Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 89e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Le numérique modifie en profondeur le fonctionnement de nos sociétés, en particulier le domaine de la traduction, notamment du fait de l’émergence actuelle de la traduction automatique neuronale. Certes, comme l’a déclaré un traductologue-praticien, « la technologie ne remplacera pas les traducteurs, mais les traducteurs qui utilisent la technologie remplaceront ceux qui ne l’utilisent pas ». La traduction automatique rime avec postédition, comme étape nécessaire à la qualité livrable, ainsi qu’avec les mémoires de traduction et autres logiciels faisant du traducteur humain un « traducteur outillé ». Les avancées technologiques de la profession ont suscité de nombreux travaux de recherche traductologiques; elles questionnent aussi les formateurs en traduction, soucieux d’offrir des programmes à la fine pointe et de préparer les cohortes étudiantes aux transformations du monde du travail.

En parallèle, le récent recours « obligé » à l’enseignement en ligne a éveillé ou renouvelé l’intérêt pour des questions didactiques de fond en faveur de l’innovation pédagogique. On peut s’attendre à ce que de nouvelles formes de prestations, hybrides ou comodales, en complément à l’enseignement à distance, soient désormais davantage en demande. Se pose donc avec plus d’acuité la problématique maintes fois soulignée du nécessaire arrimage de la formation en traduction avec les acquis des sciences de l’éducation, sans oublier la prise en compte de la conscientisation actuelle touchant l’inclusion et la diversification des apprentissages.

Sous l’angle des innovations, le colloque vise à explorer deux grandes facettes concernant la formation en traduction : l’optimisation des divers modes de prestation en ligne ou en présentiel et l’intégration efficace de la traduction automatique et autres outils technologiques dans la formation et les activités d’apprentissage. D’autres aspects concernant l’optimisation de la formation professionnelle pourront aussi être considérés pour ce colloque.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Conférence : Rudy Loock

Un mot d’ouverture sera prononcé par les organisatrices.

La conférence sera d’une durée de 40 minutes; elle sera suivie d’une période de questions de 20 minutes.

Discutant·e·s : Rudy Loock (Université de Lille)
  • Communication orale
    Former les futur(e)s traducteurs/trices à la traduction automatique : pourquoi, quand et comment?
    Rudy Loock (Université de Lille)

    La traduction automatique (TA) ne date pas hier, mais l’arrivée de la traduction automatique neuronale (TAN) a clairement changé la donne. Par conséquent, afin d’assurer à leurs étudiant(e)s une bonne insertion professionnelle, de nombreuses formations universitaires aux métiers de la traduction ont intégré, avant même l’arrivée de la TAN, une formation à la TA et à la post-édition, comme ils avaient déjà intégré auparavant la traduction assistée par ordinateur (TAO). [...]

    Se posent alors de nombreuses questions sur la façon dont cette nouvelle technologie peut être intégrée à la formation des étudiants. Si l’on part du principe qu’il faut être bon traducteur pour être bon post éditeur, alors que paradoxalement de nombreuses études relatent une utilisation massive des outils de traduction en ligne chez les étudiants, quand aborder le sujet? Il convient aussi de s’interroger sur les compétences nécessaires à une utilisation raisonnée de la technologie (Loock 2019). Convient-il d’autoriser le recours à la TA pour les préparations à la maison, voire les examens? Faut-il insister sur les considérations d’ordre technique ou sur l’analyse des résultats produits par la machine? Comment aborder les questions éthiques? Quel lien avec la gestion de projets?

    Sans nullement prétendre avoir des réponses définitives, nous proposerons des réflexions sur la façon dont il est possible de développer ce que Bowker & Buitrago Ciro (2019) ont nommé la « MT literacy » des futurs professionnels.


Communications orales

Session 1

Les communications sont d’une durée de 20 minutes; elles sont suivies d’une période de questions de 10 minutes.

