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Informations générales

Événement : 87e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Au Québec, les études de généricité (gender studies) en littérature française se sont beaucoup développées et transformées depuis leur émergence dans les années 1980. En effet, on assiste à des changements de paradigme importants sur le plan théorique; les problématiques liées à la construction de la féminité et de la masculinité ne sont plus désormais pensées en termes d’oppositions binaires (féminin-masculin), mais sont envisagées selon un spectre analogique de degrés plus ou moins prononcés au regard d’un pôle ou de l’autre. Les travaux menés au cours des dernières décennies ont donc soulevé de nouveaux enjeux relatifs aux prises de parole des femmes, notamment sous l’Ancien Régime. Par exemple, les phénomènes de ventriloquie textuelle où des hommes font parler des femmes et où des femmes font parler des hommes suscitent des interrogations quant à la notion d’écriture féminine ou de parole féminine et mettent en cause le caractère essentialiste de ces notions. Or, le professeur Jean-Philippe Beaulieu, de l’Université de Montréal, a été l’un des premiers chercheurs francophones à avoir au Québec formulé ces nouvelles questions et exploré des corpus jusque-là négligés. Non seulement il a choisi de travailler sur les écrits inédits d’une femme du XVIe siècle, Hélisenne de Crenne, ce qui à la fin des années 1980 était un geste novateur pour l’époque, mais il a aussi coorganisé en 1992 le premier colloque international exclusivement consacré aux femmes écrivains de l’Ancien Régime. Cette première rencontre savante a été suivie de plusieurs autres. Tout au long de sa carrière, J.-P. Beaulieu a privilégié des sujets à l’avant-garde de la recherche dans le domaine des écrits de femmes et il est maintenant reconnu sur la scène internationale comme LE spécialiste des écrits d’Hélisenne de Crenne. Nous souhaitons profiter de son départ à la retraite pour faire le point sur les études dont il a été un précurseur et qui empruntent aujourd’hui des avenues diversifiées.

Remerciements :

Nous tenons à remercier le programme «Savoir» du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada ainsi que la Chaire de recherche James McGill en études de la Renaissance de l’Université McGill, dont le support financier a permis la réalisation de ces journées d’étude.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Voix féminines

Salle : 2.041 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    Accueil des participants et mot de bienvenue
    Diane Desrosiers (Université McGill)
  • Communication orale
    « Humilité et pauvreté de la conscience réflexive dans deux dialogues de Catherine des Roches »
    François Paré (University of Waterloo)

    Nous étudierons deux dialogues de Catherine des Roches, tirés des Œuvres de 1579 : le « Dialogue de vieillesse et jeunesse » et le « Dialogue de la pauvreté et la faim ». Si, chez les écrivains de la Renaissance, le mode dialogique cherche à refléter « la fragmentation courante de l’autorité sans pour autant manifester la subjectivité des auteurs » (Kushner, 2004 ; Godard, 2001), cette mise en tension du discours permet toutefois aux femmes de lettres de la deuxième moitié du XVIe siècle de problématiser les acquis de la pensée philosophique et les conceptions sociales à la base de la discrimination et de l’inégalité. Ainsi, Catherine des Roches penchera plutôt vers un dialogisme purement verbal, apte à faire émerger du régime incertain de l’opinion les conditions d’une « vraye sapience ». Une première partie de notre intervention sera consacrée à la critique de l’inégalité sociale et de l’exclusion en tant que fondements, dans les textes à l’étude, du droit du sujet marginalisé à la parole et à l’action. L’esthétique dialogique y apparaîtra comme la rencontre de forces convergentes au carrefour d’une pensée en constante évolution. Ensuite, il s’agira de voir que le dialogue est aussi écart et qu’il contribue à produire de subtils effets de différenciation. Au sortir de l’exercice dialogique, la défaillance conventionnelle du sujet féminin, son « humilité », garantira dès lors son accès paradoxal à la théorisation et à l’élucidation des diverses facettes de l’hégémonie.

