Informations générales
Événement : 83e Congrès de l'Acfas
Type : Domaine
Section : Section 400 - Sciences sociales
Dates :- Andrée De Serres (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
- Réal Labelle (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Bilans réflexifs pour renforcer les pratiques d'intervention
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Autorité parentale, idéalité de la petite enfance et relation aux garderiesMélanie Bédard (Université Laval), Dominique MORIN
Le retour au travail de la grande majorité des mères d’enfants de moins de 6 ans implique une réduction du temps de présence parentale auprès d’eux et la généralisation du recours à des services de garde. L’impression d’exercer une autorité parentale peut en être affectée. L’investissement de ressources familiales dans l’épanouissement des enfants par le biais d’activités variées révèle par ailleurs l’influence d’une idéalité de l’enfance et d’un souci éducatif explicite chez ces parents. La présence au Québec de deux grands types de garderie s’ajoute à ces déterminations temporelles et culturelles de l’action éducative des parents pendant la petite enfance : les garderies « en installation » et les garderies en « milieu familial ». À partir d’entrevues menées à Rimouski auprès de 52 parents d’enfants âgés de moins de 6 ans, nous analysons leur rapport à ces types de garderies et la manière dont il est lié à leurs choix, à leurs expériences et à leur conception de l'autorité parentale. Les significations qu’ils attachent aux avantages et inconvénients de chaque type révèlent que le bien-être et le développement de l’enfant que les garderies doivent permettre devraient être indissociables, selon plusieurs, du respect de la liberté et de l’autorité parentales. Il en découle des relations parents-garderie distinctes des relations familles-école, fondées sur le maintien de l’autorité parentale et la recherche d'une identité dans le partage d'idéaux pédagogiques.
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Portrait des conduites hostiles à l’égard du personnel cadre des services incendie du QuébecJacinthe DOUESNARD, Laetitia LAROUCHE (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Évoluant dans des conditions risquées où le soutien social est capital, les travailleurs des milieux incendie agissent lors d’interventions qui dépendent de la coordination entre les pompiers et leurs chefs. Or, la cohésion très forte des coéquipiers complique la transition de pompier à chef, engendrant parfois de la violence au travail. Des recherches menées dans différents pays suggèrent la présence de violence dans le milieu incendie. Par contre, aucune littérature scientifique concernant cette problématique au Québec n’est recensée. Par ailleurs, les termes utilisés pour désigner les types d’assauts en milieu de travail sont variés. Ces concepts réfèrent à des agissements disparates s’inscrivant dans le schème de la violence au travail devant être discriminé par une typologie des agissements hostiles (Dagenais-Desmarais et Courcy, 2014). Effectuée auprès de 200 chefs selon un devis descriptif d’observation systématique, cette recherche dresse un portrait quantitatif des conduites hostiles dirigées vers les cadres des services incendie du Québec. Le questionnaire était constitué principalement d’un inventaire de comportements hostiles (LIPT) et d’une échelle mesurant la fréquence d’actes incivils (WIS), ainsi que de questions sociodémographiques. Cette présentation détaillera les gestes présents dans le milieu, situera les protagonistes dans les contextes d’agression et dans l’organisation. Enfin, une réflexion quant à l’occurrence de certains comportements sera proposée.
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Appreciative Inquiry et familles réfugiées : oser aborder la recherche autrementBernadette CARTER, Fanny Robichaud (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Problématique. Il existe en clinique et en recherche, une tendance à identifier les familles réfugiées comme des victimes passives au lieu de survivants actifs. Le processus visant à circonscrire une situation en termes des problèmes que les chercheurs identifient contribue à augmenter la distance qui s’installe entre eux et les participants à leur étude, notamment en lien avec la notion du pouvoir lié à l’expertise. Objectifs. L’étude soumise à votre attention tenait à s’inscrire dans un autre courant : elle visait à favoriser le pouvoir d’agir des différents participants : parents, enfants et adolescents, à reconnaître leur expertise en ce qui a trait à leur propre expérience d’immigration. Méthode. Dans cette optique, une approche participative, l’appreciative inquiry (AI) fut adoptée comme méthode de recherche et philosophie. Contribution. Les défis que présente une telle approche, lorsqu’appliquée à des familles, au niveau du processus de recherche et du cadre académique seront présentés, de même que l’apport en ce qui a trait à l’expérience de la chercheure. En fait, en plus d’être témoin la chercheure devient partie prenante d’un changement social qui s’amorce lors des rencontres. Il en ressort que l’AI comme méthode de recherche a le potentiel de rejoindre et d’influencer les membres d’une communauté d’une multitude de façons. Faire un premier pas dans une démarche basée sur l’AI, c’est aussi accepter que celle-ci appartient d’abord à la communauté et à ses membres.
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Vidéosurveillance intelligente et détection des chutes : l’opinion des proches aidantsFrancine DUCHARME, Francine GIROUX, Nolwenn Lapierre (UdeM - Université de Montréal), Jean MEUNIER, Chloé PROULX GOULET, Jacqueline ROUSSEAU, Alain ST-ARNAUD, Sophie TURGEON LONDEI
Introduction. Dans le cadre du maintien à domicile des aînés, les technologies de détection des chutes sont en plein essor, mais ont des limites (ex : intrusion dans l’intimité) que la vidéosurveillance intelligente tente de contourner. Ce système préserve l’intimité par un circuit fermé, détecte la chute puis envoie une alerte automatique au répondant (ex : proche-aidant). Comme les proches-aidants sont souvent contactés lors de chute, leur avis sur ce type de système est essentiel mais peu documenté. L’étude vise à explorer leur perception quant à la vidéosurveillance intelligente. Méthode. Basé sur un devis mixte, l’avis de 18 participants a été recueilli lors d’entrevues individuelles semi-structurées. Résultats. Ils sont favorables au système, l’utiliseraient (n=15) et lui font confiance pour préserver l’intimité (n=17). Ils ont diverses attentes pour son utilisation (ex : recevoir une alerte par message texte, ou un appel téléphonique). Discussion. Leur principale préoccupation étant le respect de l’intimité, cet aspect devient indispensable à l’implantation du système. La variété des besoins (ex : certains souhaitent recevoir une image postchute nette, d’autres, brouillée) implique une flexibilité du système. Ce dernier réduirait l’inquiétude et le fardeau des participants. Conclusion. Documenter les besoins des proches-aidants a permis d’améliorer le système et de tenir compte d’enjeux éthiques en prévision de son éventuelle implantation à domicile.
