Les nombreuses réformes opérées dans le réseau de la santé et des services sociaux depuis les 20 dernières années se sont réalisées dans le sillon de la nouvelle gestion publique (NGP). Ces réformes ont contribué à transformer la pratique d’intervention sociale individuelle, de groupe et collective dans les secteurs institutionnels et communautaires. Plus récemment, le projet de loi no 10, communément appelé la réforme Barrette, marque une transformation majeure du réseau public par la création d’un nombre réduit de mégaétablissements centralisés, visant à favoriser l’accès aux soins tout en réduisant les coûts du système. Des mégaétablissements ont été créés en fusionnant les établissements d’un territoire donné en un centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS), certains avec un statut universitaire (CIUSSS). La majorité des services du réseau a été regroupée dans divers secteurs : CLSC, CJ, CR, CH, CHSLD, GMF. Dans le contexte de cette fusion – forcée –, les intervenants sociaux font face à des changements importants : réorganisation des programmes et des services, nouvelles équipes de travail et nouveaux collaborateurs, déplacement dans des territoires immenses, changements de poste, surcharge de travail, détresse, etc. Quatre ans après l’entrée en vigueur du projet de loi no 10, plusieurs questions et enjeux soulevés par la pratique méritent d’être posés : comment se sont opérés les changements au sein des établissements? Quels ont été les facteurs facilitant ou compliquant les transferts de personnel – du CLSC au GMF, d’une équipe à une autre? Comment se déroule la pratique, notamment en GMF et en protection de la jeunesse? Quelles sont les retombées pour les services à la population, notamment les plus vulnérables? Quels sont les nouveaux enjeux pour les intervenants sociaux et pour les cadres? Plusieurs autres questions sont susceptibles d’émerger de ce contexte en pleine transformation appelant à une adaptation et à une réorganisation inachevées.
Le mercredi 29 mai 2019