Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Ce colloque aborde les politiques d’immigration du Québec dans une perspective comparée par l’angle du décalage. Nous observons en effet des décalages importants dans ce domaine entre discours politiques et médiatiques sur l’immigration, et les réalités matérielles du terrain, et ce, en ce qui touche autant l’orientation des politiques, la mise en œuvre des systèmes, les besoins et trajectoires des immigrants, que les perceptions locales et agrégées.
Ce colloque fera dialoguer des analyses empiriques qui porteront sur les différentes facettes de ce décalage au Québec dans une perspective comparée. Il traitera du rôle des citoyens, des mouvements sociaux, des partis politiques, des médias, des fonctionnaires dans le décalage entre discours politique de l’immigration et réalités de terrain. Nous mettrons ainsi en évidence des similarités et différences dans la façon dont ce décalage est conçu et se constitue au Québec et ailleurs. Il présentera comment les acteurs communautaires vivent ce décalage et explorera son incidence sur les immigrants eux-mêmes. Le colloque permettra aussi de réfléchir aux conséquences à long terme de ce décalage en plus de discuter d’intervention permettant de mieux aligner ces réalités, et ce, au Québec et ailleurs.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :Programme
Discours, représentations et décalages 1
-
Communication orale
Représentation des réfugiés dans les médias québécoisMireille Paquet (Université Concordia)
-
Communication orale
L'immigration dans le Journal de Québec pendant la campagne de l'élection provinciale de 2022Isabelle Devi Poirier (Université Concordia)
-
Communication orale
L’immigration haïtienne dans les médias brésiliens : les impacts sur le processus d’intégration des immigrantsJude Civil (Université d’Ottawa)
Politiques publiques et décalages 2
-
Communication orale
Discours politiques et réalités de terrain dans l’accueil des déplacés ukrainiens au Canada : étude exploratoire à Québec et WinnipegAgnès Blais (Université Laval), Adèle Garnier (Université Laval), Shauna Labman (University of Winnipeg)
Notre communication présentera les résultats d’une étude exploratoire en cours comparant l’accueil des déplacées ukrainiens dans les villes moyennes de Québec et Winnipeg. En conséquence de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le Canada a adopté des mesures spéciales d’accueil pour les nationaux ukrainiens. Cela inclue la création d’un permis spécial d’immigration temporaire d’une durée maximum de 3 ans et le traitement accéléré de la réunification familiale. Le Canada accueille la 2e communauté ukrainienne hors d’Ukraine, qui s’est mobilisée pour soutenir les déplacées de 2022. Tous les niveaux de gouvernement canadiens et de nombreux organismes communautaires se sont également mobilisés.
Nous nous intéressons aux similarités et aux différences dans l’accueil des déplacées ukrainiens dans deux villes moyennes canadienne de deux provinces distinctes, Winnipeg et Québec, alors que la littérature sur l’immigration dans les villes moyennes demeure limitée, tout comme la littérature comparant l’immigration dans plusieurs provinces. Winnipeg est une ville d’une grande diversité, avec une importante diaspora ukrainienne. Par contraste, Québec est l’une des villes les moins diverses du Canada et la communauté ukrainienne y est numériquement faible. Notre analyse reposera sur une analyse de politiques provinciales et municipales et d’entretiens avec des déplacées ukrainiens et des Ukrainiens Canadiens impliques dans l’accueil des déplacées à Québec et Winnipeg.
-
Communication orale
Analyse du PICA dans la municipalité de Clare (NS)Khadija Gaha (Université Sainte-Anne), Merveille Tabuku (Université Sainte-Anne)
Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre, les provinces de l’Atlantique ont mis en place différentes stratégies, dont le Programme Pilote d’Immigration au Canada Atlantique (PPICA) appelé désormais le Programme d’Immigration au Canada Atlantique. Il « vise à aider les employeurs à répondre aux besoins du marché du travail régional » (Nova Scotia Immigration, 2021 : 1). Pour comprendre le passage du PPICA au PICA et évaluer son efficacité, nous analysons cette politique publique en nous inspirant du cadre d’analyse de Jones (1970). Nous nous intéressons à la province de la Nouvelle-Écosse, plus précisément aux entreprises de la municipalité de Clare (NÉ). Nous commençons par identifier le problème auquel veut répondre le PICA et les solutions proposées en matière de pénurie de main-d’œuvre. Par la suite, notre enquête menée auprès des employeurs désignés de cette région a pour objectif de vérifier la pertinence de ce programme. L’analyse de cette politique publique nous a permis de constater le décalage entre les objectifs de ce programme et les besoins réels de ces employeurs. Nous terminons en formulant nos recommandations pour améliorer l’application de ce programme et pour mieux répondre aux besoins des entreprises de la NÉ en général.
