Informations générales
Événement : 83e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Ce colloque vise à mettre en lumière les situations des jeunes adultes inscrits en formation professionnelle (FP) dans un contexte où l’attention et les ressources importantes consacrées à la FP ne semblent pas produire les effets escomptés, en particulier au niveau secondaire.
Au cours de la dernière décennie, les gouvernements ainsi que les acteurs de l’éducation et du travail ont manifesté de grandes préoccupations à l’égard de l’accès, de la réussite et des débouchés en matière de FP. Malgré cela, les préjugés au sujet de la valeur de ce type de formation persistent et bon nombre d’élèves peinent à terminer leurs études. Il semble donc important aujourd’hui de s’attarder aux jeunes inscrits en FP et d’en apprendre davantage sur leurs parcours de vie avant, pendant et après leurs études, et sur la manière dont ces parcours se déploient en lien avec diverses formes de soutien, tant formel qu’informel (aide gouvernementale, intervention psychosociale, conseils en orientation, aides de proches et de la famille).
Reconnaissant que les épreuves personnelles, familiales, relationnelles et scolaires qui jalonnent les parcours des jeunes en général n’arrivent pas à être traversées seuls, sans soutien approprié, ce colloque s’intéressera de manière plus spécifique à la manière dont les jeunes inscrits en FP composent avec leurs difficultés. Le soutien dont ils ont besoin est-il toujours disponible et l’intègrent-ils à leurs parcours? Est-il concentré sur les dimensions scolaires ou englobe-t-il l’ensemble des dimensions du parcours de vie auxquelles s’attachent les difficultés des jeunes? Ou encore, est-il difficilement accessible, de telle sorte que la FP continue d’être pour plusieurs une voie de relégation?
Le colloque s’intéressera également aux effets de contexte sur les parcours de ces jeunes et sur les formes de soutien auxquels ils accèdent (ou pas) : catégories socioéconomiques, institutions fréquentées, types de régions, etc.
Date :Programme
Choisir d'étudier en formation professionnelle
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Mot de bienvenue
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Peut-on parler de « choix de carrière » en formation professionnelle?Louis Cournoyer (UQAM - Université du Québec à Montréal), Frédéric DESCHENAUX (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Sylvie FORTIER (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Historiquement, la formation professionnelle (FP) est considérée comme une voie de relégation destinée à ceux qui ne peuvent pas emprunter la filière des études supérieures. Les élèves en difficulté d'apprentissage, les décrocheurs et les élèves considérés comme « manuels » sont poussés vers la formation professionnelle, dévalorisant par le fait même ce type de formation. Encore aujourd'hui, l'image de la FP n'est toujours pas si reluisante, comme le montrent deux études menées successivement en 1995 et 2005. Cependant, le nombre d'élèves en FP suit une tendance à la hausse depuis 1999-2000. Bien que l'effectif jeune (- de 20 ans) soit en augmentation, il faut noter la tendance qui favorise l'effectif adulte (plus de 20 ans), qui constitue près des deux tiers des élèves en FP.Or, nous savons peu de choses sur le parcours scolaire, professionnel et personnel de ces élèves qui s'inscrivent en FP après avoir vécu diverses expériences qui risquent de teinter leur rapport aux études.Comment en arrive-t-on à choisir de poursuivre des études en FP? À partir d'une centaine d'entretiens réalisés à Rouyn-Noranda, Longueuil, Rimouski, Gatineau et Ottawa avec des élèves de la FP âgés de 18 à 34 ans, cette communication s'attarde aux logiques décisionnelles de ces jeunes les conduisant à la FP. L'analyse de ces logiques suscite une remise en question de la notion de choix de carrière puisque différentes circonstances guident les élèves vers la FP sans nécessairement relever d'un choix rationnel.