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L’utilisation des thérapies complémentaires par des patients vivant avec un cancer à MontréalThomas Gottin (UdeM - Université de Montréal)
L’utilisation des TC (Thérapies Complémentaires) par des patients atteints d'un cancer est un phénomène croissant dans l’ensemble du monde occidental (Broom, 2009 ; Chatwin, 2004). Ces TC renvoient de plus en plus à des pratiques non conventionnées par un système de santé publique, mais sont de moins en moins marginalisées par les professionnels de santé, notamment dans le secteur de l'oncologie (Salamonsen, 2012 ; Smithson, 2010). Actuellement, au Canada, plus d'1/3 des patients atteints d'un cancer aurait recours à ces thérapies en complément de leur traitement oncologique (Nissen, 2012, Salamonsen, 2012 ; Smithson, 2010).
Nous chercherons, dans cette présentation, à situer comment les patients ont eu accès aux TC qu’ils utilisent, en abordant notamment la question des réseaux virtuels, formels et informels qui relaient des connaissances, des informations et des idéologies sur le cancer et sur les TC (médias, entourage, fondations...). Nous nous intéresserons aussi aux façons dont les patients utilisent certaines d'entre elles dans leur quotidien. Nous nous demanderons si des formes d’hybridation entre différentes formes de thérapies sont à l’œuvre, si des bricolages se développent et si les usagers en abandonnent certaines au profit de nouvelles. Enfin, nous situerons la nature des interactions entre ces deux champs (biomédical et alternatif) afin d’en situer leur incidence dans les conduites et les choix opérés par les patients.
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Conception et validation d’un questionnaire d’autogestion des troubles mentaux courantsSimon COULOMBE, Janie HOULE, Stephanie Radziszewski (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les guides de pratiques recommandent le soutien à l’autogestion dans le traitement des troubles de santé mentale courants. Toutefois, le rôle de l’autogestion dans le rétablissement a été peu examiné empiriquement (Houle et al., 2013) à défaut de disposer d’un instrument de mesure valide. L’étude a pour objectifs de concevoir un questionnaire mesurant l’autogestion et de vérifier ses propriétés psychométriques. Dans une première phase qualitative, les participants (n=50) ont relevé 85 stratégies qu’ils utilisent pour se rétablir de leur trouble de santé mentale courant. Ces stratégies s’inscrivent dans l’approche dimensionnelle du rétablissement de Whitley et Drake (2010). Lors d’une deuxième phase, 14 experts en rétablissement se sont prononcés sur des énoncés conçus par l’équipe de recherche pour mesurer chacune des stratégies. L’indice de validité de contenu de Lynn (1986) a permis de retenir les items les plus pertinents. La troisième phase est une étude quantitative transversale qui vise à valider le questionnaire. Les items sont administrés à 210 participants ayant un trouble anxieux, dépressif ou bipolaire par le biais d’un logiciel de sondage en ligne. Les résultats d’analyse de fiabilité et de validité (alpha, analyse en composantes principales, r test-retest) seront présentés. Ce questionnaire permettra de mieux comprendre l’influence des stratégies d’autogestion dans le rétablissement en santé mentale pour ainsi améliorer les pratiques de soutien à l’autogestion.
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Obstacles et défis à l’appropriation de l’identité professionnelle des diplômés en sexologie au QuébecManon BERGERON, Lyanna Després (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’identité professionnelle (IP) est une part importante de la qualité de vie professionnelle. Selon certains auteurs, l’IP serait présentement en crise, et ce dans plusieurs secteurs d’activités professionnelles, dont celui des relations humaines (Dubar, 2010; Legault, 2003). Cette étude s’intéresse à l’appropriation de l’IP dans le contexte particulier des diplômés en sexologie, seuls professionnels à bénéficier d’une formation interdisciplinaire complète dans le domaine de la sexualité humaine depuis plus de 40 ans. L’un des objectifs centraux de cette étude consiste à identifier les défis et les obstacles à l’appropriation de l’IP des diplômés en sexologie. Elle s’appuie sur le modèle de Dubar (2010), selon lequel l’IP est développée lors de la formation initiale et intégrée par chaque individu d’une manière unique. La présentation permettra de présenter les résultats des 25 entrevues semi-dirigées menées auprès de diplômés du baccalauréat en sexologie ayant un minimum de 2 ans d’expérience professionnelle. Les résultats soulignent les nombreux facteurs influençant l’appropriation de leur IP, notamment la formation universitaire, les implications, le réseautage, les regroupements professionnels ainsi que la reconnaissance sociale et professionnelle. Cette étude innove donc en contribuant à une meilleure compréhension de la construction de l’IP ainsi qu’à une connaissance approfondie des enjeux liés au développement professionnel des sexologues.