-
Communication orale
Analyses spatiales sur l'accessibilité des services de proximité pour les travailleurs migrants temporaires au QuébecMalika Jasmine Gabaj Castrillo (Université Laval)
Cette étude cherche à développer une méthodologie d’analyses de l’accessibilité spatiale aux services de proximité pour les travailleurs migrants temporaires dans le secteur agricole. Les analyses d’accessibilité spatiale s’intéressent surtout à l’accessibilité physique et géographique comme vecteurs d’égalité de la distribution des services afin de distinguer les zones prioritaires qui sont mal desservies. En se basant sur le concept d’« accessibilité spatiale », soit la facilité de se rendre d’un lieu géographique à une infrastructure d’intérêt, l’analyse propose un indice d’accessibilité spatiale aux services d’alimentation (épiceries). Cet indice se calcule selon trois variables : l’offre (l’emplacement des services), la demande (ex. l’emplacement des personnes souhaitant utiliser les services) et la mobilité (exemple : coût du transport). Ces résultats sont reportés sur une carte afin d’observer la fluctuation de la disponibilité d’accès sur le territoire.
Cette analyse originale basée sur les données d’études d’impact sur le marché du travail de 2022 permet de spatialiser et d’estimer la distribution et l’accessibilité aux services de proximité pour un groupe de travailleurs migrants temporaires particulièrement vulnérable.
Ainsi cette étude répond à où les politiques d’immigration ont lieu en ce qui concerne les travailleurs migrants temporaires agricoles et d’autre part il est question de se demander l’accessibilité spatiale aux services de proximité pour qui?
-
Communication orale
« Ce sont des patients boomerang dans des institutions mécaniques » : une étude qualitative sur l’offre de soins aux personnes migrantes non couvertes par la RAMQÉmilie Pigeon-Gagné (TÉLUQ - Université du Québec)
Cette étude prend racine dans le contexte actuel dans lequel les débats entourant la prise en charge médicale et psychosociale des personnes migrantes à statut précaire (MSP) sont en avant-plan. Dans le cadre d’une étude qualitative exploratoire, nous nous sommes intéressées à l’offre de soins aux personnes MSP. Entre septembre et décembre 2022, deux groupes de discussion (n=12) et sept entretiens individuels ont eu lieu auprès de soignant.es (médecins, infirmières, intervenantes sociales) offrant des soins de santé à cette population. Les résultats d’une analyse thématique révèlent un plusieurs obstacles administratifs et organisationnels limitant l’offre de soins aux personnes sans couverture d’assurance médicale, mais également auprès de celle ayant couverture par l’entremise du Programme fédéral de santé intérimaire. Nous proposons d’exposer les principales barrières rencontrées par les soignant.es et limitant leur capacité à offrir des soins de santé aux personnes non couvertes par la RAMQ. Nous argumentons que les barrières administratives rencontrées par les soignant.es créent des situations limites dans lesquelles, iels se retrouvent à faire face à d’importants défis sur le plan éthique. Les résultats seront mis en dialogue avec les discours actuels véhiculés dans l’espace public et médiatique concernant les services existants et disponibles pour les personnes MSP.
Politiques publiques et décalages 1
-
Communication orale
Multigouvernance des migrations et parcours de transition vers la résidence permanente au QuébecCapucine Coustere (Université Laval)
Fin 2022, le gouvernement canadien a annoncé l’objectif d’accueillir 500 000 résident‧es permanents par an d’ici 2025. L’obtention de ce statut requiert aujourd’hui de manière croissante une expérience de migration temporaire préalable. À cela s’ajoute, pour les candidat‧es du Québec, la sélection par la province avant de postuler au fédéral. Or, depuis l’élection de François Legault en 2018, les politiques d’accès à la résidence permanente (RP) du Canada et du Québec sont en décalage. Le premier augmente les seuils d’admission et valorise l’expérience de migration temporaire, à l’opposé du second.
S’appuyant sur des entrevues répétées auprès de dix-neuf migrant.es ayant une expérience de travail dans l’hôtellerie-restauration avec un permis de résidence temporaire au Québec, en 2019, 2020 et 2022, cette communication examine l’effet du décalage entre le discours et les politiques migratoires de ces niveaux de gouvernance sur le parcours et le projet migratoire de ces aspirant‧es à la RP.
