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Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Enjeux de la recherche

Description :

L’innovation sociale ne peut être reconnue et codifiée en recherche qu’avec le concours des acteurs mêmes de l’innovation sociale. C’est ce qui a mené le Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) et le Centre interdisciplinaire de recherche et d’information sur les entreprises collectives (CIRIEC-Canada) à concevoir et à mettre en œuvre des programmes de recherche en partenariat avec des acteurs et des milieux novateurs sur les plans économique, social et territorial. S’en dégage un modèle de recherche qui vise à faire connaître et reconnaître les acteurs innovateurs ainsi que les innovations sociales générées dans les entreprises d’économie sociale, dans les instances et entreprises publiques, dans les milieux syndicaux ou au sein des collectivités territoriales, dont les activités sont tournées vers l’intérêt collectif et général. Diverses recherches partenariales ont mis en lumière des expériences qui ont entraîné des arrangements institutionnels et des modalités de gouvernance allant dans le sens d’une économie, voire d’une société plus sociale et solidaire, dans le sens global du terme. Or, ce modèle de recherche exige aussi une distance critique favorisant la théorisation sur les trajectoires et processus qui expliquent ces expériences, sur les facteurs qui jouent dans leur diffusion et sur les transformations qu’elles provoquent. Que nous apprend la recherche sur les innovations sociales relativement aux approches méthodologiques susceptibles de générer des résultats en phase avec l’intérêt général? Quelles sont les caractéristiques des approches méthodologiques développées à cet égard? Existe-t-il des enjeux et des défis spécifiques lorsqu’il s’agit pour la recherche de concilier intérêt particulier, intérêt collectif et intérêt général? Comment ces approches peuvent-elles être prolongées pour s’intéresser à de nouvelles grappes d’innovations sociales? Voilà des questions qui orienteront les participants à cette activité d'« enjeu de la recherche » lors des discussions qui auront lieu dans le cadre des plénières et des ateliers.

Dates :
Responsables :

Programme


Communications orales

Conférence d'ouverture

  • Une économie équilibrée pour une croissance inclusive : l'innovation sociale au service de l'intérêt collectif et général
    Jean-Martin Aussant (Chantier de l'économie sociale)

    De plus en plus, la notion de croissance inclusive est évoquée par les organisations internationales, dont l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques(OCDE), à titre de nouveau modèle de développement économique de manière à s'assurer que les effets positifs de la croissance soient partagés par un large éventail de secteurs et de vastes pans de la population active. Aujourd'hui, on reconnaît de plus en plus que l'organisation d'une économie et d'une société équilibrées nécessitent trois piliers fondamentaux qui doivent être, chacun dans leur secteur, sains et fonctionnels: le privé, le gouvernemental et le collectif. L'économie sociale (aussi appelée entrepreneuriat collectif) est présente dans tous les secteurs de l'économie et représente près de 40 milliards du PIB, soit davantage que les secteurs de la construction et des mines réunis.

    Jean-Martin Aussant, directeur général du Chantier de l'économie sociale, présentera la contribution significative de l'économie sociale à l'économie québécoise ainsi que sa vision pour une économie équilibrée.

  • Pause

Communications orales

La reconnaissance de la recherche en innovation sociale

  • Pour un écosystème d'innovation sociale en vue d'une transition écologique : la coconstruction des connaissances devient incontournable
    Benoit Lévesque (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Si l'on veut que l'innovation contribue à une transformation sociale d'envergure, il faut bien voir que l'entreprise sociale et l'innovation isolée n'offrent pas comme telles une grande capacité de transformation. Pour passer de l'innovation à la transformation, il faut établir des passerelles entre les deux car elles n'évoluent pas à la même échelle et ne font pas appel aux mêmes acteurs, l'une plutôt au niveau des organisations (« entrepreneurs ») et l'autre à l'échelle de la société (mouvements sociaux). Les innovations doivent non seulement donner lieu à des grappes mais elles doivent aussi être radicales, ce qui suppose qu'elles aillent au-delà (où à la limite) des connaissances existantes. Dans cette perspective, deux notions de plus en plus utilisées nous permettent d'entrevoir comment les innovations peuvent contribuer à une transformation, celle d'une transition en l'occurrence écologique (finalité) et celle d'écosystème d'innovation sociale (comme moyen). Après avoir présenté ces deux notions, nous tenterons de montrer comment la co-construction des connaissances par les acteurs et les chercheurs devient incontournable pour relever le défi d'une transformation, d'autant plus que cette dernière se veut être une « grande transformation ».

  • La connaissance et l'expertise : des problématiques sociales à la décision publique
    Luc Castonguay (MSSS - Ministère de la santé et des services sociaux du Québec)

    En santé et en services sociaux, la collaboration avec le milieu de la recherche est présente depuis de nombreuses années. Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), nous avons le souci de nous appuyer sur des données probantes et de réunir l'expertise nécessaire pour appuyer la prise de décision, que ce soit pour la prestation de services ou les modes d'organisation. Nos priorités de recherche sont déterminées en fonction des grandes orientations ministérielles et des besoins d'évaluation du MSSS. Elles sont fixées conformément aux nouveaux besoins qui apparaissent en cours de route ou à la suite de la réception d'offres non sollicitées de chercheurs ou d'établissements du réseau de la santé et des services sociaux (réseau).

    Le MSSS s'est doté d'un ensemble d'instruments pour favoriser le développement de la recherche et des données probantes, ainsi que leur diffusion et leur utilisation. Pensons notamment aux centres, instituts et équipes de recherche installés dans les établissements à vocation universitaire, un exemple d'arrimage étroit entre la recherche universitaire et les milieux cliniques afin d'assurer le transfert des connaissances issues de la recherche. Pensons également à l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux et à l'Institut national de santé publique du Québec. Leur expertise est étroitement imbriquée avec les milieux de recherche et soutient les décisions et les actions du MSSS, ainsi que celles du réseau.

  • La production du savoir sur la transformation des collectivités : un point de vue philanthropique
    Jean-Marc Chouinard (Fondation Lucie et André Chagnon)

    Du point de vue de la philanthropie, l'utilisation des savoirs pour soutenir la transformation des collectivités réside, entre autres, dans le soutien à leur développement. Ces savoirs, qu'ils soient académiques, citoyens ou professionnels ne sont pas tous reconnus de manière égale. Nos défis consistent dans leur valorisation et dans l'aménagement de zones de croisement où les acteurs porteurs de ces différentes connaissances peuvent s'inter influencer. Si l'infusion des savoirs académiques dans la pratique semble avoir trouvé son chemin, il n'en va pas de même avec les savoirs expérientiels, voire même politiques. Alors, comment soutenir l'intégration et la diffusion de ces savoirs afin de nourrir la prise de décision stratégique? En tant qu'acteur philanthropique, nous sommes constamment à l'affut de moyens pour favoriser l'accessibilité et la traduction de ces savoirs. Ainsi, ils pourront mieux correspondre aux besoins variés des différents profils des acteurs qui s'inscrivent dans des projets de transformations des collectivités.


Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Changement sociaux et innovations

  • Pour théoriser le changement social : les schémas de transformation d'une technologie sociale
    Souza ANA CLARA (UFRGS - Universidade Federal do Rio Grande do Sul), Marlei Pozzebon (HEC Montréal)

    Cet article propose une lentille conceptuelle pour théoriser le changement social en mettant l'accent sur l'identification des schémas (patterns) de transformation. Notre inspiration initiale est le travail de Feldman (2012) sur la mobilisation de ressources (resourcing theory) et l'agent de changement (change agency). L'auteure propose que les actions produisent des schémas (patterns) et les schémas soutiennent les actions, avec la médiation des artéfacts, qui sont intrinsèquement liés, formant des assemblages sociomatériels. De plus, nous avons intégré les idées issues de la littérature multidisciplinaire de l'innovation sociale (Moulaert et al., 2013) et en particulier la vision sud-américaine des technologies sociales (Pozzebon, 2015). Les processus d'innovation sociale sont considérés comme des processus politiques de reconfiguration sociotechnique - collectives, participatives et démocratiques. Les technologies sociales encouragent fortement la construction d'une connaissance hybride et nouvelle, fondée sur la combinaison des savoirs locaux et non locaux, des citoyens et des experts. Par conséquent, les technologies sociales abordent nécessairement les problèmes sociaux selon une perspective politique, en évitant la vision instrumentale souvent mise de l'avant par la pensée capitaliste "bienveillante" qui consistent seulement à soulager les symptômes de privation et d'inégalité (Escobar, 2011).

  • Le tourisme responsable comme véhicule d'innovation sociale dans un contexte urbain : le cas du réseau Mygrantour
    Melissa Moralli (UniBo - Université de Bologne)

    Depuis plusieurs années, différentes initiatives d'innovation sociale ont acquis une signification de changement social (Klein et al., 2016). Ces transformations dépassent une vision du développement conceptualisé seulement en termes de croissance économique (Moulaert et al., 2014). D'un point de vue touristique, différentes approches ont été développées pour analyser les nouveaux rapports entre entrepreneurs, tiers secteurs, communautés locales et touristes. Parmi ces approches, le tourisme responsable (Goodwin, 2011) joue un rôle très important pour analyser les conséquences du phénomène touristique en termes sociaux, en considérant les modalités de participation active de la communauté locale dans les processus de développement touristique et de construction d'une capacité réflexive des touristes. Dans ce contexte, nous présenterons les résultats d'une recherche ethnographique sur des itinéraires interculturels urbains qui sont nés en Italie grâce à la collaboration entre un chercheur, une association de tourisme responsable et un groupe de migrants qui maintenant font partie d'un réseau international. En particulier, nous analyserons les bénéfices, les enjeux et les défis de ce projet qui est né au niveau local, mais qui s'est diffusé à différentes échelles spatiales en utilisant des ressources endogènes ainsi qu'exogènes, et qui implique des réflexions en termes d'interculturalité, participation des acteurs locaux et reconfiguration des relations spatiales urbaines.

  • Vie et mort d'une innovation sociale : quelles leçons pour la transformation sociale
    Annie Camus (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)

    Le changement institutionnel peut être appréhendé à travers l'étude des processus d'institutionnalisation où des innovations émergent, se diffusent et s'institutionnalisent. Cette institutionnalisation peut cependant être plus ou moins réussie, plus ou moins complète ou durable. Or, peu de travaux ce sont penchés sur la forme et le déroulement de la phase d'institutionnalisation dans les cas où celle-ci n'est pas complétée. À partir du cas longitudinal des Corporations de développement économique communautaire de Montréal confrontées à une quasi-disparition après 30 ans d'existence, c'est ce que je me propose d'examiner. Outre la contribution à une meilleure compréhension de cette phase critique du processus de changement institutionnel, ce travail vise à dégager des pistes pour la recherche sur l'innovation sociale et la transformation sociale.

  • Action publique, modèles d'innovation et changement social
    Philippe Durance (CNAM - Conservatoire national des arts et métiers)

    Cette communication propose une grille d'analyse de différentes formes d'action publique en matière d'accompagnement du changement social, qui (a) permet de qualifier l'étendue de la notion d'innovation sociale – du sens strict des « nouvelles politiques sociales » au sens large du « changement de société » – et (b) offre aux acteurs un cadre conceptuel comparatif entre trois modèles d'innovation, auquel peuvent se rattacher à la fois observations et stratégies d'action. Elle propose d'abord une critique de ce qui est considéré comme le modèle dominant de l'innovation, tel qu'il apparaît dans les politiques publiques occidentales. En regard de ce modèle dominant, elle distingue deux autres modèles qui émergent depuis quelques années, qui en constituent une remise en cause plus ou moins forte. Ces deux autres modèles sont caractérisés, comme le modèle dominant, selon plusieurs dimensions : positions et modalités des relations entre les acteurs impliqués, savoirs mobilisés, principes d'actions et principales problématiques soulevées. La présentation de ces modèles est accompagnée d'exemples concrets.

  • Pause

Communications orales

Coconstruction des politiques et changements organisationnels

  • Coconstruction des politiques et des savoirs : une analyse des conditions de diffusion de l'innovation sociale
    Jean-Vincent BERGERON-GAUDIN (UdeM - Université de Montréal), Christian Jetté (UdeM - Université de Montréal)

    Compte tenu de leur proximité avec les communautés locales, leur fonctionnement démocratique et leurs visées émancipatrices, les milieux communautaires sont aptes à développer des pratiques novatrices qui peuvent faire l'objet d'un transfert au sein des institutions gouvernementales dans le cade d'un processus de coconstruction des politiques publiques. Mais alors que la capacité d'innovation des milieux associatifs québécois est un fait largement reconnu et documenté, la question de la diffusion de leurs pratiques a été beaucoup moins abordée dans les travaux de recherche. Cette présentation expose les résultats d'une étude qui vise à combler cette lacune, en examinant l'influence qu'ont pu avoir les pratiques associatives sur l'action publique à partir d'études de cas dans les secteurs de la santé, l'emploi et l'habitation. La comparaison entre les cas montre que la diffusion de l'innovation sociale -et donc la capacité des acteurs à modifier les règles institutionnelles- dépend d'un certain nombre de facteurs, dont la diffusion des savoirs innovants, les alliances créées, le sens donné aux changements par les divers acteurs concernés, l'implication des chercheurs universitaires et le degré d'attachement identitaire des artisans à leur innovation. Cette analyse permet aussi de croiser les concepts de coconstruction des connaissances et des politiques publiques, et de mettre en relief les conditions de dynamisation des processus menant à l'institutionnalisation des innovations.

