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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La pandémie de COVID-19 a provoqué des bouleversements majeurs dans le rapport que les citoyens entretiennent avec leurs institutions, qu’elles soient politiques, sociales, de santé ou encore dans leur rapport à la sécurité. Dans un contexte de sidération provoqué par la COVID-19 et d’une mise à distance de nos activités et interactions sociales, l’information, son cadrage et sa médiatisation se sont avérés fondamentaux pour faire sens et interpréter notre environnement. Cette information s’est cependant montrée fragile face à des individus et groupes d'intérêts opposés aux mesures décrétées par les autorités pour prévenir la pandémie. Ces derniers se sont d’ailleurs engagés dans sa manipulation et son instrumentalisation. Fort de ce constat, la présente table de discussion s’intéresse aux acteurs, aux technologies et aux publics qui constituent une « écosphère oppositionnelle ». Si les mouvements qui le traversent se sont particulièrement renforcés ces deux dernières années, ils leur préexistent largement. Les enjeux portés par celles et ceux qui y prenaient part touchaient alors et touchent encore des questions identitaires, anti-immigration, antiféministes, ou plus largement des discours de haine. Tout en adoptant une perspective sociotechnique qui privilégie la prise en compte des interactions entre technologies et usagers, nous nous intéressons au rôle des technologies dans la mise en forme de ces oppositions tout en tenant compte de la manière dont les militants et les audiences en font usage, ou sont touchés par celles-ci. Comment ces interactions contribuent-elles à la fabrique et à la mise en visibilité d’un discours oppositionnel ? Comment ces interactions participent-elles au développement de notre lecture de cette écosphère ? Enfin, et ce questionnement n’est pas exhaustif, quels sont les défis méthodologiques caractérisant l’étude de l’usage des plateformes numériques ou médias sociaux en lien avec l’activisme contemporain, et comment les surmonter ?

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Technologie et militantisme à l’ère de la contestation contemporaine

Dans un contexte de sidération provoqué par la COVID-19, et d'une mise à distance de nos activités et interactions sociales, l'information, son cadrage et sa médiatisation se sont avérés fondamentaux pour faire sens et interpréter notre environnement. Cette information s'est cependant montrée fragile face à des individus et groupes d'intérêts opposés aux mesures décrétées par les autorités pour prévenir la pandémie. Ces derniers se sont d'ailleurs engagés dans sa manipulation et son instrumentalisation. Fort de ce constat, le présent panel s'intéresse aux acteurs, aux technologies et aux publics qui constituent une « écosphère oppositionnelle". Si les mouvements qui le traversent se sont particulièrement renforcés ces deux dernières années, ils lui préexistent largement. Les enjeux portés par celles et ceux qui y prenaient part touchaient alors et touchent encore des questions identitaires, anti-immigration, antiféministes, ou plus largement des discours de haine. Tout en adoptant une perspective sociotechnique qui privilégie la prise en compte des interactions entre technologies et usagers, nous nous intéressons au rôle des technologies dans la mise en forme de ces opposition(s) en tenant compte de la manière dont les militants et les audiences en font usage, ou sont affectés par celles-ci.

Salle : B-3275 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Présidence : Samuel Tanner (UdeM - Université de Montréal)
  • Communication orale
    "La preuve est dans la COVID". Réflexions éthiques, politiques et méthodologiques issues de l'étude netnographique d'une communauté antisémite pendant la COVID-19.
    Mélissa Roy (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette conférence présente des réflexions issues d’une « netnographie », par laquelle nous avons étudié une communauté antisémite mobilisée en ligne au début de la pandémie de la COVID-19. Migrant d’une plateforme à une autre, cette communauté s’est arrêtée sur un média social alternatif lui permettant de publier ouvertement ses postures oppositionnelles et ses commentaires haineux. Nous montrerons comment trois leaders d’opinion tordent et instrumentalisent des événements clés dans la gestion de la pandémie pour justifier un discours complotiste dans lequel se chevauchent une critique de l’État et des postures antisémites préexistantes. Nous surlignerons les stratégies technologiques et les techniques argumentatives qu’ils utilisent pour véhiculer des discours fautifs et haineux tout en échappant à la censure et aux législations. À partir de cette étude de cas, nous entamerons une triple réflexion. Premièrement, une réflexion éthique portera sur l’usage d’une plateforme numérique pour former une communauté oppositionnelle et antisémite. Nous aborderons les dynamiques d’inclusion- exclusion et les stratégies de légitimation-discrédit qui y ont lieu pour assurer une cohésion groupale. Ensuite, nous réfléchirons aux limites des législations et politiques de censure en ligne. Finalement, nous discuterons des forces, limites et pistes méthodologiques qualitatives sur les réseaux sociaux, notamment celles inspirées de la netnographie.

