Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :Dans un récent article, la sociologue Monique Hirschhorn (2016, p. 288) revient sur la constitution, devenue malaisée, d’une sociologie de la société française, cet « objet encombrant, difficile à saisir et [actuellement] peu valorisé ». Au Québec, Fernand Dumont (1962, p. 278) fut l’un des premiers dans les années 1960 à constituer le Québec comme société globale à partir de « mécanismes par lesquels [elle] a tâché de se donner une représentation d’ensemble ». Dans la foulée, des exercices de synthèse ont aussi été réalisés sur le Canada français et le Québec depuis le collectif Essais sur le Québec contemporain (1953) dirigé par Jean-Charles Falardeau jusqu’à la publication en 1984 de Continuité et rupture. Les sciences sociales, dirigée notamment par Georges-Henri Lévesque, Guy Rocher et Jacques Henripin. Chaque fois, la mise en objet du « Québec » ou de la « société québécoise » soulève divers problèmes; encore aujourd’hui, ses contours ne vont pas de soi. En outre, plus récemment, c’est la pertinence, la visibilité ou la légitimité même de l’objet Québec qui semble mise en cause dans certains secteurs des sciences sociales.
L’objectif de ce colloque n’est pas de ressusciter les exercices de synthèse d’autrefois. Il s’agit plutôt, à titre d’historien et de sociologue, de délimiter un espace de dialogue sur cet objet fortement polysémique, face auquel les chercheurs et chercheures en sciences sociales n’emploient pas un langage commun, et ne l’ont sans doute jamais fait. L’objectif du colloque est donc de se questionner sur la construction de l’objet Québec dans les différentes sciences sociales. Que faut-il entendre par l’objet Québec? Quelles sont les difficultés à constituer le Québec comme société? Quel est l’état de l’enseignement sur le Québec au sein des universités québécoises? Comment se réalise la production de l’objet Québec à partir d’analyse de cas concrets et suivant les différentes disciplines des sciences sociales? Et quels sont les obstacles, mais aussi les incitatifs, à une discussion élargie sur cet objet ? À partir de quels « mécanismes » est-il aujourd’hui possible d’en rendre compte? S’il est désormais admis que le social est localisé, et non pas tant local, comment localiser socialement le « global »?
Dates :- Frédéric Parent (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Julien Prud'homme (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Programme
Sur le pertinence de l’espace national
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Communication orale
Sciences sociales et société québécoises : présentationFrédéric Parent (UQAM - Université du Québec à Montréal), Julien Prud'homme (Université du Québec à Trois-Rivières)
Présentation générale du colloque, orientations et organisation.
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Communication orale
La « question Québec » comme miroir de l’invisibilisation des femmes?Hélène Charron (Conseil du statut de la femme)
La discussion sur le Québec comme objet des sciences sociales est contemporaine de la Révolution tranquille et d’un discours sur la nation pris en main par les nouvelles élites masculines mis en charge de la construction d’institutions sociales et politiques modernes et francophones. Dans ce processus, les femmes ont été d’emblée situées dans des espaces non pris en compte dans les discussions collectives sur le Québec, soit dans l’espace domestique qu’elles n’ont jamais quitté complètement, et son prolongement public, c’est-à-dire la pratique des soins et des services sociaux, de l’éducation des jeunes et des exclus. Malgré les différents appels des intellectuelles féministes pour convoquer aux débats sur l’état et l’avenir du Québec (notamment lors des épisodes référendaires) les femmes et leurs préoccupations, ces dernières sont demeurées périphérique à une discussion qui est résolument restée organisée par une trame historique et sociologique fortement androcentrée. Cette rencontre serait pourtant souhaitable pour renouveler les termes de cette réflexion sur le Québec à partir de points de vue multi-situées sur un territoire habité, investi, organisé depuis plusieurs générations par des intellectuelles moins préoccupées de postérité que de connaissance du monde vécu.
