Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Plusieurs projets conduits par le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) illustrent tour à tour une transition en agriculture et en agroalimentaire, voire une bascule vers un renouvellement. Cette transition traverse les enjeux liés à la diversité des modèles agricoles et à la vitalisation des territoires.
La diversité des modèles
Le modèle unique traditionnel en agriculture chevauche d’autres modèles porteurs de possibilités, notamment pour laisser place à une relève agricole souvent non apparentée, provenant de différentes origines et ayant des parcours atypiques. Outre les modes d’établissement qui se diversifient, il en est de même pour les modèles de production et de mise en marché. Les plateformes numériques se multiplient pour vendre en circuits courts. Des créneaux apparaissent teintés de valeurs environnementales (agriculture raisonnée, biologique, urbaine, régénératrice, de petits fruits, de petits élevages, etc.).
La revitalisation des territoires
Ces projets émergents, souvent innovants et mobilisateurs, sont de véritables moteurs de revitalisation des territoires, des villes, des régions éloignées et nordiques. Face à l’ébullition des modèles agricoles et des canaux de vente, des porteurs de projets aspirent à changer les modèles établis. Dans cet élan, de nouveaux outils, leviers et dispositifs de mise en œuvre sont en cours d’expérimentation : laboratoires et territoires (MAPAQ), fiducies d’utilité sociale agricole (FUSA), incubateurs d’entreprises agricoles, modèles de souveraineté alimentaire autochtone, etc.
Quelles résiliences?
Cette transition soulève des questions. Est-ce que les politiques publiques sont adaptées à cette nouvelle réalité? Quelle échelle de territoire (locale, régionale, provinciale) conviendrait le mieux, et pour faire quoi? Quels codes de référence communs permettraient d’intégrer les spécificités socioculturelles émergeant du territoire? Comment innover dans les pratiques et sur le terrain pour accompagner ces nouveaux modèles?
Dans ce monde agricole et agroalimentaire en transition, les impacts sont transversaux. Ce colloque souhaite donc faire avancer la réflexion en lien aux pratiques, tant avec les acteurs de la recherche qu’avec ceux qui sont engagés sur le terrain.
Dates :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Marie-Joëlle Brassard (Cégep de Victoriaville)
- Sylvie Courchesne (Cégep de Victoriaville)
- Pierre Olivier Ouimet (Cégep de Victoriaville)
- Émilie Parent (Cégep de Victoriaville)
- Corine Dejar (Cégep de Victoriaville)
Programme
Modèles et transitions agroécologiques
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Communication orale
Agriculture post-Covid. Quelle transition pour le système bioalimentaire québécois?Patrick Mundler (Université Laval)
La pandémie de la COVID-19 a suscité de nombreuses réflexions relatives à notre système alimentaire et à sa résilience. Si le système alimentaire québécois a fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation, cette crise révèle néanmoins les dangers réels qui menacent l’humanité du fait de l’effondrement de la biodiversité et des changements climatiques.
Aussi, les débats concernant une amélioration de l’autonomie alimentaire du Québec devraient s’appuyer sur un inventaire exhaustif et critique des multiples dépendances qui caractérisent notre système bioalimentaire. Ces dépendances ne concernant pas seulement les produits alimentaires, mais également la main-d’œuvre, les équipements et les intrants. L’analyse de notre actuel système alimentaire montre divers déséquilibres avec des productions très excédentaires et tournées vers l’exportation et des productions, notamment les céréales destinées à l’alimentation humaine, qui ne représentent qu’une part infime de notre approvisionnement.
Dans ce contexte, la crise de la COVID-19 crée un choc spécifique ouvrant la possibilité de repenser les orientations du secteur bioalimentaire afin de favoriser une transition agroécologique vers des modèles de production, de transformation et de distribution plus économes et plus autonomes, dont la vocation serait à la fois de nourrir les Québécois et de prendre soin de nos ressources naturelles et humaines.
