Informations générales
Événement : 83e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :La vie et le vivant intéressent autant les scientifiques que les poètes ou les philosophes. Nos rapports au vivant se construisent, se complexifient et se structurent au fil des expériences, à l’occasion de rencontres ou d’événements vécus en famille, à l’école, au gré de différentes activités auxquelles on accorde diverses significations et valeurs (Bernard, 2014; dell’Angelo, 2008). Par le passé, pour appréhender le « vivant » ou la « vie », différents paradigmes ont été identifiés selon des approches ou des éclairages provenant de plusieurs domaines disciplinaires comme les études philosophiques, épistémologiques, biologiques ou encore anthropologiques, sociologiques et historiques (Canguilhem, 1990; Jacob, 1970; Simard, Harvey & Samson, 2014).
Des avancées scientifiques récentes dans le domaine de la biologie et des biotechnologies ouvrent de nouvelles problématiques en modifiant le noyau (au sens propre comme au figuré) de ce que l’on conçoit comme vivant. Elles conduisent à remettre en question les conceptions de la vie humaine, animale et végétale, et de ses modes de transmission. D’un pays à l’autre, des cadres juridiques sont proposés, des comités d’éthique regroupant diverses disciplines et associations sont mis sur pied, cherchant non seulement la réflexion sur ses enjeux, mais aussi la nécessité de baliser, voire limiter, les pratiques professionnelles entourant le vivant (Parizeau, 2010). Ces questionnements ne concernent pas seulement les spécialistes dans le domaine des sciences du vivant, du droit, de l’économie ou de l’éthique; ils concernent aussi de manière plus générale tous les citoyens et, en particulier, les enseignants qui sont au centre de la situation éducative.
Considérant que vie et vivant sont porteurs d’enjeux importants touchant l’individu comme la société, notre perspective dans ce colloque est d’explorer et d’interroger certains de ces enjeux susceptibles de nourrir la réflexion des acteurs de l’enseignement et d’autres domaines concernés.
Dates :- Michèle Dell'angelo (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))
- Catherine Simard (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
- Marie-Claude Bernard (Université Laval)
- Sandrine De Montgolfier (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))
Programme
Ouverture du colloque
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Mot de bienvenue
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Conférence d'ouvertureMarie-Hélène Parizeau (Université Laval)
« Vie » et « vivant » : perspectives épistémologiques
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Conférence d'introduction : « vie » et « vivant », perspectives épistémologiquesMichèle Dell'angelo (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))
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Pause
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Épistémologie de la biologie : exploration de la conceptualisation du vivant chez de futurs enseignants et biologistes québécoisLéon HARVEY (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Ghislain Samson (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Catherine Simard (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Cette communication relève d'une étude doctorale qui s'est intéressée, au départ, à l'histoire de la biologie et aux grandes conceptions paradigmatiques qui ont alimenté la construction des savoirs de ce domaine disciplinaire, jusqu'à présent. À cet effet, un ensemble de conceptions du vivant a été sélectionné et circonscrit afin de développer un nouvel outil d'évaluation estimant la présence de l'une ou l'autre des conceptions dans les groupes à l'étude.
Tout d'abord, les conceptions circonscrites seront discutées avec une mise en contexte historique et actuel. Certaines, dont l'animisme, le vitalisme, le finalisme et le déterminisme strict sont considérées comme étant à ce jour des obstacles épistémologiques historiques (Bachelard, 1967; Brousseau, 1989). Reconduit dans la pensée scientifique, c'est en termes d'obstacles à une conceptualisation contemporaine du vivant qu'elles seront appréhendées. De plus, ces dernières décennies ont été marquantes dans le développement des savoirs en biologie laissant présager une rupture épistémologique imminente du paradigme du « tout génétique » pour laisser place au paradigme interactionniste (Atlan, 1999; Morange, 2005). En résonnance aux savoirs biologiques actuels, la conceptualisation du vivant fait référence à sa forme évolutive en reconnaissant des interrelations complexes et flexibles entre le génome et l'environnement.
De ce travail préalable, les futurs enseignants et biologistes ont été interrogé…
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Apprendre, un moment de vie? Savoir, individualité et rapport au vivant selon Georges CanguilhemJulie Noack (École normale supérieure de Lyon)
Georges Canguilhem est célèbre pour ses travaux d'épistémologie de la médecine et des sciences de la vie. Mais – comme l'ont montré les spécialistes de cet auteur (Dagognet, 1997) –, c'est dans le cadre d'une philosophie de la vie générale et originale qu'il a mené ces travaux. Ici, « philosophie de la vie » signifie à la fois une philosophie qui prend en compte tous les aspects de la vie humaine (donc une philosophie pratique, utile pour la vie) et une philosophie qui réinterprète ces différents aspects à partir d'une définition de la vie organique (Canguilhem, 1952).
