Il s’agit d’examiner la contribution idéologique des discours de RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) au projet politique de « dialogue social ». Trois dimensions se dégagent de l’observation des conceptions étatiques et des conceptions des entreprises, relatives à la RSE :
1) Une dimension idéologique : l’idée qui émerge des propositions de RSE renvoie à la supériorité du modèle managérial de gouvernance par rapport au modèle historique (et démocratique) de l’État social, qui assure depuis les années 1950 la régulation de la relation salariale. En ce qui concerne la relation salariale, l’idée de RSE contribue à renforcer la problématique du « dialogue social » face au modèle revendicatif. En Europe, cette idéologie, renforcée par l’engagement institutionnel (Union européenne, États), devra être discutée et pourra être critiquée. Quid de la situation en Amérique du Nord?
2) Une dimension politique : les démarches RSE se développent conjointement à la mutation de l’État social keynésien vers un État social libéral. Dans ce contexte, de nouvelles dispositions réglementaires prennent forme, notamment en Europe et en France, avec l’institution d’un pacte social. La RSE constitue l’une des pierres angulaires de ce projet politique de nouveau modèle social. Ce modèle (idéal type) paraît cependant peu réaliste au regard du développement de conflits sociaux parfois violents. Quid de son adéquation à la réalité sociale?
3) Une dimension économique : pour les entreprises, l’une des questions essentielles reste d’assurer les conditions de compétitivité (notamment à l’international), ce qui revient à soumettre le social aux impératifs de l’économie mondialisée et du marché généralisé. La conception (utilitariste) de la RSE, qui en fait un facteur de compétitivité, revient à soumettre la gestion du social à l’économique. Cette vision restrictive de la RSE ne ruine-t-elle pas le développement de la démarche elle-même?
Ce colloque propose une vision pluridisciplinaire de ces questions.