  • Communication orale
    « Hélisenne accuse : médisance et prise de parole au féminin »
    Mawy Bouchard (Université d’Ottawa)

    Dans l’ensemble de l’œuvre d’Hélisenne de Crenne et, au-delà, dans celle de Marie de Gournay, le « vice de detraction » et l’allégation de « plusieurs raisons aptes à confondre le dire » de ceux qui ne « se peu[ven]t garder d’increper en general la condition muliebre » sont indissociables non seulement d’une posture de victime de paroles malicieuses motivées par un désir de domination, mais surtout d’une image de soi en lien avec l’honneur féminin. En parcourant des passages clés des Angoysses douloureuses, des Epistres familieres et invectives et du Songe, je m’intéresserai à la dimension rhétorique de l’accusation de médisance, plus particulièrement aux caractéristiques qui se rattachent à l’ethos d’Hélisenne et qui affectent l’une des trois qualités essentielles de son autorité. On verra que la sincérité (arété), la sympathie (eunoia) et le bon sens (phroenesis) sont en effet des qualités que l’accusation de médisance permet de développer d’une manière habile et efficace, qui vise à construire un ethos d’autrice empreint à la fois de vulnérabilité et de probité.

  • Communication orale
    « Quand Marie répond à la reine Marguerite et comment l'Epistre et le Miroir seront imprimés »
    William Kemp (Université McGill)

    Marie Dentière (ou d’Ennetières) et Marguerite de Navarre se connaissaient. D’après les notes manuscrites de son deuxième mari, Antoine Froment, Marguerite « lui [Marie] az fayct plus[i]eurs biens ». Marguerite était la marraine d’une des filles de Marie (Kemp et Desrosiers-Bonin, 1998).

    Sœur Marie s’est enfuie de son couvent vers 1525, peut-être en compagnie de son premier mari, frère Simon Robert. La reine de Navarre, sœur du roi de France François Ier, a participé à l’évangélisme français des années 1520 et 1530. Marguerite a pu les aider pendant leur séjour à Strasbourg (1526-1528) ou lors de leur établissement à Bex.

    Marguerite a publié son Miroir de l’ame pecheresse à Alençon en 1531, titre qui sera réimprimé plusieurs fois pendant la décennie, malgré la menace de censure de la Faculté de théologie de Paris.

    Marie a participé à de nombreuses étapes de la Réforme à Tournai, à Strasbourg puis à Bex et dans les environs de Genève. Il est donc dans l’ordre des choses que Marguerite demande à sa « commère » des informations sur l’expulsion de Genève des réformateurs Farel, Calvin et Couraud, et Marie de répondre dans l’Epistre.

    Je reviendrai sur la chronologie entourant cette question, qui explique à la fois la composition de l’Epistre de Marie et de la réédition concomitante du Miroir de Marguerite dans les premiers mois de 1539. J’examinerai aussi comment ces deux impressions jumelées ont été réalisées en m’arrêtant finalement sur la typographie des deux pages de titre.


Communications orales

Paroles adressées

Salle : 2.041 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    « Héroïsme chrétien et éloquence féminine : Jeanne d’Arc au théâtre (XVe-XVIe siècle) »
    Louise Frappier (Université d’Ottawa)

    Le personnage historique de Jeanne d’Arc apparaît très tôt sur les planches, en France, et ce, peu de temps après le décès de la jeune femme sur le bûcher, en 1431. Le Mystère du Siège d’Orléans, dont il existe un unique manuscrit datant probablement du début du XVIe siècle, est en effet une version remaniée et augmentée d’un texte original qui fut sans doute créé avant 1439. Deux tragédies relatant les derniers moments de Jeanne d’Arc sont également publiées à la toute fin du XVIe siècle : il s’agit de l’Histoire tragique de la Pucelle d’Orléans du père Fronton du Duc, représentée à Pont-à-Mousson en 1580 et publiée l’année suivante par Jean Barnet, et de la Tragédie de Jeanne D’Arques, dite la Pucelle d’Orleans de Jean de Virey, laquelle fut publiée à Rouen en 1600. Dans cette communication, je me propose d’analyser, dans ces trois textes théâtraux, la construction de l’ethos discursif de ce personnage historique qui cristallise à merveille les tensions entre héroïsme guerrier, éloquence et féminité. Je m’attarderai tout particulièrement sur le poids des spécificités formelles des « genres » du mystère et de la tragédie de tradition humaniste dans la construction d’un éthos de femme de condition modeste chargée d’une mission politico-guerrière d’envergure nationale.

