Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :La méthodologie étant au cœur des processus de production des connaissances scientifiques, l’Association pour la recherche qualitative (ARQ) poursuit une réflexion sur les particularités de la formation aux démarches qualitatives. Pour faire suite au colloque qu’elle a tenu en 2019, intitulé « Former par et à l’écriture du qualitatif », l’ARQ propose ce nouvel événement scientifique qui vise à explorer et à expliciter les tensions au cœur de la formation aux méthodologies qualitatives, et ce, tant du point de vue des processus d’enseignement et de transmission — vus du côté des enseignant.e.s — que des processus d’expérimentation et d’appropriation — vus du côté des étudiant.e.s. En raison de leurs aspects non codifiés, ajustés au contexte et créatifs, les démarches qualitatives ne peuvent être enseignées comme une marche à suivre prédéterminée. De plus, leur caractère itératif et indéterminé entre parfois en contradiction avec les milieux formels universitaires. Dès lors, cela incite à examiner les modalités et les conditions de leur mise en œuvre, à questionner comment les enseignant.e.s et étudiant.e.s négocient ces tensions afin d’enseigner et de s’approprier ces méthodologies. L’ARQ souhaite explorer ce sujet sous trois axes explicitant les tensions : 1) entre prescriptions et pratiques, afin d’interroger l’adaptation et la traduction des aspects théoriques et génériques des ouvrages méthodologiques aux terrains variés où la découverte et l’imprévisibilité sont de mise; 2) entre partage et négociation, afin d’explorer le rôle de l’expérimentation pratique, distante d’applications de formules et directives, dans l’échange, l’appropriation, la négociation et la réflexion critique des pratiques méthodologiques; et 3) entre conventions et innovations, afin d’interroger l’interaction entre les nombreuses contraintes issues des conventions, institutionnalisées ou implicites, et la capacité de s’approprier les aspects non codifiés des méthodes qualitatives afin d’innover.
Dates :- Didier Demaziere (Centre national de la recherche scientifique)
- Joëlle Morrissette (UdeM - Université de Montréal)
- Marie-Mathilde Dupont-Leclerc (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Conférence d'ouverture
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Communication orale
Conférence d'ouvertureSandrine Nicourd (Université Reims Champagne Ardenne Laboratoire CEREP)
Axe 1 : Entre prescriptions et pratiques
Cet axe interrogera les pratiques de formation, entendue comme transmission vers les étudiant.e.s et apprentissage par les étudiant.e.s, aux recherches qualitatives à partir des articulations entre écrits méthodologiques, d’une part, et pratiques concrètes, d’autre part. Alors que les écrits formalisant des protocoles de recherche sont centraux dans la formation, leur aspect théorique et générique conduit à interroger leurs adaptations et traductions sur des terrains variés où la découverte et l’imprévisibilité sont de mise. Cela fait surgir des tensions entre prescriptions et pratiques, nourrissant des interrogations: comment les écrits, tels les manuels, sont-ils mobilisés et quels aspects de ceux-ci apparaissent les plus utiles pour guider les expériences et les apprentissages, du point de vue des enseignant.e.s? Du point de vue des étudiant.es, quels savoirs méthodologiques sont utiles pour trouver la souplesse nécessaire au cheminement d’une démarche qualitative processuelle? Quels usages font-ils.elles des conseils, recommandations et modèles proposés dans les manuels et autres écrits méthodologiques?