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Devenir élève en formation professionnelleStéphanie Garneau (Université d’Ottawa)
Cette communication retracera le parcours éducatif d'élèves âgés entre 18 et 34 ans inscrits dans un programme de formation professionnelle (FP) à Gatineau. Il décrira les enchaînements d'interactions et de situations sociales, faites de difficultés et de ruptures mais pas uniquement, qui les ont conduit vers cette forme spécifique d'institution de formation qu'est le centre de formation professionnelle. Plus précisément, nous montrerons comment les normes sociales de réussite scolaire d'une part, et de l'autonomie d'autre part, modulent leur parcours éducatif. Nous verrons dans un premier temps que ces normes ne déterminent pas directement le parcours des jeunes mais agissent à travers le filtre de leurs interactions sociales qui, au demeurant, sont plurielles et hétérogènes. Aussi les jeunes s'approprient-ils ces normes, ils lui donnent une signification en fonction des configurations de relations sociales dans lesquelles ils se trouvent imbriqués tout au long de leur parcours. Nous montrerons ensuite comment l'« élève en formation professionnelle » émerge au confluent des sphères familiale, scolaire et marchande et quelles sont les conditions et modalités d'appropriation de cette nouvelle identité par les élèves.
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Le rapport à la formation professionnelle : entre stratégie et compromisGeneviève FOURNIER (Université Laval), Jonas Masdonati (Université Laval), Mathieu PINAULT (Université Laval)
Cette communication s'intéresse aux représentations personnelles et sociales de la formation professionnelle au Québec, telles que véhiculées par les élèves qui la fréquentent. Des analyses de contenu de 53 entrevues avec des finissant-e-s montrent d'abord que la formation professionnelle est privilégiée en raison de ses spécificités pédagogiques, de la possibilité d'apprendre un métier ou des perspectives d'insertion qu'elle offre. Ces analyses indiquent ensuite que la formation professionnelle semble socialement peu valorisée, tout en étant valorisante pour l'individu qui la fréquente. La mise en commun de ces résultats laisse présager l'existence de deux rapports distincts que les élèves entretiennent avec la formation professionnelle : un rapport « stratégique », concernant les jeunes qui valorisent cette filière parce qu'elle permet une insertion professionnelle dans des emplois intéressants et bien payés ; un rapport « de compromis », rassemblant les élèves qui, tout en mettant en avant ses spécificités pédagogiques, sont plus prudent-e-s dans leur jugement de cette voie de formation. Dans l'ensemble, ces résultats permettent de mieux saisir la manière dont les élèves de la formation professionnelle construisent leur identité de travailleur ou travailleuse. Ils comportent également des implications du point de vue de l'accompagnement des jeunes dans leurs parcours scolaires.
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Plénière
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Pause
Soutenir les jeunes inscrits en formation professionnelle
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Les transitions des jeunes adultes inscrits en formation professionnelle au QuébecMarc Molgat (Université d’Ottawa)
Au cours des quinze dernières années, les gouvernements ainsi que les acteurs de l'éducation et du marché du travail ont manifesté de grandes préoccupations à l'égard de l'accès, la réussite et les débouchés en matière de formation professionnelle (FP) au secondaire. Malgré cela, les préjugés au sujet de la valeur de la FP persistent et bon nombre d'élèves arrivent difficilement à compléter leursétudes. Cette communication présente les résultats d'une recherche qui s'est intéressée à la manière dont des jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans inscrits dans ces programmes composent avec les épreuves personnelles, familiales, relationnelles, scolaires et professionnelles qu'ils rencontrent. Ancrée dans une perspective critique des parcours de vie (Dannefer et Settersten, 2010; Marshall et Mueller, 2003), l'analyse montre comment leurs transitions vers la FP et pendant leurs études s'appuient sur une diversité de formes de soutien formel et informel (aide gouvernementale, intervention psychosociale, conseils en orientation, aides de proches et de la famille) articulées entre elles. L'analyse repose sur 93 entretiens semi-dirigés menés auprès de jeunes adultes inscrits en FP sur cinq sites au Québec et en Ontario. In fine la communication interroge les manières de représenter « la clientèle » de la FP et propose que soient mieux soutenues les transitions des jeunes adultes inscrits dans ces programmes.