Discutant·e·s : Philippe Lacour (Universidade de Brasília), Élizabeth Marshman (Université d’Ottawa), Hanna Martikainen (École Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs (ESIT), Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)
  • Communication orale
    Traduction automatique et éthique : la perspective du corps professoral
    Merouan Bendi (Université d’Ottawa), Élizabeth Marshman (Université d’Ottawa)

    L’implantation fulgurante de la traduction automatique dans l’industrie langagière canadienne oblige les programmes universitaires en traduction à évoluer rapidement afin de préparer leurs étudiant.e.s à la réalité de ce nouveau monde du travail. Cette transition, bien que nécessaire, n’est pas sans défis d’ordre pratique et théorique, entre autres ceux centrés autour de l’éthique. Confrontés à la nécessité de réfléchir à l’intégration de cette technologie dans ses activités d’enseignement, ses travaux, et ses conseils aux étudiant.e.s, le corps professoral canadien cherche à identifier et à mettre en place de bonnes pratiques éthiques.

    À l’aide d’un questionnaire anonyme en ligne, nous cherchons à mieux comprendre la perspective de membres de l’industrie langagière canadienne (y compris des langagiers professionnels, des gestionnaires et des membres du corps professoral) sur les questions éthiques entourant six axes identifiées dans des recherches antérieures : le statut des langues, les droits de la personne, la confidentialité et la sécurité des données, le rôle et le statut des langagiers, leurs pratiques et processus et la qualité et la nature des traductions.

    Les résultats nous aideront à cibler des enjeux plus et moins reconnus dans l’industrie et à sensibiliser le corps professoral aux questions qui méritent d’être abordées dans la formation. Nous proposerons des politiques et des activités qui pourront favoriser une meilleure compréhension des enjeux éthiques.

  • Communication orale
    Apprivoiser l’outil technologique grâce à l’apprentissage expérientiel
    Hanna Martikainen (École Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs (ESIT), Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

    Nous partagerons dans cette communication notre expérience de la mise en place d’apprentissages expérientiels et collaboratifs dans un cours de traduction automatique (TA) et post-édition dispensé dans le cadre d’un master en traduction spécialisée.

    Cette approche est mise à profit dès le module d’introduction, qui vise à familiariser les apprenants avec les principes de fonctionnement de la TA et les bases de la post-édition, à les sensibiliser aux différences entre textes traduits et post-édités et à les initier à l’évaluation de la TA. L’apprentissage est axé sur des exercices individuels de traduction et post-édition et, surtout, sur l’exploitation en groupe des textes issus de ces exercices, notamment pour mettre en lumière les différences entre les textes résultant de ces deux processus traductifs et pour élaborer une grille d’évaluation de la TA. L’approche collaborative et expérientielle est aussi adoptée dans le dernier module du cours qui a pour but d’approfondir les acquis par des projets en groupes.

    L’objectif est de mener un projet en autonomie afin d’apporter une réflexion argumentée sur un sujet en lien avec la pratique et l’évolution des métiers de la traduction pragmatique en explorant, au choix, un flux de traduction augmentée, la TA interactive et adaptative, le fonctionnement de la TA ou encore l’alimentation terminologique d’un moteur. Ces apprentissages visent à autonomiser la prise en main des outils et constituent aussi une initiation à la recherche.

  • Communication orale
    La traduction collaborative au risque du distantiel
    Philippe Lacour (Universidade de Brasília)

    La pandémie de Covid a durablement perturbé les pratiques des enseignant(e)s, qui ont dû apprendre rapidement nouvelles manières d’enseigner à distance. Les cours de traduction n’ont pas fait exception. Comment les professeur(e)s se sont-ils (elles) adapté(e)s à ces nouvelles contraintes? Quels outils numériques ont été utilisés? Selon quelles stratégies? Et avec quelle réussite? Le présent article examine l’expérience de plusieurs enseignant(e)s, en France et aux États-Unis et au Brésil, qui ont testé un environnement numérique de traduction collaborative et multilingue, TraduXio (http://traduxio.org), ce dernier présentant l’originalité de ne pas du tout fonctionner selon les principes du Traitement Automatique du Langage, qui inspire la quasi-totalité des outils de traduction assistée par ordinateur. Les responsables évoquent les modifications des pratiques impliquées par le brusque passage au distantiel, les inventions auxquelles elles ont eu recours et dressent un rapide bilan des avantages et inconvénients d’une telle conversion.

    D’un point de vue pédagogique, l’interface est particulièrement adaptée à une analyse critique des gestes de traduction, à une comparaison raisonnée, à une évaluation en contexte, au service d’une intelligence de ce qui est gagné ou perdu. Le contraste avec la traduction en d’autres langues et la consultation de la concordance multilingue permettent de s’inspirer librement des suggestions afférentes.