Il ressort de l’analyse un écart fréquent entre le statut de résidence détenu et le projet migratoire. Par ailleurs, si la négociation des politiques migratoires des deux milieux de gouvernance affecte les parcours, les aspirant‧es à la RP tirent également partie de ce décalage pour mener à bien leurs projets migratoires. -
Communication orale
Quelle place faite aux immigrants dans la planification locale des espaces publics ? Comparaison entre discours politiques et réalités de terrain Nord-MontréalaisesEdgar Schnepp (UdeM - Université de Montréal)
De par leur proximité aux citoyens, les politiques municipales ont un rôle important dans les réalités que vivent les immigrants en ville, notamment dans la reconnaissance et la place attribuée à la diversité dans les espaces publics.
Dans le cadre d’un stage de recherche appliquée (arrondissement Montréal-Nord) visant à répondre à un besoin d’aménagement d’espaces publics pour les communautés issues de l’immigration, des propositions d’aménagements et des recommandations de politiques publiques ont été émises.
Une grille multicritère a été développée dans un objectif de reproductibilité des recommandations. Une réflexion théorique critique prenant le prisme du concept de convivialité complète cette démarche en étudiant divers concepts de planification et d’animation. À la suite d’une étude sur les politiques publiques locales touchant les populations issues de l’immigration, les projets planifiés en contexte de diversité seront passés en revue à la lumière de critères issus d’une deuxième recension d’écrits scientifiques.
En contexte de risque de marginalisation, il faut premièrement développer des aménagements anti-ségrégatifs en se basant sur le contexte local (historique et communautaire). En parallèle, deux étapes sont cruciales pour l’appropriation des espaces et l’inclusivité : la création de postes de coordinateurs de la diversité ; le développement de processus consultatifs ciblés.
-
Communication orale
La réalité ethnoculturelle et le statut des langues minoritaires non officielles au CanadaKamel Khiari (Université Sainte-Anne)
Le recensement de la population de 2021 a dénombré 450 origines ethniques et culturelles au Canada. Selon, par ailleurs, les projections démographiques de Statistique Canada, le nombre de personnes nées à l’étranger représentera d’ici 2031 plus du quart de la population canadienne. Face à cette diversité de plus en plus croissante, le Canada a opté, dès les années 1970, pour le multiculturalisme, politique visant à valoriser la diversité culturelle, et notamment linguistique. Partie à plusieurs conventions internationales prônant le respect de la diversité culturelle, le Canada ne manqua pas, dans ses lois linguistiques, de mentionner, bien que d’une manière assez vague, la nécessité de valoriser les langues minoritaires. En 1991 est finalement adoptée une loi très précise sur les moyens à mettre en œuvre pour développer l’usage des langues minoritaires : la Loi sur l’Institut canadien des langues patrimoniales. Cependant, celle-ci n’est toujours pas entrée en vigueur.
Cette communication démontre le décalage entre le discours politico-juridique officiel sur les langues minoritaires non officielles et la réalité de la place occupée par celles-ci au Canada. Bien qu’aussi bien dans son approche que de sa méthodologie, cette recherche est de nature juridique, sa présentation se fera dans un langage accessible aux non-juristes.
Discours, représentations et décalages 2
-
Communication orale
« En France, on me disait : "mais tu viens d'où ?"». Parcours migratoires et assignations raciales et nationales de Français.e.s émigré.e.s au Québec.Chedly Belkhodja (Université Concordia), Antoine Mazot-Oudin (Université Concordia)
Depuis le début des années 2000, l’immigration de ressortissants français au Canada et notamment au Québec est en forte croissance. La communication interroge ce phénomène social en l’arrimant aux enjeux de racisation. En effet, les projets migratoires des Français.e.s ou des Européens racisé.e.s vers d’autres pays du Nord se comprennent d’autant mieux une fois réinscrits dans les stratifications raciales et religieuses les affectant, par exemple en France (Mandin, 2020), ou de leur sentiment d’être « coincés » face à de faibles opportunités sociales ou professionnelles perçues dans leur pays d’origine (Hage, 2005 ; Alloul, 2020).
En mobilisant des entretiens réalisés dans le cadre du projet de recherche sur « la nouvelle vague française au Canada depuis le début des années 2000 », la communication analyse le jeu existant entre les assignations raciales et nationales qu’ont vécu ces migrants en France puis une fois établi.e.s au Québec. Parfois étiqueté.e.s comme étranger.ère.s en France (Ribert, 2006), l'entrée dans une carrière migratoire voit ces participant.e.s être plus directement assigné.e.s au fait d'être français.e.s une fois seulement établi.e.s au Québec. Ces différentes assignations ne sont pas sans effets sur les expériences subjectives de la migration France-Québec et soulignent par la bande toute l’importance de réinscrire l’analyse de cette immigration française privilégiée en prenant en compte la pluralité des rapports sociaux.
