pédagogie, multiplicité d’outils et de pratiques toujours plus importante, faible niveau de littératie numérique des étudiant·e·s, environnements personnels d’apprentissage qui se déploient en marge des dispositifs socio-techniques institutionnels (Roland et Talbot, 2014). Dès lors, trop peu de projets d’innovation mettent au coeur de leurs priorités cette volonté d’amélioration des apprentissages (Roland et Uyttebrouck, 2015). Dans ce contexte, une démarche d’ingénierie pédagogique centrée sur l’apprenant·e offre de nouvelles perspectives (Benchekroun et Soulami, 2020). Elle permet d’anticiper la manière dont les étudiant·e·s vont se saisir des propriétés de l’innovation, s’approprier celle-ci et en détourner certaines des modalités afin qu’elle réponde de manière optimale à leurs besoins d’apprentissage. Notre contribution vise à faire un état des lieux des principaux travaux sur le “learning experience design” (LXD) pour appréhender leur évolution épistémologique et empirique. Nous proposerons également plusieurs retours d'expériences visant à illustrer les méthodes et processus de LXD appliqués à l’élaboration de projets d’innovation pédagogique.

Recherches sur les laboratoires créatifs en contexte éducatif

• Communication orale 16 h 10
  Labos créatifs : un futur prometteur, mais tout de même parsemé d’embûches
  Isabelle Brassard (Université du Québec à Chicoutimi), Patrick Giroux (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Nicole Monney (Université du Québec à Chicoutimi), Audrey Pépin (Université du Québec à Chicoutimi), Vicky Savard (Université du Québec à Chicoutimi)

  Le MEQ a financé plusieurs projets par le passé pour accroître l'usage du numérique en éducation. Plusieurs constats ressortent de ces projets et d’autres, notamment que les enseignants ont de la difficulté à établir des liens entre le programme de formation et les apprentissages réalisés ou que le recours à des organismes externes pour de l'accompagnement en classe ne rend pas toujours le milieu autonome. Dans ces politiques et investissements, le Ministère a clairement indiqué qu’il croyait au potentiel des labos créatifs dans ce domaine. Un projet de recherche a néanmoins été financé pour (1) dégager les différentes stratégies pédagogiques mises en place par les enseignants dans ce contexte et (2) Identifier les compétences mobilisées par l’exploitation des labos créatifs. Cette recherche repose sur une méthode mixte prévoyant l’utilisation d’un questionnaire, des entrevues et des observations non participantes dans 4 labos créatifs choisis pour représenter une variété de contextes. Il ressort que les enseignants font appel à une variété d’approches pédagogiques et que cela permet le développement de nombreuses compétences, tant disciplinaires que numériques et transversales. Plusieurs embûches jalonnent cependant le chemin vers une implantation réussie des labos créatifs telles que le besoin d’organiser et de formaliser les ancrages dans les programmes de formation, l’absence fréquente de l’évaluation, la pertinence d’une interdisciplinarité difficile à concrétiser, etc.

• Communication orale 16 h 30
  Les « unconference » pour et par les facilitateurs des « makerspaces » québécois dans le contexte de la reprise post-COVID-19
  Ann-Louise Davidson (Université Concordia), Nadia Naffi (Université Laval)

  Le travail de la chaire de recherche en culture « maker » de l’Université Concordia vise à étudier la création des communautés d’apprentissage dans les « makerspaces » dans les écoles, les cégeps, les universités, les bibliothèques, les musées et les centres communautaires. Sa mission sous-jacente vise à développer des communautés interdisciplinaires et intergénérationnelles pour faciliter l’apprentissage de type « maker ». Pour qu’une personne se sente à l’aise d’accompagner l’apprentissages dans les « makerspaces », elle doit posséder les connaissances, les ressources et les aptitudes nécessaires pour le développement de ses compétences de facilitation, ce qui s’avère complexe et demande l’accès à un réseau. Une collaboration avec la Chaire de leadership en enseignement sur les pratiques pédagogiques innovantes en contexte numérique de l’Université Laval et un partenariat avec le Musée de la civilisation ont permis d’étendre le réseau de facilitateurs d’apprentissage dans les « makerspaces » montréalais à l’échelle de la province et de favoriser des échanges. Étant donné la fermeture des espaces publics due à la pandémie, à l’hiver 2022, notre équipe de recherche a organisé sept événements de type « unconference », aussi connu sous le terme « ed-camp ». Dans cette présentation, nous discuterons des sept événements, de la conception à l’émergence des contenus qui ont donné lieu à au guide pour de facilitation pour les « makerspaces, qui sera lancé plus tard dans la journée.

Lancement de l’ouvrage Des « makerspaces » pour apprendre, vivre et partager de Davidson et al.