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L’intervention auprès de femmes en situation d’itinérance : au-delà de l’urgence, une place pour l’avenirAnne-Marie Emard (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sophie GILBERT, David Lavoie
Au Québec, de plus en plus de femmes ont recours à des ressources communautaires destinées aux personnes en situation d’itinérance. Face aux nombreuses « mises en échec » des projets de réinsertion auxquelles est confrontée l’intervention, il semble judicieux d’interroger les principales concernées relativement à l’aide offerte en milieu communautaire. La mise en parallèle des demandes de ces femmes en situation de grande précarité et des perceptions développées par les intervenants constituerait une piste féconde pour soutenir une intervention à même de s’inscrire dans la continuité auprès de cette clientèle.
Notre étude vise à mieux comprendre 1) les attentes des usagères en terme d’aide et de perspectives d’avenir 2) les perceptions des intervenantes quant aux besoins des femmes en situation d’itinérance; 3) les concordances et les écarts entre ces deux points de vue. Pour ce faire, nous avons mené une analyse qualitative en profondeur à l’aide de « catégories conceptualisantes » (Paillé et Mucchielli, 2012) de 12 entretiens semi-directifs recueillis auprès des usagères et des intervenantes d’un organisme communautaire oeuvrant auprès de femmes itinérantes (La rue des Femmes) et de matériel d’observation participante. Nos résultats mettent en lumière l’existence d’attentes déguisée du côté des usagères et de certains « angles morts » de l’intervention. En découlent des pistes fertiles pour une intervention durable auprès de cette population.
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Mieux connaître les réseaux sociaux des parents ayant des conduites négligentes (ou étant à risque) pour mieux intervenirAnnie BÉRUBÉ, Sylvain COUTU, Diane DUBEAU, Christelle Robert-Mazaye (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Totalisant 38% des signalements retenus par la Protection de la Jeunesse, la négligence est la forme de mauvais traitements la plus répandue chez les enfants de 0 à 12 ans au Québec. Si elle met en cause la relation parent-enfant, elle traduit également une incapacité du système social à soutenir les parents dans leurs rôles parentaux (Lacharité, Ethier, & Nolin, 2006), soit parce que les parents sont isolés socialement (Belsky, 1993), soit parce que leur réseau social est défaillant (Coohey, 2007 ; Roditti, 2005).
Souhaitant participer à l’amélioration de la compréhension du vécu de ces parents, nous proposons d’examiner les réseaux de soutien de 90 parents québécois bénéficiant du programme en négligence PAPFC². Les données recueillies à l’aide de la grille de soutien social développée pour la trousse Moi, comme parent… (Lavigueur, 2008) indiquent que les parents ne sont pas isolés (i.e. réseaux stables de 9,6 membres en moyenne, contacts fréquents), mais que les relations avec certains membres significatifs (e.g. mères) s’avèrent problématiques. En outre, le réseau dans son ensemble est particulièrement déficient quand il est question de soutien informatif et normatif, et de soutien de l’estime de soi, indispensables à la construction du rôle parental.
Les bénéfices pratiques à tirer de ces résultats qui appuient l’importance d’intégrer l’ensemble du réseau social dans les programmes en négligence, seront discutés en conclusion.
Communautés et histoire : contributions et défis méthodologiques
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Les mémoires et thèses comme reflets de l’histoire d’une discipline : le cas de la communication au QuébecMarie-Chantal Falardeau (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Au Québec, les départements de communication n’apparurent, au sein des universités, qu’à la fin des années 1960 (Luckerhoff & Jacobi, 2014). Ce domaine, considéré par certains comme interdisciplinaire et hétérogène, est en fait le fruit d’un rassemblement d’éléments issus de plusieurs départements et professionnels provenant de divers horizons : psychologie, littérature, sociologie, lettres, sémiologie, et plus récemment de communication. Nous proposons donc de nous inscrire dans la lignée de travaux effectués sous le thème du développement des études en communication (Lacroix & Lévesque, 1985; Ramírez, 2010; Tremblay, 1988; Yelle, 2004) en analysant les mémoires et thèses (maîtrise et doctorat) des étudiants-chercheurs en communication au Québec. Nous tentons de comprendre l’évolution de ce domaine par une série d’entrevues et par l’analyse bibliométrique des mémoires et thèses produits dans les programmes de communication des universités québécoises depuis 1974 (approximativement 1300 travaux). Tout d’abord, dans cette communication, nous souhaitons introduire notre problématique de recherche et son rattachement à diverses disciplines et approches de recherche. Puis, nous désirons discuter de notre démarche méthodologique ainsi que de notre corpus et de ses caractéristiques. Finalement, nous sélectionnerons un corpus restreint parmi la totalité des travaux afin d’exposer des résultats préliminaires descriptifs.
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De l’acte de mise en archive à sa revalorisation : la dimension expressive-esthétique de la pratique de l’archiviste-archéologueSimon-Olivier Gagnon (Université Laval)
En prenant pour objet les archives de la parole d'une radio communautaire et leurs revalorisations sous forme de documentaire radiophonique, l'exposé donne à penser le recours renouvelé à la narration dans les sciences sociales et historiques. Nous suggérons de réfléchir à nouveau frais l'usage du récit dans la commémoration historique ainsi que la dimension expressive-esthétique de la pratique de l'archiviste-archéologue dans la reconstruction des faits historiques. En s'appropriant le document d'archive, en individuant les témoignages du passé, en subjectivant les matériaux historiques, l'auteur de l'écriture de l'histoire y laisse toujours la marque de son interprétation « comme au vase en terre cuite la trace de la main du potier » disait Benjamin.