-
Communication orale
Du décalage entre discours universalistes de la nation et discriminations raciales vécues par les immigrés postcoloniaux et leurs descendants en France.Joseph Arcelin Carmil (Univeristé de Bordeaux)
Alors que la France se réclame d’une idée de nation indivisible, héritière de la révolution de 1789, allant jusqu’à restreindre l’usage des statistiques ethniques pouvant permettre de mesurer les discriminations raciales subies par les immigrés postcoloniaux et leurs descendants installés dans l’Hexagone au cours de la deuxième moitié du XXe siècle (Ndiaye, 2008), ces immigrés peinent à être reconnus et traités en tant que citoyens à part entière aujourd’hui encore (Dewitte, 2002). Cette contribution entend mettre à nu le décalage entre l’imaginaire de la nation civique indivisible à la française traversant les discours politiques et les réalités vécues par les descendants d’immigrés non européens, à travers le cas de la diaspora haïtienne d’Île-de-France. L’enquête, qui se porte sur une quarantaine d’histoires de vie, montre une incapacité des politiques françaises dites « d’intégration républicaine » à résorber les discriminations raciales à l’encontre des descendants d’immigrés postcoloniaux dont font partie les Haïtiens. Une telle incapacité s’explique éventuellement par la distorsion républicaine à la française qui, au lieu de produire l’égalité pourtant juridiquement reconnue entre tous les citoyens, conduit à l’« aveuglement racial » (colour blindness) confortant le discours de l’extrême droite française niant l’existence même des discriminations raciales en France.
-
Communication orale
Politiques migratoires en France : du regroupement familial à l’agentivité des migrant·e·s Haïtien·ne·sBodeler Julien (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
La transformation des politiques migratoires des pays du Nord est accompagnée de stratégies pensées individuellement et collectivement (réseaux) par les migrant·e·s. Ces dernier·e·s, en fonction des logiques de mobilité et de circulation, cherchent à garder le contrôle sur leurs parcours et anticiper les contraintes. Ainsi, j’envisage d’appréhender l’Agir des migrant·e·s Haïtiens en France dans les interactions entre les politiques migratoires et leur agentivité. En ce sens, le cadre familial peut nous permettre de comprendre ces stratégies, car, autour de la famille se crée un sens social de la migration dans la société d’origine et dans les réseaux migratoires du pays d’installation. Car, la famille va au-delà des liens de parenté normés et englobe d’autres relations sociales matérialisées dans des rapports de solidarité intracommunautaire. Donc, il s’avère nécessaire d’analyser un type particulier de migration, à savoir le regroupement familial étudié dans mon enquête de terrain sur la migration haïtienne en France (2017-2020). Il est caractérisé par le regroupement familial légal et les stratégies de contournement utilisées par les migrant·e·s. Ces stratégies pourraient révéler en quelque sorte l’agentivité des migrant·e·s Haïtien·ne·s, même sous les formes les plus coercitives des politiques migratoires en France, d’où émerge la capacité des migrant·e·s à traiter l’expérience sociale et construire leur subjectivité
-
Communication orale
Statut d’immigration temporaire et participation au Québec : un croisement en tensionMarie-Jeanne Blain (UdeM - Université de Montréal), Lucio Castracani (Université Sherbrooke), Lourdes Rodriguez del Barrio (Université de Montréal), Deena White (Université de Montréal)
Dîner
Discours, représentations et décalages 3
-
Communication orale
Représentations sociales des travailleur.euse.s migrant.e.s temporaires dans le secteur manufacturierClara Guyot (Université Laval)
Le Québec alimente une relation utilitariste avec l’immigration temporaire, la catégorisation politique canadienne en statuts migratoires offre à l’État québécois un enjeu de pouvoir stratégique : celui d’accorder des étiquettes spécifiques aux personnes immigrantes, auxquelles correspondent des rôles et des positions sociales institués. Sur la base de ce constat, cette communication porte sur les représentations sociales entourant les travailleur.euse.s migrant.e.s temporaires (TMT) en emploi dans le secteur manufacturier de la région Chaudière-Appalaches. J’ai réalisé des entretiens semi-dirigés avec des acteur.ice.s clés régionaux.ales:représentant.e.s d'organismes communautaires, de RH d’entreprises, d'agence de recrutement international et acteur.ice.s municipaux. Ce travail a été l’occasion de discuter des défis rencontrés par ces acteur.ice.s dans l’application des politiques d’immigration en région. La mise en œuvre de la catégorisation politique des personnes immigrantes et son application régionale, créent des zones grises et offrent la place au développement de nombreux stéréotypes qui participent à construire des représentations sociales spécifiques ; notamment celle de l’immigrant.e temporaire comme un investissement économique, rentable, flexible et non comme une personne. Les problèmes de synchronisation entre le prescrit et les réalités que vivent les acteur.ice.s interrogé.e.s, teintent les représentations sociales individuelles à l’égard des TMT.