  • Communication orale
    Les plateformes numériques: tant un outil qu'une nécessité pour les leaders d'une "écosphère oppositionnelle".
    Manon Aigoin (UdeM - Université de Montréal)

    La proposition de communication présentée à pour visé de renseigner comment les médias sociaux sont à la fois un outil et une nécessité pour les individus ayant un rôle de « leaders » au sein du mouvement oppositaire aux mesures sanitaires. Les données utilisées dans cette étude ont été collectées à l’aide d’entretiens semi-directifs, auprès d’un échantillonnage de militants (n=8), comportant 5 individus qualifiés et se qualifiant de « leader » du mouvement. Dans cette démarche, le récit et le calendrier de vie (approche des parcours de vie) ont été combinés dans un protocole d’enquête narrative biographique. La méthode du calendrier d’histoire de vie a permis de recueillir des informations autodéclarées concernant le rôle des médias sociaux, mais également sur les contextes y étant liés et les circonstances de la vie des participants. Lors de l'analyse abductive, des thèmes récurrents furent identifiés, et seront discutés lors de la présentation. Ces thèmes seront discutés sur trois temps forts du parcourt militant : (a) le passage d’une consommation de discours oppositionnels à la fabrique de contenus contestataire sur les plateformes numériques ; (b) l’ascension médiatique et les enjeux liés au rôle de leader ; et (c) le déclin du mouvement.

  • Communication orale
    Les incels sur les réseaux sociaux: militantisme toxique ou mécanisme de défense?
    Louis Neymon (EHESS)

    Depuis 2014 et l’attentat d’Isla Vista perpétré par Elliot Rodger, le sujet des incels a été assez largement abordé en Amérique du Nord, en utilisant des méthodes quantitatives notamment. Ces études se concentrent généralement sur des forums créés par les incels eux-mêmes, très peu voire aucunement modérés, où les propos misogynes, les menaces, voire l’apologie de la pédophilie prolifèrent (Center for Countering Digital Hate, 2022 ; Ribeiro et al. 2021). Les sous-communautés incels non anglophones sont largement ignorées, de même que les communautés qui prolifèrent sur les réseaux sociaux autres que les forums spécifiquement incels. Or c’est là, précisément, que l’idéologie incel peut proliférer et se diffuser, à travers des formes de militantisme ambiguës qui jouent notamment sur l’humour, en tant que pratique communicationnelle fixant des identités socio-subjectives sur lesquelles on joue (Fouéré 2005), sans oublier la spécificité des formes d’humour sur internet, traditionnellement très genrées (Shifman et Lemish 2010). Dès lors, cette proposition se propose d’étudier, à l’aide de données qualitatives accumulées depuis un an et demi dans le cadre d’un mémoire en anthropologie, les formes de militantisme incel francophones sur 3 réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Tik Tok. Notre perspective mêle une approche pragmatique du langage, et donc contextuelle, à des approches féministes des masculinités et surtout du masculinisme.

  • Communication orale
    Alt-Right pipeline: Appropriations et mobilisations des utilisateurs Tik Tok
    François Gillardin (UdeM - Université de Montréal)

    Cette présentation va aborder l’interaction entre les utilisateurs et l’algorithme de la plateforme TikTok. L’attention sera portée sur le phénomène d’Alt-right pipeline qui correspond à l’idée qu’en visionnant du contenu politique telles que des idées antiféministes, anti-LGBTQ+, islamophobe, raciste, etc., cela mène progressivement et toujours plus à l’exposition de contenus de l’Alt-right. Ce phénomène déjà observé sur YouTube serait également reproduit de manière exponentielle sur TikTok. Cela étant dit, l’accent ne sera pas mis sur les vidéos à connotation Alt-right mais sur celles des utilisateurs « anti-alt-right » qui se mobilisent sur TikTok. Cette forme de vigilantisme sera présentée et traitée sous l’angle sociotechnique grâce à une analyse sémiotique du contenu visuel (une trentaine de vidéos). Cette approche permettra de comprendre les transformations qui naissent de l’assemblage entre utilisateurs, plateformes numériques et leurs algorithmes. Cela permettra de mieux cerner les nouvelles pratiques communicationnelles de l’activisme contemporain. Cette présentation vise à rendre compte de la manière dont les interactions entre utilisateurs et plateformes numériques contribuent à fabriquer un discours oppositionnel, en l’occurrence un vigilantisme anti Alt-right pipeline.

  • Communication orale
    IA et militantisme: enjeux éthiques et de régulation en situation de contestation.
    Sokhna Fatou Seck Sarr (Université Gaston Berger -)

    Aujourd’hui les réseaux socionumériques (RSN) semblent s’imposer comme des moyens de construction des opinions divergentes (Falisse & Nkengurutse 2019). La présente communication porte sur le rôle des RSN dans les mouvements de contestation et l’usage de l’Intelligence artificielle (IA) par les États pour les contrecarrer. Les mouvements de contestation observées au Sénégal entre le 4 au le 8 mars 2021 servent de cas d’étude. En effet, le cadrage médiatique souligne que « le contexte de la pandémie Covid-19.. » a amplifié les mobilisations (Smith, 2021, Diouf, 2021). Par ailleurs, les articles de presse revenant sur les arrestations de manifestants interpellent sur les enjeux éthiques liés à l’usage de la surveillance vidéo. Ces constats ramènent vers une problématique englobante, celle de la surveillance numérique et soulève les enjeux éthiques de la reconnaissance faciale en situation de contestation.