Les sociétés modernes traversent à l’heure actuelle une phase pour le moins paradoxale. Alors que le niveau général de scolarité et de vie de ses populations atteint des sommets, que les technologies et les sciences se développent à un rythme aussi effréné que soutenu et que les télécommunications permettent de maintenir ou de tisser des liens aux quatre coins de la planète, cette « omnipotence apparente de l’humanité », pour reprendre les mots du philosophe Cornelius Castoriadis, semble s’accompagner d’un sentiment d’impuissance face aux problèmes dits du 21e siècle. Ce sentiment, exacerbé par l’omniprésence des discours anti-intellectuels et antiscientifiques ainsi que par la prolifération des « fausses nouvelles », entraîne une crise de confiance sans précédent à l’endroit de l’information journalistique, des recherches scientifiques, mais également des institutions scolaires et d’enseignement supérieur. Enfin, les recherches sur le populisme tendent à démontrer que ce sentiment de crise ressenti par une bonne partie de la population est récupéré par certains groupes à des fins politiques.
Dans ce contexte, quel rôle doivent jouer l’éducation obligatoire, l’enseignement supérieur et la formation continue? Comment devons-nous préparer les citoyennes et les citoyens, ainsi que les futures citoyennes et les futurs citoyens à affronter les problèmes auxquels ils et elles devront faire face au cours du 21e siècle? Quels sont ces problèmes et comment prennent-ils forme dans le contexte (québécois et canadien)? Que nous dit — ou que ne nous dit pas encore — la recherche en ce qui les concerne, et quelles sont les pistes de solution envisageables?
Par la tenue de ce colloque, le Conseil supérieur de l’éducation souhaite d’abord et avant tout créer un espace de réflexion autour du rôle que peut jouer l’éducation face aux problèmes liés à la montée du populisme dans la société, dans leurs différentes déclinaisons et manifestations. Les échanges s’articuleront autour de quatre panels : la démocratie, l’environnement, les médias et l’inclusion. Les invités pourront naturellement présenter des résultats de recherche, mais l’objectif principal de ce colloque est de faire le point sur cette question aussi épineuse qu’actuelle et de dégager des constats susceptibles d’alimenter les réflexions du Conseil sur l’état et les besoins de l’éducation. Enfin, ce sera l’occasion d’amener des chercheuses et des chercheurs aux horizons et aux disciplines divers à échanger, voire à se concerter.