  • Communication orale
    « "Mais à qui parle-je ?" : la question du public chez Étienne du Tronchet »
    Luc Vaillancourt (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Secrétaire auprès de Catherine de Médicis, Étienne du Tronchet offre au public en 1572 un formulaire intitulé « Finances et thresor de la plume françoise » où, s’adressant à « Messieurs les Secrétaires de France », il soumet à leur appréciation sa propre classification du genre, mieux adaptée selon lui à la pratique contemporaine; effort louable de normalisation, certes, cependant l’ouvrage étant a priori destiné aux secrétaires, on peut trouver à s’étonner de ne relever dans la section formulaire aucune lettre officielle. Du Tronchet semble d’ailleurs reconnaître cette incongruité lorsqu’il écrit à la toute fin de sa préface : « Mais à qui parle-je? Je suis bien encores plus fol de me rompre la teste pour cuyder faire profit à tel qui se mocquera de moy ». De fait, cet ouvrage au titre singulier de « Finances et thresor de la plume françoise » est moins un art ou un formulaire épistolaire qu’une démonstration d’éloquence et un bréviaire de la vie en société, où la lettre devient la monnaie d’échange d’un commerce à prétention égalitaire, nous invitant à interpréter le substantif pluriel « Finances » dans le sens de « moyens de procurer ou de se procurer quelque chose ». Car ce que Du Tronchet entreprend d’exposer, ce sont justement les principes d’une économie relationnelle, où la parole empreinte de sollicitude, de naturel et de courtoisie est propre à resserrer les liens au sein d’une communauté délimitée non plus par les rangs, mais par son adhésion aux mêmes valeurs.

  • Communication orale
    « Comment persuader Descartes ? La rhétorique épistolaire de la princesse Élisabeth de Bohème »
    Jane Couchman (York University)

    La correspondance de la princesse Élisabeth de Bohème avec Descartes est souvent analysée, soit dans le contexte de la philosophie de Descartes, soit, plus récemment, dans le contexte de la philosophie d’Élisabeth. Élisabeth interroge dans ses lettres le cogito purement intellectuel, en mettant l’emphase également sur le corps et les émotions. Descartes répond respectueusement à ses arguments, qui lui inspirent ensuite son Traité des passions. Comment Élisabeth arrive-t-elle à évoquer un dialogue sérieux chez ce philosophe d’humeur difficile face à la critique? C’est par sa maîtrise remarquable de la rhétorique épistolaire, qui permet au philosophe de répondre à ses objections sans se sentir visé, sans trop se défendre. Et où aurait-elle appris comment s’engager dans une telle correspondance? D’une part de sa mère, reine (pendant un hiver) de Bohème; mais surtout dans la famille de sa grand’mère paternelle, Louise-Julienne de Nassau, qui l’a élevée pendant sa jeunesse. Électrice Palatine, fille de Guillaume d’Orange, elle avait été élevée par Louise de Coligny. C’est en plaçant Élisabeth de Bohème et sa correspondance dans le contexte de ce réseau remarquable de femmes épistolières de la famille Orange-Nassau que nous pouvons apprécier la finesse de sa rhétorique. C’est aussi grâce à ces femmes fortes qu’Élisabeth aurait compris que les idées qu’elle épouse à propos de l’harmonie du corps, des passions, de la raison et de la vertu méritent d’être évoquées avec confiance.


Dîner

Repas

Salle : 2.408 — Bâtiment : Cégep G.-Roy

Communications orales

Formes courtes

Salle : 2.041 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    « Sibylle au miroir de Plutarque : la parole oraculaire dans les parallèles de Pierre de Sainct-Julien »
    Christian Veilleux (University of Toronto)

