Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

La séduction est au cœur de nos relations, et souvent à notre insu. Nous avons tendance, en Occident, à la réduire aux relations qui relèvent de la sexualité humaine (Baudrillard), et à la penser selon la triple dimension de la vérité, du pouvoir et de la sensibilité. Dans chacune de ces dimensions, elle est aussi en tension : entre tromperie et révélation (vérité), manipulation et libération (pouvoir), raison et désir (sensibilité). Mais la relation de séduction, à travers l’histoire, concerne aussi la pédagogie (le modèle et l’émulation : voir Rivard, 2012), le politique (le charisme et la rhétorique : Delporte), l’économie (la publicité, l’envie), le monde animal (les animaux entre eux — les parades — ou avec les humains : Bomsel, Lestel) et même notre relation aux choses, créées (les arts et les lettres, la technologie et ses promesses) ou non (le paysage, voir Cartier et Lew). Si la séduction est liée au désir et au symbole, à la reconnaissance et à l’acceptation, mais aussi à l’emprise et à la subjugation, on en comprendra aisément l’influence, l’importance et la force, aussi bien positive que négative, et cela tant pour le vivre ensemble que comme marqueur identitaire. Comment qualifier et comprendre les liens que nous tissons par le truchement de la séduction, en déceler les mécanismes communs, en entreprendre la critique? Par exemple, peut-on être séduit sans séducteur, comme quand un paysage nous charme? Y a-t-il séduction même sans intentionnalité consciente, comme chez les animaux ou quand autrui nous trouve attirant? Comment comprendre le jeu du désir dans la séduction, que son objet soit le sexe, l’amitié, l’apprentissage ou le profit? Quels sont ses symboles et ses rituels privilégiés? Peut-on d’ailleurs regrouper sous un même concept l’attirance, le charme, la fascination, l’influence, l’envoûtement et la séduction? L’intitulé de notre colloque nous invite à l’appréhender comme une relation complexe et dans la variété de ses manifestations.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

D'entrée de jeu

  • Mot de bienvenue
    André Duhamel (UdeS - Université de Sherbrooke)
  • Ceci n'est pas de la séduction : sexualisation, capital érotique et désémantisation du sexe
    Chiara Piazzesi (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La sexualisation contemporaine des conduites et des apparences (souvent définie aussi « hypersexualisation ») est souvent considérée comme à la fois l'effet et la cause d'une décadence des valeurs attribuée aux configurations intimes traditionnelles. Elle semble, en ce sens, présager une anomie sexuelle et sociale généralisée. Cependant, du point de vue général, cette anomie ne paraît pas être en train de se produire dans les sociétés occidentales hautement sexualisées. Cette contradiction théorique nous invite à réviser les outils conceptuels pour penser la sexualisation. Dans ma contribution je proposerai à la discussion l'hypothèse selon laquelle, dans la sexualisation des apparences et des conduites, il ne s'agirait pas vraiment de séduction ou de sexe en tant que tels. Au contraire, à la fois la séduction et le sexe n'y figureraient dans la plupart des cas qu'à titre de simulacres, dans un statut désémantisé. Pour illustrer cette hypothèse, j'emploierai la notion de « capital érotique » (Hakim 2010), indiquant une forme d'accumulation de prestige social qui utilise le langage de la sexualité.

  • De la nécessité de séduire en contexte d'enseignement du français langue seconde
    Claude Quevillon Lacasse (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    L'apprentissage d'une langue seconde sous-tend une prise de risque importante au plan de la personnalité puisqu'il s'agit également d'appréhender une nouvelle culture qui viendra se greffer à la sienne. Par ailleurs, certaines stratégies d'apprentissage, telles que la tolérance à l'ambigüité et l'empathie, favorisent cet apprentissage d'une langue-culture. Or, afin de favoriser l'utilisation ou le développement de ces stratégies, il s'avère souvent nécessaire de séduire l'apprenant pour qu'il s'identifie à l'enseignant et veuille faire partie de la même langue-culture. Nous explorerons les tensions et les moyens mis en œuvre par l'enseignant de français langue seconde pour séduire l'apprenant et l'amener à vouloir s'investir dans son apprentissage d'une autre langue-culture.