Dîner

Dîner


Communications orales

Session 2

Les communications sont d’une durée de 20 minutes; elles sont suivies d’une période de questions de 10 minutes.

Discutant·e·s : Elliott Macklovitch (Expert-conseil), Annemarie Taravella (UdeS - Université de Sherbrooke), Julian Zapata (Université d’Ottawa)
  • Communication orale
    L’intégration de la traduction automatique dans les programmes de traduction universitaires
    Elliott Macklovitch (Expert-conseil)

    Je donne, à l’Université de Montréal, le cours intitulé « Outils informatiques des langagiers » : ce n’est pas un cours de traduction à proprement parler, mais plutôt une introduction aux différentes aides à la traduction. Cependant, devant les progrès remarquables de la TA, la question que l’on doit se poser dans les programmes est la suivante : peut-on ne pas enseigner la traduction automatique à celles et ceux qui se trouveront sur le marché de travail d’ici quelques années? Beaucoup de professeurs sont d’avis que l’on devrait attendre avant d’exposer les étudiants à la TA, le temps qu’ils apprennent les bases du métier. C’était une attitude raisonnable il y a quelques années, mais plus tellement aujourd’hui, où la TA est omniprésente dans notre vie. J’introduis la TA vers la fin du trimestre en commençant par un survol historique, pour que les étudiants comprennent le changement radical qui est survenu entre les systèmes à base de règles et les systèmes à base de corpus. J’explique pourquoi les traducteurs devraient éviter les systèmes offerts sur un portail web public et je présente les avantages d’exploiter la TA à l’intérieur d’un environnement qui offre aussi une mémoire de traduction. Le message que j’essaie de transmettre est le suivant : même si la TA neuronale peut de plus en plus fournir une traduction adéquate pour beaucoup de types de textes, seul le traducteur humain peut transformer ces sorties dites « good enough » en traductions de « top qualité ».

  • Communication orale
    Traduction automatisée, productivité et gestion des risques
    Annemarie Taravella (UdeS - Université de Sherbrooke)

    En 2011, un peu plus de la moitié des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage pancanadien auprès de langagiers professionnels (Taravella, 2011) avaient déjà adopté pour leur pratique les technologies langagières actives, comme LogiTerm et SDL Trados. Les trois raisons invoquées pour ce choix étaient le gain de temps, l’amélioration de la qualité et l’accroissement de l’efficacité. En 2022, à l’ère de la traduction neuronale et d’une adoption généralisée des outils automatisés pour la traduction de textes pragmatiques, nous nous interrogeons sur ce triple avantage pour les traducteurs et pour les entreprises fournissant des services de traduction. Dans nos cours de premier cycle Gestion de projets de traduction et Outils et notions de gestion pour l’exercice de la traduction professionnelle, nous nous sommes penchée sur les messages à faire passer aux futurs traducteurs et futures traductrices professionnelles pour les aider à s’adapter à un contexte professionnel marqué par l’omniprésence des technologies langagières. La présente communication rend en partie compte de ces réflexions.

    Nous nous demanderons en particulier si le gain de temps peut être considéré de facto comme un gain de productivité. Nous chercherons également à cerner ce que peut être l’efficacité pour la fourniture de services de traduction professionnels. Nous soulignerons enfin que la gestion d’un projet de traduction à l’ère de la traduction automatisée repose sur une nouvelle gestion des risques.

  • Communication orale
    L’intégration progressive de la traduction dictée interactive à la formation des traducteurs : présentation d’un module d’apprentissage autodirigé
    Julian Zapata (Université d’Ottawa)

    De la pierre de Rosette à la traduction automatique neuronale, les traducteurs humains se sont toujours adaptés aux évolutions des outils d’écriture et des machines. Or, de nos jours, l’infonuagique et l’informatique omniprésente posent des défis sans précédent à la profession. Ces nouvelles approches informatiques se caractérisent par la présence de dispositifs, de services et d’informations numériques disponibles à tout moment et en tout lieu. Ainsi, les formateurs comme les chercheurs en traduction s’intéressent de plus en plus à l’actualisation du poste de travail du traducteur, laissant derrière les interfaces dites « traditionnelles » pour intégrer, progressivement, de nouvelles interfaces et de nouveaux modes d’interaction. L’une des approches ayant attiré l’attention de certains acteurs, dont les formateurs, est la traduction dictée interactive (TDI), se caractérisant par l’utilisation des technologies de reconnaissance vocale et des appareils mobiles et multimodaux comme les ordinateurs à écran tactile, les tablettes numériques et les téléphones intelligents (Zapata et Quirion, 2016).