Suite à une investigation empirique les matériaux historiques d'une radio communautaire, il appert que certains constats peuvent être tirés quant au geste de l'opération historique. Ce n'est pas seulement une transmission passive d'un héritage culturel qui est assumé, mais une reconstruction arbitraire de mémoires que l'on doit admettre comme étant réinventées. Ce sont ainsi des groupes d'énoncés qui sont agencés par le maître d’œuvre de l'histoire, des chaînes de signifiants, de significations, qui sont articulés à l'aune d'une interprétation privilégiée. Dans le courant de la discussion, nous chercherons à savoir si la narration est le ciment de l'histoire, le liant articulant l'individuel et le collectif.
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La consanguinité : une façon de vivre et de survivreMonique Loiselle (UdeM - Université de Montréal)
On définit la consanguinité comme un lien de parenté entre des individus ayant au moins un ancêtre commun. Chez les populations humaines, la consanguinité augmente les risques de maladies héréditaires. Au cours des dernières années, les bailleurs de fonds ont investi massivement dans la recherche génétique. La génomique voyait le jour comme nouvelle discipline. C'est sous l'angle culturel que je me suis intéressée à la consanguinité dans le cadre de ma recherche de doctorat en anthropologie. J'ai étudié 131 mariages consanguins réalisés par les descendants de familles fondatrices au cours des générations dans un petit village de 500 habitants de la Côte-Nord au Québec. L'étude du système de parenté indique que les consanguins sont classifiés généalogiquement. L'origine de cette classification remonterait à des représentations du sang entre les frères et les soeurs. En distinguant les notions de consanguinité et de parenté, ces unions consanguines apparaissent dorénavant comme un mode de vie. Une pratique matrimoniale bien établie chez les populations humaines.
Développement local : des initiatives pour renforcer des communautés
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Politiques et stratégies de développement de l'apprentissage collectifChristian Bélanger (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
L'apprentissage collectif constitue un processus au coeur de différentes politiques et stratégies de développement local et régional. Permettant la création, le développement ou l'acquisition de connaissances, de même que leur intégration à un projet ou à une action, ce type de processus voit son cheminement être influencée par différentes conditions de soutien territorialisées au développement. L'étude d'un certain nombre d'initiatives au sein des filières énergétiques québécoises permet la mise en exergue de plusieurs de ces conditions. Comment celles-ci influencent le cheminement du processus de l'apprentissage collectif ? Les nouvelles orientations gouvernementales en matière de soutien au développement local et régional peuvent-elles être un frein, une contrainte ou une opportunité afin de favoriser l'apprentissage collectif ? L'étude de la situation de la région administrative du Saguenay-Lac-Saint-Jean permettra d'avancer ces réponses et recommandations à cet effet afin d'apporter un meilleur soutien aux différentes initiatives de développement local et régional par le biais de l'apprentissage collectif.
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Documenter l’évolution d’un partenariat de recherche : une analyse des relations et des définitions avant le démarrage du projetMarie-Marthe COUSINEAU, Anne-Marie Nolet (UdeM - Université de Montréal)
Le projet Trajetvi : Trajectoires de vie, de violence et de recherche d’aide des femmes victimes de violence conjugale en contextes de vulnérabilité a pour objectif général de développer un modèle d’actions concertées visant à diminuer les conséquences de la violence conjugale et à mieux assurer la sécurité des femmes et des enfants. D’une durée de sept ans, ce projet rassemble dix-sept chercheurs et onze partenaires communautaires et institutionnels. La diversité de l’équipe, composée de membres aux préoccupations et aux intérêts variés, s’avère à la fois une richesse et un défi pour l’établissement d’un partenariat durable et fructueux.
Pour encourager le développement d’une vision commune et une cohésion entre les membres, un processus de documentation du partenariat a été amorcé dès le démarrage du projet. Se situant dans le cadre de ces travaux, la présente communication a pour objectifs 1) de décrire les relations entre les membres avant le démarrage du projet, relations dont l’évolution sera suivie et analysées à différents temps de mesure et 2) d’analyser leurs visons des composantes essentielles d’un partenariat de recherche.
Une méthodologie mixte est utilisée. L’analyse de réseaux permet d’abord de dresser un portrait précis des relations entre les membres en vue d’en suivre l’évolution. Les analyses qualitatives permettent ensuite de comparer les visions des acteurs par rapport au partenariat et d’en tirer des enseignements pour la suite du projet.
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Femmes et pauvreté dans la commune urbaine de Kindia : une étude de l’itinéraire matrimonial et son influence sur les activités économiques des femmesAissatou Cissé (Université Laval)
La Guinée appuyée par le PNUD, l’ACDI et d’autres partenaires au développement pour réduire de moitié la pauvreté à l’horizon 2015 a adopté une politique de décentralisation (PNUD/MP, 2008). Mais, elle a souvent été caractérisé par des périodes de crise économique aggravantes de la pauvreté qui compromettent l’atteinte des objectifs de la lutte contre la pauvreté des femmes (PNUD/MP, 2008). La pauvreté touche près de 52% des femmes. cette situation s’explique par les crises sociales, économiques et politiques qu'a connu le pays (MEF, 2012). L'objectif est de comprendre l’incidence de l’itinéraire matrimonial des femmes en situation de polygamie sur leurs activités économiques. La question principale est : en quoi l’itinéraire matrimonial des femmes influe-t-il sur la réalisation des activités génératrices de revenus? Trois approches théoriques ont été utilisées : approches féministe, féminisme-marxiste et celle des capabilities d’Amartya Sen. La démarche est de type qualitatif avec pour technique l’entretien semi-dirigé doublé d’une fiche Age Even qui a permis d’obtenir des informations sociodémographiques auprès de 15 femmes. Les résultats montrent que les femmes quelques soient leur situation matrimoniale, entreprennent des activités lucratives pour participer à la survie de leur ménage. Contrairement aux études antérieures, l'originalité de cette étude vient du fait qu'elle s'intéresse à l'itinéraire matrimoniale dans l'analyse de la pauvreté des femmes guinéennes.