  • La professionnalisation des organes de gouvernance des entreprises d'économie sociale : de la reconnaissance à la transformation des compétences des conseils d'administration
    Luc Audebrand (Université Laval), Myriam Michaud (Université Laval)

    Cette communication se penche sur les défis spécifiques engendrés par la gouvernance démocratique et la structure de propriété collective qui caractérisent les entreprises d'économie sociale. Plus précisément, elle propose une synthèse des connaissances sur le phénomène de « professionnalisation » à l'œuvre au sein des organes de gouvernance des entreprises d'économie sociale. La professionnalisation des administrateurs implique surtout la mise en place d'un discours normatif et d'un code de conduite rationnel ainsi que l'augmentation des attentes en matière d'expertise, menant à un renforcement de la légitimité de la fonction. Dans la littérature en économie sociale, toutefois, la notion de professionnalisation est souvent liée à l'adoption de processus, normes et standards empruntés à l'entreprise d'inspiration néolibérale. La professionnalisation de la gouvernance revêt ainsi un caractère paradoxal, à la fois recherchée et décriée dans le contexte de l'économie sociale. Étant donné l'importance stratégique de cette fonction, de nombreux chercheurs soutiennent qu'une formation spécifique devrait être mise en place pour permettre aux administrateurs de mieux jouer leur rôle. À cet égard, l'ethnographie et la recherche-action sont des avenues méthodologiques à considérer par les chercheurs. Nous proposons une synthèse des connaissances sur la notion de professionnalisation des organes de gouvernance des entreprises d'économie sociale et nous suggérons des avenues de recherche.

  • Réseaux d'entreprises collectives et sociales comme outils organisationnels et institutionnels pour générer des transformations sociales : rôle des acteurs et des chercheurs
    Tassadit Zerdani (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    En plus des objectifs économiques et sociaux, les collaborations interorganisationnelles et la formation de réseaux, dans le cas des organisations collectives et sociales, sont des actions stratégiques visant la coconstruction de leurs secteurs d'activités et de leurs champs institutionnels (Ashman et Sugawara, 2013) ; ces organisations visent un objectif de transformation sociale dans une perspective d'intérêt général. La complexité de la démarche menant à la réalisation de cet objectif requiert la mobilisation de ressources non matérielles et le développement des pratiques institutionnelles. Le but de notre communication est de montrer, à la lumière des résultats issus de l'étude du cas du Réseau de la finance solidaire et responsable au Québec (RFSRQ), le rôle que jouent les acteurs et les chercheurs dans l'émergence et le développement de réseaux intereorganisationnels dans le champ de l'économie sociale et solidaire.

    Pour répondre à cet objectif, nous expliquons les pratiques institutionnelles (normatives, cognitives et politiques) développées par les acteurs membres du RFSRQ et les chercheurs de l'ARUC-ÉS pour l'institutionnaliser comme nouveau mode de gouvernance visant la transformation du secteur financier en introduisant de nouvelles pratiques financières; et nous présentons le RFSRQ comme un entrepreneur institutionnel collectif et solidaire, car en plus des objectifs économiques, sociaux, politiques et institutionnels, il est animé par des valeurs solidaires.

  • La revue du CIRIEC-Canada, un témoin important de l'évolution de l'économie collective
    Jacques L. Boucher (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Une revue peut devenir un témoin important de l'évolution d'une société et des débats qui y ont cours concernant son mode de développement. C'est très sûrement le cas de la revue du Ciriec-Canada qui paraît sous le vocable de Économie et Solidarités depuis tout près de 20 ans. Au départ, en 1967, on la désignait comme la Canadian CIRIEC Review / Revue du CIRIEC canadien. Entre 1985 et 1996, elle portait le nom de Coopératives et développement. Ce changement de vocable est déjà indicatif de l'évolution de sensibilités et de pratiques du développement des milieux en lien avec la coopération et plus largement avec l'économie sociale et jusqu'à un certain point l'économie publique. Or, cette évolution dépasse largement les vocables de désignation de la revue pour traverser le contenu des contributions et leurs thématiques, rendant compte de changements dans la perspective tant analytique que pratique du développement des collectivités et de leurs territoires. Dans cette présentation, nous visons à relever et présenter des moments charnières de cette évolution à partir de numéros et articles qui paraissent plus significatifs à cet égard.

  • Pause

Communications orales

Enjeux et transitions en économie sociale, politique et territoriale

  • L'entrepreneuriat et l'entreprise sociale : enjeux et occasions pour l'économie sociale
    Marie J. BOUCHARD (UQAM - Université du Québec à Montréal), Émilie Fortin-Lefebvre (UQAM - Université du Québec à Montréal), Emilien Gruet (tiess), Geneviève Huot (Chantier de l'économie sociale), Matthieu ROY (UQAM - Université du Québec à Montréal), Martine VÉZINA (HEC Montréal)

    Depuis quelques années, on observe au Québec un engouement face à l'entrepreneuriat et à l'entreprise sociale, notamment chez les jeunes et dans les écoles de gestion. Cette tendance, déjà présente en Europe depuis de nombreuses années, interpelle les acteurs de l'économie sociale. Ainsi, l'économie sociale, bien organisée et structurée, ayant même une reconnaissance officielle enchâssée dans une loi, n'est plus la seule à vouloir porter une mission sociale à travers des activités entrepreneuriales. Face à ce constat, les acteurs de l'économie sociale ont voulu comprendre davantage cette tendance et l'organisme de liaison et transfert Territoires innovants en économie sociale et solidaire a réalisé une synthèse de connaissance sur cette question. Cette présentation reprendra les éléments centraux de cette synthèse. Elle fera un survol des éléments communs et distinctifs de l'entrepreneuriat social et de l'économie sociale. Elle se penchera également sur les types de discours utilisés en entrepreneuriat social et sur les grandes catégories d'acteurs mobilisant ces discours. Enfin, elle permettra d'identifier des opportunités et des enjeux que la montée de l'entrepreneuriat social représente pour l'économie sociale.