  • Pause
  • La poursuite du bien et la séduction dans les relations d'amitié
    Manuel Pelletier (Cégep de Jonquière)

    Nombreux sont les philosophes ayant fait l'éloge de l'amitié pour sa noblesse morale, la présentant comme une relation affranchie des liens d'utilité ou de nécessité (Aristote, Cicéron). S'il est probable que nos intuitions aillent généralement en ce sens, il ne faut pas négliger la contribution très plausible d'autres philosophes, pour qui l'amitié, découlant de notre nature imparfaite, insuffisante, est une relation visant à satisfaire un désir ou combler un manque (Platon, Épicure). Si cette conception s'avère juste, on peut en déduire qu'il existe chez l'humain une puissante aspiration à sceller une amitié convoitée. Cela nous incite à envisager la séduction comme dispositif crucial dans l'établissement de ce type de relations. À travers deux œuvres, l'une de philosophie antique (le Lysis de Platon), l'autre de littérature contemporaine (Demian de Herman Hesse), nous tenterons de dégager une dynamique de séduction dans deux relations d'amitié, soit entre Socrate et Lysis et entre Émil Sinclair et Max Demian. Nous y découvrirons que sur le mode du dévoilement, conçu comme révélation progressive du séducteur, la possibilité d'un accès à une certaine connaissance ou conception du monde gagne en évidence pour le séduit, induisant ainsi une transformation de son être (actualisation du naturel philosophe, rejet des préjugés de son époque), et possiblement une transformation du monde souhaitée par le séducteur.

  • FausTechnology : la séduction de l'immersion audiovisuelle
    Yan Breuleux (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    « La raison de vivre, l'homme l'apprend par les emblèmes, les images, les miroirs. Qui manie le miroir tient l'homme à sa merci ». Pierre Legendre

    FausTechnology(2000) est une expérience nouveaux médias de 40 minutes basée sur une interprétation contemporaine du mythe de Faust à la lumière des changements technologiques. Faust, rêvant de donner à ses sens toutes les joies, à son esprit l'essor de l'aigle, à son ambition l'empire du monde, et ne pouvant réussir qu'avec le secours du Diable, se résout à signer un pacte avec lui. Une fois ce contrat diabolique signé, Méphistophélès, pour célébrer son triomphe, lui offre un spectacle. C'est à ce moment précis que débute la performance FausTechnology. Selon l'angle choisi pour la représentation de cette composition audiovisuelle, il s'agit d'adopter la perspective du Diable en faisant la démonstration de son pouvoir sur le public. Le public consent de ce fait à perdre son âme durant la présentation du spectacle. Formellement, le spectacle du diable est composée d'une progression lente d'une série de boucles visuelles et musicales en parfaite synchronisation visant à créer chez les spectateurs un état de transe hypnotique. L'oeuvre est conçue pour une projection sur trois écrans de très grande dimension formant une seule image et un système de sonorisation de haute puissance à multiples canaux. Nous nous intéresserons à l'interprétation du projet FausTechnology en lien avec les dimensions séductrices de l'immersion audiovisuelle.

  • Discussion

Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Chimie, dites-vous?

  • La beauté est dans les yeux de celui qui regarde : stratégies de reproduction chez les insectes parasitoïdes
    Guy Boivin (Agriculture et Agro-Alimentaire Canada)