    Dans la présente communication, nous rendons compte d’une série de projets de recherche appliquée collaborative ayant comme but la conception d’une plateforme en ligne d’apprentissage de la TDI. Des études, réalisées auprès d’une centaine de participants (étudiants, professeurs de traduction et traducteurs en exercice), ont permis la conception de ce module d’apprentissage autodirigé.


Communications orales

Session 3

Les communications sont d’une durée de 20 minutes; elles sont suivies d’une période de questions de 10 minutes.

  • Communication orale
    Intégration de la traduction automatique neuronale dans l’enseignement de la traduction du chinois au français à des étudiants chinois et français
    Pascale Elbaz (Institut de Management et de Communication Interculturels - Université Paris-Panthéon-Assas)

    L’amélioration récente des outils de traduction automatique en ligne est fulgurante. Dans la combinaison chinois-français, ils sont passés d’outils dont on rit et qu’il est préférable d’éviter à des outils d’aide à la traduction. Par ailleurs, avant même que ces outils ne deviennent performants et même si la parité clamée par certains (Hassan 2018) est loin d’être atteinte, les étudiants s’en étaient emparés avec enthousiasme et honte : enthousiasme pour cet outil qui travaillait à leur place, honte de s’adonner à une pratique longtemps interdite dans un cursus universitaire. Le double constat des progrès réels des moteurs automatiques et de leur utilisation quasi systématique par les étudiants rend nécessaire l’adaptation de l’enseignement de la traduction (Loock, Léchauguette 2021). Je prendrai en exemple l’enseignement de la traduction générale du chinois au français en 3e année dans des classes mixtes d’étudiants chinois et français à l’ISIT. La configuration d’une classe bilangue oblige à mettre en place des méthodes d’enseignement spécifiques pour faire progresser les deux groupes (Elbaz 2016; Elbaz, Garbutt 2019). Par ailleurs, le niveau de langue des étudiants ne leur permet pas une lecture aisée de la presse chinoise (pour les francophones) ni de la presse française (pour les sinophones). Dans ce contexte, l’utilisation de moteurs de traduction automatique pallie à certaines difficultés; la traduction « brute de logiciel » obtenue sert de base de travail textuel.

  • Communication orale
    Enseigner la traduction et l’interprétation en ligne
    Laurence Jay-Rayon Ibrahim Aibo (University of Massachusetts Amherst)

    L’enseignement à distance est indissociable de la démocratisation du savoir, comme le montrent les programmes d’enseignement à distance subventionnés par l’Éétat brésilien et diffusés à la radio et la télévision depuis les années 1920 (Barros Filho 2018). Cent ans plus tard, la pandémie de COVID-19 a donné un formidable coup d’accélérateur au développement de programmes en ligne. Toutefois, les principes andragogiques qui régissent l’enseignement à distance, notamment l’enseignement de cours asynchrones, diffèrent de ceux s’appliquant au présentiel. Alors que les frontières géographiques s’effacent, d’autres barrières surgissent, touchant notamment au profil socioculturel et économique des apprenant·es et à la littéracie numérique de ces derniers.

    Cette présentation portera sur la conception de cours de traduction et d’interprétation en ligne et sur l’inévitable réflexion à mener au préalable. Y seront abordés les fondements d’une pédagogie universelle et inclusive et les moyens de les mettre en œuvre, les principes didactiques touchant au processus de traduction et à la co-construction de l’apprentissage, la présence de l’enseignant·e (présence didactique, cognitive et sociale) et celle des apprenant·es, ainsi que l’importance de la structuration de la collaboration entre pairs et l’autonomisation des apprenant·es.

    Des exemples pratiques, notamment de syllabus, de rubriques et de réflexions sur le processus de traduction, seront proposés pour illustrer les points abordés.

  • Communication orale
    Pour une pédagogie inclusive : co-construction du plan de cours et ungrading
    Valérie Florentin (York University)

    Depuis de nombreuses années, l’inclusivité devient un thème fréquemment discuté sur la place publique. Inclusivité face aux différentes exceptionnalités tout d’abord, qui touchent 5 à 15 % des enfants d’âge scolaire selon l’Association québécoise des neuropsychologues. Inclusivité aussi face aux questions de genre ou d’origines.