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Communication orale
« Faire » et « vivre » une approche de co-design en communication et santé : Entre se préparer à dialoguer/faire/créer avec les acteurs et se confronter à l’imprévisibilitéSylvie Grosjean (Université d’Ottawa), Maryame Ichiba (Université d'Ottawa)
Un engouement manifeste se développe autour des approches dites de co-design dans la recherche communication et santé. Or, ces approches inductives, itératives et participatives comportent de nombreux défis pour les étudiants : tensions entre la théorie et la pratique, paradoxes émanant de la démarche itérative, diversités des outils de collecte de données soutenant la créativité, démarche inclusive et l’engagement difficile à maintenir pour les participants sur le long terme. Autant d’enjeux pratiques qui ne sont pas toujours couverts dans la littérature et qui sont pourtant critiques lors de la mise en œuvre d’une approche de co-design. L’objectif de cette communication est d’ouvrir un dialogue entre une chercheure et une étudiante sur la manière de faire et vivre une approche de co-design. Ce dialogue se déroulera dans le contexte de la mise en œuvre d’une approche de co-design dans le cadre d’une recherche portant sur la conception de messages numériques de santé personnalisés pour répondre à l’hésitation vaccinale. Nous proposons donc une réflexion à deux voix qui s’organisera autour des points suivants et qui sera illustrée par des « tranches de vie de chercheurs » issus d’une recherche en cours : (a) se préparer collectivement et choisir les techniques de facilitation pour engager les acteurs; (b) animer des ateliers et s’adapter à la réalité des participants; (c) organiser et analyser les données collectées pour « faire sens » d’une réalité.
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Communication orale
Innover pour apprivoiser la recherche qualitative : leçons tirées de l’implantation d’un club de lecture auprès de membres étudiants d’un groupe de rechercheMélissa Hogan (Université de Sherbrooke), Rémi Paré-Beauchemin (UdeS - Université de Sherbrooke), Anne-Marie Tougas (Université de Sherbrooke), Deborah Ummel (Université de Sherbrooke)
Ces dernières années, les clubs de lecture (journal club en anglais) ont gagné en popularité dans les milieux cliniques (p. ex. Aweid et al., 2021). En présence, en ligne ou asynchrones, ces clubs mobilisent des discussions de groupe autour d’articles scientifiques afin d’apprécier leur contribution à l’avancement des connaissances, de juger de leur qualité et d’estimer leurs retombées pour la pratique (Cetnar et al., 2021). Ils sont aussi jugés efficaces pour enseigner les méthodologies de recherche (Moharari et al., 2009). Cette communication décrit le club de lecture en recherche qualitative implanté par un comité organisateur (deux professeures, une doctorante et un étudiant à la maîtrise) en réponse au besoin des membres étudiants d’un groupe de recherche. Unique, cette activité facultative et hors programme a tenu ses premières rencontres mensuelles en 2021, réunissant 11 membres des trois cycles d’études dans un cadre de bienveillance propice au partage et aux apprentissages. Par sa formule innovatrice, le club repousse les frontières de l’enseignement de la recherche qualitative et repense les modalités traditionnellement pratiquées à l’université. Cette communication partagera les leçons tirées de cette expérience en abordant les enjeux qui ont façonné sa planification et son implantation. Des recommandations seront formulées sur la base des écrits scientifiques et des rétroactions fournies par les membres afin de contribuer à la réussite d’initiatives similaires.
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Communication orale
Enseigner la rigueur en recherche qualitative au premier cycle : une initiative pour s’écarter de l’application « stricte » des quatre critères proposés en 1985 par Lincoln et GubaDeborah Ummel (UdeS - Université de Sherbrooke)
Alors que les débats contemporains indiquent une difficulté à établir un consensus permettant d’évaluer la qualité des recherches qualitatives, notamment lors du processus de révision par les pairs (Santiago Delefosse et del Río Carral, 2017), enseigner la rigueur et la qualité en recherche qualitative aux étudiant-e-s de premier cycle constitue souvent un défi. Les textes de référence disponibles en français vont habituellement référer aux quatre critères développés par Lincoln et Guba (1985): crédibilité, transférabilité, fiabilité et confirmabilité. Or, non seulement ces critères s’appliquent principalement aux recherches qualitatives épousant un positionnement paradigmatique postpositiviste, mais ils sont difficilement signifiants et applicables pour des étudiant-e-s débutant en recherche qualitative. Cette communication mettra en valeur une activité pédagogique élaborée à partir des huit critères développés par Tracy (2010): phénomène à l’étude digne d’intérêt, rigueur riche, sincérité, crédibilité, résonance, contribution, éthique et alignement. Implantée dans un cours de méthodologie qualitative de premier cycle afin d’initier les étudiant-e-s à l’appréhension de la qualité d’un article empirique qualitatif, cette activité a mobilisé un travail en petites équipes afin de décortiquer les nombreuses facettes de la rigueur d’une étude qualitative. L’implantation et les ajustements réalisés à cette activité permettront son application dans divers contextes d’enseignement.