    À l’occasion de l’hommage au Professeur Jean-Philippe Beaulieu, je me propose de conjuguer ses intérêts de recherche pour les effets de dispositio et pour la parole sibylline. Il s’agira d’analyser la façon dont les propos de « double intelligence » sont thématisés dans un recueil où la dualité est un principe structurant. L’œuvre en question – les Gemelles ou pareilles (1584) de l’historien bourguignon Pierre de Sainct-Julien – est rédigée sur le modèle des Vies parallèles de Plutarque. Toutefois, alors que ce dernier dispose côte à côte des hommes illustres dans une perspective comparative et édifiante, Sainct-Julien met en regard des cas de mystification dans une optique qui laisse perplexe. L’auteur compare les « livres de la Sibylle » aux « prophéties de Merlin » (t. II, parallèle LX) de la même façon qu’il rapproche un « imposteur d’Agrippa » et un « faux Neron » (t. 1, parallèle XIX) ou encore, de façon plus énigmatique, « une plante qui produit un aigneau » et « un arbre qui produit des oysons de mer » (t. I, parallèle V). Bien que le recueil soit présenté comme « un petit amas d’histoires doubles et accouplées » et qu’on y ait vu un florilège « sans plan apparent », son organisation donne d’importants indices sur la teneur de ces rapprochements. Leur sérialisation oppose clairement les ressemblances artificieuses et celles qui procèdent de l’harmonie divine. Les unes comme les autres mettent l’entendement humain en déroute.

  • Communication orale
    « La mise en scène de Catherine de Médicis dans quelques nouvelles françaises du XVIIe siècle »
    Roxanne Roy (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Prenant appui sur Christina Zonza, selon lequel : « L'intérêt pour le rôle des “femmes fortes” dans l'histoire explique que Catherine de Médicis soit, à de multiples reprises, un personnage, certes secondaire, mais très présent, dans certaines de nos nouvelles », je souhaite m'attarder sur la mise en scène de ce personnage. Je me propose d'étudier les paroles proférées par Catherine de Médicis, l'éloquence de son corps et les discours directs ou indirects mis en scène dans les nouvelles afin de voir comment elles construisent l'image d'une reine-mère toute-puissante mais également celle d'une femme vindicative, ambitieuse et calculatrice. Trois nouvelles parues en 1675 retiendront particulièrement mon attention en raison de l'infléchissement que les écrivains donnent à ce personnage historique, soit Le Prince de Condé de Boursault, Les désordres de l'amour de Mme de Villedieu, et Marie Stuart, reyne d'Ecosse de Boisguilbert. Si leur représentation insistent souvent sur la reine dissimulatrice et sur la mère manipulatrice ou possessive, les nouvellistes nous offrent aussi avec ce personnage une représentation du pouvoir féminin. Sous leur plume, Catherine de Médicis est une femme de pouvoir et d'influence qui se distingue par sa ruse et son intelligence, aussi bien qu'une femme sans scrupules qui complote pour se maintenir au pouvoir. Nous verrons ainsi que la duplicité du personnage est associée aux différents visages de cette femme forte, à la fois Reine, Régente et Mère.


Communications orales

En musique

Salle : 2.041 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    « Chanson et poésie à la Renaissance : le brouillage des codes »
    Micheline Cambron (UdeM - Université de Montréal)

    Il est bien connu que la poésie de la Renaissance a donné lieu à de fort belles mises en musique polyphoniques. Mais les recueils de « voix de ville » proposent aussi des chansons, parfois sur les mêmes poèmes, qui favorisent la diffusion large d'une poésie généralement considérée comme savante. À partir d'un échantillon, centré sur les mises en musique du poème « Mignonne, allons voir si la rose », j'examinerai brièvement l'impact de la double circulation, savante et populaire, en m'appuyant sur les réflexions menées par Paul Zumthor sur l'importance de la voix. Mon texte se veut une réflexion sur la mémoire des formes que favorisent diversement poésie et chanson à la Renaissance.

  • Communication orale
    « Sur l’harmonie en traduction : réceptions croisées du Compendium Musicae de Descartes »
    Marie-Alice Belle (UdeM - Université de Montréal)

    Première œuvre de Descartes composée en 1618, le court traité Compendium Musicae paraît à titre posthume en 1650 à Utrecht. Dès 1653, une traduction anglaise par le naturaliste Walter Charleton en voit le jour, publiée avec notes et commentaires par le très influent éditeur Humphrey Moseley. Il faut en revanche attendre 1668 pour qu’en paraisse une version française ouvertement remaniée et commentée par le père oratorien Nicolas-Joseph Poisson. Alors que la critique récente a mis en valeur la richesse de la réception du traité de Descartes auprès de la communauté scientifique anglaise, on en sait moins sur l’œuvre de Poisson et son influence auprès du lectorat français. Il s’agira ici de retracer le contexte de parution de ces deux traductions, et d’esquisser une étude comparative des lectures qu’elles proposent du traité. On verra en particulier comment le double ancrage de la conception cartésienne de l’harmonie, qui combine un modèle mathématique avec une réflexion sur les passions de l’âme, trouve des échos distincts de part et d’autre de la Manche, où la musique joue un rôle bien particulier dans les équilibres et déséquilibres du corps politique.