    La conception universelle de l’apprentissage, connue depuis les années 1980, permet une plus grande accessibilité pour tous. Si ses bienfaits sont démontrés, il est parfois difficile de savoir par où commencer face à ses principes généraux et ouverts.

    Une approche différente et prometteuse, la co-construction du plan de cours, touche les objectifs et méthodes pédagogiques. Elle implique d’élaborer le plan de cours en classe, à la première séance. Elle facilite l’engagement et la motivation étudiants, deux gages de succès souvent mentionnés, et permet d’ancrer l’enseignement dans les problématiques actuelles

    Une seconde approche touche l’évaluation : l’ungrading est une forme d’autoévaluation dans laquelle chacun.e décide de sa note finale, en fonction de la qualité du résultat, du travail fourni et de ses circonstances personnelles. Des résultats préliminaires permettent de croire que cette approche motive les étudiant.e.s à travailler mieux et à prendre plus de risques dans leurs travaux.

    Cette communication tentera de démontrer comment ces deux mesures, conjointement ou séparément, peuvent soutenir l’apprentissage et accroître l’inclusivité.

Communications orales

Conférence : Patrick Drouin

La conférence sera d’une durée de 40 minutes; elle sera suivie d’une période de questions de 20 minutes.

  • Communication orale
    La traduction neuronale : si on regardait sous le capot?
    Patrick Drouin (UdeM - Université de Montréal)

    La traduction automatique neuronale (TAN) est, depuis 2016, sur toutes les lèvres. Ses performances impressionnent les utilisateurs et elles conduisent certains à remettre en question l’existence même du métier de traducteur. Cette prédiction, que les traducteurs ont maintes fois entendue, est une ombre qui plane sur la profession depuis les balbutiements des travaux sur la traduction automatique (TA).

    Dans cette présentation, j’aborderai la TAN en tentant de lever le voile sur les processus impliqués : l’apprentissage automatique, plus particulièrement l’apprentissage profond, le transfert de connaissances (entre les langues) et la génération automatique de texte. J’illustrerai mon propos avec des expérimentations réalisées sur divers corpus pour mettre en lumière les possibilités et les limites de la TAN. Je présenterai d’abord la notion de plongements de mots, qui permet à un ordinateur de dépister automatiquement des relations « sémantiques » entre les mots d’un texte. Par la suite, je ferai une démonstration de la capacité d’un système neuronal à apprendre le français et à s’adapter au style d’un auteur.

    Je terminerai mon exposé avec quelques réflexions personnelles sur les défis techniques, linguistiques et pédagogiques de la traduction automatique neuronale.


Communications orales

Session 4

Les communications sont d’une durée de 20 minutes; elles sont suivies d’une période de questions de 10 minutes.

  • Communication orale
    L’intégration d’une littératie des médias sociaux en formation en traduction
    Renée Desjardins (Université de Saint-Boniface)

    Dans son ouvrage Futureproof (2021), Roose, journaliste et écrivain, aborde l’avenir du monde du travail. Sa réflexion porte sur les professions qui sont à risque de devenir des « aboutissements »(endpoint), dont la traduction. En effet, l’automatisation et l’intelligence artificielle ont entraîné d’importantes perturbations dans le milieu langagier et il y a lieu de réfléchir si nous nous dirigeons vers « l’aboutissement » de la traduction humaine et humanisante. Paradoxalement, un intérêt trop marqué pour la traduction automatique en formation pourrait nous mener vers ce dénouement. Nous proposons donc de mettre l’accent ailleurs : sur l’intégration d’une littératie des médias sociaux. S’il est vrai qu’une littératie des outils de traduction automatique est nécessaire, que vaut-elle si l’apprenti-traducteur ne comprend pas les contextes dans lesquels ses traductions seront publiées et utilisées? Comprendre comment s’opère la traduction sur différentes plateformes, comprendre comment les contenus sont créés et circulent, ainsi que le référencement, le commerce d’influence et la monétisation des contenus, voilà des pistes de formation qui répondraient aux besoins au-delà des acquis « traditionnels ». Soulignons que cette littératie est tout aussi pertinente pour les formateurs.trices. Quelles leçons pouvons-nous tirer des deux dernières années pour renchérir et actualiser l’offre de formation en traduction au Canada : voilà une question à laquelle nous tenterons de répondre.