  • Natura non facit saltus : le management public postnéo
    Luc Bernier (Université d’Ottawa)

    Pour décrire ce qui a précédé le nouveau management public, on parle généralement d'administration publique traditionnelle. Pour décrire ce qui est venu après, on a parlé de gouvernance, de nouveau service public, d'État néo-weberien, etc. Est-ce qu'il y a eu thèse, antithèse, synthèse ou éparpillement et abandon? Où s'en va l'administration publique? Outre les pressions idéologiques derrière le nouveau management public, il y a une recherche pour une plus grande efficience alors que les ressources sont plus rares. Les agences souvent décriées depuis sont pourtant une piste intéressante pour prendre un exemple. La dépendance au sentier est importante mais on peut chercher par des actions choisies, réussir à changer un parcours. Cette communication propose suite à une recherche empirique en cours et une recension des écrits ce qu'il est possible et doit être fait. L'avenir est fait d'innovations où se tissent nouvelles structures, changement de culture, nouveaux mécanismes de coordination, technologies. Les réponses que la science peut apporter sont modestes dans ce domaine où chaque sous-système a ses habitudes mais méritent d'être débattues. La co-construction des savoirs est difficile dans le secteur public où le changement est graduel et soumis à la complexité de la gouvernance à son sommet comme il est proposé dans cette communication.

  • La recherche en innovation sociale comme outil de développement territorial pour les gouvernements de proximité
    Jean-François Aubin (Réseau québécois de revitalisation intégrée (RQRI))

    Même s'il se fait des recherches intéressantes pour cerner les innovations sociales liées au développement territorial, force est d'admettre que malheureusement jusqu'à ce jour, ces recherches sont peu pris en compte. Comment resserrer les liens entre la recherche et les pouvoirs publics locaux ? Peu d'élus et de fonctionnaires municipaux font place à la recherche dans les réflexions. Il y a de prime abord, un défi de faire reconnaître l'utilité de la recherche en soi comme révélateur de conditions de réussite et de compréhension de différentes problématiques. C'est une réalité reconnue au gouvernement provincial, où le défi est davantage d'influencer le « politique » mais encore trop peu au niveau local (villes et MRC). Pourtant la tendance lourde actuelle, situe de plus en plus les municipalités comme « gouvernement de proximité » qui auront un mot à dire sur de plus en plus de dossiers. Si on va un peu plus loin dans notre réflexion, on pourrait tout de même signaler qu'il y a un traitement à deux vitesses entre les dossiers plus techniques et les dossiers sociaux et de gouvernance. Lorsqu'il s'agit de régler des problèmes de travaux publics, on n'hésite peu à aller chercher des expertises de recherche soit dans le secteur privé sous forme de consultants ou auprès des universités. Cela démontre que ce n'est pas impensable…. mais que c'est une question de culture. Comment introduire une culture d'innovation sociale soutenue par la recherche ?


Cocktail

Cocktail et lancement de livre

Communications orales

Transfert de la connaissance et recherche partenariale : enjeux éthiques et pratiques

  • Coconstruire l'intérêt commun : rôles et responsabilités de chercheurs et de praticiens du réseau de l'Université du Québec dans l'accompagnement de démarches socialement innovantes
    Marco Alberio (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Serge BELLEY (ÉNAP - École nationale d'administration publique), Guy CHIASSON (UQO - Université du Québec en Outaouais), Houssine DRIDI (UQAM - Université du Québec à Montréal), Jean-Marc Fontan (UQAM - Université du Québec à Montréal), Nathalie LAFRANCHISE (UQAM - Université du Québec à Montréal), Liliane PORTELANCE (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Diane-Gabrielle TREMBLAY (TÉLUQ - Université du Québec), Pierre-André TREMBLAY (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    La présentation reprendra les principaux éléments qui se dégagent d'une étude que nous avons réalisée en 2014 et 2015. L'étude visait deux objectifs. Dans un premier temps, nous avons brossé un portrait de différents types de recherche présents dans chacune des entités universitaires de notre collectif. Dans un deuxième temps, nous avons approfondi notre compréhension des modalités utilisées et des processus mis en œuvre pour la conduite de telles activités de recherche. Nous avons aussi été en mesure de qualifier, au sein du réseau UQ, la présence ou l'absence d'appuis institutionnels spécifiques en support aux activités partenariales de recherche. Pour réaliser cette opération, nous avons produit de courtes études de cas sur des recherches partenariales effectuées dans chacune des entités universitaires concernées. Ces études nous ont permis de mieux comprendre comment s'effectue le croissement des savoirs et de qualifier les rôles joués et les responsabilités prises par les différents acteurs. Nous avons observé la présence d'éléments éthiques partagés entre le monde de la recherche et celui de l'action. Enfin, les études de cas soulèvent l'enjeu de la transdisciplinarité lorsqu'il s'agit d'accompagner tant l'émergence que l'institutionnalisation d'innovations sociales. En conclusion, nous soulèverons l'enjeu de la constitution d'un réseau formel pan québécois de réflexion et de promotion de cette posture et méthode de coproduction des connaissances.

  • Transfert et construction conjointe des connaissances : une nécessité pour la diffusion et l'élargissement des innovations sociales porteuses de transformations
    Vincent Van Schendel (TIESS)

    L'innovation sociale procède de l'action d'acteurs sociaux en vue de résoudre des problèmes, de répondre à des besoins ou à des aspirations. Le potentiel de généralisation et de transformation de ces innovations dépend de plusieurs facteurs. L'un de ces facteurs est la capacité de systématiser, de généraliser et de transférer les apprentissages découlant de l'innovation. Les innovations sociales permettent en effet d'apprendre, de dégager des connaissances nouvelles. Ces connaissances sont issues de l'expérimentation. Systématisées, codifiées elles permettent de reconstruire le sens d'expériences en apparence éclatées, de mettre en relation les éléments de ces expériences et permettent de faciliter la diffusion et l'élargissement de ces innovations. Elles permettent alors de changer d'échelle, de passer de l'expérimentation à la généralisation, voire à l'institutionnalisation. La compréhension fine des dynamiques en cours et des conditions de réalisation passe ici par une construction conjointe de cette connaissance entre savoirs d'expériences et scientifiques et par l'intégration dans la pratique des acteurs concernés. Il en découle un transfert d'expériences et de connaissances multidimensionnelles : entre organisations, territoires, générations, entre mondes privés publics et associatifs. La dimension cognitive de l'innovation sociale devient dans cette perspective un élément constitutif majeur de la généralisation des innovations et de leur potentiel transformateur.