  • Communication orale
    « Musique et tragicomédie françaises à la cour anglaise : traduction et mécénat sous Henriette Marie (1629-1640) »
    Marie-France Guénette (UdeM - Université de Montréal)

    Les intérêts artistiques de la reine catholique Henriette Marie, femme du roi protestant Charles Ier d'Angleterre, ont été façonnés par son éducation à la cour française de ses parents Henri IV et Marie de Médicis. Nous avons isolé deux textes imprimés qui nous renseignent sur l'influence des goûts de la reine française sur la culture de cour anglaise : French court-aires, with their ditties Englished, traduit par Edward Filmer (1629), et la traduction du Cid par Joseph Rutter (1637 et 1640). Pour « préserver » les airs de cour, Filmer sollicite le mécénat et la protection de la reine et semble inclure une métaphore filée dans laquelle les airs de cour sont associés aux ressortissants français vivant en Angleterre. Le paratexte anglais du Cid (1637) nous apprend que Rutter a traduit la pièce de théâtre à la demande d'Edward Sackville, chambellan de la reine. Étant lui-même le tuteur des enfants de Sackville, Rutter en profite pour inclure des passages supposément traduits par le fils du chambellan. Rutter traduira la deuxième partie du Cid (1640) à la demande du roi Charles Ier. En nous appuyant sur les stratégies d'analyse du « virage culturel » en traductologie (Bassnett, Lefevere), nous présenterons le contexte de production , ainsi que l'analyse paratextuelle comparative des œuvres traduites et de leurs originaux afin de dresser un portrait du rôle de la reine dans la traduction et la mise en scène de spectacles à la cour anglaise.

Communications orales

Figures de l’autre

Salle : 2.041 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    « Entre lupanar et bûcher : jouer les pères dans les vies médiévales de sainte Agnès »
    Gabriele Giannini (UdeM - Université de Montréal)

    Agnès constitue l’un des modèles les plus anciens et percutants de la vierge qui, au nom de son mariage spirituel avec le Christ, refuse fermement toute autre union et en subit le châtiment humain, le martyre. Transformée assez tôt en championne vénérée de la virginité consacrée, Agnès reçut au début du VIe siècle une passion latine vigoureuse et attachante, la Passio Agnetis (BHL 156), qui popularisa sa légende en Occident et y fit autorité tout au long du Moyen Âge, en vertu notamment de l'écrin romanesque, teinté d’érotisme littéraire, dans lequel l'hagiographe romain serra l'héroïsme insouciant d'Agnès.
    En suivant le parcours médiéval de ce récit (et de la légende associée) jusqu'à la récriture radicale qu'en offrit Jacques de Voragine dans la seconde moitié du XIIIe siècle, on s'aperçoit que la personnalité, le rôle et les gestes d'Agnès demeurent stables, aussi bien dans la tradition latine de la passion que dans les écrits vernaculaires des XIIe-XIIIe siècles dépendant de BHL 156. Ce qui change, et de façon spectaculaire dans certains récits hagiographiques en langue d'oïl, c'est l'attention portée aux pères qui peuplent la scène du martyre : le père d'Agnès, certes, mais aussi le préfet, qui est le père du prétendant lubrique de la jeune fille, jusqu'à Constantin le Grand. Cela nous permettra d'interroger le tournant pris au Moyen Âge central par la réflexion autour de la paternité.