-
Communication orale
Les effets de l’absence d’une langue commune en milieu de travail sur les droits syndicauxMarie-Hélène Bonin (Confédération des Syndicats nationaux (CSN))
Les droits du travail et la vitalité de la démocratie syndicale au Québec sont mis à mal par l’arrivée massive de travailleuses et travailleurs migrants à statut précaire. Plusieurs ne maîtrisent pas le français, ce qui entraîne divers problèmes observables dans les milieux syndiqués, incluant : la méconnaissance des lois du travail, le manque de formation, des difficultés d’intégration, des incidences accrues d’accidents, des difficultés d’accès aux soins et indemnités, l’incapacité de lire les conventions collectives, une sous-représentation dans les structures, la crainte de recourir aux griefs ou à la grève, etc.
Face à cela, les syndicats sont désemparés et inquiets. Désemparés, car ils ne comprennent pas le discours gouvernemental qui prétend « prendre moins mais prendre soin » des personnes immigrantes. Les syndicats sont également inquiets quant à leurs compétences linguistiques pour assumer leur devoir de représentation. Sans langue commune, les syndicats ne peuvent assurer la défense de ces membres, ce qui met en cause leurs droits mais aussi ceux de leurs collègues non-immigrants, comme le démontrent des cas de désaccréditation syndicale. Ainsi, la croissance de cette main-d’œuvre mal protégée met en péril la capacité de préserver les acquis et le rapport de force du mouvement syndical en matière de conditions de travail et, au-delà, son rôle émancipateur face aux discriminations et inégalités socioéconomiques.
-
Communication orale
Le décalage entre discours « essentiels » et la réalité du secteur de l’entretien ménagerCaroline Janelvi Tapia (Université Laval)
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre au Québec, le nombre de résidents temporaires dépasse celui des résidents permanents. En 2023, Le gouvernement Legault maintient la cible autour de 50 000 résidents permanents. Mais, selon l’IRCC le Québec a accueilli environ 181 000 résidents temporaires, en 2022, dans des secteurs d’emplois souvent considérés précaires et essentielle à l’économie. La face cachée de cette dynamique est qu’on dépend d’une main-d’œuvre invisibilisée dans différents secteurs considérés comme « essentiels ».
Cette communication tente de montrer le décalage entre le discours sur les travailleuses.eurs « essentiels » répandu par le gouvernement Legault et le secteur de l’entretien ménager. C’est un secteur où les travailleuses.eurs vivent des risques de santé physique (intoxication, risque de troubles musculo-squelettiques par le travail effréné) et non-physique (harcèlement psychologique, sous-payés, stress, horaires atypiques). De plus, selon le rapport de Enviro Compétences, les personnes immigrantes sont surreprésentées dans ce secteur comparativement à d’autres professions au Québec. La littérature scientifique montre que le secteur d’entretien ménager est un poste qui conjuguent risques en santé et mauvaises conditions de travail. Pour approfondir ce constat, cette communication porte sur les entretiens semi-dirigés dans le secteur de l’entretien ménager dans la région de la Capitale-Nationale (Québec).
-
Communication orale
« Se faire tordre le bras » : la résistance bureaucratique aux objectifs diplomatiques de délivrance des visas en ChineJuliette Dupont (Université Concordia)
Parcours migratoires et décalages 1
-
Communication orale
Migration de subsistance à Madagascar : Cartographie cognitive des facteurs d’intégration.Anouk Malboeuf (Université Laval)▶ Vidéo
Les Malgaches, majoritairement pauvres et ruraux, dépendent des ressources naturelles pour leur survie, et utilisent couramment la migration interne comme mesure d’adaptation. Le contexte changeant modifie ces flux migratoires, exacerbant la répartition inégale de la population sur le territoire et entrainant parfois des déséquilibres démographiques et des tensions liées à l’accès et à l’usage des ressources naturelles. Un meilleur accompagnement des dynamiques migratoires et la mise en place de politiques et mesures favorisant l’intégration des migrants et la cohésion sociale sont nécessaires. Par ailleurs, celles-ci sont conditionnées par la perception qu’ont les différents acteurs des questions migratoires et de leur intégration. Malheureusement, les débats publics portent essentiellement sur les effets négatifs de la migration.