Dans cette communication, on aimerait présenter la conception pédagogique que Canguilhem a fondée sur sa réflexion épistémologique. Proche, par certains côtés, de la célèbre conception deweyenne (Dewey, 1938), elle s'en distingue par son attention aux résultats et aux méthodes des sciences de la vie. Même si l'œuvre se concentre sur la pédagogie médicale et celle de l'éducation à la santé (Canguilhem, 1978), on suggérera en quoi elle peut éclairer de façon intéressante l'enseignement des SVT.
Pour Canguilhem, patient, apprenant et praticien sont chacun en activité vitale : or, quand on leur présente un modèle objectif du fonctionnement organique, ils doivent réussir à mettre en relation (et même « en débat ») leur expérience actuelle avec la réalité objective. Cet aller-retour constant entre le vécu singulier de la vie et les modèles universels du vivant est difficile, mais on aimerait le « tester » sur un exemple …
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Dîner
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Présentation de l'organisation de l'après-midiMichèle Dell'angelo (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))
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De l'idée au concept de métamorphose : des transformations possibles et impossibles pour comprendre le vivant et la vieCatherine Bruguiere (Université Claude Bernard Lyon 1), Frédértc Charles (Université Claude Bernard Lyon 1), Olivier Perru (laboratoire S2HEP)
L'idée commune de métamorphose s'exprime par ce que Canguilhem (1962) nomme le « désir de métamorphose ». Elle représente un obstacle primordial à l'intelligence de l'objet biologique. C'est par la lecture de l'ouvrage Les Chants de Maldoror, que Bachelard (1939) voit dans cette tendance à la métamorphose de l'homme en bête, un complexe qu'il baptise « complexe de Lautréamont », véritable obstacle qui contrarie la vie humaine. Mais chez ces auteurs, cette métamorphose n'est biologique que métaphoriquement, elle est animalisation du visage et de la psychologie humaine. Or, la biologie moderne qui s'est constituée autour du fait que toutes les combinaisons ne sont pas possibles...
Une des caractéristiques du vivant est le fait qu'il évolue dans le temps. À l'échelle d'un individu, le cycle de développement assure la pérennité de l'espèce. À l'échelle des temps géologiques, la théorie de l'évolution explique la diversité du monde vivant. Les scientifiques du 19e, qui prendront les métamorphoses comme modèle de l'évolution manqueront souvent la compréhension de la théorie darwinienne de l'évolution (Rumelhard, 1995). À la même époque, de nombreuses œuvres littéraires s'emparent de la métaphore de la métamorphose.
Dans cette communication, nous interrogeons la pertinence d'une rencontre entre littérature, philosophie et biologie pour penser simultanément l'idée et le concept de métamorphose qui apparaissent épistémologiquement au centre de la compréhension du vivant et de la vie animale.
« Vie » et « vivant » : questions de société
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Conférence d'introduction : « vie » et « vivant », questions de sociétéFlorence Piron (Université Laval)
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Le vivant comme source d'inspiration pour refonder l'innovation, les échanges économiques et les organisations humainesDorothée Browaeys (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))
Pourtant, la vie comme phénomène matériel, social et historique (avec ses failles et ses errances) fait aujourd'hui résistance. Les organismes vivants ont en effet des compétences uniques (interdépendance, plasticité, résilience)…
On peut regarder le mouvement technique comme l'entreprise de copier et d'amplifier les métabolismes vivants. Extensions de nos organes, fabrique d'usines énergétiques, organisation d'espaces habitables, protection du « soi » à l'instar des défenses immunitaires… Le vivant inspire les inventeurs par sa capacité d'auto-organisation et d'auto-réplication. Kim-Eric Drexler dans son livre Engines of création (1986) se réfère aux réalisations naturelles pour affirmer la possibilité de faire vivre des biorobots.
Progressivement, c'est l'information, le code porté par l'ADN, qui prend le pouvoir : avec la biologie moléculaire, le projet de fabriquer du vivant artificiel se déploie, arrimé à une logique économique de fragmentation en biobriques ou gènes stratégiques, garantissant une valeur d'échange (brevets). La logique d'ingénieur articulée sur les standards et la prédiction, achèved'expulser la viedes corps, animaux ou plantes désormais programmés, gérés et conditionnés. Car, que reste-t-il de la vie si elle est arrimée à des finalités ? Le programme industriel « technomimétique » est hors sol. Certains biologistes l'ont bien compris quand ils disent que la « condition de mise en œuvre de la biologie de synthèse est l'indifférence au contexte » (F. Képès).