  • Communication orale
    « Une réalité qui se dérobe ; l’expérience des altérités »
    Guy Poirier (University of Waterloo)

    Jean-Philippe Beaulieu a écrit deux articles, au début de sa carrière, sur les relations de voyage de Cartier et de Champlain. Ses articles ont cependant eu une fortune outre-Atlantique, puisqu’ils ont été cités par Marie-Christine Gomez-Géraud dans son livre Écrire le voyage au XVIe siècle en France (Paris, PUF, 2000). J’analyserai donc, dans cette communication, la façon dont Jean-Philippe Beaulieu a décrit les procédés rhétoriques par lesquels les premiers explorateurs ont décrit et/ou imaginé la nouveauté qu’ils découvraient. Dans l’un de ces deux articles (« La description de la nouveauté dans les récits de voyage de Cartier et de Rabelais »), Jean-Philippe Beaulieu utilise le Quart Livre, de Rabelais, comme point d’ancrage au récit descriptif. Je suivrai le même raisonnement, mais je ferai aussi référence aux représentations graphiques de l’altérité historique développées par Jean-Philippe Beaulieu à propos de la bande dessinée.


Communications orales

Regards rétrospectifs

Salle : 2.041 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    « "Tous les malheurs que sa beauté lui avaient causé" : le regard masculin sur "l'histoire secrète" »
    Claire Carlin (University of Victoria)

    À partir de 1660, la nouvelle prend son essor, souvent en privilégiant un cadre historique précis. Depuis les années 1990, la critique insiste sur la contribution de la fiction à l’historiographie de la première modernité : la nouvelle apporte une perspective originale au travail historien. Celles qui ont pour décor la période moderne mettent en lumière le rôle de « l’histoire secrète » selon la formule de la romancière Catherine Bernard ; là se dévoile le rôle des relations intimes dans les grands remous de l’histoire européenne.

    L’influence des romancières dans le développement de la fiction et en particulier de la nouvelle n’est plus à démontrer. En effet, les « stratégies des romancières » évoquées dans le titre de l’ouvrage de Nathalie Grande ont été étudiées en profondeur. Il sera plutôt question ici des stratégies narratives de leurs concurrents masculins, très précisément dans les nouvelles situées dans un décor historique récent (à partir du XVe siècle). Confronter la fiction historique des seuls auteurs à avoir expérimenté avec ce genre entre 1660 et 1700 (Boursault, Saint Réal et Préchac) aux ouvrages des écrivaines (e.g. Scudéry, Villedieu, Lafayette, La Roche-Guilhen, Salvan de Saliez, Bernard, Caumont de la Force) nous permettra d’élucider les différences genrées dans l’écriture de la nouvelle à sujet historique. Cette étude touchera donc à deux sujets chers à Jean-Philippe Beaulieu, la réécriture de l’histoire et la contribution des femmes à la littérature.

  • Communication orale
    « Le XVIe siècle de Mme d'Arconville, moraliste : entre Montaigne et Charron »
    Marie Laure Girou Swiderski (Université d’Ottawa)

    Tout en professant la plus vive admiration pour ses Messieurs de Port-Royal et l'état de perfection auquel ils ont contribué à porter la langue française, Mme d'Arconville n'en est pas moins sensible à la vigueur du français du XVIe siècle, telle qu'on la retrouve, entre autres, chez deux des grands moralistes de ce siècle : Montaigne et Charron. En tant que moraliste, surtout, elle aime évoquer les formules percutantes du second qu'elle préfère sans pourtant ignorer toute l'originalité et la subtilité de la pensée du premier, avec lequel elle semble pourtant avoir moins d'affinités.
    J'aimerais donc, pour l'occasion, essayer de cerner plus précisément le poids que chacun des deux a pu avoir sur l'inspiration et les principes de Mme d'Arconville, tels qu'on les retrouve dans ses premiers traités de morale mais aussi les traces qui subsistent encore dans sa dernière œuvre, les Pensées, réflexions et anecdotes écrites entre 1801 et 1805, juste à la fin de sa vie.


Dîner

Repas

Salle : 2.408 — Bâtiment : Cégep G.-Roy

Communications orales

Textes et images

Salle : 2.041 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    « Blason du Miroir (ou miroir du blason ?) »
    Nancy Frelick (UBC - University of British Columbia)

    Selon Bérénice Le Marchand, le blason anatomique, issu de l’héraldique et du dit médiéval, mais mis en vogue par Clément Marot à la Renaissance, présenterait une vision fragmentée du corps féminin, analysé à la loupe ou par le biais des petits miroirs convexes disponibles au seizième siècle, qui ne pouvaient offrir qu’une vue partielle du corps. Selon une optique plotinienne, ce morcellement, ce « style mosaïque », contribuerait non seulement à divers effets spéculaires mais aussi, paradoxalement, à l’unité et à l’harmonie de la représentation.