Cette recherche empirique, constructiviste semi-quantitative, va donc tenter de comprendre les critères qui favorisent l’intégration des’ migrants de subsistance’ en milieu rural à Madagascar selon la perception des différents participants. L’élément central de la méthodologie sera l’élaboration de cartographie cognitive floue (CCF) et la construction de modèles simples qui reflèteront la perception des divers groupes de participants. La communication proposée abordera principalement l’intérêt du CCF comme méthode pour comprendre les divergences de perception des facteurs d’intégrations des migrants ou les décalages entre discours. -
Communication orale
Des représentations sociales stigmatisantes aux réalités plurielles : le cas des aînées migrantes au QuébecMarianne Théberge-Guyon (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Trop souvent, les aînées migrantes font l’objet de représentations sociales misérabilistes et homogénéisantes et de stéréotypes propres à leur âge avancé, leur genre féminin, leurs identités migratoires et à l’interaction entre ces appartenances. Ces représentations sociales tronquées et peu nuancées témoignent de la méconnaissance du caractère diversifié des réalités de ce groupe hétérogène.
Cette communication propose de traiter du décalage existant entre la manière dont les aînées migrantes sont représentées dans la sphère médiatique et sociale, et la manière dont elles se représentent elles-mêmes, à travers la thématique de leurs liens sociaux. Cette question sera abordée à partir d’une revue de la littérature sur les représentations sociales et médiatiques des aînées migrantes et de l’analyse d’entretiens semi-directifs, de récits de vie et de groupes de discussion réalisés auprès de femmes âgées ayant vécu la migration et résidant aujourd’hui au Québec (N=10). La discordance entre les représentations sociales dont font l’objet les femmes âgées migrantes et leurs propres réalités témoignent d’un enjeu : celui du peu de place dédié à la parole de cette population, au sein de l’espace public. En réponse à cet enjeu, la présente communication propose le récit narratif comme piste d’intervention pour mobiliser la parole.
-
Communication orale
Enjeux d’implantation et impacts des approches interculturelle et transculturelle dans la prise en charge des mineurs non accompagnésDanielle Bineli (UdeM - Université de Montréal), Lara Gautier (Université de Montréal), Elodie Marion (Université de Montréal)
Enjeux d’implantation et impacts des approches interculturelle et transculturelle dans la prise en charge des mineurs non accompagnés dans le domaine de la santé, de l’éducation et du social : revue systématique.
Les mineurs non accompagnés (MNA) sont des enfants de moins de 18 ans qui migrent vers un autre pays sans un parent ou un tuteur à leurs côtés. A Montréal, les MNA sont pris en charge par les travailleurs sociaux du Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA) qui les orientent et accompagnent vers les services et les soins appropriés à leur besoin. Mais, par une méconnaissance des informations, des barrières linguistiques, de leur traumatisme migratoire, et d’autres barrières d’ordre structurel, les MNA n’arrivent pas à accéder aux services et soins. Notre communication a pour objectif de démontrer le décalage entre l’offre de service théorique pour les MNA et les réalités auxquelles ces jeunes font face. À la suite d’une revue systématique et de l’analyse des 55 articles retenus, nous avons relevé les perceptions des mineurs non accompagnés et celles des intervenants des domaines de la santé, de l’éducation et du social qui s’occupe de leur prise en charge, dans différents pays ainsi que les pratiques interculturelles et transculturelles développées par plusieurs experts pour améliorer les interactions avec les MNA. Nous présenterons enfin ce que l’on peut retenir de ces pratiques pour le contexte Québécois.
Parcours migratoires et décalages 2
-
Communication orale
Un aller simple vers la précarité : L’insertion en emploi des demandeurs d’asile dans la région de QuébecLucie Ngabusi Sapa (Université Laval), Allyne Fernandes Oliveira Barros (Université Laval), Aline Lechaume (Université Laval)
Jusqu’à tout récemment, les conditions d’emploi et de travail des demandeurs d’asile étaient très peu médiatisées, voire étudiées. Depuis la crise socio-sanitaire liée à la pandémie de COVID-19, un coin du voile a été levé sur le rôle que jouent ces personnes dans l’économie québécoise, qualifiées de travailleurs « essentiels » lorsque le système était au plus fort de la crise. Cependant, malgré les discours et une amorce de prise de conscience collective de leur importance au sein du marché du travail, les enjeux touchant leurs parcours d’insertion en emploi restent méconnus et surtout, invisibilisés. Cette communication portera sur la précarisation du parcours socioprofessionnel des demandeurs d’asile dans la région de Québec. Une recherche qualitative, menée auprès de 30 demandeurs d’asile entre 2020 et 2022, a permis de suivre la succession des emplois et les conditions de travail des participants. Les résultats offrent une meilleure compréhension de « la spirale de précarité » dans laquelle ils sont à risque de tomber, mobilisée à partir des quatre dimensions de la précarité de Rodgers (1989). Les analyses montrent des enjeux structuraux compromettant les possibilités de sortir de cette spirale de précarité, qui jalonne leur parcours d’insertion socioprofessionnelle, les conférant vers les marges du marché du travail.