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Communication orale
Comment accompagner les agriculteurs à observer et à comprendre la vie du sol? La transition à l’agroécologie en FranceGuillaume Christen (Université de Strasbourg)
La transition à l’agroécologie est susceptible de favoriser des innovations dont la particularité consiste à retirer des médiations techniques déjà existantes afin de requalifier la vie du sol. C’est particulièrement le cas des techniques de culture sans labour (TCSL) qui peuvent être considérées comme des « innovations par retrait » (Goulet et Vinck, 2012). En effet, elles consistent à retirer des techniques existantes (le labour) afin de privilégier et de tirer parti des dynamiques biologiques du sol. Dès lors, les processus vivants sont considérés comme des « partenaires » au même titre que les pratiques culturales. Or, le passage au non labour (à l’agroécologie) marque une transition qui implique une série de ruptures avec des pratiques et des routines antérieures. Dans cette dynamique de changement, le point de basculement le plus important – et le plus difficile – concerne la conception du sol, c'est-à-dire le passage d’une représentation d’un sol support à un sol vivant. La contribution revient sur l’importance de l’accompagnement dans un processus de conversion des agriculteurs (en France) au non-labour. Nous verrons que la transition à l’agroécologie, pour être pérenne, suppose une animation permettant l’accès à des ressources (informations, conseils, échanges d’expériences) et qui s’inscrivent dans la durée. L’enjeu est de constituer un collectif durable capable de répondre à l’apparition de nouvelles questions agronomiques ou à l’évolution du contexte social.
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Communication orale
Des terres à valoriser : une opportunité de transition agroécologique, l’exemple de la MRC Les BasquesCorine Dejar (Cégep de Victoriaville), Giovanny Lebel (MRC Les Basques)
L’occupation des territoires à l’extérieur des zones urbaines au Québec évoque la plupart du temps une histoire empreinte de forces humaines se déployant contre et sur la nature. Parce qu’elles ne reflètent pas l’ingéniosité humaine, les terres non cultivées sont d’emblée accolées à l’état de « nature sauvage » entrant en confrontation avec des valeurs de domestication, d’appropriation, d’aménagement, de production, d’économie ou d’esthétisme. L’identification des « terres agricoles dévalorisées » (TAD) est l’expression de cette idée que les terres non cultivées représentent la perte de ces valeurs que le modèle productiviste a contribué à complexifier et à renforcer en intégrant progressivement l’agriculture. D’aucuns diront que l’importance des TAD au Québec, qui marquent aussi les limites de ce modèle, est une problématique qui appelle à l’action. Certaines MRC ont d’ailleurs identifié dans leur PDZA la remise en culture des TAD comme un objectif prioritaire à atteindre. Pour plusieurs des acteurs impliqués, la démarche constitue une opportunité à saisir pour faire la transition vers un modèle plus en adéquation avec des valeurs agroécologiques dont sont de plus en plus porteurs les aspirants à la production agricole. Cette présentation expose le modèle de remise en culture des TAD et de transition agroécologique déployé dans la MRC Les Basques où le CISA réalise un projet de recherche sur l’établissement agricole et la vitalité des communautés rurales.
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Communication orale
Émergence d’un modèle agricole territorial : un tremplin pour le développement au QuébecChantale Doucet (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Depuis une vingtaine d’années, on constate un foisonnement de nouveaux projets collectifs et innovateurs au Québec qui soutiennent l’agriculture dans les territoires (régions, MRC et municipalités) ainsi qu’une multiplication des acteurs engagés dans le développement agricole à l’échelle locale. Ces divers projets, qui sont ancrés dans des dynamiques territoriales, soutiennent principalement des entreprises agricoles qui misent sur de nouvelles stratégies et valeurs ancrées dans leur milieu avec des modes renouvelés de mise en marché de produits. Ce modèle en émergence s’inscrit également en réponse aux nouvelles valeurs des consommateurs qui valorisent de plus en plus l’agriculture de proximité et le développement durable. C’est à travers l’analyse de cet ensemble de projets, des acteurs impliqués et des entreprises qu’elles appuient que nous avons pu démontrer l’émergence d’un nouveau modèle de développement agricole dans la région de l’Outaouais. Une meilleure connaissance et une meilleure reconnaissance ainsi qu’une valorisation de ses acteurs et projets existants constituent certes un tremplin pour le développement agricole et territorial au Québec.
Dans le cadre de cette présentation, nous évoquerons tout d’abord les principales composantes de ce « modèle agricole territorial » présent aux quatre coins du Québec et les nouvelles avenues qu’il propose. Nous exposerons, par la suite, quelques pistes de réflexion sur la valorisation et la pérennisation de ce modèle.
