Jablonka (2014) souligne la consubstantialité de l’écriture avec le déploiement de la recherche et son immanence au projet scientifique. La fiction, dit-il, ne règne pas sur la littérature profane, laquelle est compatible avec les modes d’enquête des sciences sociales et peut rendre compte de la constitution et de la marche de l’univers social. Or, pour Joutard (2013), romans, films et jeux vidéos historiques appartiennent à un même genre, incompatible avec les discours et pratiques scientifiques : la fiction. Ces deux thèses soulèvent une série de questions quant aux discours et pratiques profanes émanant de l’industrie des médias de masse en général, et de l’usage public de l’histoire en particulier.
1. La manière dont les discours profanes sont structurés et formés :
Comment la transition du discours savant au discours profane s’opère-t-elle au cinéma, à la télé, dans les chansons, romans et jeux vidéos?
2. La représentation du monde dans les discours profanes :
Quelles représentations de l’univers social (les guerres, les injustices et luttes socioculturelles, socioéconomiques et sociopolitiques du passé) s’en dégage-t-il? Rendent-ils les rapports sociaux plus ou moins intelligibles à leurs consommateurs (joueurs, lecteurs, spectateurs)?
3. Les effets des discours profanes sur les rapports sociaux :
Comment leurs modes de production et de diffusion structurent-ils la manière dont leurs consommateurs médiatisent l’univers social? Instrumentalisent-ils les mémoires et l’histoire publique? Quel rapport à l’autorité et à l’agentivité leur format ou leur contenu promeuvent-ils?
Ce colloque multidisciplinaire se veut un espace de réflexion sur ces discours et pratiques profanes, dans une optique tant d’exploration des fondements théoriques sur lesquels asseoir la recherche pour ces objets que de conceptualisation, de problématisation et de compréhension des représentations qu’ils facilitent ou entravent.