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Pause
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Médecine prédictive : un nouveau paradigme en santé individuelle, familiale et sociétale?Sandrine De Montgolfier (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))
La médecine prédictive a pour but d'identifier des êtres humains « à risque » de développer une maladie liée à une anomalie génétique, mais également de connaitre les risques chez de futurs parents de transmission à leur descendance (CCNE, 2003). Ces tests génétiques cachent des enjeux éthiques par la potentielle contradiction entre l'individuel et le bien commun qu'ils développent (Parizeau, 2010). Les résultats mobilisent chez la personne à risque une réflexion profonde sur son statut, sa liberté de savoir ou de ne pas savoir, sur la tension qu'elle développe entre conscience, liberté et destin (Hirsch et al., 2007). Toute atteinte génétique renvoie à la représentation qu'un être humain peut avoir de son histoire. Est-on considéré comme malade? Qu'est-ce qu'une intervention réparatrice? Comment vivre la question du nouvel eugénisme libéral (Gaudillière, 2011)? Ces nouvelles pratiques s'accompagnent d'une injonction à l'autonomie tout en organisant une nouvelle gestion préventive des populations dans laquelle la clinique est au centre des pratiques d'intervention et le point de passage des politiques visant les populations, la gestion collectives des risques et la préservation de la santé publique.
Après avoir discuté de cette tension entre individu et société, nous pourrons ainsi amener un début d'interrogation sur la manière de former les populations à ces nouvelles technologies et ce nouveau paradigme médical en particulier dans le milieu scolaire (Groupe d'études, 2011).
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La limitation des recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines : le cas français de 1994 à 2013, enjeux épistémiques, éthiques, politiques et pistes didactiquesGrégoire Molinatti (Faculté d’Education, LIRDEF Université de Montpellier et Centre Norbert _Elias Marseille), Eric Triquet (ESPE Grenoble Université Joseph Fourier)
Cette communication s'intéresse au processus qui a conduit en France à définir un cadre légal des recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines (CSEh), sur la période 1994-2013. Nous nous proposons d'examiner dans quelle mesure le processus mis en place relève de ce que Philippe Kitcher (2010) a nommé une science bien ordonnée. Son modèle prévoit de restreindre la délibération au cercle de représentants des citoyens à une double condition : que ceux-ci soient en mesure d'exprimer des préférences éduquées (informées et discutées) et qu'ils aient été familiarisés avec les préférences d'autres représentants de la société.
Après avoir défini les différents enjeux épistémiques et sociétaux des recherches sur les CSEh ainsi que leurs implications éthiques nous questionnerons le dispositif mis en place sur la période étudiée, de façon à repérer si les conditions posées par Kitcher ont été réunies. Parallèlement, nous pointerons l'évolution des contraintes imposées aux chercheurs et la marge d'action qui est la leur aujourd'hui en France.
Nous nous proposons d'étudier par ce biais le cadrage sociétal de ces recherches sur le vivant en termes de normes scientifiques et sociales, entendues au sens de Georges Canguilhem (1994), comme des processus affectant des valeurs à des faits permettant ou non de définir l'embryon humain comme sujet.
Ce choix des recherches sur les CSEh questionne ainsi la « vie » et le « vivant » selon des points de vue croisés – politique et éthique…
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Les techniques de traitement des images numériques en appui à l'amélioration du rapport épistémologique des élèves au vivantNadia Chérif (Lycée Belkaid), Hassen Reda Dahmani (Ecole normale supérieure de Kouba), Ijsbrand Kramer (Université de Bordeaux)
La biologie actuelle fait appel à l'imagerie numérique qui, par ses attributs iconographiques et l'évolution des logiciels de traitement, incite à réviser le statut épistémologique de la représentation sémiotique du vivant. La visualisation des phénomènes biologiques « modélisés avec un fort degré de formalisation » (Monod-Ansaldi,Molinatti,Fontanieu,Devallois, Sanchez, 2012) intègre les notions de manipulation et d'interactivité. Ainsi, « d'images qui donnent à voir des "curiosités" » (Panese, 1996, p.76), les images deviennent des outils au service de la conceptualisation scientifique et deviennent elles-mêmes « nouveau savoir à transmettre » (Segura, 1996, p. 229). Les emplois qui en découlent caractérisent la tendance de la biologie à perdre son côté expérimental (Dagognet, 1973).