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Communication orale
Le Bas-Saint-Laurent : un secteur bioalimentaire en transformationMario Handfield (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
L’agriculture et l’agroalimentaire au Bas-Saint-Laurent sont en transformation pour diverses raisons, de manière réactive ou proactive selon le cas. Région dite périphérique si on la situe par rapport aux grands centres, ne dit-on pas que le changement vient des marges? Ce bouillonnement duquel émergent des innovations pour soutenir et développer le secteur bioalimentaire provient notamment d’une façon différente de travailler ensemble depuis quelques années en favorisant l’inclusion, le décloisonnement et l’intersectorialité dans une approche collective et territoriale. Cela pose des défis dont l’un des plus importants est d'arriver à concilier les projets et dispositifs émergents qui s'inscrivent dans cette perspective territoriale avec ceux existants ou en développement ancrés dans une logique sectorielle. De nouveaux joueurs font partie de l'équation, insufflant beaucoup de dynamisme et de renouveau, mais cela peut créer des tensions avec les porteurs du modèle dominant, d'une part, et soutenir ou générer des actions innovantes qui peuvent parfois manquer de cohésion, d’autre part. L’un des acteurs clés de cette transformation et de cette transition est la Table de concertation bioalimentaire du Bas-Saint-Laurent qui, par son travail de coordination des actions et de mise en relation des acteurs, favorise le développement de synergies collaboratives.
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Communication orale
Émergence des incubateurs d’entreprises agricoles au Québec : consolider un outil et ses potentiels pour favoriser l’établissement en agricultureGabriel Bourgault-Faucher (Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC)), Pierre Olivier Ouimet (Cégep de Victoriaville)
Le Québec est confronté à des défis de renouvellement des générations d’agriculteurs. Alors qu’assurer une relève agricole est une préoccupation croissante, le profil de cette relève se transforme. Nous observons notamment qu’elle provient de moins en moins de familles agricoles (relève dite non apparentée ou hors cadre familial) et qu’elle s’établit de plus en plus par démarrage d’une entreprise. Ces changements récents du profil de la relève agricole appellent au développement de nouveaux outils pour soutenir son établissement. Dans ce contexte, nous constatons que les incubateurs d’entreprises agricoles suscitent un enthousiasme croissant. Au cours de la dernière décennie, c’est plus d’une douzaine d’incubateurs qui est apparue à travers le Québec. Dans le cadre de cette présentation, nous nous attarderons tout d’abord à définir l’incubateur d’entreprises agricoles et ses multiples potentiels. Nous nous pencherons ensuite sur leur contexte d’apparition et sur l’historique de leur déploiement au Québec. Puis, nous décrirons leur situation actuelle en abordant les différents obstacles qu’ils rencontrent. Nous conclurons par la présentation d’un projet de recherche-action, en cours de réalisation, dans lequel nous accompagnons les représentants et les gestionnaires d’incubateurs d’entreprises agricoles du Québec dans la coconstruction d’un réseau. Ce dernier vise à consolider les incubateurs et leurs multiples potentiels afin de favoriser l’établissement en agriculture.
Adaptation des mesures et des politiques publiques
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Communication orale
Concilier la sécurité alimentaire et la sécurité énergétique au Sahel : un défi irréconciliable. Le cas des projets de biocarburants à base de jatropha en contexte paysan au MaliPascal Vallières (Université Laval)
À partir de 2007, des pays sahéliens, tels que le Mali, ont cherché à améliorer leur sécurité énergétique en appuyant des projets de production de biocarburants à base de jatropha orientés sur le modèle de l’agriculture contractuelle auprès de petits producteurs paysans. Cette stratégie s'est conjuguée à la nécessité de soutenir la sécurité alimentaire des exploitations agricoles familiales.
Cette présentation propose d'examiner les rôles et les implications économiques et politiques des différents acteurs nationaux et transnationaux associés à la promotion et à la production du jatropha comme culture énergétique au sud du Mali, tout en offrant une analyse critique des discours qu’ils produisent et de la configuration développementiste sur laquelle ils s’appuient. Les mécanismes politiques et économiques impliqués dans la mise en place de la filière jatropha sont étudiés, à la lumière de leurs impacts sur les dynamiques socioéconomiques locales. Cette présentation souligne comment, face à la tentative d’intégration « participative » et subventionnée des producteurs paysans contractuels à l’économie de marché, ces derniers, déçus par les faibles rendements et les revenus insignifiants associés à la culture du jatropha, décident de préconiser la sécurité alimentaire de leur exploitation agricole familiale en favorisant leurs cultures vivrières, abandonnant progressivement les plantations de jatropha.