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Communication orale
Quelques hypothèses sur l’univers numérique au QuébecGeorges Azzaria (Université Laval)
Depuis l’arrivée des technologies numériques, le droit d’auteur et le droit à la vie privée sont la cible d’incessantes attaques qui visent leur pertinence. On ne compte plus les auteurs qui annoncent la fin de la vie privée et la mort du droit d’auteur. Ces points de vue sont essentiellement prescriptifs, en ceci qu’ils épousent une perspective idéologique qui n’est pas documentée empiriquement, notamment au Québec. Cette conférence présentera les résultats d’une étude effectuée en 2016 et qui palliait cette lacune en enquêtant sur la perception des Québécois à l'égard de la vie privée et du droit d’auteur, ainsi que sur les pratiques adoptées à leur sujet. Les données recueillies permettent de tirer deux grandes conclusions. La première, puisant dans le cadre conceptuel du pluralisme juridique, révèle un certain décalage entre les perceptions et les pratiques des internautes et le droit en vigueur, et ce, en raison d’un déclin de l’importance accordée à la protection de la vie privée et au droit d’auteur dans l’univers numérique. La seconde conclusion relève davantage de la sociologie et atteste l’existence d’écarts générationnels dans les résultats obtenus : selon les groupes d’âge sondés, on remarque que les rapports à la vie privée et au droit d’auteur divergent. Cette présentation participe donc à la discussion sur la société québécoise en présentant des données empiriques, mais aussi en comparant ces données avec les normes énoncées par le droit en vigueur.
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Communication orale
L'histoire nationale d’objets a-nationaux?Julien Prud'homme (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Parmi les historiens, le recours spontané à l’échelle nationale est critiqué en raison du caractère « construit » de la nation. Cette critique est forte dans des branches comme l’histoire des migrations. D’autres spécialités, pourtant consacrées à des phénomènes transnationaux, résistent cependant à ce refus sans nuance. C’est le cas de l’histoire environnementale, qui constate que la nation, toute construite soit-elle, crée un espace institutionnel qui oriente les conduites des acteurs.
Ce raisonnement suppose que l’espace institutionnel créé par un État correspond à une « nation ». Cela n’est toutefois pas toujours le cas des États fédérés. L’espace institutionnel créé par les États ontarien ou californien ne correspond pas à un espace national. Par contre, c’est le cas lorsque les mêmes compétences sont exercées par les États français ou québécois.
Il est utile d’aborder sous cet angle le cas de l’histoire des professions. On note d’une part que la tendance à raconter une histoire « nationale » des professions mène à des histoires bien différentes selon qu’elles couvrent des nations fédératives (étasunienne, canadienne) ou des espaces où l’État responsable et la nation correspondent (France, Québec). On note aussi que l’histoire québécoise des professions est marquée de tensions ethnolinguistiques. Dans les deux cas, la prise en compte de l’espace national a des effets profonds sur une histoire, celle des professions, apparemment étrangère au fait national.
Dîner
Métropole et régions
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Communication orale
La société québécoise et sa sociologie : de l’École de Laval à l’École des régions et de la ruralitéBruno Jean (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Pour la sociologie pratiquée à l’Université Laval durant les années soixante, la société québécoise était un objet bien tangible et la mission de la recherche et de la formation en sociologie était l’étude de cet objet. L’idée d’une société canadienne apparaissait une opération idéologique pour ne pas reconnaître le caractère distinct de la nation québécoise, une société qui est aussi une nation. Cinquante ans plus tard, il y a toujours une société et une nation québécoise mais elle a subi des mutations. C’est pour rendre intelligible ces mutations déjà perceptibles à l’époque que Fernand Dumont avait lancé un grand projet d’étude de ces transformations sociales à travers de l’analyse des récits de vie racontés par des Québécois de toute condition. La communication présentera cette démarche oubliée dans l’histoire de la pensée sociologie québécoise pour ensuite illustrer comment cette sociologie typique de l’École de Laval a évolué en allant s’installer dans une jeune université, en dehors des grands centres, dans une région non métropolitaine et où la réalité rurale était fort présente. Toute comme la sociologie américaine, en quittant les vieilles universités de la côte est, allait engendrer une nouvelle science sociale associée à l’émergence de l’École de Chicago qui a fait la preuve que le lieu où on pratique la sociologie constitue un puissant déterminant des objets, des méthodologies et des connaissances produites. Il s’agira ici de proposer quelques éléments d’un bilan de cette nouvelle science sociale québécoise pratiquée hors métropole, et sur des objets comme la régionalité et la ruralité. Notre intention de comprendre le Québec rural implique un référent ou un qualificatif sociétal à cette ruralité.