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Intervention collective, développement local et gestion de projet ou comment tisser un projet collectif dans une perspective inter, voire transdisciplinaireDominic Bizot, Émilie SAVARD, Marc St-Pierre (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Sabrina TREMBLAY
La notion de projet collectif est transversale à plusieurs domaines, dont celui de l’entreprise privée et de l’économie sociale. Les recherches antérieures portant sur le sujet démontrent certaines similitudes dans les pratiques et processus, et ce, au-delà du vocabulaire utilisé par chacun des deux domaines.
Avec la volonté de combiner les approches propres à la gestion de projet et à l’intervention collective, l’équipe de recherche s’attarde au pouvoir critique de la collaboration, à ses limites et obstacles de même qu’à son potentiel de transformation et de changement individuel et collectif. Dans une perspective interdisciplinaire, elle étudie : les relations entre les différentes parties prenantes d’un projet et la capacité à intégrer leurs intérêts et compétences variés pour former une compétence collective projet.
La communication permettra d’exposer les résultats préliminaires ressortant d’entrevues auprès de deux focus groups, composés de quatre à six acteurs (parties prenantes) provenant des secteurs des entreprises privées et d’économie sociale. Ces entretiens de groupe permettront de dégager les perceptions, l’expérience et les recommandations des parties prenantes au sujet des dimensions individuelle, collective et organisationnelle d’un projet collectif, de ses caractéristiques propres (éléments, étapes et rôles des acteurs) et des stratégies de soutien et de collaboration favorables à la réussite d’un projet de ce type.
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L’émergence de l’entrepreneuriat féminin dans un processus de développement local en milieu rural : le cas de la sous-préfecture de Gadouan en Côte d’IvoireChantal Dali (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Mises à part les inégalités territoriales, des inégalités de genre se produisent également dans les processus du développement. Il s'avère alors opportun d'étudier la création d’entreprises suivant une approche genre. L'objectif général de cette recherche est justement de comprendre le processus d’émergence de micro-entreprises féminines dans un processus de développement local en milieu rural ivoirien; et de proposer un cadre d'analyse des facteurs qui déterminent l'émergence de ces micro entreprises féminines dans une perspective de développement territorial. Pour atteindre cet objectif, nous avons effectué une étude à partir du cas de la sous-préfecture de Gadouan en Côte d’Ivoire. Notre investigation empirique s’est basée sur une méthode de triangulation basée sur l'analyse de trois focus groups. À l’issue de cette démarche, il est ressorti que trois dimensions sont nécessaires, et doivent se combiner, pour faire émerger l’entrepreneuriat féminin dans un processus de développement local en milieu rural: la dimension planification locale selon le genre, la dimension compétences entrepreneuriales féminines et la dimension territoire incubateur de l’entrepreneuriat féminin.
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Enjeux éthiques dans l’intervention anti-oppressive : réflexions sur un projet en mouvanceFlorence Godmaire-Duhaime (UdeM - Université de Montréal)
Cette présentation propose d’explorer le travail social collectif anti-oppressif par le biais de la réflexion sur la relation entre l’intervenantE et le groupe. Plus précisément, le positionnement éthique de l’intervenantE professionnelLE quant à son rôle en regard du groupe issu de la communauté est exploré. Une réflexion sur l’investissement de l’intervenantE et la circulation du pouvoir entre l’intervenantE et le groupe est présentée. Celle-ci s’articule en fonction des trois grandes étapes du projet. Les soulevés par la participation active de l’intervenantE à la collectivisation sont explorés dans un premier temps. Dans un deuxième temps, le rôle de l’intervenantE dans la définition des enjeux de l’intervention et des moyens utilisés est discuté. Dans un troisième temps, la place de l’intervenant dans l’organisation du travail et le partage des responsabilités est abordée. Les éléments de réflexions utilisés émanent d’une expérience de projet d’action collective effectué dans une visée anti-oppressive avec un groupe de mères immigrantes marginalisées et d’intervenantes psychosociales. Cette présentation vise à partager les pistes de réponses éthiques empruntées ou écartées au cours de ce projet et témoigne de leurs impacts.
Identités et sexualités : des trajectoires de vie
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Choisir un homme plus vieux ou plus jeune? Une analyse quantitative des relations intimes des femmes au mitan de leur vieMilaine Alarie (Université McGill), Jason CARMICHAEL
Outre les représentations caricaturales présentées dans les médias, nous en savons très peu sur ce qu’on appelle communément le phénomène des ‘cougars’. En utilisant les données recueillies dans le National Survey of Family Growth 2002, nous répondons à quatre questions: (1) À quel point le phénomène des ‘cougars’ est-il répandu?; (2) Les relations hypogamiques en termes d’âge durent-t-elles?; (3) Quelles femmes sont plus portées à choisir des partenaires sexuels plus jeunes?; (4) Ces femmes diffèrent-elles de celles qui choisissent des hommes plus vieux? Dans le cadre de ce projet, nous nous intéressons aux relations intimes des femmes au mitan de leur vie. Nous définissons ‘relations intimes hypogamiques en termes d’âge’ comme étant toute relation hétérosexuelle où les deux partenaires ont eu des rapports sexuels (peu importe le niveau d’engagement) et où la différence d’âge entre les deux partenaires est d’au moins 5 ans (modèle 1) ou d’au moins 10 ans (modèle 2). Nos résultats indiquent entre autres qu’environ 13% des femmes sexuellement active et au mitan de leur vie ont eu des rapports sexuels avec des hommes de 5 ans leur cadet. Plus de la moitié des relations intimes hypogamiques en termes d’âge durent depuis au moins deux ans. Puis, grâce à des analyses de régression logistique, nous évaluons l'influence de plusieurs variables sociodémographiques et attitudinales sur les probabilités qu’une femme choisisse un partenaire 5 ou 10 ans plus jeune (ou plus vieux) qu’elle.