  • Collaboration entre chercheurs et praticiens : les enjeux éthiques d'un partenariat à la recherche d'une coconstruction
    Virginie Lecourt (Institut catholique de Paris)

    La recherche en sciences sociales est une recherche qui s'intéresse à la manière dont les praticiens exercent leur métier, se posent des questions, prennent des décisions ou encore développent leurs activités de façon très concrète. Son objectif est d'essayer de comprendre ce qui se passe sur le terrain, d'en tirer des analyses, et parfois d'aller jusqu'à élaborer des théories. Les praticiens, de leur côté, peuvent être intéressés par une telle collaboration car le positionnement du chercheur souvent extérieur à l'organisation et les analyses effectuées, leur permettent de prendre du recul par rapport à l'exercice de leur métier, de prendre conscience de certains éléments et les aider à faire évoluer leurs pratiques. Cette collaboration très riche et basée sur le dialogue, se situe dans une dynamique de co-construction de la connaissance. Mais elle soulève parfois des questions éthiques comme celles de l'indépendance du chercheur ou du respect et de la liberté du praticien. Dans la lignée des recherches cliniques médicales, des comités d'éthique de la recherche se sont développés dans des universités anglo-saxonnes pour éviter de tels écueils. Mais ceci n'est pas si simple car ces comités, si utiles soient-ils, peuvent parfois bloquer le travail du chercheur et entrer dans une logique purement procédurière. Que faire alors ? Nous aborderons donc dans cette communication les enjeux éthiques d'un tel partenariat en mettant l'emphase sur les conditions d'une juste relation.

  • Pause

Communications orales

Développement intégré et territoires sociaux

  • Les expériences de développement territorial intégré : une avenue d'innovation qui reste à baliser
    Bourque DENIS (UQO - Université du Québec en Outaouais), René Lachapelle (Chaire de recherche du Canada en organisation communautaire - Université du Québec en Outaouais)

    S'il y a consensus à l'effet que le territoire fait partie des avenues d'intégration de l'économie, du social et de l'environnement, une recherche menée depuis cinq ans auprès d'une dizaine de démarches collectives québécoises permet d'identifier des facteurs favorables et des freins dont la balance fait en sorte que le développement territorial demeure plus ou moins intégré. Ces démarches, toutes axées sur le développement avec une majeure sociale, sont expérimentées dans des situations de croissance aussi bien que de dévitalisation, en milieu urbain aussi bien que rural. Si les freins sont principalement d'ordre politique aussi bien du fait du leadership des élus que de l'inertie des communautés, l'engagement des acteurs de la société civile et le soutien professionnel d'intervenants collectifs apparaissent comme des moteurs importants d'innovation. Mettant à contribution le discours des acteurs sur leurs pratiques, les connaissances acquises fournissent une base pour engager un dialogue avec les partenaires de la recherche et leur fournir des moyens d'être des relais du savoir au profit de l'amélioration des pratiques. La communication propose de présenter sommairement ces pratiques afin de mettre en lumière les mécanismes, dont le partage des savoirs pratiques et académiques, qui sont de nature à soutenir les processus d'intégration.

  • La Coopérative forestière du nord-ouest au Nouveau-Brunswick (COFNO) : leçons apprises de la forme associative à l'entreprise coopérative
    Omer Chouinard (Université de Moncton), Julie GUILLEMOT (Université de Moncton), André Leclerc (Université de Moncton)

    En dépit du manque de législation, de coopératives de solidarité ou coopératives sociales au Nouveau-Brunswick (N.-B.) la coopérative forestière multifonctionnelle COFNO a vu le jour dans le nord-ouest de cette province en 2010. Préalablement, dans le contexte des coupes abusives des grandes entreprises forestières du N.-B., une table de concertation se met en place en 2005. Cette association, en concertation avec le milieu académique, organise divers événements qui alimenteront la réflexion sur l'avenir de l'industrie et des lots boisés privés. Ses membres sont mis en contact avec des expériences stimulantes à la frontière, dont celles du Regroupement forestier de l'est du Lac Témiscouata, l'Agence de mise en valeur de la forêt privée du Bas-Saint-Laurent et du groupe coopératif Boisaco. COFNO, composée de 160 membres, principalement des petits producteurs forestiers, comprend trois volets : i) l'acériculture, ii) une entreprise de la culture et de la transformation de la camerise et iii) la création d'une coopérative d'investissement pour appuyer financièrement le développement coopératif dans la région. Cette expérience riche des divers savoirs est innovatrice et sert de modèle, d'apprentissage et de co-construction à l'échelle du N.-B. Elle est documentée à partir de l'analyse de dossiers d'archives qui s'étalent sur plus de dix ans de concertation et de délibération, puis d'entrevues semi-dirigées avec les informateurs-clés et de focus groups au sein des membres de COFCO.

  • La recherche partenariale sur les jeunes ou avec les jeunes? Le chercheur au centre de la relation avec les partenaires du milieu et les sujets de l'étude
    Marco Alberio (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Cette présentation se base sur une recherche partenariale (avec les organismes et services locaux) portant sur les parcours et les besoins de jeunes résidant dans la région rurale de la MITIS au Bas-Saint Laurent. La recherche partenariale consiste en un ensemble de pratiques de recherche variées, mais fondées sur le principe de "coconstruction de sens". Nous nous questionnerons sur la particularité de la recherche partenariale vis-à-vis du recrutement: est-ce qu'il y a un effet sur les modalités de participation et sur l'engagement des jeunes dans la recherche? Est-ce que la perception d'un besoin de changement peut contribuer à motiver les jeunes à participer à la recherche? Quels sont les enjeux liés au recrutement? Comment rejoindre les individus plus marginalisés, tout en respectant les enjeux éthiques? Quel est le rôle des partenaires? Quelle autonomie pour le chercheur dans le recrutement? D'un autre côté: quelles doivent être les modalités de transmission des résultats? Comment s'assurer dans le cadre de la recherche partenariale que les jeunes puissent connaître les résultats sans passer forcément par l'intermédiaire des partenaires? Quels outils sont disponibles aux chercheurs? Comment établir une relation de confiance directe avec les jeunes dans la phase de collecte des données et la maintenir dans la phase de restitution des résultats, sans trahir l'engagement avec le partenaire du milieu? Voilà certains des enjeux et questionnements que aborderons dans cette présentation.