Nos travaux notent que ces images/outils suscitent chez les étudiants un certain engouement à explorer et comprendre comment fonctionne un organisme, une cellule, une protéine, etc. (Kramer, Dahmani, Delouche, Bidabe, Schneeberger, 2012). De plus, le traitement d'images numériques pourrait jouer un rôle accru comme moyen de construire une représentation opératoire du vivant en incluant les dimensions spatiales, temporelles et de dynamisme.
Nous montrons sur un exemple d'une image d'IRM de cerveau comment la manipulation de l'image numérique lève l'obstacle « fixiste » chez l'élève par rapport au fonctionnement cérébral et favorise une meilleure compréhension de la notion de « plasticité…
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L'enseignement des animaux et du monde vivant pour les humains et pour l'humanitéMarie-Christine Favé (ENV-Ecoles Nationales Vétérinaires)
Des animaux unicellulaires du sol, du compost, de la panse et des intestins, aux mammifères des vergers, jardins, villes, parcours et étables, en passant par les insectes, batraciens, poissons, oiseaux etc. les animaux qu'ils soient sauvages ou domestiques, participent activement à la vie des écosystèmes naturels ou cultivés par les humains (agriculteurs, jardiniers professionnels ou mateurs, citoyens). Ceci, aussi bien en coopération avec les humains qu'à leur insu.
Par leur espèce, leur race, par leur présence, leurs formes, leurs émotions, leurs comportements, leurs maladies, les animaux s'expriment. Ils sont alors des sentinelles, des révélateurs, des panseurs pour les humains et l'humanité.
Pour l'être humain dans sa ferme, dans son jardin, dans son espace vert, dans sa maison, dans sa ville, les animaux sauvages et domestiques sont des compagnons actifs, des collaborateurs efficaces.
La rencontre avec les animaux domestiques et sauvages participe à la construction, au développement et à l'équilibre des personnes qui vivent dans la ferme, de celles qui y passent, et tout particulièrement des enfants, et aussi aux citadins dans leur quotidien.
Parce qu'ils vivent et fonctionnent dans le monde des sens et de la perception, les animaux, facilitent ouvre un autre mode de relation au monde vivant. Découvrir et expérimenter ce « langage non verbal » permet aux humains de nouer une relation vivante, dynamique avec les animaux, la nature et plus largement avec le vivant…
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Discussion
« Vie » et « vivant » : milieu scolaire et extrascolaire, formel et informel
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Synthèse de la première journée de colloqueMichèle Dell'angelo (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))
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Conférence d'introduction : « vie » et « vivant », milieu scolaire et extrascolaire, formel et informelMaryline Coquide (École normale supérieure de Lyon)
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De quelques démarches méthodologiques pour approcher les points de vue d'enseignants et enseignantes (façons de dire et d'agir) sur des QS en lien avec le vivantMarie-Claude BERNARD (Université Laval), Liliane Mbazogue Owono (Université Laval)
L'intégration scolaire de contenus d'enseignement liés à des questions de société vives ou sensibles telles celles du vivant est l'aboutissement d'un processus complexe de tensions et de négociations entre différents acteurs et actrices aux intérêts variés. C'est le cas des biotechnologies et des questions relatives à la santé qui soulèvent des enjeux sociaux, éthiques et culturels se répercutant dans la recherche et dans l'enseignement des sciences (Callon et al., 2001). Au regard de la diversité de ces enjeux et des controverses afférentes, certaines approches d'enseignement recommandent d'intégrer de telles questions dans une perspective citoyenne (Fourez, 2002). D'où la nécessité d'adopter des méthodes de recherche conformes à leur spécificité, c'est-à-dire celles pouvant faire émerger la pluralité de postures dans l'analyse des points de vue d'enseignants et enseignantes de sciences.
Le recours à des méthodes relevant de l'interactionnisme symbolique semble approprié. Adoptée depuis quelques décennies au champ de l'éducation, cette perspective permet de comprendre la ‘réalité sociale' du point de vue des acteurs et actrices concernés, c'est-à-dire selon leurs représentations et leurs expériences socialement situées (Chapoulie, 2001).
Les démarches du focus group et des récits de vie, objet de cet exposé, aboutiront à la compréhension de positions consensuelles, divergentes et complémentaires et à celle de la genèse des points de vue (Bernard, 2013 ; Mbazogue-Owono, 2014).