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Communication orale
De la raison littéraire aux raisons communes : sur quelques enjeux actuels de la recherche et histoire littéraireLucie Robert (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La notion de Littérature émerge en même temps que celle de Nation en Europe, au tournant du XIXe siècle et elle se conçoit sous la forme d’une histoire des pratiques esthétiques produites dans une langue particulière, elle aussi nationale. Ce sont les romantiques qui, s’insurgeant contre la domination des règles du siècle de Louis XIV données comme immuables, introduisent, dans la réflexion littéraire, l’ordre du temps, qui fait du passé un advenu et de l’avenir un devenir. La naissance de la société politique moderne, fondée sur le concept d’État-Nation est donc la catégorie fondatrice de l’histoire littéraire qui, dès ses origines, n’existera que dans le cadre national, c’est-à-dire accompagné d’un adjectif qui désigne la communauté à la source de cette littérature. Or, s’agissant de littérature canadienne ou de littérature québécoise, l’idée de nation ne va pas de soi. « Canadienne », la littérature se conjugue au pluriel : il n’y a pas une « littérature canadienne de langue française », mais des littératures francophones au Canada. « Québécoise », la littérature se décline aussi au pluriel puisqu’elle suppose l’intégration des œuvres de langue anglaise. L’adjectif, quel qu’il soit, introduit une problématique identitaire de nature politique dans les questions esthétiques. De plus, dire de la littérature qu’elle est québécoise rend son histoire problématique : qu’en est-il en effet des œuvres produites avant les années 1960 à 1980, avant ces années qui ont spécifié un espace politique strictement québécois ? Comment raconter une histoire qui doit alors disposer voire déposer des pans entiers de sa géographie originelle ? Il y a des « raisons communes » (F. Dumont) qui unissent ces ensembles - l’histoire de l’occupation par des francophones de l’espace culturel de l’Amérique du Nord et de leur(s) migration(s) successive(s), par exemple -, mais ces raisons ne sont pas communes toujours et pour tout le monde. Sont-elles alors nécessaires ? Peut-on penser autrement ? Ce sont là autant de questions qui se posent à qui veut écrire l’histoire littéraire du Québec et qui sont autant de problèmes à résoudre dans le concret de la recherche. Nos récents travaux proposent ainsi trois renversements épistémologiques : a) dissoudre la « Littérature canonique » dans la vie littéraire pour retrouver la dynamique de la création sur le terrain; b) replier le temps sur l’espace pour cartographier la vie littéraire dans l’espace plus général de la vie culturelle; c) recentrer la Nation sur la Ville, et donc sur Montréal, comme creuset de la modernité culturelle. Prendre acte des conséquences de ces renversements et de la manière dont ils permettent de reconceptualiser l’objet initial est l’objet de cette communication.
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Communication orale
Repenser l’objet « Québec » à partir de sa métropole : réflexions sur la contribution de Norbert Lacoste (1923-2015) à l’étude sociologique du QuébecPierre-Luc Lupien (Cégep de la Gaspésie et des Iles)
En dépit de son urbanisation et de son industrialisation, le Québec des années 50 reste encore fortement marqué par « l’idéologie nationaliste ruraliste traditionnelle » (Fortin, 1972). Dans ce contexte, en faisant des caractéristiques sociales du Grand Montréal l’objet de sa thèse doctorale, Norbert Lacoste (1923-2015) concourt à un renversement de perspective par rapport au phénomène urbain. Sa démarche sociologique, inspirée de l’école de Chicago, cherche à comprendre le Québec en considérant sa métropole et non plus uniquement ses villages. Il est proposé dans cette communication de porter une attention particulière à la contribution doctorale de ce pionnier des sciences sociales. Quel est son apport à la constitution de l’objet Québec ? Dans quel contexte social et intellectuel s’inscrit sa contribution ? Que pouvons-nous apprendre sur l’émergence des sciences sociales québécoises en y revenant ? La discussion proposée ici s’appuiera sur les récents travaux consacrés à la genèse de la sociologie québécoise, mais aussi sur un matériel inédit constitué d’entretiens menés avec le sociologue à la fin de sa vie. Il est espéré que ce retour aux origines puisse enrichir notre réflexion commune sur la place accordée à l’heure actuelle à l’objet Québec, cet objet fondateur des sciences sociales québécoises.