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Communication orale
Analyse des contraintes d’adoption des technologies en riziculture irriguée dans le pôle de développement de Gagnoa en Côte d’IvoireFranck Koman (RJCF)
L’agriculture est pour la plupart des pays en développement le principal moteur de l’économie. La question des innovations agricoles est, à cet effet, perçue comme un moyen de développement incontournable pour le milieu rural. En effet, parler d’innovation en milieu rural, c’est saisir les tentatives de définition ou de redéfinition des règles de jeu par l’État en vue de réintégrer l’agriculture dans un système relativement plus approprié aux exigences du moment. Curieusement, en dépit des avantages que regorgent ces innovations, on constate la réticence des populations. Cette étude a donc pour objectif principal d’analyser les contraintes d’adoption des technologies en riziculture irriguée. Pour ce faire, nous avons collecté des informations dans la région de Gagnoa en Côte d’Ivoire. Ainsi, il ressort de l’analyse portée sur les données d’une enquête de terrain que la mobilisation de stratégies de rentabilité à court terme entraîne les pratiques culturales de la paysannerie. De même, les interactions entre les paysans et les structures de développement expliquent les contraintes d’adoption des technologies en riziculture irrigué.
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Communication orale
La participation citoyenne au cœur des nouveaux plans d’agriculture urbaine : l’exemple de la Ville de VictoriavilleChristine Gingras (Cégep de Victoriaville)
Dans les années 70, le jardinage urbain connait une renaissance avec, entre autres, l’apparition des premiers jardins communautaires à Montréal. Depuis, plusieurs luttes citoyennes ont été menées pour faire reconnaitre et permettre cette pratique dans ses formes les plus variées. Démonstration que l’agriculture urbaine gagne en reconnaissance, en 2017, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec lance un premier programme d’appui à la réalisation de plan d’agriculture urbaine duquel neuf projets pilotes seront réalisés.
Cette présentation s’intéresse au cas particulier de la Ville de Victoriaville. Accompagnée par le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA), la Ville entame en 2018 une démarche participative pour la mise en place de son premier plan d’agriculture urbaine. Nous présenterons l’approche de cocréation et de consultation publique adoptée pour ce projet, et les résultats sur l’appropriation et la mise en œuvre du plan d’action par les acteurs socio-économiques de Victoriaville.
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Communication orale
L’action collective par le «design pour l’autonomie » pour favoriser la justice alimentaire, sociale et environnementaleMorgane Pellerin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans le cadre de son projet de recherche à la maîtrise en sciences de l’environnement, l’étudiante-chercheuse combine l’approche du « design pour l’autonomie » au sens d’Arturo Escobar à celle du développement territorial issue de la géographie pour étudier le processus d’action collective d’une initiative expérimentale. Cette initiative, appelée la Fermette, a pour vision d’« accroître l'autonomie alimentaire de Pointe-Saint-Charles par un projet d'agriculture urbaine, alternatif, écologique et solidaire au Bâtiment 7 qui contribue au déploiement d'un véritable système alimentaire de quartier ». L’initiative est portée par la collectivité et des groupes ancrés territorialement qui agissent de manière concertée et revendiquent la justice alimentaire face aux enjeux liés à une défavorisation économique et sociale, à l’insécurité alimentaire et à la gentrification auxquels est confrontée une partie importante des résidents du quartier.
La question de recherche est la suivante : dans quelle mesure une initiative collective par le design pour l'autonomie peut-elle favoriser la justice alimentaire, sociale et environnementale? La recherche qualitative et inductive repose sur une étude de cas avec une démarche engagée. L’objectif est de vérifier que la perspective théorique développée peut servir d’outil pour favoriser le lancement et la mise en œuvre d'initiatives collectives ancrées territorialement visant la justice alimentaire, sociale et environnementale.
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Communication orale
L'importance de la coopération pour les réseaux (capitalistes) agroalimentairesChantal Gailloux (Texas State University)
La coopération est souvent présentée comme importante pour les réseaux agroalimentaires alternatifs alors qu’elle est aussi essentielle au capitalisme agraire. Pour étudier la double fonction de la coopération dans les réseaux agroalimentaires alternatifs et productivistes, je me plonge par l’ethnographie dans le travail d'une petite coopérative de producteurs de l'Est-du-Québec qui approvisionne en fruits et aromates les artisans de la fermentation. Cherchant à s’affranchir des subventions pour payer son employé tout en offrant un prix équitable aux agriculteurs, cette coopérative est confrontée à des choix éthiques en choisissant avec qui elle collabore.