Axe 2 : Entre partage et négociation
Cet axe explorera les pratiques de formation aux recherches qualitatives, particulièrement le rôle de l’expérimentation pratique, en interrogeant leur dimension collective comme lieu d’échanges et d’apprentissage. Si la mise en pratique est distante de l’application de formules, recettes et directives, l’apprentissage de ce « faire » s’appuie non seulement sur un partage des savoir-faire en vue de leur échange et appropriation mais aussi sur des négociation et adaptatons impliquant critique et réflexivité. La tension entre ces deux positions est centrale dans la formation et la relation enseignant.e.s / étudiant.e.s, questionnant comment les étudiant.e.s sont conduit.e.s à se confronter au terrain et ce qu’ils.elles en retirent. Plus largement, quelle est la place et le rôle dans la formation des collectifs et équipes, mêlant enseignant.e.s et étudiant.e.s, engagé.es dans un projet scientifique? Quels sont les avantages et les plus-values de ces équipes de travail et de formation? Quelles difficultés et quels problèmes en découlent?
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Communication orale
Enquêter sur les styles alimentaires dans les villes d' Algérie à l'aide d'approches qualitativesHouria Abdennebi-Oularbi (Tizi ouzou, Algérie.)
Le recensement de 2008 présentait l'Algérie comme un pays à forte progression démographique avec une tendance accélérée à l'urbanisation et l'émergence de villes moyennes: Bab ezzouar, Reghaia. C'est en ce sens que nous avons constitué une équipe de recherches sur les styles alimentaires 2018-2022 pratiqués dans ces villes champignon à l'ère de la mondialisation. L'enquête collective a regroupé enseignants et étudiants en sciences humaines et en économie. Ce qui a favorisé les échanges sur la façon d'approcher le terrain et les difficultés d'approcher la réalité sociale sur le mode interactif. Certains étudiants éclataient en sanglots quand on ne leur prodiguait pas de recettes ou de marche à suivre codifiée. L'immersion et la proximité du terrain sont les seuls gages d'une démarche qualitative fructueuse. Ce n'est pas tant le choix des aliments qui est important mais comment ces urbains construisent leur régime alimentaire, l'organisation des repas à partir de registres de plus en plus variés. Le travail de collecte de données empiriques, des verbatim d'entretiens exigent de la présence et un va et vient incessant avec une posture critique afin de déceler le décalage entre normes sociales des repas et pratiques effectivement mises en oeuvre. Nous allons voir à partir de questions posées par les membres du projet comment se sont aplanies les difficultés d'approche du terrain et de l'interprétation des données recueillies.
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Communication orale
Le partage et la négociation au sein de la formation ciblée sur un projet scientifique : l’expérience d’une équipe de rechercheMargarita Bakieva-Karimova (Université de Valencia), José González-Such (Université de Valencia), Jesús-Miguel Jornet-Melia (Université de Valencia), Sonia Ortega-Gaite (Université de Valladolid), Maria Jesus Perales Montolio (Universitat de València), Carlos Sancho-Alvarez (Université de Valencia), Purificación Sánchez-Delgado (Université de Valencia), Maria Cruz Sánchez-Gómez (Université de Salamanca)
La formation méthodologique des équipes de recherche est un processus continu. Notre contribution analyse les enjeux des pratiques d’accompagnement et de formation des équipes de recherche, à partir de l’expérience vécue par le Groupe de recherche sur Méditions et Evaluation en Education (GemEduco) de la Universitat de Valencia (Espagne). Pendant des années, notre groupe a surtout travaillé d’une perspective quantitative. Cependant, le besoin d'approfondir notre vision dans le dernier projet de recherche (évaluation des diplômes universitaires dans le cadre de la Cohésion Sociale) a soulevé le besoin de développer un programme de formation avancée en méthodologie qualitative. Dans cette optique, nous avons eu des séminaires réguliers avec une expertise externe, pour nous approprier l'épistémologie qualitative et les stratégies méthodologiques cohérentes (Sanchez-Gomez, 2015), dans la lignée des méthodologies mixtes (Creswell & Plano, 2011). Dans cet effort collectif, nous observons des dynamiques internes d’apprentissage en relation avec une appropriation critique et réflexive. Cette communication nous permettra présenter les stratégies pour la conception, le déroulement et l’analyse des focus group, que nous nous sommes appropriés dans ce processus d’apprentissage du qualitatif pour réaliser ce dernier projet de recherche, et de réfléchir aux enjeux méthodologiques, épistémologiques et pratiques qui ont marqué le processus d’apprentissage
