Un peu plus de trois ans après le dépôt du rapport de la Commission de vérité et réconciliation (2015), des initiatives pédagogiques et institutionnelles ayant des visées réconciliatrices sont développées un peu partout au pays. Au sein de la société québécoise, les mouvements d’affirmation et d’autonomisation des Premières Nations et des Inuits génèrent aussi des prises de conscience et des solidarités nouvelles. Le réseau collégial, comme tout acteur de l’enseignement supérieur, est appelé à se situer par rapport aux enjeux et défis complexes que pose la transformation des relations entre peuples colonisateurs et peuples colonisés.
Enracinée dans la recherche actuelle et dans les réalités propres à l’environnement éducatif collégial, cette démarche de décolonisation repose aussi, parfois, sur des initiatives pertinentes mais isolées, ou sur des approches plus ou moins concertées, notamment avec les milieux autochtones, ou entre milieux anglophones et francophones. Comment s’accompagner mutuellement dans une reconfiguration interculturellement pertinente des écosystèmes éducatifs? Comment éviter d’instrumentaliser contenus et réalités autochtones (ou ethniques) et prévenir les risques d’une « colonisation de substitution » (Pierre Beaucage)? En d’autres mots, comment concilier les espaces éthiques, pédagogiques et épistémologiques dans l’enseignement supérieur?
En prenant appui sur une approche interculturelle de la décolonisation, ce colloque aborde certains des enjeux associés à la réconciliation, mais dans le contexte spécifique de la relation pédagogique et dans une perspective de développement et d’accompagnement professionnels au sein du réseau collégial. Il vise à questionner les rapports aux langues, aux identités, aux territoires, mais aussi les rapports de pouvoir et de privilèges, les rapports intercultures et internations. Considérant que nos environnements éducatifs sont de plus en plus culturellement diversifiés, cette démarche nous semble porteuse d’innovations pédagogiques.
Ce colloque s’inscrit en continuité des actions de plusieurs instances existantes en éducation et en recherche qui reposent sur des principes de justice sociale et qui visent également à soutenir la réciprocité des relations entre enseignement, recherche et communautés. Il sera l’occasion de réunir des perspectives francophones, anglophones et autochtones dans le but de développer une approche critique de la réconciliation. Il présentera certaines avancées ainsi que les enjeux et défis propres à une approche interculturelle de la décolonisation pédagogique. En pratiquant le Nkweshkgdaadiwin, « l’art de se rassembler », nous nous demanderons comment « bien faire ensemble » la décolonisation de l’environnement éducatif collégial. À terme, les retombées envisagées sont d’accroître la pertinence de la recherche et de l’enseignement du point de vue de l’ensemble des acteurs de façon à répondre à des enjeux sociaux et (inter)culturels communs.
Remerciements
Gratitude envers tous les intervenant.es qui soutiennent la réalisation de cet événement, ainsi que: ACFAS, Collège de Maisonneuve, Cégep de l'Outaouais, Fondation du Cégep de l'Outaouais, Carrefour des langues, de l'international, de l'interculturel et des relations avec la collectivité, Éducation 3e âge, Centre collégial de développement de matériel didactique, Centre Figura UQAM, FRQSC.