    On peut penser que la séduction est étrangère au monde des insectes. Pourtant, le choix du partenaire sexuel et la gestion des investissements en temps et en ressources dans la reproduction s'expriment par des comportements étonnamment complexes chez les insectes. Autant les mâles que les femelles jugent de la qualité du partenaire sexuel en se basant sur des critères reliés au gain potentiel de valeur adaptative attendu de ce partenaire. Certains groupes, comme les parasitoïdes des œufs, font face à des contraintes importantes en raison de leur petite taille et d'une longévité de quelques jours. Les accouplements sont faits dans les minutes qui suivent l'émergence sous forme adulte et les deux sexes tentent d'attirer le sexe opposé et de choisir le meilleur partenaire. Par contre, certains signaux sont trompeurs et les mâles peuvent même continuer de s'accoupler alors qu'ils ne peuvent plus transmettre de spermatozoïdes. Les femelles ainsi trompées deviennent des pseudo-vierges et paient le prix fort en perte de valeur adaptative. La sélection sexuelle chez ces espèces peut également être cryptique. Lorsqu'une femelle s'est accouplée avec plusieurs mâles, les spermatozoïdes de ces derniers sont entreposés dans la spermathèque de la femelle et la femelle peut effectuer une dernière sélection lors de l'utilisation de ces spermatozoïdes pour féconder les œufs qu'elle pond.

  • Je l'aime et je ne sais pas pourquoi : signaux chimiques dans un contexte social
    Johannes Frasnelli (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Malgré le fait que nous sommes la seule espèce à avoir un langage développé, d'autres espèces ont également besoin de communiquer entre elles. Ainsi, d'autres moyens de communication sont utilisés par ces espèces. En fait, même pour les humains, la communication ne se limite pas à l'échange de mots puisque nous sommes en mesure d'utiliser des signaux non-verbaux tel que des expressions faciales, des gestes et des signaux chimiques. La communication par signaux chimiques ne semble pas avoir la même importance pour les humains que pour certaines autres espèces. En effet, nous ne sommes pas conscients de la réception et de l'intégration de l'information issue des signaux chimiques produits par le corps humain. Toutefois, ces signaux influencent notre comportement, et ce de différentes façons.

    Dans cette présentation nous clarifierons quelques aspects des effets sociaux des signaux chimiques. Plus spécifiquement nous répondrons aux questions suivantes : Quels sont les signaux chimiques en général, quels sont les signaux chimiques humains? Quels sont les effets de ces signaux, chez l'humain et chez d'autres espèces? Pourquoi nous sommes inconscients de ces signaux chimiques? Peut-on parler d'une communication par la transmission de signaux chimiques?

    Cette présentation traitera ainsi de quelques fondements neurophysiologiques quant à l'interaction humaine et à sa capacité de séduction par signaux chimiques.

  • Pause

Communications orales

Pouvoir et décevoir

Présidence : Manuel Pelletier (Cégep de Jonquière)
  • La séduction : d'un pouvoir-sur vers une puissance pour toutes et tous
    Lauran Ayotte (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Notre intention est de traiter des enjeux normatifs et politiques entourant la séduction à l'échelle de soi à soi-même, de soi par rapport à autrui et de soi en rapport au monde. En dévoilant l'évidente asymétrie des rapports de séduction, nous aimerions développer un sens de la séduction non pas comme extension de soi, mais plutôt comme expansion de soi. Notre déplacement sera une invitation à quitter l'univers de la collaboration pour glisser vers celui de la coopération. Après une présentation de cette métaphysique de la puissance appliquée dans la sphère de la séduction, nous tirerons les conséquences et les limites de cette approche sur les trois échelles proposées initialement notamment concernant la nécessité d'une intégration des vulnérabilités.

  • De la promesse à la déception : peut-on sortir de la séduction?
    Jacques Quintin (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Depuis l'après-guerre, le respect du principe de l'autonomie a supplanté le principe de la bienfaisance dans la pratique médicale. Il n'est plus possible d'offrir des soins sans obtenir un consentement libre et éclairé de la part des patients. C'est dans ce cadre que le médecin transmettra l'information au patient de la manière la plus objective possible. Cependant, le médecin est toujours mû par le désir d'assurer le meilleur bien-être possible pour ses patients. Sauf que ce que chacun entend comme étant le meilleur pour soi n'est pas toujours bien partagé. Il existe des désaccords sur ce qui pourrait permettre le bien-être. C'est ainsi que le médecin est pris entre ces deux principes et c'est dans cet interstice que la séduction s'insère. Nous montrerons qu'il existe deux formes de séduction : l'une qui manipule, qui emprisonne et qui est volontaire, et l'autre qui fait rêver, qui fait voir autrement et qui libère et qui relève de l'involontaire. La figure de Socrate et la pensée de Platon peuvent nous éclairer. Si la séduction consiste à ouvrir un espace qui touche à nos rêves, elle nous amène aussi et souvent à une mauvaise expérience : le sentiment d'avoir été trompé. Entre l'idéal et le réel existe un écart qui se vit à travers la déception. En fin de compte, pour réduire cet écart, ne devrait-on pas plutôt se mettre sur un monde de recherche pragmatique ?