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Les configurations relationnelles non conjugales sous l’angle de la théorie triangulaire de l’amourBarry ADAM, Martin BLAIS, Marie-France GOYER, Francine LAVOIE, Céline Magontier, Carl Rodrigue (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les relations sexuelles en dehors de la conjugalité ont fait l’objet de plusieurs études depuis quelques années. Cinq configurations relationnelles non conjugales (CRNC) ont été identifiées à partir d’une analyse de profils latents effectuée auprès de 868 hommes et femmes célibataires, sexuellement actifs et âgés de 18 à 30 ans ayant complété le questionnaire en ligne du projet ÉPRIS: 1) relation sexuelle unique (UN); 2) ex-partenaire amoureux (EX); 3) partenariat principalement sexuel (PS); 4) partenariat principalement amical (PA); 5) partenariat intime et sexuel (IS). La théorie triangulaire de l'amour suggère que les relations intimes se configurent selon trois composantes: la passion, l'intimité et l'engagement. L'hypothèse est que ces cinq CRNC reposent sur des combinaisons distinctes de passion, d'intimité et d'engagement. L'analyse de régression logistique multinomiale multivariable suggère que ces CRNC se distinguent significativement (p<.05) sur les trois composantes. Les participants des profils EX, PS et IS ont des scores plus élevés de passion. Les participants des profils EX et IS ont des scores plus élevés d'intimité et d'engagement. Les participants du profil ON ont les scores les plus bas sur toutes les composantes et ceux du profil IS ont les scores les plus élevés sur toutes les composantes. Les résultats appuient l’hypothèse et suggèrent que les CRNC sont structurées de manière à favoriser le développement de degrés d’amour particuliers.
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Le vieillissement et le rapport au corps chez les hommes aînésQuéniart ANNE, Michèle CHARPENTIER, Julien Gauthier Mongeon (UQAM - Université du Québec à Montréal), Jonathan Glendenning
Cette communication vise à présenter les premiers résultats d'une recherche qualitative exploratoire portant sur l'expérience du vieillissement chez des hommes âgés de plus de 65 ans. À partir de quand se considère-t-on comme vieille? Quelle est la distance entre l'âge vécu et l'âge perçu, entre la façon dont est perçu le vieillissement et la manière dont est vécu concrètement le fait de vieillir? Telles sont certaines des questions auxquelles nous avons voulu répondre. Pour se faire, nous avons réalisé des entretiens semi-directifs auprès de 16 hommes âgés entre 65 et 87 ans. Notre communication sera centrée sur le thème du rapport au corps. Nous montrerons essentiellement que le rapport au corps chez les hommes suggère une forme d'implication qui est souvent liée au travail qu'ils occupaient avant de prendre leur retraite. Les hommes occupent donc leur temps en mettant à profit l'expérience acquise lors de leur vie professionnelle, l'idée d'un corps vieillissant rimant souvent avec une sagesse qui croit avec l'âge. Associant surtout le vieillissement à une période de mûrissement qui conforte le sentiment d'être en contrôle, ou effectuant des activités pour rester en forme physiquement, les hommes adoptent plusieurs stratégies devant conforter le sentiment d'autonomie qu'ils souhaitent conserver. Il s'agit de donner sens à l'expérience du temps qui passe et à celle du corps qui change, sans pourtant nier le vieillissement.
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Sortir des sentiers battus : les Québécoises sans enfants dans la seconde moitié du 20e siècleChristine Labrie (UdeS - Université de Sherbrooke)
Environ 15 % des Québécoises nées entre 1930 et 1950 n'ont jamais eu d'enfants, empruntant ainsi, par choix ou non, un parcours en opposition avec le discours social de l'époque, selon lequel il était dans la nature des femmes de devenir mères. Afin d'éclaircir leur vécu « hors des sentiers battus » et de documenter leurs parcours de vie, j'ai réalisé dans le cadre de mon mémoire de maîtrise 18 entrevues avec des femmes correspondant à ce profil.
L'analyse de ces témoignages donne lieu à plusieurs constats. Il apparait notamment, contrairement à ce que suppose l'historiographie, que ces femmes ne sont pas les victimes d'un contexte social ou familial défavorable à leur mariage. Au contraire, bon nombre d'entre elles, sans nécessairement s'identifier au féminisme, ont exercé leur libre arbitre en bravant certaines normes sociales. Elles ont par exemple refusé des demandes en mariage pour étudier ou exercer une profession, ou encore pour attendre de rencontrer quelqu'un qui serait plus près de leur idéal. Ces décisions ont souvent entraîné un célibat définitif ou un mariage après la fin de la fertilité, sans que cela soit une source de regrets pour elles. Ainsi, ma recherche tend à démontrer que bon nombre de ces femmes ont choisi elles-mêmes de sortir des sentiers battus et de se réaliser en tant que femmes autrement que par la maternité.
