On sait depuis longtemps que la réussite scolaire est un fort prédicteur de persévérance, de diplomation et de réussite professionnelle (Eccles et Wigfield, 2020). Malheureusement, l’objectif éducatif de réussite est souvent confondu avec celui de la performance. Par exemple, au Québec, l’une des manifestations de la valorisation de la performance est l’usage d’épreuves nationales obligatoires dites « à enjeu élevé ». À elles seules, ces épreuves valent habituellement 20 % de la note des cours ciblés au primaire et au premier cycle du secondaire, et peuvent atteindre 50 % de la note finale de cours conditionnels à l’obtention du diplôme d’études secondaires (MEES, 2021a). Ces notes sont d’ailleurs largement utilisées pour déterminer l’admission dans certains programmes ou collèges sélectifs au secondaire et au collégial (Heissel et al., 2020). De surcroît, le palmarès des écoles secondaires hiérarchise les milieux en se fondant principalement sur le rendement scolaire et la performance aux épreuves nationales (Desjardins et al., 2009), véhiculant donc l’idée que la performance est un critère central de la réussite et de la qualité d’un milieu scolaire. Une telle valorisation de la performance est susceptible d’engendrer des conséquences négatives importantes, comme des niveaux élevés de stress, de l’anxiété de performance, de la tricherie ou même de la sous-performance. En outre, le perfectionnisme, sain ou malsain, est une vulnérabilité qui peut être activée par les contextes de performance (Hewitt et al., 1998, 2017). Par ailleurs, une telle pression externe nuit au développement d’une motivation intrinsèque à l’égard de l’école, un facteur favorisant la persévérance et la réussite scolaires (Ryan et Deci, 2017). Au regard de la complexité de la problématique de la performance et de ses répercussions sur les élèves, il apparaît nécessaire d’établir un portrait complet, documenté empiriquement et à jour de ces multiples enjeux liés à la survalorisation de la performance.
Le mardi 10 mai 2022