Enjeux du numérique en contexte éducatif

• Communication orale 09 h 10
  La datafication de l’éducation : un enjeu montant des technologies en éducation?
  Simon Collin (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Dans le cadre de cette communication, nous souhaitons aborder le phénomène de datafication car il nous semble constituer un enjeu de plus en plus présent en éducation. En effet, les développements technologiques les plus prometteurs pour l’éducation actuellement, tels que l’intelligence artificielle, l’analyse de l’apprentissage(learning analytics) ou encore les données massives (Rienties et al., 2020) reposent sur l’accessibilité à des données scolaires, voire extrascolaires. Sur le plan scientifique, analyser ces objets techniques implique un déplacement de l’unité d’analyse habituelle des technologies en éducation : il ne s’agit pas tant d’étudier les artefacts utilisés par les acteur.rices éducatif.ves que les données et les infrastructures qui permettent leur fonctionnement. Des concepts tels que celui de datafication permettent d’en rendre compte. Dans la lignée des études sur la quantification (p. ex., Porter, 1995; Espeland et Stevens, 2008), la datafication peut être définie comme le processus de conversion de qualités (p. ex., des activités éducatives) en données numériques. Malgré son objectivité apparente, ce processus n’est pas neutre et soulève certains risques en conséquence. Parce qu’il est encore peut mobilisé pour le cas de l’éducation au Québec, nous proposons dans un premier temps de préciser le concept de datafication avant d’envisager, dans une perspective critique, certains risques qu’il permet d’éclairer.

• Communication orale 09 h 30
  ChatGPT et IA générative en enseignement supérieur : enjeux, défis et potentiel pédagogique
  Bruno Poellhuber (UdeM - Université de Montréal)

  Depuis quelques mois, la discussion autour de ChatGPT devient très prégnante partout en enseignement supérieur.Les étudiants ont été très rapides à se saisir du potentiel de l’outil, près de 20% d’entre eux rapportant l’avoir utilisé pour leurs travaux ou examens à l’automne 2022 aux Etats-Unis. La présence de tels outils d’IA de traitement du langage naturel pose des défis liés au plagiat et à l’intégrité académique. Plusieurs universités ont d’ailleurs déjà modifié leurs règlements ou encore adopté des politiques interdisant leur utilisation. Si certains ont développé des outils de détection du plagiat, les risques de plagiat peuvent être palliés par la modification de certaines pratiques en évaluation des apprentissages.

  Par ailleurs, ce type d’outil d’IA est déjà adopté dans plusieurs secteurs d’activité. En enseignement supérieur, des pistes d’utilisation pédagogiques pertinentes émergent dans certaines disciplines. Cette présentation vise à expliquer le fonctionnement de ChatGPT et d'outils semblables, à montrer un portrait des principaux enjeux liés à son utilisation par les étudiants ou les enseignants, et enfin, à dégager des pistes pour s’assurer d’une utilisation éthique et pédagogiquement pertinente par les enseignants et les étudiants de disciplines variées. Un tel projet commence par une éducation à une littéracie spécifique de l’IA qui comporte non seulement la compréhension du phénomène, mais aussi des dimensions liées à son appropriation et à son utilisation.

• Communication orale 09 h 50
  Enjeux et potentiels de la formation à distance (FAD) pour la formation des futurs enseignants
  Chantal Tremblay (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  La pandémie a mené au transfert à distance de nombreux programmes de formation universitaires, auparavant donnés entièrement en présentiel. Depuis, on observe une forte hausse de la demande des étudiants pour des programmes entièrement à distance, et ainsi plusieurs universités développent de tels programmes pour combler cette demande et éviter de perdre des parts de marché. Or, pour s’assurer de la qualité de la formation professionnel, comme les programmes de formation initiale à l’enseignement, il semble essentiel de s’interroger sur les enjeux et le potentiel de ces modalités, pour en assurer une justification pédagogique

  En s’appuyant sur des écrits scientifiques pertinents, cette communication vise à proposer des pistes de réflexion pour justifier, d’un point de vue pédagogique, le choix de modalités de cours (à distance, hybride ou en présentiel) pour le développement de compétences professionnelles. Ainsi, il sera proposé de s’assurer que la modalité permet l’alignement pédagogique et pédagonumérique du cours, en montrant des exemples à partir du nouveau référentiel de compétences professionnelles de la profession enseignante. Ensuite, il sera proposé de se questionner sur l’intégration des étudiants nouvellement admis, leur niveau de compétence numérique et l’importance des stages pour faire des choix de modalités de programmes éclairés. Il sera alors suggéré de miser sur des formations hybrides, pour bénéficier des apports et pallier les limites de chaque modalité.

Table ronde – Enjeux et perspectives du numérique en contexte éducatif

Ateliers collaboratifs – Enjeux et perspectives des technologies émergentes en contexte éducatif