  • Discussion

Communications orales

Ce qui nous lie

  • L'irrésistible parfum de la mère
    Syrina Al Ain (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    La naissance constitue une étape critique de la reproduction des Mammifères. Le fœtus est alors transféré d'un environnement stable et protecteur vers un univers asséchant, variable et hostile. À présent, l'ensemble des ressources est accessible à la surface du corps de la mère, et le nouveau-né doit donc être capable d'exécuter diverses actions orientées vers celle-ci et vers les régions spécialisées dans le transfert de matières. Biologistes, pédiatres, psychologues se sont intéressés à la relation mère-jeune(s) en s'interrogeant, plus particulièrement, sur la nature des signaux émis par la mère qui dirigent les nouveau-nés. De nombreux travaux ont ainsi rapporté que, quel que soit le niveau d'autonomie physiologique et de maturité sensorielle du nouveau-né à la naissance, l'olfaction joue un rôle crucial dans la communication mère-jeune(s) et la survie néonatale. Cette présentation aura donc pour but d'étudier le pouvoir attractif/“séducteur” de l'odeur maternelle sur les nouveau-nés chez une myriade d'espèces de mammifères. Les points suivants seront abordés: La nature des substrats chimiques attractifs pour les nouveau-nés, la variabilité du pouvoir attractif de ces substrats au cours du développement, ainsi que les mécanismes cognitifs sous-jacents. En somme, chez la grande majorité des mammifères, les interactions mère-jeune(s) sont contrôlées par des signaux chimiques, et le parfum maternel reste “irrésistible” au-delà de la période juvénile.

  • La séduction : le jeu du « je-nous, tu m'as »
    Virginie Duceppe-Lamarre (UdeS - Université de Sherbrooke)

    La séduction est le phénomène qui chapeaute les éléments qui composent la vie sociale des primates, dont l'entrée en relation, l'identité, la cohésion sociale, la manipulation, les alliances, les jeux de pouvoir, etc. De là, la relation de séduction est tout autant un lien biologique que politique, mais se distancie de la moralité en étant plutôt un lien éthique. La séduction n'est donc pas purement négative, au contraire. Pour illustrer mon point de vue, j'articulerai ma présentation autour de la nouvelle définition de la séduction que j'ai élaborée lors de mes recherches doctorales. Ainsi, j'aborderai, entre autres choses, les sujets du métissage, de la dynamique de surenchère (qui est caractéristique de la séduction) et la séduction inter-spécifique. À partir de cette définition, nous serons à même de saisir la nécessité d'inclure les animaux dans notre compréhension du phénomène de séduction. Dans la même foulée, je présenterai une réflexion sur le vivre-ensemble et la construction identitaire car la séduction se comprend par sa forme incarnée. C'est-à-dire que la séduction opère en passant par le corps qui s'exécute selon des rites précis, déterminés par des conventions sociales. La séduction se situe donc au-delà de l'individu tout en actualisant le corps de chacun par l'action de séduire.