Pour discuter de la double fonction de la coopération, j'explore deux études de cas à travers une recherche documentaire. Je présente comment de riches industriels nouvellement établis en Californie ont coopéré dès le 19e siècle en partageant infrastructures et expertise pour devenir des leaders dans la production fruitière. Au Québec, en me concentrant sur le plan conjoint du bleuet, j’explore comment le gouvernement, les syndicats agricoles et l'industrie ont collectivisé la mise en marché pour stabiliser le salaire des agriculteurs, tenter de stabiliser les prix et construire un avantage comparatif. Reconnaissant que la coopération est aussi essentielle à l'accumulation capitaliste, comment le gouvernement, l'industrie et les citoyens coopèrent-ils dans les réseaux agroalimentaires alternatifs et productivistes?
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Communication orale
L’inclusion et la représentation des différents modèles agricoles dans les programmes québécois de sécurité du revenuFrederick Clerson Guicherd (University of Arkansas)
Si l’agriculture québécoise a su évoluer depuis les trente dernières années et que de nouveaux modèles de production ont émergé, plusieurs des mécanismes de soutien à l’agriculture perdurent. Notamment, les programmes d’ASRA et d’assurance-récolte occupent une part importante des budgets de soutien à l’agriculture depuis près de 50 ans, auxquels se sont ajoutés plus récemment les programmes Agri-Québec. Toutefois, peu d’études ont documenté les facteurs ayant influencé l’apparition et l’évolution de ces programmes.
Ainsi, à partir du concept de farming style de van der Ploeg, cette présentation s’intéresse à l’évolution des politiques québécoises de sécurité du revenu depuis 1990 afin d’identifier en quoi cette évolution suit les changements de l’agriculture québécoise. Pour ce faire, la présentation s’appuie sur cinq études de cas de programmes québécois de sécurité du revenu. Les résultats montrent que le modèle entrepreneurial de la ferme familiale reste celui qui mobilise le plus les politiques. Lorsque d’autres modèles sont mis de l’avant, les changements obtenus ont tendance à être moindres ou à être redéfinis pour correspondre aux demandes de l’agriculture entrepreneuriale. Ces constats s’appuient aussi sur la capacité de certains acteurs à porter des projets politiques, l’organisation des producteurs agricoles et la représentation sociale de l’agriculture.
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Communication orale
La fiducie d’utilité sociale agroécologique, un commun foncier québécoisHubert Lavallée (Protec-Terre)
La commodification du foncier et les excès de l’agriculture industrielle causent la dilapidation des sols arables et ont des impacts importants sur les milieux naturels aux quatre coins du globe. Au cours des dernières années, des communautés un peu partout dans le monde proposent des modèles alternatifs d’agriculture respectueux des écosystèmes, nourriciers pour les populations et justes pour les petits producteurs et leurs employés.
Le Québec ne fait pas bande à part : difficulté d’accès à la terre par la relève, endettement sévère des producteurs, dégradation des sols et impacts négatifs envers les écosystèmes sont monnaie courante un peu partout sur le territoire.
Un modèle de préservation de terres en culture écologique est présenté ici pour remédier à la situation, la fiducie d’utilité sociale agroécologique (FUSA). Cette présentation décrit les fondements historiques et légaux de ce modèle, ses caractéristiques essentielles ainsi que son mode d’application dans le contexte québécois. La FUSA est, dans les faits, un outil légal permettant de créer un commun foncier perpétuel au bénéfice des collectivités. Le modèle remet en question la notion de propriété privée des ressources vitales au bien-être des communautés. Il offre un moyen de préserver le patrimoine agroécologique québécois dans une optique de respect des écosystèmes et de souveraineté alimentaire.
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Communication orale
Les initiatives de foncier solidaire: des outils alternatifs d'accès à la terre rapides et favorables à l'établissement en agriculturePascal Genest-Richard (Université Laval)
La hausse de la valeur des terres agricoles est un frein indéniable à l'établissement et la reprise d'entreprises agricoles. Sans entrer dans les causes de cette hausse, cette présentation veut mettre en lumière des outils existants pour maintenir l'accessibilité au foncier agricole dans un contexte de spéculation grandissante.