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Construire une conception scientifique du vivant avec des élèves de 5-7 ans : approche didactique pour mieux comprendre les processus d'apprentissage et les enjeux développementauxCéline Grancher (Université de Bordeaux), Yann Lhoste (E3D-LACES / Université de Bordeaux / ÉSPÉ d’Aquitaine), Patricia Schneeberger (E3D-LACES / Université de Bordeaux / ÉSPÉ d’Aquitaine)
Cette communication s'appuie sur une recherche doctorale en cours. Nous travaillons sur le vivant en tant qu'objet de savoir et plus particulièrement sur les phénomènes d'enseignement-apprentissage de ce concept au début de l'école primaire (élèves de 5-7 ans, classes de CP-CE1). Bien que la découverte du monde du vivant fasse partie des programmes officiels de l'école primaire française, se posent plusieurs questions quant aux contenus à enseigner et aux situations possibles à mettre en œuvre dans les classes : quelle(s) définition(s) du vivant retenir pour des jeunes élèves ? Comment faire pour que ces élèves construisent une conception scientifique du vivant ?
Une analyse épistémologique du concept de vivant nous a amenés à appréhender la pluralité des définitions s'agissant du vivant et de la vie et à mettre en lumière les problèmes que pose tout essai de définition par les scientifiques (Kostyrka, 2014). Des travaux antérieurs effectués auprès d'enfants (Guichard et Deunff, 2001 ; Dell'Angelo-Sauvage, 2009) ont montré qu'un des enjeux de l'enseignement-apprentissage du vivant est de permettre aux élèves de construire un autre rapport au vivant que celui de la vie de tous les jours, en lien avec l'acquisition de savoirs scientifiques sur le vivant. Cela nous a conduits à étudier des situations scolaires en tant que processus d'acculturation scientifique scolaire car les élèves sont incités à entrer dans une culture scientifique…
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Les rencontres des enfants avec la vie et le vivant à l'école maternelleFrédéric Charles (Université Claude Bernard Lyon 1)
En France, l'école maternelle constitue le segment scolaire qui doit permettre une entrée réussie dans la culture scientifique (Orange et Plé, 2000). Les dernières prescriptions officielles recommandent une découverte active du monde vivant, par une connaissance des manifestations de la vie et une compréhension de certaines distinctions du vivant et du non-vivant. L'enjeu socio-éducatif est fondamental puisqu'il s'agit d'assurer la première formation à l'exploration du milieu naturel de la quasi-totalité des enfants de trois à six ans. Cette formation doit offrir la possibilité d'une capitalisation expérientielle contribuant à la constitution d'un référent empirique (Coquidé et Lebeaume, 2003). Ces expériences initient le curriculum d'éducation biologique à l'École.
Dans cette perspective curriculaire, une double investigation des pratiques des enseignants de maternelle (Charles, 2012) a été menée par un questionnaire (N=97) et par des carnets de bord et des entretiens (N=12). Cette communication propose d'examiner comment cette étude permet de reconstituer les rencontres des élèves avec la vie et le vivant.
Les résultats montrent que les activités biologiques sont omniprésentes dans les écoles maternelles, permettant aux enfants des rencontres variées avec la vie et le vivant. Les données révèlent quels animaux sont mis en élevage, quelles plantes sont cultivées lors d'activités d'observation (Guichard, 1998).
L'analyse des pratiques des enseignants…
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Pause
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L'anthropomorphisme dans des albums documentaires et des albums de fiction réaliste : permet-il de problématiser la question de la métamorphose avec des élèves de l'école primaire?Catherine Bruguiere (Université Claude Bernard Lyon 1), Frédértc Charles (Université Claude Bernard Lyon 1)
La littérature de jeunesse, qui foisonne de figures animales, contribue à renforcer ce processus de personnification. Dans cette communication nous proposons de nous focaliser sur le thème de la métamorphose animale, d'une part parce qu'il relève d'une caractéristique du vivant enseignée à l'école élémentaire française et d'autre part parce qu'il représente un thème charnière à la rencontre de la littérature et des sciences du vivant. Notre étude qui s'inscrit dans une perspective cognitive de la narration et problématique de l'apprentissage scientifique, vise à explorer la littérature de jeunesse comme ressource pour l'enseignement des sciences à l'école élémentaire. L'objectif de notre étude est double…
En référence aux travaux de Piaget (1896-1980), un certain nombre d'études ont examiné l'utilisation de l'anthropomorphisme et de l'animisme dans l'explication de phénomènes biologiques, physiques et chimiques dans des classes de l'école élémentaire et du secondaire. Elles ont montré que le langage anthropomorphique est commun tant parmi des élèves que parmi des professeurs. Une question qui reste largement débattue est celle de savoir si l'anthropomorphisme et l'animisme doivent ou pas être utilisés dans l'enseignement des sciences. Certains auteurs soutiennent que les formulations anthropomorphiques ou animistes représentent un obstacle majeur à la construction d'une pensée scientifique, d'autres considèrent qu'elles peuvent présenter une certaine fécondité à son développement.