Regards disciplinaires
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Communication orale
La sociologie du Québec et son objet : sur quelques expériences de rechercheFrédéric Parent (UQAM - Université du Québec à Montréal)Comment s’est développée la sociologie du Québec depuis les travaux fondateurs des années 1950-1960 de Jean-Charles Falardeau et de Fernand Dumont notamment et de quelques expériences collectives de recherche qui font désormais école en sociologie? Pour répondre à cette question, je reviens sur ces premiers travaux ainsi que sur quelques travaux récents, afin de dégager quelques modalités de construction de l’objet Québec à travers sa (re)connaissance. À partir de quels espaces et de quels mécanismes les sociologues pensent-ils cet objet de recherche? Je montrerai enfin comment j’ai moi-même posé le problème en étudiant la vie sociale d’un village québécois.
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Communication orale
Nouveaux regards, nouveaux savoirs : les études féministes au QuébecFrancine Descarries (UQAM - Université du Québec à Montréal)Dans la mouvance sociale qui a marqué le développement de la société québécoise depuis la fin des années 1960, les études féministes s’inscrivent dorénavant dans l’univers des sciences de l’Homme en tant que perspective théorique critique, champ disciplinaire de production de connaissances et projet sociopolitique de changement. Rejetant l’aveuglement des idéologies et des théories qui ont historiquement dit et pensé les femmes en dehors de leur véritable réalité et sans tenir compte de la diversité de leurs expériences et besoins, en filiation ou en opposition avec diverses traditions des sciences humaines, les féministes ont progressivement proposé de nouveaux regards et occupé différents espaces de recherche avec l’objectif de déconstruire la dimension naturalisée et sexuée des processus à l’origine des hiérarchies sociales. En prenant comme fil conducteur de la réflexion les différentes phases de développement des études féministes au Québec, et plus particulièrement de la sociologie féministe, la présente contribution propose de retracer les grammaires et influences féministes à l’origine de l’actuel foisonnement de concepts, de thèmes et de débats au sein de l’espace féministe québécois.
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Communication orale
Les relations industrielles et le QuébecPier-Luc Bilodeau (Université Laval)
En tant que champ d’étude des sciences sociales, les relations industrielles sont le fruit d’une demande sociétale particulière : la production de connaissances susceptibles de résoudre les problèmes sociaux découlant du rapport capital-travail, et la formation d’un groupe professionnel habilité à mettre en œuvre ces solutions au sein des entreprises, des administrations publiques et des organisations syndicales. Issu de sociétés anglo-saxonnes (Angleterre et États-Unis), le champ d’étude apparaît au Québec durant la Seconde Guerre Mondiale, à l’initiative du Père G.-H. Lévesque et dans l’esprit de la doctrine sociale de l’Église catholique. Aujourd’hui frappées par une crise ayant entraîné la disparition de nombre de programmes et d’unités universitaires, c’est au Québec que les relations industrielles conservent la plus grande stabilité institutionnelle.
Au cours des trois quarts de siècle écoulés depuis la fondation, en 1943, du Département des relations industrielles de l’Université Laval, la recherche en relations industrielles réalisée au Québec a permis de jeter un éclairage original sur certaines particularités de la société québécoise, dont l’organisation des mouvements sociaux et l’évolution du droit civil et social. Dans le cadre de cette communication, nous tenterons de rendre compte de cette contribution du champ des relations industrielles à la connaissance du Québec, notamment à partir de l’exemple de nos propres travaux sur l’industrie de la construction.