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Ancrage social et géographique de l'hétérogénéité des obstacles et du soutien à la réussite en formation professionnelleSylvain Bourdon (UdeS - Université de Sherbrooke), Élisabeth Mazalon (UdeS - Université de Sherbrooke)
Alors que la sociologie a mis en lumière l'étalement de la jeunesse jusqu'à la trentaine ou davantage, certains seuils, comme la fin de la scolarisation obligatoire et celle de l'admissibilité au secteur des jeunes de l'enseignement secondaire, contribuent à sa stratification en sous-groupes passablement contrastés. L'analyse des parcours scolaires, et particulièrement ceux passant par la formation professionnelle, impose de distinguer les plus jeunes, souvent en continuité de scolarisation avec l'enseignement général, et les plus âgés qui se sont inscrits après une plus ou moins longue interruption, voire un détour par l'enseignement postsecondaire. Une enquête par sondage a permis de documenter les caractéristiques des parcours de vie et des formes de soutien de plus de 1200 jeunes de moins de 30 ans inscrits dans cinq centres de formation professionnelle de deux commissions scolaires, l'une en banlieue de Montréal et l'autre en région centrale du Québec. Cette présentation analyse les parcours qui ont conduit les jeunes adultes à l'enseignement professionnel, les obstacles auxquels ils font face et les formes de soutien sur lesquels ils peuvent compter, en examinant particulièrement les variations en fonction du sous-groupe d'âge, du sexe, de l'origine sociale et géographique. Par-delà le constat de l'hétérogénéité des parcours, du soutien souhaité et disponible, l'analyse mettra en lumière l'inscription sociale de ces variations et les inégalités qui les caractérisent.
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Les enjeux et les défis de la poursuite d'une formation professionnelle au secondaire loin du domicile familialMélissa DÉCADY (Université d’Ottawa), Patrice Leblanc (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Marc MOLGAT (Université d’Ottawa)
Les jeunes adultes qui poursuivent une formation professionnelle (FP) au secondaire le font habituellement dans leur milieu d'origine tout en vivant avec leurs proches. Or, ceux qui viennent de milieux ruraux ou qui vivent éloignés des centres où s'offrent ces programmes doivent souvent parcourir de grandes distances ou déménager vers la ville afin d'effectuer leurs études. Cette communication s'intéressera à la situation d'une vingtaine de ces jeunes adultes étudiant dans des centres de formation professionnelle à Rouyn-Noranda et à Gatineau. La communication répondra aux questions suivantes : Qu'est-ce qui explique que des jeunes poursuivent leurs études secondaires en FP à l'extérieur de leurrégion d'origine (motifs purement scolaires, raisons liées à d'autres événements dans le parcours, etc.) ? Quels obstacles se présentent à eux, dont la distance et le coût des déplacements, le coût du loyer, la reconfiguration des relations, les difficultés scolaires alors que les aides « normales » et connues sont loin, etc.? Comment les jeunes répondent-ils à ces obstacles et jusqu'à quel point ces réponses donnent-elles des résultats satisfaisants ou optimaux de leur point de vue ? L'analyse est fondée sur des données provenant d'entretiens semi-dirigés menés avec des jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans inscrits dans des programmes de formation professionnelle au secondaire.
