Ce colloque s’attache aux représentations de la vulnérabilité dans des textes de femmes d’expression française du tournant du siècle pour penser les formes et figures données à la précarité et à la catastrophe, et à la charge politique ou esthétique de ces représentations dès lors qu’elles sont vecteur de transformation. Catastrophe et précarité sont ici deux versants d’un même bouleversement ou d’une même dégradation pouvant s’inscrire dans un rapport de causalité et de complémentarité ou de concurrence et d’opposition. Elles évoquent une violence fondamentale, originelle ou fondatrice, ponctuelle ou systémique ainsi qu’une blessure accidentelle ou intrinsèque qui finissent par devenir les marques d’une posture appelant à des reconfigurations de la subjectivité et de la communauté. Loin de tout essentialisme, la vulnérabilité s’entend au sens d’une condition sociale et politique, voire philosophique et esthétique qui « implique la vie sociale, c’est-à-dire le fait que la vie de quelqu’un est toujours en quelque sorte aux mains d’autrui » (Butler, 2010). De même, la catastrophe comme cataclysme se déploie dans l’horizon d’un anéantissement qui viendrait violemment remettre en question la permanence des structures, des subjectivités et des représentations.
Les réflexions féministes et littéraires sont les perspectives privilégiées par lesquelles les modalités de la mise en discours de la catastrophe et de la précarité seront analysées, autant dans leurs représentations que dans leurs remémorations lorsque l’événement ou l’expérience s’inscrivent dans le passé ou la durée. Seront envisagées des formes variées de la vulnérabilité, de la violence événementielle ou systémique jusqu’aux enjeux littéraires du care (sollicitude), en passant par l’émergence particulière du féminin, les postures de contestation ou d’affirmation, les mécanismes de révolte ou de résistance, voire la violence des sujettes qui précipitent la catastrophe, les postures de résistance se jouant de la précarité.