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Communication orale
Formation aux pratiques qualitatives à distance et en contexte de crise : le cas d’une équipe internationale suite à la transition d’urgence en ligne 2020Paloma Fernández-Mira (Université de Californie à Davis), Ana Ortega Perez (Université de Californie à Davis), Diane Querrien (Université Concordia), Ana Ruiz-Alonso-Bartol (Université de Californie à Davis), Claudia Sanchez-Gutierrez (Université de Californie à Davis)
En mars 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé déclare l’état de pandémie. S’ensuit l’abrupte transition vers l’enseignement à distance et les universités préparent en un temps record leur prochaine session intégralement en ligne. C’est dans ce contexte de crise que nous avons amorcé une étude d’envergure au sein d’une université californienne, qui a permis de rendre compte du vécu de 210 apprenants et de leurs sept enseignants d’espagnol langue seconde au cours de cette transition d’urgence (Ruiz et al., 2021). Composée de quatre doctorantes et de deux enseignantes-chercheures, notre équipe a relevé le défi de former et d’être formée aux procédures de recherche qualitative intégralement à distance. Nous avons collectivement défini nos rôles en fonction des phases de préparation, de collecte, puis d’analyse des données, et nos modalités de travail se sont progressivement organisées et structurées dans une perspective collégiale et participative. Dans cette communication, nous nous appuierons sur cette étude empirique pour voir comment le développement des compétences en recherche qualitative s’est construit chez les cochercheures dans ce contexte inédit. En mettant en parallèle les moments clés de la recherche et l’évolution de nos savoir-faire, nous aborderons concrètement les éléments qui ont facilité la réussite de l’étude, les avantages portés par notre dynamique de formation, ainsi que les défis rencontrés pour mener à bien ce projet.
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Communication orale
Les enjeux de la recherche partenariale avec les Premières Nations au Québec : point de vue d’une étudiante à la maitrise en PsychoéducationVirginie Parro (UdeM - Université de Montréal)
Dans la dernière année, j’ai eu l’occasion de prendre part à un projet en recherche partenariale avec un organisme autochtone, un organisme allochtone et la Chaire de recherche Myriagone. En tant qu’étudiante en psychoéducation à la maîtrise, cette implication dans la recherche partenariale m’a permis d’en apprendre davantage sur la recherche qualitative, plus spécifiquement avec des partenaires issus des Premières Nations. Mes apprentissages se situent sur deux tableaux: mon rapport avec les partenaires et mon rapport au savoir. Au niveau de mon rapport avec les partenaires, j’ai réfléchi au rôle du chercheur et à la pertinence d’adopter une posture de soutien et de support avec les partenaires, même si cela peut mener à un déséquilibre (Gaulin & al., accepté). Il est également important de rester consciente de ses privilèges et des rapports de pouvoir pouvant exister au sein du partenariat (Smith, 2021). Au niveau de mon rapport avec le savoir, j’ai réalisé l’importance de laisser place à une variété de savoirs, qui se construisent et s’influencent, comme la métaphore du perlage décrite par des membres de notre équipe (Gaulin & al., accepté). Par exemple, en co-construisant l’interprétation des résultats avec les partenaires autochtones (Gaulin & al., accepté). Ces apprentissages se sont faits au travers de ma participation aux rencontres et aux tâches, de mes lectures et de la collaboration avec ma directrice de recherche et mes collègues en recherche.