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Plénière
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Dîner
Enjeux et problématiques spécifiques en formation professionnelle
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Formations professionnelles au secondaire menant à l'exercice d'un métier traditionnellement masculin : regard sur des parcours scolaires féminins et effets des formes de soutienSylvie Fortier (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Au Québec, l'intégration des femmes aux métiers traditionnellement masculins est une préoccupation constante depuis plusieurs décennies, se répercutant notamment par la mise en place de diverses politiques d'égalité. Toutefois, malgré les discours officiels, la division sexuelle du marché de l'emploi est toujours bien réelle. Cette segmentation existe aussi dans le monde scolaire, à tous les niveaux de formation, mais il semble qu'elle se trouve accentuée à la formation professionnelle au secondaire, reléguant les femmes à des domaines professionnels menant à des emplois souvent moins valorisés. Devant ce constat, c'est dans une approche qualitative/interprétative que les parcours scolaires de sept femmes inscrites à un programme de formation professionnelle menant à l'exercice d'un métier traditionnellement masculin sont abordés. S'appuyant sur une analyse thématique d'entretiens individuels semi-dirigés, les données présentées démontrent, malgré une appréciation généralement positive de leur expérience de formation, que les obstacles auxquels font face ces femmes depuis les dernières décennies évoluent très lentement, notamment au regard de leur choix de carrière, des compétences professionnelles à acquérir et de leur insertion professionnelle à venir. Cette communication s'attarde aux particularités de ces parcours féminins (passions, hésitations, obstacles) et aux impacts du soutien reçu tout au long du parcours scolaire (familial, relationnel et professionnel).
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Les vécus en santé mentale des jeunes en formation professionnelle : entre soutien et autonomieSusannah Taylor (Université d’Ottawa)
Dans le contexte contemporain, la transition à l'âge adulte est un moment de précarité et de risques. On s'attend à ce que les jeunes deviennent autonomes dans leurs adaptations sociales et qu'ils apprennent à gérer individuellement les transitions et les incertitudes. En outre, le rôle de la famille revêt une importance grandissante afin de compenser le manque de soutien structurel. Aujourd'hui, les troubles de santé mentale sont une réalité importante chez les jeunes adultes au Canada. Ces troubles sont construits, en partie au moins, comme des difficultés d'adaptation sociale, et l'incapacité de s'adapter aux attentes, aux risques et aux normes sociales est considérée comme preuve d'un trouble de santé mentale. En nous servant de données tirées d'une étude sur les jeunes adultes en formation professionnelle au secondaire, cette communication rendra compte de la situation de répondants ayant des vécus en santé mentale. Nous analyserons leurs discours sur la santé mentale, leur parcours scolaire, leur autonomie et leurs soutiens. Ces discours seront juxtaposés avec les discours sociaux de l'individualisation, de l'autonomie, du risque et de l'adaptation afin de cerner leurs retombées sur les parcours en formation professionnelle.
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Analyse des facteurs structurels du décrochage scolaire dans les populations francophones de l'Ontario et du QuébecOlivier Grimard (Université d’Ottawa)
Les écoles sont les principales institutions chargées de produire les citoyens travailleurs de demain. Comme les écoles sont le premier agent de reproduction des classes dominantes (Bourdieu, 1980), il est possible de croire que dans un marché mondial où les inégalités sociales s'accentuent, la capacité d'intégration des minorités de ces institutions diminue. Au Canada, la population francophone a longtemps souffert d'un système scolaire qui les désavantageait et c'est d'ailleurs les populations francophones du Québec et de l'Ontario qui ont les taux d'abandon parmi les plus élevés au pays (Allaire et coll., 2005; Statistique Canada, 2014; Allaire et coll., 2005). Cependant, les études actuelles en matière de décrochage scolaire se sont penchées presque exclusivement sur les facteurs personnels et scolaires qui ont régi le parcours de ces jeunes, laissant souvent pour compte les dimensions socio-institutionnelles à l'origine de la problématique (Savoie-Zacj et Dolbec, 2007; Taylor, 2008). C'est donc en analysant les entretiens biographiques de 12 décrocheurs qui font un retour en formation professionnelle que nous chercherons à identifier et décrire les facteurs structurels et les processus sociaux qui ont poussé ces jeunes à sortir du système scolaire en Ontario et au Québec.
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Plénière
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Mot de clôture