408 - Soutenir les personnes handicapées et les familles dans la construction de leurs projets : un nouveau métier pour un nouveau paradigme

L’ouverture du colloque sera l’occasion pour l’équipe organisatrice de présenter le travail de recherche qu’elle a mené en appui d’une expérimentation de terrain, entre 2016 et 2022. Cette dernière a consisté à une évaluation-accompagnement de la mise en place du métier d’assistant au projet de vie en France.

La présentation débutera par des précisions méthodologiques sur la place de la recherche et les traductions opérées entre le terrain, les concepteurs de l’expérimentation et le pilotage du dispositif (Mérini, Thomazet, Bélanger, 2018).  Ensuite, quatre résultats, extraits des recherches qualitatives et quantitatives menées permettront d’amorcer la problématisation de notre colloque “un nouveau métier pour un nouveau paradigme”, soit : 1) des personnes et familles qui se sentent plus compétentes et qui prennent leur place de maîtrise d’ouvrage; 2) des personnes et familles suffisamment informées pour prendre place à la table des négociations; 3) l’occasion de construire des réponses complexes mêlant droit commun et dispositifs spécialisés et 4) une approche polycentrée qui induit un déplacement de regard de l’ensemble des acteurs et fait bouger le système.

Cette introduction mettra la table pour un colloque qui vise à explorer la transformation de nos dispositifs, au service de l’accessibilisation de l’environnement.

La communication se propose d’identifier certains glissements de perspective induits par une approche polycentrée mettant le devenir de la personne au centre de l’action publique, et, plus particulièrement, de l’intervention sociale. Elle relie notamment ces glissements de perspective aux exigences inhérents à la concrétisation des droits individuels, aux grilles de lecture des difficultés des personnes et aux formes d’intervention sociale induites.

La ratification de la CIDPH impose aujourd’hui à la France d’engager un processus de transformation de son offre médico-sociale pour passer d’un modèle médical à une approche centrée sur les droits et l’autonomie de vie des personnes.

2016 : création d’un Centre Ressources Régional, l’Association Trisomie 21 Nouvelle-Aquitaine a créé le Centre Ressources Régional (CRR). Le CRR fonde son action sur le principe du système équitable de coopération en déclinant ce modèle comme une coopération organisée dans un triple partenariat personne / proche aidant / professionnels.

Le CRR permet aux personnes d’être pleinement citoyennes, de définir leur projet de vie et de trouver les ressources pour le mettre en œuvre sur des principes d’autonomie, d’autodétermination et de subsidiarité.

Une innovation de rupture qui conduit à l’émergence de 2 nouveaux métiers

• L’Assistant au Projet et Parcours de vie (APPV). Sans évaluation préalable, l’APPV soutient les personnes et leurs proches aidant, en dehors de l’offre d’accompagnement et en posture d’assistance à maitrise d’ouvrage (AMO).
• L’Accompagnateur de Projets Inclusifs (API). Il est spécialisé par thématique d’accompagnement (vie sociale, scolarité, emploi, santé…) et ne se concentre plus sur la prise en charge de l’individu mais sur les éléments nécessaires à l’environnement pour s’accessibiliser.

La conférence permettra de bien saisir le cheminement parcouru, la nature de l'action et les enjeux rencontrés.

Notre présentation propose de jeter un regard à la fois rétrospectif et prospectif sur les conditions de mise en œuvre d’un modèle d’équipe de soutien à l’enseignant pour offrir des services qui favorisent la réussite des élèves qui se retrouvent en situation de handicap pédagogique de façon persistante ou récurrente.

Si l’analyse des situations de handicap pédagogiques rencontrées par les élèves peut aider à envisager les types de soutien nécessaires pour leur réussite, la voix de tous les acteurs, incluant celle de l’élève, doit être entendue. Dans le contexte de mise en œuvre de notre modèle de services intégrés, une redéfinition des rôles des agents d’éducation s’effectue par la compréhension de la complémentarité de leurs actions, au regard de la place centrale occupée par l’élève. De ce fait, un changement de paradigme doit se produire pour le bénéfice de l’élève, au service de son projet éducatif.

Dans ce processus déployé autour de l’élève, les parents partenaires peuvent y trouver une réponse aux besoins de leur enfant, mais également à leurs propres besoins.

Notre proposition s’intéresse aux conditions permettant de favoriser l’autodétermination des personnes en situation de handicap. Notre contribution s’appuie sur une recherche-action qui évalue une innovation sociale portée par l’association parentale Dediĉi (France). La méthode consiste à déployer des ateliers dits de renforcement qui ont pour dessein de travailler auprès des professionnels, des parents et des personnes concernées la question de l’autonomie de décision. Les résultats présentés interrogent les possibilités et les conditions de prise en compte de la parole des personnes vulnérables en institution. D’une manière générale, notre propos cherche à comprendre les conditions d’« un agir », en considérant l’épaisseur du social, c’est-à-dire les ressources externes et internes que les personnes peuvent mobiliser, ainsi que le poids de l’environnement social, qu’il soit institutionnel ou familial (Jouffray et al., 2019). Dans cette perspective, l’analyse aborde les ateliers de renforcement comme des « environnements capacitants ». En effet, ces configurations favorisent des expériences nouvelles et peuvent être considérées comme des processus d’opportunités mettant à disposition des ressources et des moyens aux personnes accompagnées (Falzon, 2005). Nous reviendrons sur les effets induits par les ateliers : favorisent-ils la conversion des ressources pour appuyer la fabrique d’un « je sais le faire », « je suis en mesure de faire » et « j’en prends les moyens » ?

Notre projet de recherche doctorale porte sur l’évaluation et l’amélioration du soutien des élèves en situation de handicap ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA), ainsi que de leurs familles, dans la démarche TEVA, et ce, dans le but d’aider l’élève à réaliser son projet de vie.

La démarche TEVA requérant l’implication active de la famille dont le rôle est primordial dans l’accompagnement du jeune HDAA, une formation à cet accompagnement devient nécessaire à la lumière des insuffisances constatées à ce niveau (Lemire, 2019).

Il résulte de ce qui précède un « nouveau métier » éducatif à deux volets: l’un dévolu aux parents comme accompagnateurs de leur enfant, et l’autre aux intervenants TEVA dans l’éducation à l’accompagnement parental, outre leur accompagnement direct du jeune HDAA. Il s’agira donc d’instituer une éducation pour la famille et par la famille, et une éducation inclusive pour le jeune par un projet pilote portant sur une étude de cas expérimentale, lequel sera décrit dans la proposition. 

Pour ce faire, il conviendra de concevoir un référentiel qualité ou une norme pour la TEVA, ce qui nous amène à conjuguer la Démarche TEVA avec la « Démarche qualité » susceptible d’encadrer la situation et les pratiques plutôt que les personnes, et ce, par un Esprit qualité(Barakat, 2010) – d’où le nouveau paradigme – et d’installer les balises normatives qui conduiront les parties prenantes à exercer rigoureusement et passionnément le « nouveau métier ».