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Sources de conflits et patrons d’interactions dyadiques auprès d’adolescentsMylène Fernet (UQAM - Université du Québec à Montréal), Martine Hébert, Alison Paradis (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Problématique : À travers les relations amoureuses, les adolescents développent leurs habiletés de communication et de résolution de conflits (Simon et Furman, 2010). Toutefois, les expériences de violence dans les relations amoureuses (VRA) sont répandues (Hébert et al., 2013). Des travaux établissent un lien entre la façon dont les couples adultes communiquent et gèrent leurs désaccords et le recours à la VRA (Corenelius, Shorey et Beebe, 2010). Objectif : La présente communication vise à identifier : 1) les sources de conflits et les stratégies de résolution de conflits; 2) les patrons d’interactions qui distinguent les jeunes qui infligent de la VRA. Méthodologie : Cette étude exploratoire cible 39 couples adolescents qui ont participé à une entrevue individuelle semi-dirigée et à deux tâches d’interaction en couple. Résultats :La confiance envers le partenaire et la jalousie sont les sources de conflits les plus fréquemment rapportées. Les adolescents qui disent avoir infligé de la VRA rapportent davantage de conflits et ont tendance à exhiber des affects négatifs pour résoudre une situation conflictuelle. Au plan individuel, ils ont tendance à se retirer des situations conflictuelles et à exprimer des affects moins positifs alors qu’au plan dyadique, les couples présentent une moindre symétrie. Conclusion : Ces constats font valoir l’importance de promouvoir les habiletés de gestion de conflits dans les actions de prévention de la VRA auprès des jeunes.
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Hypersexualisation chez les adolescentes néo-brunswickoises : le phénomène de l’autre?Cindy Chiasson (Université de Moncton)
L’hypersexualisation chez les jeunes suscite un intérêt social depuis plus de quinze ans. Le but de cette communication est de présenter les résultats d’une recherche de maitrise qui a pour but de comprendre la place et le sens de l’hypersexualisation dans l’expérience d’adolescentes néo-brunswickoises. Pour atteindre cette visée, des entrevues semi-dirigées ont été effectuées auprès de neuf adolescentes néo-brunswickoises âgées de 16 à 18 ans. Les discours de ces jeunes femmes ont ensuite été analysés à l’aide de l’analyse thématique.Les résultats de ces analyses permettent de constater que le phénomène de l’hypersexualisation qu’il soit vécu à travers le rapport au corps, aux vêtements ou aux garçons est un phénomène observé chez les autres jeunes filles, mais absent de l’expérience des participantes. Ainsi, les participantes constatent la présence de conduite de séduction et le port de vêtements sexy sur les autres filles ou chez les adolescentes plus jeunes, mais pas chez elles. Elles dénoncent même les pratiques sexuelles des plus jeunes, mais elles se sentent peu concernées par ce phénomène. Ces résultats de recherches sont importants puisqu’ils dressent un premier portrait du phénomène de l’hypersexualisation dans le discours d’adolescentes néo-brunswickoises. Enfin, ils sont pertinents puisqu’ils permettent de ressortir des résultats non abordés dans les recherches francophones récentes.
Session d'affiches
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L’effet modérateur des normes injonctives sur le retrait social et l’estime de soi chez les enfants d’âge scolaireMara BRENDGEN, Stephanie Correia (UQAM - Université du Québec à Montréal), Lyse Turgeon (UdeM - Université de Montréal), Frank VITARO
Plusieurs études ont montré que les enfants retirés socialement ont tendance à éviter les interactions avec leurs pairs, ce qui peut nuire à l’estime de soi chez certains. De plus, le niveau d'acceptation ou de rejet d’un comportement par les pairs, qui reflète la norme injonctive du groupe, varie d’une classe à l’autre. La variation des normes pourrait donc aider à expliquer les variations de l'estime de soi chez les enfants retirés. Le but de cette étude était donc de vérifier si le niveau de retrait des enfants prédit des changements dans leur estime de soi de l’automne (T1) au printemps (T2) de la même année scolaire, et si ce lien est modéré par les normes injonctives dans leur classe. L'échantillon comprenait 1 152 enfants de 67 classes (4e à 6e année) à Montréal. Les régressions multi-niveaux révèlent que les normes injonctives modèrent le lien entre le retrait social au T1 et les changements dans l'estime de soi globale des enfants du T1 au T2: le retrait social au T1 prédit une baisse de l’estime de soi globale si les normes sont défavorables (retrait jugé inacceptable) (β=-0,13, p<0,01), mais pas si les normes sont favorables (retrait jugé acceptable) (β=0,01, p=0,77). Lorsque les pairs jugent le retrait social comme étant inacceptable, les enfants retirés socialement peuvent être rejetés, s’isoler davantage, et cela entrave leur estime de soi. Si les pairs jugent le retrait comme étant acceptable, l'estime de soi de ces enfants demeure stable.
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La méthode d’analyse des projets personnels : un outil pour la psychologie communautaire?Liesette BRUNSON, Simon COULOMBE, Roxanne Fournier, Paul Hayotte (UQAM - Université du Québec à Montréal), Floryana VIQUEZ
Les projets personnels sont des objectifs, aspirations et activités significatives (Little, 2007) qui permettent aux personnes de donner un sens à leur vécu (Omodei et Wearing, 1990). Inscrite dans un modèle écologique, l’analyse des projets personnels (APP) est une méthode dont l’une des visées est de fournir des indicateurs sociaux pour informer l’amélioration des politiques sociales et des cadres de vie (Little, 1983, 2007). Comme cette visée constitue un moteur d’action en psychologie communautaire, l’APP pourrait être utile dans ce domaine. Cette méthode synthétise les préoccupations quotidiennes des personnes, ainsi que les obstacles et facilitateurs à leur mieux-être dans leur contexte écologique. Pourtant, les travaux publiés en psychologie communautaire utilisant l’APP sont très peu nombreux. L’objectif de cette communication est d’explorer la pertinence de l’APP en psychologie communautaire. D’abord, en nous basant sur les travaux de Little (1983, 2007), nous analyserons les convergences entre l’APP et les valeurs et principes fondamentaux en psychologie communautaire (Nelson et Prilleltensky, 2010). Enfin, par une revue de la littérature, nous mettrons en évidence l’utilisation de l’APP dans les travaux en psychologie communautaire et ses domaines connexes. À partir de constatations issues de notre analyse, nous ferons émerger en quoi l’APP peut enrichir l’éventail de méthodes en psychologie communautaire. Des limites à son utilisation seront aussi soulevées.