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Communication orale
Devenir chercheur ensemble : expérimenter et investir des espaces de partage entre étudiants comme stratégie de formation complémentaire à la recherche qualitativeCarole Boulebsol (UdeM - Université de Montréal), Catherine Rousseau (UOttawa)
La formation doctorale cible le « devenir chercheur[.e]» par l’appropriation des « ficelles du métier ». Elle se réalise en grande partie hors des salles de cours, dans les laboratoires et les équipes de recherche, et plus encore peut-être, par la mise en commun des expériences étudiantes. Si cette dimension reste peu soulignée, elle se révèle précieuse en rappelant que le rapport au savoir en est un de « profondeur », de « véritable effort », d’élans de découverte et de doute.
Par la mise en dialogue de nos expériences de formation et de coordination en recherche qualitative sur les violences envers les femmes, nous discuterons de quelques forces et tensions propres à la recherche prescrite et de la nécessité provoquée d’investir, entre étudiant.e.s, des espaces d’autoformation, de négociation, voire d’innovation. Spontanés et informels ou structurés et informés, ces lieux émergent en réponse aux besoins étudiants selon une approche « par et pour ». À contre-courant des logiques dominantes qui influencent les institutions d’enseignement supérieur, ils sont des lieux de temps longs, de solidarité et de bienveillance. Avec des exemples concrets, nous illustrerons la pertinence de ces espaces en soutien à la formation et la mise à profit des savoirs expérientiels étudiants, en dehors de structures hiérarchiques et compétitives. Ultimement, cette communication valorisera des avenues de formation à la recherche qualitative expérimentées par la relève étudiant.
Lancement des numéros de la revue Recherches qualitatives et remise du prix de l’ARQ
Axe 3 : Entre conventions et innovations
Ce troisième axe interrogera comment les conventions issues des contextes sociaux dans lesquels évoluent les étudiant.es façonnent les lieux et les apprentissages de ceux.celles-ci, ainsi que leurs implications pour les aspects créatifs propres aux méthodes qualitatives, qui encouragent à l’innovation. Ces conventions, qu’elles soient institutionnalisées (ex : les exigences du parcours doctoral) ou implicites (ex : épistémologie(s) dominante(s) d’un domaine), s’inscrivent parfois en tension avec les aspects innovants et non codifiés des méthodes qualitatives. Dès lors, comment enseignant.e.s et étudiant.e.s négocient ces tensions dans le processus de formation, d’appropriation et de mise en œuvre des méthodes qualitatives? En ce sens, en dehors des contextes formels et lors des processus de socialisation des étudiant.es, quels savoirs sont appris et comment sont-ils utilisés afin de répondre aux conventions tout en innovant ? Comment les contextes sociaux et institutionnels dans lesquels les étudiant.es évoluent façonnent leur parcours d’apprentissages des méthodes qualitatives ?
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Communication orale
Enseigner la recherche qualitative au doctorat en psychologie : entre postpositivisme et génération de sensRoxane Meilleur (UdeS - Université de Sherbrooke)
La formation doctorale en psychologie comporte son lot de conventions institutionnalisées et implicites. Elle doit d’abord répondre aux exigences de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ), qui délimite le terrain de jeu des personnes enseignantes. La compétence « Recherche » fait d’ailleurs partie des compétences que les psychologues doivent développer au cours de leur parcours professionnalisant (OPQ, 2019), et ce, peu importe leurs aspirations en recherche. Plus largement, la psychologie est marquée par une forte orientation quantitative et postpositiviste (Roberts & Povee, 2014). Dans ce contexte, comment favoriser l’engagement des personnes étudiantes dans une démarche d’apprentissage de la recherche qualitative? Comment tenir compte des impératifs professionnalisants de la formation en psychologie, tout en favorisant l’ouverture à d’autres possibles? Quels sont les leviers à la génération de sens dans ce parcours marqué par l’ambiguité et l’absence de « réponse universelle »? Pour tenter des réponses à ces questions, je m’appuierai sur ma double expérience comme doctorante en psychologie et enseignante d’un cours doctoral de recherche qualitative entre 2016 et 2020. À la manière d’un récit de pratique (Desgagné, 2005), je présenterai les apprentissages réalisés dans le cadre d’une démarche réflexive s’appuyant sur des notes de journal de bord, des groupes de discussions avec les personnes étudiantes et des questionnaires d’évaluation des enseignements.