Dîner
Sur quelques confusions et controverses
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Communication orale
De la confusion entre le Québec comme entité politique et l’existence d’une société québécoisePaul Sabourin (UdeM - Université de Montréal)
En prenant comme un allant de soi le Québec tel que définies par les idéologies politiques prônant un découpage de l’espace québécois ou canadien, la sociologie au Québec a fait l’impasse sur le travail premier d’établissement de l’existence d’espaces-temps sociaux qui, agencé dans une configuration, produit une société québécoise. Les conséquences actuelles de cette thèse sont que, d’une part, les tenants de la définition politique de la société québécoise constatent la fragmentation sociale du Québec devenu une entité passée et que, d’autre part, les tenants du dépassement des « frontières », c’est-à-dire du découpage des espaces-temps sociaux en sociétés, envisagent dans une vision cosmopolitisme une société monde et résorbent les situations observées dans l’historicisme des contextes. Pourtant, l’incertitude sur la définition politique de l’espace québécois aurait dû mener à se questionner plus facilement qu’ailleurs sur son irréductibilité sociale justement parce qu’elle n’était pas donnée. Fallait-il pour éviter l’impasse actuelle que la sociologie gagne en autonomie intellectuelle face au politique? C’est ce questionnement ce que nous voudrions aborder dans cette communication à partir de travaux sociographiques de sociologues et d’anthropologues qui ont étudié le « Québec » (E. Hughes, F. Dumont, V. Lemieux, M. Verdon, G. Houle) ?
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Communication orale
La mise en objet de la religion au Québec : construction, mythisation et déconstructionGilles Routhier (Université Laval)
Les débats actuels sur cet objet substantivé et essentialisé que représente « la religion au Québec » nous enseigne à quel point il est difficile de construire cet objet, si cela était possible. Y a-t-il une telle chose qui s’appelle la religion, en dehors de croyants et des communautés? De plus, ce qu’on appelle aujourd’hui le pluralisme religieux, le multiculturalisme, le vivre ensemble sont-ils des choses nouvelles ou simplement l’expression de notre désarroi en présence de ce que l’on ne maîtrise pas, ayant soi-même tourné le dos à notre histoire? La présente contribution se propose de réfléchir à la fabrication des mythes sur la religion au Québec et à la difficile déconstruction de ces mythes que l’on s’empresse à construire, de peur de se retrouver tout nus.
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Communication orale
Est-il légitime de parler du Québec en classe d’histoire?Stéphanie Demers (Université du Québec en Outaouais), David Lefrançois (Université du Québec en Outaouais), Marc-André Éthier (UdeM - Université de Montréal)
L’enseignement de l’histoire à l’école publique sème la controverse depuis plus de cent ans, un peu partout dans le monde. Le Québec ne fait pas exception à cette règle: l’accueil houleux réservé aux deux plus récentes moutures du programme d’études de l’histoire du Québec et du Canada au deuxième cycle du secondaire en témoigne.
Cette communication a deux buts: (1) Examiner les arguments pour enseigner à l’école l’histoire sociale des mythes nationaux en vue de développer l’agentivité des opprimés, incluant ceux issus de nations opprimées. (2) Analyser le programme d’histoire du Québec et du Canada graduellement mis en œuvre dans les écoles secondaires québécoises depuis septembre 2016 et qui sera obligatoire en 3e et 4e secondaire dès septembre 2018.
Les auteurs considèrent que les élèves peuvent et doivent apprendre à mener leurs propres enquêtes sur le passé ou sur l’usage de ce passé qui est fait au présent. Ces enquêtes doivent porter sur les raisons des injustices sociales aujourd’hui, tel le racisme anti-canadiens-français ou antimusulmans. Connaitre mieux les causes communes de ces problèmes sociaux aide probablement à leur trouver des solutions à long terme, tout comme apprendre à débattre publiquement de ses interprétations et de ses preuves (tel que le font les historiens ou les sociologues, lorsqu’ils le font bien) aide probablement aussi à délibérer avec rigueur et tolérance à propos des actions sociopolitiques et socioéconomiques à entreprendre.