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Le rapport à la fin de vie d'élèves de Première ScientifiqueGéraldine Dargent (Centre International de Valbonne)
L'atelier de bioéthique du Centre International de Valbonne se compose de douze élèves de 1ère scientifique et se déroule sur le temps péri-scolaire. Ce groupe d'élèves, encadré par une équipe pédagogique, des intervenants du domaine de la santé et du théâtre réfléchissent sur le thème des soins palliatifs et de la fin de vie. Cette réflexion est mise en scène par les élèves eux-mêmes, sous la forme d'une pièce de théâtre pour être présentée à la Journée de Bioéthique Jeunes à Aix en Provence.
Le point de départ de cette réflexion a été la loi Leonetti (2005), le rapport du CCNE du 21 octobre 2014 sur la fin de vie et les ouvrages de Marie De Hennezel et de David Servan Schreiber. Au cours du temps, le rapport à la vie et à la mort a évolué dans nos sociétés depuis un demi-siècle (Ameisen, 2013).
Durant l'atelier, les élèves ont exprimé, leur position personnelle par rapport à la fin de vie. Plusieurs d'entre eux se sont prononcés en faveur du « faire mourir » dans une situation incurable. Pour la majorité, la notion de soins palliatifs n'est pas compréhensible car pour eux, c'est un paradoxe de prodiguer des soins à une personne qui de toute façon est condamnée ; les enjeux d'une d'unité de soins palliatifs ne sont pas perçus, ni pour le patient, ni pour le personnel médical du point de vue de l'élève.
A travers des questionnaires et des échanges recueillis au cours des séances d'atelier, cette recherche analyse le rapport à la vie et à la mort des élèves
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Science, nature et humain ont rendez-vous au jardin : les enjeux didactiques d'une pédagogie autour d'un jardin expérimental et ses implications sur le rapport au vivant des élèvesOlivier Dargent (Centre International de Valbonne), Géraldine Dargent (Centre International de Valbonne)
Les enseignements en Sciences de la Vie et de la Terre au travers des programmes sont vecteurs de construction d'un rapport au vivant (Dell' Angelo. 2008). Les enseignants, dans cette discipline, placent au premier plan les activités pédagogiques favorisant la rencontre de vivants. (Bernard, 2008). En classe de Sixième en Sciences de la Vie et de la Terre , le rapport au vivant est abordé tout au long du programme : caractéristiques de l'environnement proche et répartition des êtres vivants, peuplement d'un milieu, origine de la matière des êtres vivants, des pratiques au service de l'alimentation humaine et diversité, parenté des êtres vivants.
Le jardin expérimental, installé au Centre International de Valbonne, a été le lieu d'activités pédagogiques pour aborder les différentes notions du programme. C'est aussi le contexte de cette recherche. Le jardin recueille, à priori, naturellement, l'adhésion de chacun, élèves, équipe éducative et parents. Pourtant, on constate que peu de classe consacrent du temps scolaire et extrascolaire à des activités dans le jardin. De plus, on remarque que certains enseignants qui, au préalable, planifient leur progression en intégrant le jardin ne l'investissent finalement que très peu.
Quels sont les enjeux didactiques d'une pédagogie axée sur des activités au jardin expérimental en terme de rapport au vivant des élèves ?
L'expérimentation a été menée sur deux projets : la réalisation d'un « totem à insectes » et un « nichoir à mésanges » …
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Dîner
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La construction conjointe d'aspects du « vivant » à l'école : une compréhension éclairée par les rapports aux savoirsEliane Pautal (Université Toulouse - Jean Jaurès)
La communication interroge le curriculum « en train de se faire » à travers la manière dont des élèves et un professeur construisent conjointement (Sensevy, 2011) des aspects des sciences du vivant au cours de situations d'enseignement et d'apprentissage scientifiques à l'école élémentaire française. C'est d'un point de vue didactique que sont interrogés d'une part, les programmes prescrits, à propos des fonctions de nutrition du vivant et la manière dont ils sont interprétés par un enseignant pour enseigner la circulation du sang au cycle 3, et d'autre part la co-construction de connaissances, d'attitudes et de valeurs liées au vivant, en fonction de la familiarité qu'ont les élèves et le professeur avec le concept de vivant.