Et si la propriété par les agriculteurs n'était plus une nécessité. Si une entité externe pouvait posséder la terre et la rendre disponible à des conditions idéales à des agriculteurs. Outre la fiducie foncière, très efficace à terme, mais parfois onéreuse en temps et en capital de départ, d'autres outils alternatifs d'accès à la terre existent. Cette présentation porte sur trois types d'outils alternatifs : la foncière Terre de liens en France, l'organisation Agrarian Trust aux États-Unis et l'organisme à but non lucratif émetteur d'obligations communautaires au Québec.
L'objectif de la présentation est d'exposer la créativité inhérente à ce type d'initiatives et à les mettre en comparaison avec la propriété foncière simple. Je tenterai d'expliquer comment elles s'insèrent dans des initiatives similaires dans la même juridiction, en quoi elles sont efficaces en termes de vitesse d'établissement et d'accessibilité financière pour les entreprises agricoles.
Systèmes alimentaires autochtones et nordiques
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Communication orale
Adapter la transmission des connaissances nécessaires à l’anicinabe midjim : l’exemple de la communauté de Lac-SimonMonique A. PAPATIE (Communauté anicinabe de Lac-Simon), Laurence Hamel-Charest (UdeM - Université de Montréal)
L’anicinabe midjim (alimentation anicinabe) est ancrée dans le territoire. Elle nécessite des habiletés et des savoirs spécifiques, que ce soit pour le traitement des animaux, la cuisson, les techniques de conservation, la pêche sous la glace, la cueillette de ressources végétales, etc. Or, les jeunes générations fréquentent le territoire différemment de leurs ancêtres. Dans ce contexte, comment transmettre les connaissances alimentaires? Quels sont les défis? Cette communication propose un regard sur les initiatives mises en place par Lac-Simon, une communauté anicinabe située en Abitibi. Monique, une aînée, témoigne de son expérience, elle qui a été enseignante, puis directrice d’école et qui aujourd’hui se dévoue au partage de sa culture. Elle anime des ateliers culturels et des sorties sur le territoire pour les jeunes Anicinabek, mais aussi pour des groupes de jeunes allochtones. Ses enseignements sont notamment au coeur d’une pratique qui persiste : la transformation de l’ininâtigowâbô (eau d’érable) en sirop et en sucre à la manière anicinabe. Alors qu’elle effectuait un terrain doctoral à Lac-Simon, Laurence a assisté à plusieurs occasions d’apprentissage, que ce soit dans la communauté ou sur le territoire. Elle s’est ainsi familiarisée avec différentes initiatives de transmission. Ensemble, elles montrent en quoi la structure communautaire remplit aujourd’hui un rôle important dans la transmission des connaissances alimentaires et plus largement culturelles.
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Communication orale
Super fruit : la chicouté !Marie-Claire Gervais (Cégep de Baie-Comeau)
La chicouté, baie orange, présente dans tout le Nord canadien, est pleine de vitamine C, mais également de traditions! Elle est la clé de nombreux régimes alimentaires nordiques et comporte une valeur concurrentielle sur les marchés de niche (restauration, transformation). Un des plus gros enjeux pour ce fruit est sa dépendance à l'égard des écosystèmes délicats des tourbières nordiques. Bien que ce fruit soit crucial dans la vie traditionnelle de plusieurs collectivités nordiques du Canada, le grand public en sait très peu sur sa propagation et son potentiel de développement. La création d’ateliers d’échange sur les connaissances traditionnelles et les connaissances scientifiques a créé une fascination dans la population pour le potentiel de la chicouté. L'intégration des municipalités, des entreprises, des écoles et des OBNL a soutenu les avancements de recherche et permis le développement d'une production commerciale de plants de chicouté dans la région, la mise en valeur de sites naturels à haut rendement, une pépinière (micropropagation) dans la communauté de Gros-Mécatina et des essais agricoles pour un futur développement commercial. La mobilisation de la population locale autour des baies nordiques, chères à leur style de vie, a facilité un réel transfert, mêlant connaissances techniques et scientifiques aux savoirs traditionnels. En utilisant cette approche unique, le CEDFOB a déclenché un catalyseur pour le développement d’une nouvelle économie.
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Communication orale
Pirursiivik, “A place to grow things”: Building Collaborations Towards Greater Food SecurityMarion Macé (Société Makivik)
En octobre 2017, la Société Makivik et la Fondation One Drop ont établi un partenariat pour créer une initiative de 4 ans à Inukjuak (Nunavik, Québec) appelée Pirursiivik, « un endroit pour faire pousser les choses » en inuktitut.