-
Communication orale
À l’intersection du genre et du statut migratoire temporaire : trajectoires d’insertion en emploi des mères demandeuses d’asile de la Capitale Nationale et Chaudières-AppalachesChenour Oechslin (Université Laval)
Ce projet porte sur les défis relatifs au genre et au statut migratoire temporaire marquant les trajectoires d’insertion en emploi des demandeuses d’asile ayant des enfants à charge et résidant dans les régions de la Capitale-Nationale et de Chaudières-Appalaches. L’approche des parcours de vie constitue le cadre conceptuel. Cette approche permet de penser les trajectoires d’insertion en emploi comme un processus dynamique qui se déroule dans le temps et qui implique de nombreux changements dans différentes sphères de la vie. Deux dimensions de ces trajectoires seront examinées, soit le processus de recherche d’emploi ainsi que les expériences professionnelles. Les résultats présentés sont issus de quatorze entrevues semi-dirigées avec des mères résidant dans la région de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches, ayant le statut actuel ou passé de demandeurs d’asile et qui sont arrivées au Québec depuis janvier 2017. L’analyse s’attardera sur l’articulation entre plusieurs facteurs facilitant ou entravant ces trajectoires d’insertion en emploi en contexte régional. Ces facteurs sont la situation familiale, les caractéristiques du statut migratoire temporaire ainsi que les caractéristiques du territoire de résidence. L’analyse portera à la fois sur les défis rencontrés et les stratégies déployées par les participantes.
-
Communication orale
Revendiquer le droit au travail. Imaginaires sociaux et politiques des demandeurs d’asile mexicains au Canada (2022 – 2023)Emma Le Lain (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Depuis 2022, les demandeurs d’asile mexicains arrivent à Montréal « avec un objectif principal : trouver du travail au Québec [1]». Cette revendication du droit au travail par le biais de la demande d’asile (Verea, 2010) témoigne d’un décalage entre les imaginaires sociaux des demandeurs d’asile mexicains, et l’imaginaire politique contenu dans la définition du statut de réfugié selon la Convention de Genève et le Protocole de New York (Molina, 2007).
Au Canada, le taux d’acceptation des demandeurs d’asile mexicains est passé de 33% en 2017 à 49% en 2022 (CISR, 2023). Les demandeurs d’asile et les réfugiés sont par ailleurs surreprésentés dans les secteurs d’activité dits « essentiels » (Salamanca Cardona, 2019). Ce phénomène souligne la désuétude de la séparation dichotomique entre migration de travail et exil politique en contexte de capitalisme avancé (Lochak, 2013 ; Pécoud, 2017).
Comment les demandes d’asile des Mexicains à Montréal en 2022 témoignent-elles d’une évolution des imaginaires sociaux et politiques liés à la définition du statut de réfugié ? Préalable au terrain de recherche, cette communication vise à présenter les résultats préliminaires et hypothèses issus de notre revue de littérature
[1] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1928730/mexique-canada-asile-immigration-montreal-record, consulté le 1er février 2023.
-
Communication orale
Les Canada accueille les exilés Ukrainiens comme des travailleurs temporairesAgnès Blais (Université Laval)
Les Canada accueille les exilés Ukrainiens comme des travailleurs temporaires : les conséquences du décalage entre une politique canadienne et la situation de vie des déplacés ukrainiens à Québec
L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a provoqué l’exil de plusieurs millions d’Ukrainiens. En réponse, le Canada a adopté des mesures spéciales d’accueil des Ukrainiens. Il a créé entre autres un permis d’immigration temporaire qui permet aux Ukrainiens de venir travailler au Canada pendant une durée maximum de trois ans. Ce faisant, le Canada a créé une nouvelle catégorie juridico administrative pour ces Ukrainiens qui deviennent des « migrants temporaires trois ans », alors même que plusieurs d’entre eux fuient la guerre et sont dans une situation de réfugié.
À partir d’entretiens avec des Ukrainiens exilés à Québec depuis la guerre et avec des Ukrainiens déjà installés à Québec qui ont facilité la venue d’autres Ukrainiens, cette communication analyse le décalage entre la politique canadienne d’accueil des Ukrainiens et la réalité vécue par ceux-ci sur le terrain. L’analyse empirique montre les difficultés auxquelles sont confrontés les déplacés Ukrainiens qui ont un accès restreint aux aides et aux services et subissent la pression du caractère temporaire de leur statut. Elle montre aussi les défis qu’ils doivent relever pour sécuriser leur statut à plus long terme.