Inscrite dans un paradigme de recherche didactique liant pratiques de classe et rapports aux savoirs des enseignants et des élèves (Pautal, 2014), l'étude de cas rapportée mobilise des éléments relatifs au travail de classe (enregistrement de plusieurs heures de vidéo entièrement retranscrites) et des entretiens menés avec le professeur et des élèves (avant et après les séances de classe) selon une méthodologie proche de celle développée par l'école genevoise (Schubauer-Leoni et Leutenegger, 2002).
Les résultats examinent les ressources didactiques disponibles, leur agencement et les manières de les mettre en scène conduisant à privilégier certains aspects du concept de vivant qui peuvent engager les élèves durablement dans une forme de rapport au vivant…
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Origine de la vie et histoire évolutive des êtres vivants en débat au collège : construction de problèmes et obstacles en tensionPatricia Crépin (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))
A la suite d'un travail de thèse en didactique des sciences, cette communication propose de discuter la tension entre problèmes et obstacles dans les raisonnements des élèves de collège (13-14 ans) à propos de l'histoire des êtres vivants sur Terre et de leur parenté. Deux enquêtes didactiques ont été menées sous forme de questionnaires individuels suivis de débats filmés en classe. La première situation explore des conceptions initiales d'élèves sur le problème de la mise en histoire des vivants sur Terre, suivi de débats internes en groupes puis d'une confrontation collective. Trois enjeux d'apprentissage sont réalisés par ce public : entrer en questionnement scientifique et philosophique, développer des argumentations et prendre conscience de la distance entre le réel et les modèles construits sur l'origine de la vie, la chronologie des apparitions/ disparitions des différents groupes de vivants et surtout la place l'homme au sein du monde animal. Divers obstacles épistémologiques sont révélés – analogisme, gradisme, métamorphose, pensée catégorielle, etc. En focalisant sur le problème de la parenté Homme-singe, soulevé par l'enquête précédente, la seconde situation mesure l'évolution des conceptions des élèves lors d'une séquence d'enseignement dans deux classes. Outre les obstacles précédents récurrents, un obstacle idéologique nettement plus prégnant émerge, et ce d'autant plus dans la classe d'un collège urbain en zone d'éducation prioritaire...
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Les valeurs associées aux enseignements relatifs au vivantMichèle Dell'angelo (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12)), Camille Roux-Goupille (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))
L'école est sollicitée pour donner aux élèves des valeurs. Porteur de nombreuses ambigüités, ce terme à l'instar de Weber peut se comprendre différemment suivant les contextes comme l'économie, la politique, l'esthétique ou la science. C'est à ce dernier champ que nous proposons de nous intéresser pour questionner et caractériser les valeurs relatives au vivant. Dans les programmes du primaire français, et du secondaire en sciences de la Vie et de la Terre ce terme est inscrit une seule fois, dans l'introduction pour le collège : « traduire concrètement des valeurs éthiques partagées ». Beaucoup d'auteurs relient les valeurs à un jugement (Lecourt, 1997). Nous comprenons alors la situation inconfortable des enseignants (Kelly, 1986). Certaines valeurs sont-elles suffisamment partagées pour être affirmées ? Préserver les espèces : oui, mais lesquelles, au nom de quelles valeurs ? Nourrir la planète : avec quelles modalités d'agriculture et d'élevage ? Préserver la santé : mais à quel point ?
Nous croiserons les écrits récents des chercheurs pour étudier les résultats d'une enquête auprès d'enseignants et futurs enseignants du 1er et second degré : quels « rapport aux valeurs » ont-ils ? Quels positionnements par rapport aux valeurs associées à l'enseignement du vivant ? Existe-il pour eux un enseignement « objectif » non orienté, des SVT ? Quelles valeurs pensent-ils pouvoir transmettre lors d'enseignements relatifs à l'alimentation, aux chaines alimentaires ou à la reproduction ?
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Pause
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Comment les éducations non formelle, informelle et formelle contribuent à l'apprentissage du bien-être animal chez de futurs professionnels animaliersLaurence SIMONNEAUX (ENFA - École nationale de formation agronomique), Michel Vidal (montpellier supagro)
Les débats scientifico-éthiques actuels relevant du bien-être animal en font une question socialement vive en réinterrogeant la relation que l'humain entretient avec le vivant.