En 2020, Pirursiivik s'est associé à l’OBNL Sirivik pour implanter un centre alimentaire communautaire avec une serre fonctionnelle toute l’année, une première au Nunavik. Ce projet conjoint vise à fournir un endroit pour cultiver, préparer et partager de la nourriture et du savoir, et ce faisant, lutter contre l'insécurité alimentaire et promouvoir de saines habitudes alimentaires. Cette infrastructure fait également partie d'un projet pilote visant à développer des stratégies innovantes et adaptées au climat nordique et aux impacts du changement climatique.
Au cours des trois dernières années, afin d’atteindre cet objectif et de renforcer l’engagement et les capacités locales, Pirursiivik a mis en place de multiples projets à plus petite échelle, notamment différentes formes de consultations populaires, la mise en place de sept couches froides, de deux tours hydroponiques communautaires et un conteneur hydroponique commercial ainsi qu’un projet de culture de chicouté et une formation régionale sur la production alimentaire locale.
Via ce projet, Pirursiivik et Sirivik ont la capacité de créer un précédent et démontrent un potentiel indéniable pour accroître la résilience et la souveraineté alimentaire à Inukjuak et plus largement.
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Communication orale
Un plan d’agriculture urbaine en communauté atikamekwÉmilie Parent (Cégep de Victoriaville)
Les Atikamekw d’Opitciwan sont très préoccupés par l’insécurité alimentaire dans leur communauté. Ils travaillent donc à poser les bases d’une agriculture pérenne dans leur communauté. Pour y arriver, ils ont fait appel à l’expertise du CISA pour réaliser un Plan d’agriculture urbaine (PAU). Les activités du projet ont été réalisées à Opitciwan de 2018 à 2019. Les données ont été collectées dans la communauté durant trois séjours distincts par l’équipe de recherche. Grâce à ces données, le CISA a ensuite pu élaborer un diagnostic, puis un plan d’action pour les activités en agriculture urbaine à Opitciwan. Le PAU comprend les étapes suivantes : production, transformation, distribution, consommation et gestion des matières résiduelles. Le plan d’agriculture urbaine (PAU) s’est attardé davantage à l’aspect production. Il a permis de déterminer les actions nécessaires à poser pour développer l’agriculture à Opitciwan. À la lumière des travaux, des initiatives et des discussions ayant eu lieu autour de la réalisation du PAU, nous pouvons en conclure que la communauté souhaite mettre en place un système alimentaire territorialisé (SAT). Le SAT est un système alimentaire dont les composantes sont localement ancrées dans un espace géographique défini et forment un ensemble cohérent. La vision de la communauté est de retrouver une grande partie de son autonomie alimentaire dans les prochaines années.
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Communication orale
Approche agriculturelle de la souveraineté alimentaire : émergence du jardinage et de l’agriculture chez les AtikamekwAugustine Charbonneau (Cégep de Victoriaville), Sophie Legault (Cégep de Victoriaville)
Le niveau d’insécurité alimentaire dans les trois communautés atikamekw du Québec (Opitciwan, Wemotaci, Manawan) est alarmant : 34 % des adultes et 39 % des enfants souffrent de la faim ou n’ont pas accès à des aliments sains (CSSSPNQL, 2013; 2008). Les Atikamekw d’Opitciwan sont très préoccupés par cette situation et travaillent à poser les bases d’une agriculture pérenne dans leur communauté. Pour y arriver, ils ont fait appel aux expertises du CISA, qui a obtenu une subvention du CRSH pour le projet Approche agriculturelle de la souveraineté alimentaire chez les Autochtones. L’objectif général du projet était de développer un modèle de souveraineté alimentaire reposant sur les traits culturels des Atikamekw. La stratégie consistait à mobiliser la communauté dans une démarche participative en agissant sur sa capacité à produire localement des aliments frais. Notre hypothèse était que l’accroissement des capacités agricoles d’Opitciwan devait découler d’un processus participatif de cocréation favorisant et exprimant concrètement les composantes de la culture atikamekw. Sept modèles de production agroalimentaire ont été expérimentés sur la base d’une approche participative impliquant les membres de la communauté. Dans cette présentation, nous présenterons à la fois le volet action (les différents projets de jardins) ainsi que le volet recherche (les résultats obtenus par les entrevues et l’observation participante).