    Le blason, influencé par l’hiéroglyphe, s’apparente aussi au genre de l’emblème, qui fait son apparence vers le même moment et qui lie texte et image. Les gravures qui se trouvent dans certaines éditions des blasons semblent renforcer cette parenté, ainsi que les aspects visuels du genre. Toutefois, il est intéressant de noter que même si certains blasonneurs soulignent la dimension visuelle à travers leurs descriptions, d’autres s’intéressent plutôt à des objets partiels (la voix, le soupir) ou à des qualités abstraites (l’honneur, la grâce), qui ne peuvent être captés dans un miroir ou un portrait.

    Dans cette communication, nous nous pencherons sur les problèmes de définition du genre ainsi que sur le rôle du miroir dans les blasons. Nous examinerons tout particulièrement les blasons qui louent le miroir – et son analogue, le portrait – pour explorer la rivalité entre la poésie et les arts visuels dans ce genre épidictique.

  • Communication orale
    « Que signifie dire "je" lorsqu’on est deux ? Le cas du couple créateur modern(ist)e »
    Andrea Oberhuber (UdeM - Université de Montréal)

    Dans Nous est un autre (2006), Michel Lafon et Benoît Peeters affirment que dans l’histoire de la littérature, le « génie ne se décline qu’au singulier ». Il est vrai que malgré un petit nombre de contre-exemples, l’idéal de l’artiste comme créateur solitaire inventé à la première modernité n’a été guère remis en question ni vraiment bousculé jusqu’à l’émergence des avant-gardes dadaïstes et surréalistes. Le cas de figure de l’auteure-photographe Claude Cahun et de l’artiste visuelle Marcel Moore est emblématique d’une démarche collaborative qui, entre les années 1910 et l’après-guerre, aboutit à la création d’une œuvre en partage.

    Les signes, les déclarations et les indices sont nombreux qui nous permettent de postuler que l’œuvre de Cahun est intimement liée au concours de Moore, sa « fausse jumelle », et ce tant pour ce qui est du volet photographique que pour leur brève expérience au théâtre, une bonne partie des écrits littéraires, les tracts et les pamphlets durant la Résistance à Jersey. Je me propose d’illustrer l’idée que l’œuvre de Cahun-Moore est à penser en termes de partage et de complémentarité, que l’inventivité littéraire de l’une est le moteur de la créativité visuelle de l’autre, et vice versa. Que signifie concrètement, dans la première moitié du XXe siècle, l’éthique d’une démarche collaborative ?

  • Communication orale
    « Écritures féminines hors cadres : deux récits graphiques de l’exil (Marjane Satrapi et Zeina Abirached) »
    Hélène Cazes (University of Victoria)

    Avec la série de récits graphiques Persepolis (2000-2003), Marjane Satrapi a changé le paysage éditorial français de la bande dessinée : femme, iranienne, elle proposait quatre chapitres autobiographiques en noir et blanc qui tranchaient par leur genre, leur langage graphique et leur sujet avec les traditions de la bande dessinée. Entre 2006 et 2011, l’artiste libanaise Zeina Abirached publie elle aussi des chapitres autobiographiques, ici encore hors des genres et styles passés en tradition.

    L’analyse des procédés et effets de ces récits graphiques met en avant des spécificités poétiques, rhétoriques et génériques—l’espace hors cadre et hors cases, l’usage de lignes courbes, les répétitions de motifs graphiques— de ces deux autobiographies féminines : Satrapi et Abirached inventent-elles un « système » graphique pour dire le féminin dans la bande dessinée ? Les références et traits orientaux du dessin tiennent-ils un discours politique sur la décolonisation et l’exil ? Refus des formes imposées, l’écriture hors des cases permet-elle de déplacer les frontières et d’échapper aux oppressions ?

    Afin de ne pas projeter sur ces écritures nos propres interrogations sur la parole féminine ou nos représentations héritées de l’ère coloniale sur l’Orient, nous proposerons une lecture serrée des pactes de lecture et du langage graphique de ces deux autobiographies, afin de définir en précision les enjeux génériques de leur poétique narrative.

  • Communication orale
    Mot de clôture
    Renée-Claude Breitenstein (Brock University)