  • Communication orale
    Traduction automatique, corpus et dictionnaire : un ménage à trois bien confus?
    Amélie Josselin-Leray (Université Toulouse Jean Jaurès), Caroline Rossi (Université Grenoble Alpes)

    À quoi peut encore bien servir un dictionnaire à l’ère de la traduction automatique neuronale (TAN)? Voilà certainement une question que nos étudiants se posent lorsque nous leur demandons quels dictionnaires ils utilisent. Bien souvent, les traducteurs automatiques librement accessibles en ligne se substituent aux dictionnaires, comme l’a montré par exemple l’étude de Clifford, Merschel & Munné (2013) où 66 % des étudiants de l’université de Duke interrogés sur leurs usages de la TA reconnaissaient l’utiliser comme un dictionnaire bilingue. C’est ce que confirme la récente étude de Resende & Way (2021) menée auprès de 90 apprenants brésiliens de l’anglais, qui montre que les apprenants utilisent les moteurs de TA plus fréquemment pour traduire des mots que pour traduire des phrases. Parallèlement, comme le souligne Rundell (2015 : 318-319), les corpus se font de plus en plus présents dans les dictionnaires accessibles en ligne et largement utilisés par les apprenants

    Mais quelle conscience ont les usagers du rôle même des corpus dans la constitution des dictionnaires, comme dans l’entraînement des systèmes de TA?

    Après un tour d’horizon des pratiques d’utilisation des divers outils par nos étudiants (en langue étrangère ou en traduction), documenté par des sondages, notre communication présentera quelques propositions visant à faire face aux confusions qu’entraînent chez les apprenants les interfaces polyvalentes au sein desquelles ces solutions sont intégrées.

  • Communication orale
    L'analyse des décalages informationnels pour les besoins des apprenants et des formateurs en traduction
    Éric Poirier (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Notre proposition s'inscrit dans l'axe des outils technologiques dans la formation et le perfectionnement des traducteurs. Nous présentons une méthode d'analyse manuelle des décalages informationnels de traduction dans les paires de segments parallèles qui ont été criblés au moyen d’un algorithme de repérage automatique des décalages informationnels (Poirier, 2019 et 2021b). L’examen manuel de ces décalages de traduction met au jour un grand nombre de traductions phrastiques non littérales qui s’avèrent riches pour la formation et le perfectionnement des traducteurs.

    Nous présentons une méthode d’analyse manuelle des décalages informationnels phrastiques qui donne l'occasion aux apprenants de comprendre la valeur du travail des traducteurs et les efforts de reformulation qui ont été déployés et fournit aux enseignants un appareil empirique efficace fondé sur l'usage et sur les normes de traduction professionnelle pour la compilation des données traductologiques à l'appui de leurs enseignements.

    La méthode d'analyse manuelle comporte l’annotation des paires de segments source et cible en vue de mettre en évidence les mots lexicaux source et cible et leur alignement. Pour l'enseignant, le criblage automatique des paires de segments parallèles représente une méthode de forage et d’exploitation des données traductologiques pouvant servir à la conception d'activités d'apprentissage disciplinaires ciblées, lesquelles sont encore peu développées en traduction générale ou spécialisée.


Dîner

Dîner


Communications orales

Session 5

Les communications sont d’une durée de 20 minutes; elles sont suivies d’une période de questions de 10 minutes.

Discutant·e·s : Philippe Caignon (Université Concordia), Leila Cherrouk (Université d'Alicante), Shu Shen (Université de Xiamen)
  • Communication orale
    La cyberpsychologie du traduire
    Leila Cherrouk (Université d'Alicante)

    À l’ère de l’instantanéité, le recours accru à des machines pour traduire plus, plus vite et à moindre coût inaugure un basculement majeur dans la manière dont le traducteur se construit au fil de sa pratique. Dans ce contexte, l’intégration de la post-édition au sein des programmes universitaires soulève des questionnements éthiques, anthropologiques et ergonomiques encore largement inexplorés. Or la nécessité de repenser la formation croît au fur et à mesure que se creuse le fossé entre la compréhension de la psyché humaine et un marché de la traduction plaçant l’automatisation au cœur de ses enjeux.