  • Les plans de développement de la zone agricole : un pas vers une logique de développement intégré?
    Mélanie Doyon (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Le plan de développement de la zone agricole (PDZA) est un dispositif de planification adopté par le MAPAQ en 2012 afin d'introduire une logique de développement dans la gestion de la zone agricole. En effet, à l'objectif de protection de la ressource foncière comme patrimoine collectif, s'ajoute une volonté d'acquérir une meilleure connaissance des enjeux agricoles des territoires, et ainsi formuler des stratégies prenant en compte les réalités locales. Portée par les collectivités territoriales supramunicipales (MRC, agglomération), la réalisation de ces plans vise la prise en compte des intérêt d'acteurs issus de la sphère agricole (producteurs) et non-agricole (élus, associations, citoyens). La réalisation de ces plans à l'échelle supramunicipale permet ainsi une plus grande intégration des préoccupations et des connaissances d'une diversité (plus ou moins importantes) d'acteurs ayant mené à des formules territoriales innovantes. Ainsi, à travers le dispositif PDZA, on assiste à un décloisonnement du développement agricole tendant ainsi vers une logique de développement intégré. D'une part, pour plusieurs territoires, les stratégies formulées visent une plus grande intégration spatiale (complémentarités ville-campagne). Ensuite, le PDZA rompt avec une approche essentiellement descendante dictée par les grandes orientations ministérielles. Enfin, on assiste à une certaine désectorialisation du développement agricole avec la coopération d'acteurs issus d'autres secteurs.


Communications orales

Économie collaborative et évaluation

  • Une économie collaborative au service de la collectivité : comment l'économie sociale peut-elle se réapproprier l'économie du partage?
    Luc Audebrand (Université Laval), Raphaël Létourneau (Université Laval)

    L'économie du partage est-elle une innovation sociale ou une régression alarmante ? Ses promoteurs la décrivent comme un modèle efficace dont l'accessibilité profite autant aux utilisateurs-consommateurs qu'aux producteurs-travailleurs qui, de surcroit, profiteraient de la flexibilité d'un mode de vie et de travail moins contraignant. On souligne aussi la qualité de ses services, sa durabilité et sa capacité à renforcer l'esprit de communauté.

    Pourtant, les critiques accusent ces valeurs de n'être qu'un stratagème marketing («sharewashing») qui camoufle les pratiques et priorités cupides typiques des entreprises capitalistes. D'autres reprochent à certaines de ces entreprises d'exploiter leurs travailleurs, de concentrer la richesse au sein de monopoles multinationaux, d'évasion fiscale, de pratiques illégales, etc. Certains détracteurs proposent le boycott pur et simple de multinationales controversées comme Uber et Airbnb.

    Notre objectif consiste à démontrer que les plateformes de l'économie du partage sont des innovations pouvant être mises au service de la collectivité. Déjà, des plateformes coopératives et communautaires confèrent la propriété, la gouvernance et les bénéfices aux utilisateurs ainsi qu'à la communauté. Ces alternatives peuvent devenir des espaces de co-construction entre acteurs propices à la réflexion collective de nouvelles voies de développement. La question est de savoir comment l'économie sociale peut se réapproprier l'économie du partage ?

  • Cette économie collaborative porteuse de transformation sociale
    Gabrielle LEMARIER-SAULNIER (Troc-tes-Trucs), Maude Léonard (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)

    Ouishare décrit l'économie collaborative comme un « ensemble de pratiques et de modèles économiques basés sur les structures horizontales et les communautés qui transforment la façon dont on vit, crée, travaille ». Pour Rachel Botsman (2009), elle serait le point de départ d'une véritable révolution collaborative rendue possible grâce aux progrès technologiques et numériques.

    Partant de cette prémisse, il devient intéressant d'observer les différentes pratiques dites de l'économie collaborative et de voir en quoi elles participent (ou non) à générer cette transformation sociale. La diversité des pratiques et l'absence de consensus sur les définitions de l'économie collaborative et de ses variantes rendent par ailleurs l'exercice quelque peu périlleux. Au sein même du large spectre des organisations se réclamant de l'économie collaborative, nous émettons des doutes quant à la valeur innovante et transformatrice de certaines d'entre elles au sein de cette tendance économique.

    Selon nous, les pratiques de l'économie collaboratives deviennent innovantes et porteuses d'une transformation sociale dans la mesure où, pour reprendre Maton (2000), elles visent le renforcement des capacités, l'empowerment collectif, le développement du capital social et une adaptation culturelle. Nous tenterons donc, à partir d'exemples, de distinguer les pratiques qui répondent à ces objectifs ainsi qu'à mettre en évidence les confrontations et paradigmes au cœur de ce mouvement parfois polémique.

  • L'utilité sociale : une manière d'évaluer l'innovation sociale?
    Elena Lasida (Institut catholique de Paris)

    L'utilité sociale constitue un trait d'identification essentiel des structures qui font partie de l'économie sociale et solidaire (ESS) en France. Dans la loi-cadre de l'ESS votée en juillet 2014, l'utilité sociale apparaît d'ailleurs clairement comme un critère central de définition du secteur. Or, il existe une multiplicité d'approches différentes sur l'utilité sociale. Nous en présenterons un panorama général, et nous proposerons une définition de la notion qui permettra surtout de la distinguer de celle d' « impact social », et de la mettre en résonance avec celle d' « innovation sociale ».

  • Espace urbain abandonné puis réinventé : analyse d'une démarche rapprochant l'art urbain du citoyen, en vue d'accroître le sentiment de sécurité
    Annie Baillargeon Fortin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Fanie ST-MICHEL (Conscience urbaine)

    En 2015, une recherche-action a été menée dans le cadre d'un projet de perfectionnement des chargés de cours de l'UQAM. Annie Baillargeon Fortin a réalisé une recherche sur l'organisme Conscience urbaine afin de repérer ce qui dans leur approche contribuait à assurer une démarche d'innovation sociale en contexte d'aménagement des espaces urbains par l'art.

    Conscience urbaine est un OBNL qui aménage les espaces publics délaissés par l'art pour modifier les perceptions, stimuler la fréquentation et renforcer le sentiment de sécurité. La recherche consistait à documenter la pratique et à définir comment celle-ci contribuait à innover socialement. Un recensement des écrits réalisé par le CRISES a permis de faire ressortir des vecteurs d'innovation sociale au sein de l'approche.

    La recherche-action consistait d'une part à reconnaitre les procédés de la démarche qui contribuent à transformer les projets artistiques en milieu urbain en des vecteurs d'innovation sociale. Nous avions aussi comme intention de rendre visible pour l'organisme, les éléments qui facilitaient sa démarche ainsi que tout ce qui pouvait y nuire dans le contexte de la ville de Montréal et de ses arrondissements. Un modèle (inspiré du processus en U de Otto Scharmer) a permis de représenter les alliés et les freins à l'action de l'organisme.


Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Coconstruction de la connaissance et transfert

  • Réseaux de traduction des savoirs et innovations sociales : une recherche-action au sein d'une table locale de concertation intersectorielle, le CLIC de Bordeaux-Cartierville
    José Carlos Suárez-Herrera (KEDGE Business School)

    Les projets de recherche-action mobilisent un nombre considérable de réseaux d'acteurs représentant des secteurs d'intervention fort différents (santé, éducation, alimentation, enfance…). La multiplicité d'acteurs impliqués dans ce type de recherche peut donner lieu, si les conditions contextuelles se donnent, à de nouvelles modalités de gouvernance organisationnelle. La complexité des dynamiques stratégiques qui se tissent entre ces réseaux d'acteurs dans un territoire donné autour d'un projet d'intérêt collectif constitue un véritable processus de traduction des savoirs essentiellement innovateur, tant sur le plan social qu'organisationnel.

    Cette communication s'appuie sur les apprentissages retenus dans le cadre d'une recherche-action qui se déroule à Montréal, depuis mai 2012, au sein d'une Table locale de concertation intersectorielle (le CLIC de Bordeaux-Cartierville). En m'inspirant des fondements conceptuels de la « théorie de l'acteur-réseau » – aussi connue comme « théorie de la traduction » – et la « théorie de l'acteur stratégique », je me propose d'illustrer comment la pratique de la recherche-action peut s'organiser sous forme des « réseaux innovateurs de traduction des savoirs », c'est-à-dire, comme un ensemble organisé d'acteurs qui traduisent des multiples logiques d'action et qui apprennent mutuellement. L'organisation en réseau de la recherche-action semble ainsi constituer un écosystème idéal pour le développement de nouvelles pratiques organisationnelles.

  • Créer de la valeur à partir des sciences humaines et sociales. Repenser les modèles de valorisation socio-économique de la recherche à finalité sociétale
    Olivier Palluault (Ellyx), Meri Réale (Ellyx)

    Les sciences humaines et sociales (SHS) se trouvent dans une position paradoxale. Elles semblent profiter de la remise en cause croissante d'une vision du progrès basée sur le tout technologique et d'une focalisation plus forte sur le facteur humain. Dans le même temps, la recherche en SHS est largement confinée à sa seule dimension académique et universitaire, à distance des acteurs de la société que sont les pouvoirs publics et les entreprises. La recherche en SHS peine à sortir du cadre strictement scientifique pour être valorisée sous la forme de solutions socio-économiques à destination des décideurs, des entrepreneurs, des citoyens. Hormis les trajectoires individuelles de chercheurs qui se muent en conseillers du Prince ou en chefs d'entreprise, les SHS restent, en France, le parent pauvre des efforts développés par les structures d'innovation et de transfert pour faciliter l'utilisation des résultats de la recherche par les acteurs de la société. La conception fortement technologique, marchande et lucrative qui sous-tend ces structures, bride le potentiel que recèle la recherche en SHS. A l'encontre d'initiatives qui la relèguent comme « supplément d'âme » (Fontanille, 2010) des innovations technologiques, il apparaît nécessaire de mieux lier recherche et société, tout en confortant et en relégitimant la position du chercheur. C'est ce que pourrait être le rôle de l'innovateur social : celui de traducteur entre deux univers qui se côtoient peu.

  • La coconstruction de connaissances
    Denis Bussières (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La coconstruction des connaissances est au cœur des recherches menées étroitement avec des praticiens et praticiennes que cela soit au sein de recherche-action ou de recherche partenariale ou collaboratrice. Tout le discours autour de la coconstruction repose d'ailleurs sur les échanges de connaissances entre chercheurs et praticiens. La coconstruction des connaissances est aussi un élément important des recherches en innovations sociales comme en fait foi l'expérience du CRISES où une multitude de recherches ont été réalisées dans un cadre partenarial. La coconstruction peut-elle se réduire à cet échange de connaissances entre acteurs ? Notre présentation cherchera à montrer que l'idée de coconstruction dépasse l'échange de connaissances et prend tout son sens dans des pratiques.

    Dans le cadre de notre présentation, nous nous attarderons sur les pratiques concrètes qui permettent la coconstruction des connaissances. Chaque étape de la recherche : rédaction du devis, collecte des données, analyse des données et rédaction du rapport de recherche deviennent des passages obligés et offrent ainsi des moments où la coconstruction peut prendre forme et se déployer.

    Si l'on parle de coconstruction, c'est que nous sommes bien devant un « processus de fabrication des connaissances » (Vinck, 2007). Or, cette fabrication repose sur des activités et des pratiques dont nous chercherons à rendre compte. Sans ces activités et pratiques, la coconstruction ne demeure qu'un simple discours.

  • Mettre en place des conditions favorables au partenariat et à la reconnaissance des savoirs : l'exemple d'une étude en milieu HLM
    Jeannette LEBLANC (UdeS - Université de Sherbrooke), Paul MORIN (UdeS - Université de Sherbrooke), Roxane Meilleur (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Marquées par des préoccupations grandissantes pour l'efficacité et la qualité des services, les entreprises publiques doivent faire la preuve des effets de leurs actions sur les capacités des personnes et des communautés. Ce défi est d'autant plus grand que les ressources se font rares et que les organisations sont traversées par des transformations majeures. Les Offices d'habitation (OH), entreprises publiques mandatées pour gérer les habitations à loyer modique (HLM), n'échappent pas à cette réalité, en plus de faire face à des défis qui leurs sont propres, tels que la conciliation entre gestion immobilière et gestion sociale. La recherche peut constituer un apport important à la réflexion collective pour trouver des solutions innovantes face à ces enjeux, en misant sur le partenariat, la mise en commun des ressources et la reconnaissance des savoirs des acteurs sociaux. Cette communication illustrera le processus de mise en place de conditions favorables à l'établissement d'un partenariat à partir d'une étude qualitative en milieu HLM. Celle dernière vise à explorer les processus par lesquels la culture de l'OH produit des effets souhaités ou non souhaités sur le développement de la participation citoyenne des locataires en milieu HLM Familles. La présente communication exposera également certains enjeux éthiques liés à la réalisation d'une telle recherche, liés notamment à l'intégrité scientifique et aux effets de la confidentialité sur la reconnaissance des savoirs.