  • Fléchir devant Aphrodite
    Benoît Castelnérac (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Les héros, les hommes et les dieux se plient souvent, chez Homère, à la toute puissante loi du désir. La cause est connue, c'est Aphrodite. Ses pouvoirs s'abattent sur les uns et les autres, qui sont néanmoins capables d'en faire usage avec l'accord de la déesse. Le désir et sa contrepartie, la séduction, volontaire ou non, ne sont pas absents de l'Iliade, et ils forment le moyeu central du mécanisme dramatique qui anime l'Odyssée. J'exposerai les principales ramifications de la séduction dans les poèmes d'Homère: comment son pouvoir lie les humains, les héros et les dieux de manière réelle et indéfectible.

  • Pause

Communications orales

La cause et le genre

  • Figures de la séduction, entre littérature et philosophie
    Mélissa Thériault (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    On trouve chez plusieurs penseurs qui se situent à la frontière entre littérature et philosophie une réflexion riche sur ce sujet fascinant qu'est la séduction. « Plus on aime et plus l'absurde se consolide »: c'est ainsi que Camus, par la figure de Don Juan, exprimait la façon la plus agréable à ses yeux de repousser la mort et de confronter l'absence de sens. Mais les impacts du phénomène diffèrent de beaucoup selon le genre : de la coquetterie féminine décrite par Nietzsche comme une forme de manipulation au nihilisme d'Arcan (où la pression de séduire se présente comme une aliénation propre aux femmes), en passant par l'éloge de « l'élan joyeux » donjuanesque exposé par Camus, la séduction exprime un rapport au monde qui es intrinsèquement lié à la façon dont est intériorisée la pression sociale associée au comportement genré. Cette présentation entend expliciter les postulats politiques sur lesquels se fondent ces visions de la séduction et exposer dans quelle mesure le rapport de séduction est tributaire (ou non) des déterminations associées au genre. Qu'elle soit libératrice ou contraignante, la séduction n'en demeure pas moins révélatrice de nos aspirations et craintes, et surtout, une intarissable source d'inspiration et de construction identitaire.

  • Le fanatisme ou la séduction des causes perdues
    Sylvana Al Baba Douaihy (UdeS - Université de Sherbrooke)

    La séduction est l'action de conduire à soi, tirer à soi et séparer de son lieu d'existence un individu au nom d'une idée ou d'une croyance. Cette dernière justifie la mise en conformité de toutes les actions posées. Mélange de fascination, de séduction, d'attrait, d'influence ou d'endoctrinement, l'adhésivité idéologique du fanatisme se construit sur un système cognitif qui, au nom d'une autorité, d'une idée ou d'une divinité déclare être en possession d'unique Vérité. Comment qualifier et comprendre, par le biais de la séduction, l'adhésion inconditionnelle à une idée ou à une croyance radicale au point de vouloir tout lui sacrifier ? Notre démarche s'emploiera d'abord à présenter, selon la méthode de clarification conceptuelle, le concept de séduction susceptible de nous instruire et de nous renseigner sur la force immense d'attraction du fanatisme et sur la difficulté de résister à son attrait. À partir de ce préalable, nous voulons ensuite répondre aux questions suivantes : Pourquoi le fanatisme est-il si attrayant ? Pourquoi la séduction qui émane du fanatisme est-elle si profonde? En nous basant sur « la séduction qui s'opère en convoquant l'espoir de retrouver ʺ l'obscur objet du désir ʺ, le fantasme d'un objet perdu » (Wainrib, 2004), nous montrons que le développement du fanatisme idéologique est le résultat d'un loyalisme pour une cause perdue (Royce, 1908) pour la récupérer. Enfin, notre exemple est celui de la redoutable séduction pour l'État islamique.

  • Discussion

Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Cultiver ou exploiter le désir?