Le bien-être animal est pris en compte dans les curriculums formels de l'enseignement agricole français depuis 2008. Nous interrogeons l'apprentissage dont il fait l'objet et que nous envisageons au travers d'une éducation à l'empathie interspécifique.
Nous identifions les facteurs des éducations formelle, non-formelle et informelle susceptibles de le défavoriser. Notre analyse se fonde sur les récits de vie et les entretiens d'explicitation de sept élèves en formation relevant de l'élevage d'animaux de production ou d'animaux de compagnie durant deux années consécutives.
En début de formation, six élèves souhaitent créer une relation affective avec l'animal mais ne développent pas nécessairement une attitude empathique durant les deux années de suivi. Les facteurs incriminés sont (1) le manque de confiance en soi de l'élève et les jugements qu'il subit de ses pairs, de l'enseignant ou de ses parents, (2) la conformation aux savoirs, pratiques et idéologies des parents, des professionnels ou de l'enseignant, (3) une conception et une motivation anthropocentrée et réifiante vis-à-vis de l'animal, (4) la dissociation de la dimension relationnelle et productive de l'élevage. Ils génèrent des mécanismes de défense - compartimentation de l'expression des sentiments, retrait apathique, désanimalisation…
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Méthodologies scientifiques et techniques pour approcher le vivant dans les programmes scolaires : comparaison France-QuébecMarie-Claude Bernard (Université Laval), Sandrine De Montgolfier (UPEC/ ESPE/IRIS), Michèle Dell'angelo (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12)), Catherine Simard (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Les percées en matière de biotechnologie ouvrent la voie à des transformations d'une grande portée touchant au cœur du vivant: manipulation génétique, OGM ou utilisation de cellules souches, la biologie contemporaine soulève des questions porteuses d'enjeux (Parizeau, 2010) qui trouvent écho dans la recherche et l'enseignement des sciences. Dans ce contexte, nous avons mené une étude sur l'analyse du discours des programmes officiels scolaires du préscolaire au secondaire au Québec et en France sur les questions entourant le vivant, en considérant que lesdits programmes contribuent autant à la structuration des situations éducatives qu'à l'intégration d'un point de vue sur la société et les savoirs (Désautels & Larochelle, 2004; Lessard, 2010). Au regard de trois axes: approches éthiques du vivant, caractérisation du vivant et méthodologies scientifiques et techniques, l'étude a montré qu'une des finalités de l'enseignement des sciences et technologies serait de favoriser le développement, chez les élèves, d'une culture technique et scientifique permettant de poser un regard critique sur celle-ci et de soulever des questions éthiques à l'égard de la fécondation in vitro ou des biotechnologies (Bernard et al., 2013; de Montgolfier et al., 2015). Il s'agit à présent de présenter les résultats d'analyse du dernier axe en ouvrant la réflexion sur les possibles retombées du discours sur les pratiques enseignantes et sur les conceptions des élèves sur les enjeux entourant le vivant.
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Place et fonction des SHS dans les écoles d'ingénieurs en France : mise en évidence d'une spécificité pour les sciences du vivantCatherine Roby (Université Rennes 2)
Nombre de travaux de SHS montrent les liens établis entre rationalité des sciences et techniques et perspectives épistémiques de nature culturelle, politique, économique et éthique. L'étude réalisée vise donc à identifier si cette description des sciences et techniques comme phénomènes culturels et sociaux trouve sa place dans les formations d'ingénieurs, futurs professionnels amenés à engager des choix de société.
La communication proposera une étude descriptive quantitative et qualitative de la place des enseignements de SHS (ou apparentés), tels qu'ils sont affichés dans les curricula formels des formations initiales sous statut étudiant (enquête sur les sites internet de toutes les écoles).
Quels que soient les critères utilisés (appellations génériques, existence et noms des départements de ces enseignements ou de recherches en SHS), les résultats mettent en évidence la spécificité des écoles des sciences du vivant. Dans le cadre de la sociologie du curriculum, cet écart est interprété comme la manifestation d'orientations culturelles technoscientifiques pouvant être reliées à la tutelle du ministère de l'agriculture et/ou au domaine particulier des sciences du vivant. Ces orientations semblent se répercuter sur la connaissance et reconnaissance des SHS, donc sur la place qu'elles occupent dans les formations et les relations qu'elles entretiennent avec les sciences du vivant…
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Retour sur les moments clés du colloque, synthèse des différents apportsMichèle Dell'angelo (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))