    C’est dans cette perspective que la cyberpsychologie opère un véritable renversement conceptuel en puisant sa source dans la littérature en psychanalyse et en psychologie cognitive. Holistique et multiforme, cette discipline interroge la façon dont l’individu fabrique des machines qu’il entraîne et qui le transforment jour après jour dans son rapport à la tâche, à lui-même, à l’espace ou au temps. Tel est le cadre théorique que nous nous proposons de développer au travers d’une analyse transversale visant à décrire les processus psycho-cognitifs qui conditionnent l’appropriation ou le rejet des logiciels de traduction automatique en salle de classe.

    Avec la cyberpsychologie du traduire, les logiciels de traduction automatique revêtent à la fois le rôle d’un écran capable de supporter nos projections et celui d’un miroir à même de refléter notre mode de fonctionnement.

  • Communication orale
    L’emploi de Quizlet dans l’enseignement de la terminologie
    Philippe Caignon (Université Concordia)

    Depuis quelques années, l’enseignement universitaire de la terminologie se modernise en faisant appel à des principes pédagogiques garantissant un apprentissage approfondi. La décolonisation des cours pour lutter contre le racisme, l’intolérance et la fausse impression de supériorité (Battiste, 2013 : 166) à laquelle s’ajoute l’utilisation de stratégies éducatives liées à la pédagogie universelle pour favoriser l’engagement, l’inclusion et l’expression des personnes apprenantes (Meyer et coll., 2014) continuent à encourager les étudiant.e.s de tous horizons à entreprendre des études postsecondaires et à démocratiser les institutions d’enseignement. Selon Rousseau et ses collaboratrices (2015 : 453-490) la pédagogie universelle s’appuie en outre sur l’outillage technologique pour renforcer l’apprentissage de tous.

    Employée correctement, soit avec un objectif pédagogique précis et non comme un « gadget » répondant à une mode passagère, la technologie à fonction éducative participe à l’éveil intellectuel des personnes apprenantes en offrant une variété d’activités culminant dans l’appropriation de concepts terminologiques et dans la maîtrise d’activités professionnelles liées à la terminologie, ainsi qu’à la traduction et la rédaction technique.

    Dans le cadre de notre communication, nous verrons comment nous pouvons nous servir de Quizlet comme outil web d’apprentissage et de révision de notions dans un cours de terminologie et nous examinerons quelques exemples d’exercice.

  • Communication orale
    Expérience optimale des apprenants en interprétation dans la classe virtuelle - une étude exploratoire
    Shu Shen (Université de Xiamen)

    Malgré l'existence du service à distance, la plupart des interprétations se font en présentiel, et son apprentissage et son entraînement aussi. Néanmoins, la Covid-19 a complètement subverti l'environnement d’apprentissage de l'interprétation et les formateurs et les élèves de la discipline sont obligés de changer leur pratique, bon gré mal gré. Même dans cette période post-Covid, beaucoup de programmes ont choisi de maintenir ce mode d’enseignement. Face à cette réalité, notre étude s'intéresse à l’expérience optimale (flow) des apprenants en interprétation dans les cours en ligne. Dans la théorie de Csikszentmihalyi, l’état psychologique optimal a été conceptualisé comme étant une construction complexe, multidimensionnelle et réflexive composée de « plaisir », « téléprésence », « attention focalisée », « engagement » et « distorsion du temps », de la part des apprenants.

    Nous avons adopté le modèle de l’expérience optimale proposé par Shin (2006) en ce qui concerne l'environnement de la classe virtuelle d'interprétation et fait passer un questionnaire aux étudiants de premier cycle engagés dans une classe virtuelle d'interprétation français-chinois afin d'examiner les relations entre les antécédents de l’expérience optimale, l’expérience optimale pendant la classe virtuelle et les conséquences de celle-ci. Les résultats sont discutés ainsi que les implications pour créer un environnement virtuel propice à l'expérience optimale en enseignement de l'interprétation en ligne.


Communications orales

Session 6

Les communications sont d’une durée de 20 minutes; elles sont suivies d’une période de questions de 10 minutes.

  • Communication orale
    Les défis de l’enseignement de la localisation vidéoludique
    Ugo Ellefsen (Université Concordia)

    Avec des revenus de 180,3 milliards de dollars en 2021 (Wijman, 2021), l’industrie vidéoludique est loin d’être un créneau isolé. Les intervenants du domaine considèrent que plus de 50 % des revenus générés par le jeu vidéo sont associés à des marchés extra-anglophones (Chandler et O’Malley, 2011). Il va sans dire qu’il s’agit d’une industrie qui a grand besoin d’une expertise en traduction. Pourtant, malgré l’intérêt des étudiants, peu d’institutions canadiennes offrent des cours de localisation vidéoludique.