Dîner
Parcours migratoires et décalages 3
-
Communication orale
Travailleurs migrants du secteur métal : Intervention de terrain, vulnérabilités et déprotectionFlorian Freuchet (Centre des travailleurs immigrants), Manuel Salamanca-Cardona (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette présentation est basée sur notre travail de terrain et de recherche ethnographique et sur les réflexions que nous avons menées en tant que bénévoles et travailleurs au Centre des travailleurs migrants (CTI) de Montréal en 2022. Le document systématise les abus subis et la trajectoire des travailleurs mexicains et autres travailleurs migrants dans le cadre du programme des travailleurs étrangers peu qualifiés (soudeurs) depuis leur arrivée en 2021. Le document présente les limites des permis de travail fermés, les pratiques illégales et grises des employeurs et des agences de recrutement, ainsi que les obstacles et la discrimination systémiques qui les empêchent de faire valoir leurs droits du travail et leurs droits humains. Il documente notamment le décalage entre le discours politique actuel du gouvernement du Québec avec la réalité de la croissance de la migration temporaire dans certains secteurs non traditionnels (comme la métallurgie), et les réalités d'oppression, d'asymétrie de pouvoir, de manque de soutien syndical et de ressources communautaires auxquelles ces travailleurs sont exposés. La communication documente également le potentiel des programmes pour rendre ces travailleurs en situation migratoire irrégulière (sans papiers) et la distance de la réalité aux expectatives de ces travailleurs au moment d’arriver.
-
Communication orale
#WeFeedYou, et pourtant… : quels sont les facteurs sous-jacents qui façonnent l’alimentation des travailleuses.rs migrant.e.s temporaires dans le système agroalimentaire québécois?Rosanne Blanchet (Université de Montréal), Théa Demmers (UdeM - Université de Montréal), Lara Gautier (Université de Montréal)
Le Québec accueille le deuxième plus grand nombre (~28,080 en 2021) de travailleuses.rs migrant.e.s temporaires (TMT) dans le système agroalimentaire (agriculture, fabrication d’aliments) au Canada. Arrivant principalement du Mexique, les TMT travaillent au Québec jusqu’à deux ans. Plusieurs TMT n’ont pas les moyens de se procurer suffisamment d’aliments sains et s’alimentent mal pendant leur séjour ici. Bien que l’alimentation soit un déterminant important de la santé, influencé par de multiples facteurs (environnement alimentaire et accès, le revenu, etc.), il n’existe aucune donnée sur l’alimentation des TMT au Canada. Deux études de cas sont planifiées dans les secteurs de l’agriculture et la fabrication d’aliments, parce qu’ils ont des caractéristiques communes, mais diffèrent sur d’autres (conditions de travail). Premièrement, l’accès aux aliments et les habitudes alimentaires de TMT seront mesurés pour évaluer les facteurs qui les influencent à l’aide d’un sondage. Deuxièmement, des entrevues PhotoVoix seront réalisées avec des TMT afin d’explorer leurs expériences liées à l’alimentation au Québec, et leur demander leurs recommandations sur les problèmes qu’ils constatent. Des résultats préliminaires seront présentés pour discuter des facteurs sous-jacents qui influencent l’alimentation chez les TMT dans le système agroalimentaire du Québec, et ce que leurs expériences liées à l’alimentation ici signifient pour eux.
-
Communication orale
Enquête sur la santé et la sécurité des travailleurs migrants agricoles au QuébecVéronique Tessier (Université Laval)
-
Communication orale
Le programme de mobilité internationale au Québec : décalage entre discours politique et réalités dans le secteur de l'hôtellerie-restaurationAdèle Garnier (Université Laval), Danièle Bélanger (Université Laval), Guillermo Candiz (Université de l’Ontario français), Célia Forget (UQAM)
Au Canada, la diversification des stratégies de recrutement des travailleurs étrangers temporaires par les employeurs de certains secteurs d’emploi où la demande est forte remet en question la distinction entre les différentes catégories administratives d’admission qui induiraient des niveaux de précarité différenciés (Vosko, 2022). C’est notamment le cas des programmes de mobilité internationale qui offriraient des conditions de séjour plus favorables que les programmes de travailleurs temporaires. L’analyse présentée illustre comment une main-d’œuvre soi-disant mobile recrutée dans le cadre du volet Mobilité internationale dans le secteur de l’hôtellerie restauration en 2021 et 2022 vit en fait une immobilité et une précarité produites par une conjoncture de facteurs permettant des formes d’exploitation déjà bien documentées pour les programmes de travailleurs temporaires. L’extraction d’une main-d’œuvre hautement qualifiée ayant des attentes élevées en matière de regroupement familial, d’avancement professionnel et d’accès à la résidence permanente permet un recrutement de travailleurs à haut capital humain qui feront face à un cul-de-sac une fois au Canada.