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Communication orale
Pour une recherche qualitative renouvelée en histoire contemporaineMaryliz Racine (Université libre de Bruxelles)
Cette communication a pour objectif d’exposer un sentiment partagé par des étudiants et de jeunes chercheurs: celui d’une incertitude quant à la portée de leurs interprétations historiques ainsi qu’à la réception générale des arguments de type interprétatifs. L’analyse qualitative des documents historiques a certes fait ses preuves, mais demeure largement inchangée depuis nombre d’années. Cela dit, des critiques quant à la validité des résultats issus de ces approches sont susceptibles d’entacher les travaux notamment des étudiants, souvent invités à vulgariser leurs résultats. En effet, l’ère informationnelle actuelle où de fausses informations circulent s’accompagne aussi d’un doute généralisé lorsqu’il s’agit d’une interprétation des faits. Ce doute accable d’autant plus les disciplines où les méthodologies qualitatives sont mises en œuvre, puisque l’essentiel des analyses relève, aux yeux du grand public, d’une lecture subjective. Dans ce contexte, il s’agit de se questionner sur le décalage entre la méthodologie enseignée dans nos universités, et la pression ressentie par les étudiants et jeunes chercheurs. Comment s’ajuster à ce nouveau contexte informationnel ? Quelles transformations des approches sont requises ? Une piste de réflexion réside dans la valorisation d’approches pluridisciplinaires dans l’enseignement et dans la création d’espaces d’expérimentation et d’appropriation des méthodes qualitatives variées dans les universités.
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Communication orale
Recherche qualitative et formation : avenues pour prendre en compte la sensibilité des étudiants chercheurs et les besoins des sujetsJean-François René (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Au fil des décennies, la formation universitaire est traversée par une certaine propension à vouloir standardiser la recherche qualitative. Pensons à l’éternelle question de la « validité », du contrôle des « biais » (Anadon, 2006) ; au risque, par la mise à distance des participant.e.s, de réduire l'enquête à un rôle de validation d’un objet d’étude (Fassin, 2008). Parallèlement, de nombreuses questions émergent chez les étudiant.e.s en regard de la manière de chercher. Par exemple : comment prendre en compte la vulnérabilité émotionnelle des sujets (Gagnon et al., 2019) ? Comment « faire avec » les affects présents, dont ceux issus des relations qui se tissent sur le terrain (Perriard et al., 2020) ? Quelle importance accorder aux dilemmes micro-éthiques, qui peuvent chambouler le processus de recherche (Martineau, 2007) ? Ces questions, les étudiant.e.s les portent. Dès lors, peut-on les aider à composer avec ces sensibilités ? Quelques avenues possibles: formuler un récit de soi, de sa pratique, et l’intégrer à sa démarche; se centrer sur l’expérience, la sienne et celle des participant.e.s; définir sa posture, sur le plan épistémologique, éthique et politique (Genard et Roca i Escoda, 2011); s’interroger sur comment les interactions peuvent permettre de co-construire des savoirs; accepter l’imprévisibilité du terrain, comme moment producteur de sens, et non comme barrière à l’évolution du projet (Moriceau et Soparnot, 2019).