    L'objectif de cette communication est de mettre en lumière les défis que les programmes de traduction canadiens auront à relever, s’ils souhaitent intégrer la localisation vidéoludique, mais aussi de soulever la nécessité de préparer les nouvelles générations de langagiers à intégrer de nouvelles réalités en lien avec les changements technologiques.

    De la sorte, même si les principaux acteurs de l’industrie mentionnent le besoin de mieux former les étudiants (Agullo Garcia et coll., 2021a), citant des connaissances techniques ainsi que des habiletés en gestion de projet et de personnel comme nécessaires pour bien s’intégrer au domaine de la localisation vidéoludique, certains obstacles nuisent à l’élaboration de programmes en lien avec ces attentes.

  • Communication orale
    Les répercussions du travail à distance sur les stagiaires en traduction
    Émilie Gobeil-Roberge (Université Laval)

    Depuis que nous avons réalisé, comme société, que la crise engendrée par la Covid-19 s’étirerait sur plusieurs mois, puis plusieurs années, la santé mentale des apprenantes domine le discours du monde pédagogique. Qu’en est-il toutefois de l’acquisition des compétences à distance? Particulièrement en stage, où toutes les entreprises ne disposaient pas préalablement de mécaniques numériques facilitant le travail à distance ?

    Nous proposons d’aborder les avantages et désavantages des stages effectués virtuellement. Nous clarifierons d’abord les types de milieux de stage offerts et leur façon de s’adapter au télétravail. Caron (2021) distingue deux stratégies pour basculer à distance : le mode artisanal, où on tente avec les moyens du bord de reproduire à distance la dynamique du présentiel, et le mode ingénierique, une méthode plus systématique, standardisée et rationalisée . Nous postulons que la deuxième stratégie permet aux stagiaires de s’intégrer plus aisément dans leur milieu et faciliterait l’atteinte des objectifs d’un stage enrichissant (Gobeil-Roberge, 2021). Toutefois, pour confirmer cette hypothèse nous partagerons le fruit de nos discussions avec des étudiantes ayant effectué un stage pendant la pandémie. Nous aborderons leurs impressions sur le stage et comment cet apprentissage expérientiel s’inscrivait dans leur quotidien.

    En conclusion, nous examinerons les gains inattendus de l’enseignement, et donc des stages, en virtuel pendant la crise sanitaire.

  • Communication orale
    Quelques pistes de réflexion pour une formation raisonnée à la traduction automatique dans les programmes universitaires de traduction
    Zélie Guével (Université Laval), Alexandra Hillinger (Université Laval)

    Le recours à la traduction automatique (TA) fait désormais partie des pratiques de tout un chacun. Les usages et les croyances sont tels que pour la vaste communauté des universitaires, en dehors même des traducteurs, un urgent besoin d’élaborer une littératie de la TA se fait vivement sentir. Or, les traducteurs sont certainement les mieux placés pour comprendre et expliquer la complexité de l’acte traductionnel, évaluer la qualité des traductions et corriger les sorties-machine. Ainsi, les apprenants gagnent-ils non seulement à être formés à l’utilisation optimale des logiciels de TA, mais aussi au rôle d’expert-conseil qu’ils pourront être appelés à jouer. Il importe qu’ils acquièrent, outre la simple compétence technologique, un savoir critique sur leur propre pratique de manière à dépasser l’amateurisme ambiant. Au-delà des cours de traductique et de post-édition, où se place la TA dans les cours de traduction générale et spécialisée, voire de traductologie? Comment faire et qu’en est-il du consensus des formateurs en la matière.

    Nous appuyant sur les diverses journées d’étude déjà consacrées à ce sujet (Université de Lille, 2020, 2022; Université de Grenoble,2020, etc.), nous examinerons les enjeux pédagogiques que pose l’acquisition d’un savoir raisonné et d’un jugement critique en TA. Nous compléterons notre réflexion par des observations recueillies auprès d’étudiants de maîtrise en traduction sur leurs savoirs et leurs perceptions, ainsi que sur leurs attentes.