  • Pause

Communications orales

Nouveaux modèles d'action et outils de recherche

  • Comprendre le « phénomène » Living Labs au Québec : résultats préliminaires d'un projet de recherche partenarial
    Juliette Rochman (Centre de Recherche sur les innovations sociales)

    Les mutations socioéconomiques en jeu dans le nouveau capitalisme transforment en profondeur les territoires contemporains et se manifestent notamment par une véritable explosion de démarches où des individus motivés par le développement de leurs projets interagissent et collaborent dans des projets innovants. L'émergence et la diffusion des Living Labs (LL) (dont nous fournirons des éléments de définition) sont l'une des manifestations de cette tendance.

    L'intérêt du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) pour les Living Labs s'est développé à partir d'un projet de recherche co-développé à partir de 2013 avec le Centre d'Innovation Sociale en Agriculture (CISA) du CEGEP de Victoriaville. La présente contribution permettra de présenter les résultats préliminaires du projet. Il s'agira d'envisager dans quelle mesure les LL constituent des initiatives porteuses d'innovation sociale (d'éventuelles pistes de solution en regard des enjeux actuels) en nous appuyant sur l'étude des démarches relevant des LL au Québec, ainsi que de l'expérimentation des principes et méthodes associées aux LL réalisée au sein même des différents axes du projet de recherche.

  • Des indicateurs de la vitalité culturelle comme outil pour les acteurs locaux à Montréal
    Wilfredo Angulo (UQAM - Université du Québec à Montréal), Catherine Lareau (UQAM - Université du Québec à Montréal), Vincent MAGNAT (Regroupement arts et culture Rosemont – Petite-Patrie)

    Cette communication abordera l'impact de l'activité culturelle et artistique dans les quartiers montréalais. Nous verrons comment la vitalité culturelle des quartiers contribue à l'amélioration de la qualité de vie des citoyens. Nous nous appuyons sur un projet qui comporte trois volets : a) Le développement d'une grille d'indicateurs de vitalité culturelle pour les quartiers montréalais, b) l'application de cette grille à quelques territoires ciblés, et c) le transfert de connaissances vers les acteurs culturels locaux. Nous présenterons d'abord les résultats d'une recherche effectuée pour l'élaboration de grilles d'indicateurs culturels à différentes échelles. Cette recherche nous a permis de définir ce que représente la vitalité culturelle et a mené à l'élaboration d'une grille d'indicateurs, lesquels visent à outiller les acteurs locaux dans leur démarche d'évaluation des impacts des arts et de la culture sur leur territoire. Ce projet a été initié par Culture Montréal, puis conçu et mené conjointement avec une équipe du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) et l'organisme de liaison et de transfert Territoires innovants en économie sociale et solidaire (TIESS). Le projet compte sur l'appui d'un comité d'orientation formé par des représentants regroupement d'artistes et d'organismes locaux de développement culturel.

  • Les indicateurs de la contribution de l'action communautaire au développement économique local : un besoin de reconnaissance
    Patricia Leon (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette présentation met en lumière l'importance de reconnaitre la contribution de l'action communautaire au développement des communautés. Les organismes communautaires sont des agents porteurs d'innovation et d'un savoir spécifique construit par des recherches collaboratives avec le milieu scientifique. Dans un tel contexte, la recherche collaborative avec des organisations de la société civile prend plus d'importance. Dans cette présentation, nous soutiendrons que l'apport des organismes communautaires au développement des communautés locales est fondamental; notamment, en termes de défense des droits de citoyens, de vie collective, de création d'emploi et de lutte contre la pauvreté. Nous présenterons les résultats d'une recherche partenariale visant l'élaboration d'outils d'évaluation permettant la reconnaissance de l'impact économique des organismes communautaires. L'étude a été réalisée à Centre-Sud et au Plateau-Mont-Royal, à Montréal, en collaboration avec les corporations de développement communautaire. La co-construction de ces indicateurs entre des chercheurs et des acteurs socioéconomiques valorise le savoir communautaire et contribue à mettre en valeur le rôle des organismes en tant que porteurs de l'innovation sociale et en tant qu'agents dans la construction d'un modèle de développement local alternatif basé sur l'apport de l'économie sociale et solidaire.

  • Base de données sur l'innovation sociale (BDIS) : fondements théoriques, méthodologies et état des lieux
    Alexandre Duchesne Blondin (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Le Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) a été créé en 1986 afin d'analyser le phénomène de l'innovation sociale. Au cours de ces trente années d'activité, le CRISES a produit plusieurs centaines d'études de cas dans une pluralité de thématiques touchant l'innovation sociale. Le projet Base de données sur les innovations sociales (BDIS) a été initié par une équipe de recherche affiliée au CRISES en automne 2011. Son objectif est d'exploiter les informations produites par la mobilisation d'analyses comparatives en croisant les études de cas. Ces croisements ouvrent la possibilité de produire des études macrosociologiques inédites. Concrètement, le projet consiste en la transformation de données qualitatives en données quantitatives. Depuis 2011, le projet a franchi plusieurs étapes de sa réalisation. L'équipe a élaboré le modèle conceptuel de la base de données. Elle a également construit les outils informatiques nécessaires à sa réalisation. Actuellement, l'équipe de recherche concentre ces activités à l'intégration des études de cas dans la base de données.

    La communication propose de présenter les diverses étapes réalisées par l'équipe de recherche et les fondements théoriques et méthodologiques qui ont été constitués. L'équipe de recherche est actuellement formée par : Juan-Luis Klein, Marie J. Bouchard, Catherine Trudelle, Valérie Michaud, Mathieu Philibert, Louise Briand, Damien Rousselière, Martin Petitclerc, Alexandre Duchesne Blondin et Benoît Lévesque.

  • Pause

Communications orales

Conférence de clôture

  • Le champ de la connaissance : un enjeu fondamental pour la transformation sociale
    Denis Harrisson (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    La notion d'innovation sociale est progressivement employée depuis environ une dizaine d'années dans les milieux des décideurs politiques et des praticiens sociaux. Il y a un intérêt grandissant à développer des pratiques de développement social et de résolution de problèmes qui sont labélisées sous le terme d'innovation sociale. Cependant, la connaissance théorique de l'objet n'est guère développée, il s'agit d'une notion reçue pour son aspect pragmatique. L'innovation sociale induit des relations entre des acteurs dans le but d'introduite un nouveau service ou projet qui conduit à une modification des règles de conduite des acteurs. Pour ce faire, il y a une action intentionnelle entreprise par les agents motivés à agir en ce sens, il y a un processus de changement social compris comme le lieu d'action et d'interaction analysé dans ses séquences. C'est l'intérêt général qui est sous-jacent à l'action. L'innovation sociale est intentionnelle, motivée et planifiée par une action coordonnée. Elle impacte les changements sociaux. C'est ce que la communication va exposée.