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Communication orale
L’Atelier du praticien-chercheur, une voie pour le développement d’assises à la recherche qualitative en contexte de formation universitaireHenri-Bastien Gendreau Robert (UQAR), Sacha Genest Dufault (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Martin Ste-Croix-Brassard (UQAR)
La formation à la recherche qualitative (RQ) inclut l’apprentissage de repères épistémologiques et de procédés méthodologiques s’appuyant sur des assises réflexive, intersubjective, praxéologique et créative, ce qui constitue la posture de praticien-chercheur. La communication a pour but de partager une réflexion s’appuyant sur une formation aux cycles supérieurs en travail social (UQAR) qui vise le développement de cette posture. Il s’agit d’un cours original qui invite à la mise en place d’un espace de réalisation psychique et matériel, l’Atelier, qui met en scène l’expérimentation de pratiques et de ressources nécessaires à la RQ. Il s’agit de comprendre comment la manière des étudiant.e.s de se positionner, d’aborder et de réaliser un projet de recherche qualitative implique nécessairement une mise en jeu de tout leur être, allant de leurs intérêts, à leurs préjugements, au choix des angles compréhensifs jusqu’à la manière d’analyser les données et de communiquer les résultats. Les étudiant.e.s sont amené.e.s au fil du cours à prendre conscience et élaborer leur posture, à expliciter leur univers interprétatif, à documenter l’apport de leur perspective située et à se situer au plan épistémologique, théorique et clinique. Les objectifs, principes, exercices et modalités d’évaluation du cours seront expliqués afin d’expliciter le cheminement des étudiant.e.s. La présentation prend la forme d’une discussion avec l’enseignant et des étudiants ayant vécu l’expérience.
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Communication orale
Les paradoxes de l’enseignement de la méthodologie qualitative par un module numérique a-synchroneSandrine Nicourd (Université Reims Champagne Ardenne Laboratoire CEREP)
Cette communication propose une analyse du processus de conception et d’expérimentation d’une innovation pédagogique pour l’enseignement de la méthodologie de recherche qualitative. Ce module numérique a été conçu en 2017 pour être utilisé à distance pour des étudiant.es de deuxième année de master à SciencesPo Saint-Germain-en-Laye (France). Il s’agit de montrer que cette innovation comporte des paradoxes qui participent à la pérennité de ce dispositif. Alors qu'il est très rare de travailler collectivement sur des questions pédagogiques, ce dispositif n'aurait jamais vu le jour sans un intense travail collectif. L'apport de deux ingénieurs pédagogiques fut déterminant. Ce point est l'occasion de discuter de la place d’expertises extérieures dans le travail pédagogique universitaire. Conçu pour être utilisé de façon autonome, il fait l'objet pourtant d'un cadrage très précis dans le temps et au travers de protocoles. Il est intéressant de réfléchir à la place de la formalisation dans l'apprentissage d'une pratique qui repose avant tout sur une socialisation au regard sociologique. Enfin, ce module numérique fait appel à de nombreux exercices (vidéos, QCM ...) mais il reste indispensable d'expérimenter concrètement la démarche autour d'une réelle enquête pour s'assurer de l'appropriation. Cette mise en pratique demande aux étudiant.es un exercice complexe de réflexivité sur la mise en œuvre de la méthode pour éviter une description sommaire de l'expérience d'apprentissage.
Axe 3 : Entre conventions et innovations
Ce troisième axe interrogera comment les conventions issues des contextes sociaux dans lesquels évoluent les étudiant.es façonnent les lieux et les apprentissages de ceux.celles-ci, ainsi que leurs implications pour les aspects créatifs propres aux méthodes qualitatives, qui encouragent à l’innovation. Ces conventions, qu’elles soient institutionnalisées (ex : les exigences du parcours doctoral) ou implicites (ex : épistémologie(s) dominante(s) d’un domaine), s’inscrivent parfois en tension avec les aspects innovants et non codifiés des méthodes qualitatives. Dès lors, comment enseignant.e.s et étudiant.e.s négocient ces tensions dans le processus de formation, d’appropriation et de mise en œuvre des méthodes qualitatives? En ce sens, en dehors des contextes formels et lors des processus de socialisation des étudiant.es, quels savoirs sont appris et comment sont-ils utilisés afin de répondre aux conventions tout en innovant ? Comment les contextes sociaux et institutionnels dans lesquels les étudiant.es évoluent façonnent leur parcours d’apprentissages des méthodes qualitatives ?