  • La séduction pédagogique : les jeux du désir
    Denis Jeffrey (Université Laval)

    La pédagogie devient séduction si on la définit comme l'art de susciter le désir d'apprendre. Il s'agit bien d'un art qui, comme l'avait montré Fromm dans son petit livre L'art d'aimer, ne peut se passer de connaissances techniques, d'expériences et de sagesse. Ainsi, la séduction pédagogique est un art au service d'apprentissages. Soulignons par ricochet que le but de la pédagogie, quelle qu'elle soit, vise des apprentissages. Mais dans la séduction, il s'agit bien également de jeux de désirs. Comment envisager ces jeux de désirs dans un contexte pédagogique? Comme l'avait bien vu Lacan, le désir peut bien être le désir de l'autre, mais encore, faut-il que cet autre en accepte une part par identification. Dès lors, comment articuler la séduction au désir et à l'identification ? Pour un enseignant, être un modèle ne suffit pas pour produire du désir d'apprendre. Du point de vue de René Girard, pour qui le désir est mimétique, le désir de violence se propage plus facilement que le désir d'amour (Freud avait fait la même remarque dans Malaise dans la civilisation). Or, la pédagogie vise à allumer chez les élèves un amour pour le savoir. Comment arrive-t-il à créer un amour pour le savoir et à l'inscrire dans une permanence? L'effet de la séduction pourrait bien être passagère. Quelle est cette séduction (à la condition qu'elle soit pédagogique) qui peut opérer une sorte de conversion pour le désir de savoir, c'est-à-dire pour apprendre? Nous discuterons ici de ces questions.

  • L'indianité comme vecteur de séduction au Canada, 19e-21e siècles
    Claude Gélinas (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Un des paradoxes qui caractérisent l'histoire des relations entre autochtones et non-autochtones au Canada, du 19e siècle à nos jours, est qu'au même moment ou l'État cherchait à accélérer l'assimilation des premiers occupants, de larges pans de la population canadienne faisait de la représentation de l'Indien traditionnel un vecteur de séduction au service d'une mise en marché de valeurs ou de produits commerciaux. Cette représentation de l'indianité, largement issue d'un construit pragmatique, a parallèlement été récupérée par les autochtones eux-mêmes afin de donner une légitimité à leurs revendications politiques et juridiques. Aujourd'hui, cette fonction séductrice de l'indianité pose toutefois un défi pour les autochtones, dans la mesure où si elle continue d'agir à l'appui de leur lutte politique, ou en support à certains secteurs économiques comme le tourisme culturel, elle séduit aussi des Occidentaux au point où ceux-ci cherchent à se l'approprier, particulièrement dans sa dimension spirituelle. Ceci s'avère préoccupant pour les autochtones dans la mesure où leur particularisme culturel justifie, à bien des égards, le statut et les droits distincts dont ils jouissent. Aussi, que pourrait-il advenir de ce statut et de ces droits si ce particularisme culturel s'amenuise? Une telle réalité fait bien ressortir comment une démarche de séduction, dès qu'elle est lancée, ne se trouve plus sous le seul contrôle du séducteur.

  • Éthique de la séduction
    André Duhamel (UdeS - Université de Sherbrooke)

    La séduction, chez les humains du moins, peut relever d'une éthique, et non seulement d'un agir stratégique ou d'un charme œuvrant à notre insu. D'abord parce que l'éthique, ordonnée à un bien, est aussi affaire de désir et de fascination, donc d'attraction. Ensuite parce que ce qui séduit, même inaperçu, peut après coup être repris par qui séduit dans une intentionnalité et un délibéré. Enfin parce qu'une telle éthique avoisine l'amour, cette séduction à répétition. Quels seraient les traits de cette éthique ? Une répétition, justement, qui n'est pas routine ennuyeuse mais habituation rieuse, comme dans les comptines et les refrains (la musique du plaisir). Une dissimilation aussi, à ne pas confondre avec la tromperie, à l'instar de ce qu'on retrouve dans l'art (la quête de la source). Une incarnation sensible certainement, qui fait qu'on est touché et ému, mais par un univers et un universel (la séduction comme métaphore et métonymie). Et bien sûr une valuation, orientant la séduction dans une conduite, elle-même susceptible d'évaluation (un désir raisonné). Éthique du charme et charme de l'éthique se répondent ainsi l'une l'autre, chacune laissant à désirer (l'autre).

  • Discussion
  • Mot de clôture
    Virginie Duceppe-Lamarre (UdeS - Université de Sherbrooke)