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Communication orale
En marge des cursus de formation : les situations informelles qui nous socialisent à la recherche qualitativeCatherine Bélanger Sabourin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marlène Larochelle (Université de Montréal)
Les cursus aux cycles supérieurs prévoient la transmission de repères théoriques et méthodologiques. Cependant, l’enseignement formel demeure insuffisant pour appréhender la complexité de la recherche qualitative, itérative et indéterminée (Morrissette & Demazière, 2019). Des théories de la socialisation professionnelle (Dubar, 2015) permettent de considérer la portée de situations plus informelles dans l’apprentissage du qualitatif. Des activités quotidiennes socialisent les personnes aspirantes chercheuses aux conventions partagées en recherche qualitative (Becker, 2002). Elles permettent d’acquérir des habiletés complémentaires : analyser de manière artisanale, expliciter sa démarche, décrire narrativement, etc. (Paillé, 2011). L’objectif de cette contribution est d’illustrer comment des situations en marge des cursus traditionnels servent de leviers pour la formation au qualitatif. Nous poserons un regard attentif aux interactions socialisantes qui permettent de décoder les caractéristiques du genre (Clot, 2006), telles des clés de compréhension des manières de voir et de faire de cette communauté. Nous verrons plus spécifiquement comment ces activités soutiennent le développement d’une posture de chercheuse qualitative sur les plans de l’écriture, de la relation au terrain et de l’analyse du matériau. Ce faisant, elles nous conduisent déjà, en tant que jeune professeure ou auxiliaire d’enseignement, à favoriser la socialisation professionnelle d’autres étudiants.
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Communication orale
S’initier au devis qualitatif dans le cadre d’une recherche-action participative : Apprendre en défiant l’imprévisibilité d’une démarche évolutive et humanisteSophie Langlois (UdeS - Université de Sherbrooke)
Cette présentation constitue une occasion de partager sur l’expérience d’une jeune chercheure ayant récemment complété son doctorat après avoir mené une étude qualitative selon une approche de recherche-action participative (Kemmis et al., 2014). Le recul maintenant possible sur son expérience lui permet de poser un regard critique sur les facteurs qui ont influencé son parcours de formation à la recherche qualitative ainsi que les moyens qui ont ou auraient potentiellement favorisé ses apprentissages. Exigences académiques, désir de rigueur scientifique telle que communément convenue et craintes de plonger dans un processus de recherche évolutif font partie de ses influences initiales. L’expérience du terrain, le soutien de sa directrice de recherche et l’étroite collaboration établie parmi les coparticipants de l’étude lui ont finalement permis de découvrir la richesse de la recherche-action participative menée selon un devis qualitatif comme source d’apprentissages significatifs. C’est alors que la rédaction d’un journal de bord et l’observation participante de communautés de pratique dont elle a assuré la facilitation externe ont facilité le développement de ses compétences en recherche qualitative entre autres sur les plans de la créativité, de la collaboration et de la communication. La recherche-action participative sera ainsi décrite en tant que démarche humaniste à la fois déroutante et émancipatoire pour ces acteurs, notamment pour les chercheurs en formation.
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Communication orale
Se former aux études critiques par les mouvements sociaux plutôt qu’à l’université : le cas de la neurodiversitéMarie-Eve Lefebvre (UdeM - Université de Montréal)
Lors de la maitrise et du doctorat en sciences de l’éducation, nous avons été brièvement introduite à la recherche collaborative par les ouvrages de Paillé et Mucchielli (2016) et Fortin et Gagnon (2016). En nous intéressant à l’éducation des adultes autistes de manière générale, nous nous reconnaissions peu dans la norme des cours, proposant généralement des méthodologies issues du milieu de l’enseignement (p. ex. au primaire et au secondaire). Nous nous sommes alors impliquée dans des groupes de soutien, des discussions et des séminaires offerts à l’international en s’inspirant de la démarche de Nugent (2017). Dans cette présentation, nous élaborons sur ce cheminement pour nous former à la recherche, notamment dans le champ des études critiques en autisme. Presque uniquement basée dans le monde anglo-saxon de la recherche, la découverte de ce champ d’études nous a permis de trouver notre niche visant à produire des changements sociaux (Gérin-Lajoie, 2006) en lien avec la neurodiversité (Chamak, 2010). À la lumière des années passées à nous former à l’intérieur et l’extérieur des programmes d’études de cycles supérieurs, nous constatons l’apport des cheminements formel et informel à notre formation à la recherche qui, au début, semblaient tous deux en opposition, mais qui sont dorénavant perçus comme nécessaires et complémentaires.