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Le « vivre ensemble » au Québec : regard sur les tensions intercommunautaires et les enjeux actuelsVéronique BOUTET, Marie-Hélène CARDINAL, Ghayda HASSAN, Gabrielle Lyonnais (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dès la diffusion du projet de loi 60, surnommé la charte des valeurs québécoises, des débats houleux, des prises de positions polarisées ainsi qu'un clivage entre le "nous" et le "eux" ont été observés dans l'ensemble du Québec. L’objectif de la présente étude est de contribuer à une meilleure compréhension des enjeux caractérisant les relations intercommunautaires et la façon dont ils jouent dans le domaine social, spécifiquement autour des expériences de discrimination et des relations entre la communauté majoritaire et les groupes minoritaires. Pour ce faire nous avons conduit des analyses descriptives de 193 textes publiés dans les médias officiels du Québec entre septembre 2013 et avril 2014 afin de documenter le discours médiatique autour du débat sur la Charte. Une analyse critique a de plus permis de questionner les discours explicites et latents. L'arborescence thématique créée par l'analyse dévoile 6 thèmes principaux et 24 sous-thèmes. Les rapports intercommunautaires, incluant une hausse de la discrimination, les risques de division sociale et les enjeux du multiculturalisme, sont apparus comme un des thèmes centraux du débat. Même si le projet de Charte n’a pas été adopté, nos résultats démontrent que le vivre ensemble au Québec demeure une question d'actualité dans le contexte sociopolitique québécois et dont les manifestations dans l'espace public peuvent engendrer des nouvelles solidarités autour d'une identité commune ou encore fragiliser l'harmonie sociale.
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Buts pour autrui au sein des relations amoureuses : l’importance de soutenir et d’être soutenuNoémie CARBONNEAU, Richard KOESTNER, Samuel Rochette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Viola SALLAY, Martos TAMAS
Selon la théorie de l’autodétermination (Ryan & Deci, 2000), le soutien à l’autonomie est une forme de soutien social par lequel une personne reconnaît l’autre comme un individu à part entière ayant des besoins et des sentiments uniques et ayant droit au respect et à l’autodétermination. Deci et al. (2006) ont montré que le fait d’offrir un soutien à l’autonomie à son meilleur ami et le fait d’en recevoir de sa part contribuent tous deux, de manière indépendante, à la qualité relationnelle d’un individu. Le but de la présente étude était de tenter de reproduire ces résultats auprès de partenaires amoureux et de pousser la compréhension du phénomène plus loin en examinant le soutien concernant un but spécifique pour le partenaire (c.-à-d., un but vicariant). Pour cette étude, 270 couples ont été recrutés. Chaque participant a identifié un but vicariant qu’il a pour son/sa partenaire. Les partenaires ont également complété une mesure du soutien à l’autonomie reçu et fourni dans le cadre de la poursuite de ces buts, de même qu’une mesure de qualité relationnelle. Les résultats d’analyses dyadiques montrent que le soutien à l’autonomie reçu ainsi que celui offert contribuent tous deux positivement à la prédiction de la qualité relationnelle. Ces résultats soulignent la pertinence d’examiner à la fois le soutien à l’autonomie fourni au partenaire et reçu de la part du partenaire pour une meilleure compréhension de la qualité de la relation entre deux partenaires amoureux.
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Profil psychosocial des enfants présentant des comportements sexuels problématiques dans les services de protection de la jeunesse au QuébecClaudia Dufour (UdeS - Université de Sherbrooke), Anne-Marie TOUGAS, Marc TOURIGNY
Les intervenants en protection de la jeunesse (PJ) sont de plus en plus préoccupés par les enfants présentant des comportements sexuels problématiques (CSP), qui, selon une étude, représenteraient environ 15% des enfants pris en charge par la PJ au Québec (Lévesque et al., 2012). Les CSP peuvent compromettre la sécurité et le développement des enfants et persister s’ils ne font pas l’objet d’une intervention adéquate (Elkovitch et al., 2009). Si les études soulèvent la complexité des facteurs associés aux CSP, les connaissances restent limitées quant à ce qui les caractérise dans un contexte de PJ. Seront présentés dans la communication les résultats d’analyses multivariées reposant sur les données de l’EIQ-2008 (Hélie et al., 2012) et ayant pour objectif d’identifier les facteurs associés à la présence de CSP chez les enfants (n=1120) pris en charge par la PJ. Les résultats montrent que les enfants avec CSP présentent un profil hétérogène et plus détérioré que le reste des enfants, en manifestant plus de problèmes d’attachement, de comportements intériorisés et extériorisés et en faisant davantage l’objet de signalements pour agression sexuelle. À l’opposé, leurs parents semblent présenter moins de difficultés, présentant un levier d’intervention intéressant. Parce qu’elle permet de dresser un portrait représentatif des enfants avec CSP à l’aide d’information tirée de la pratique quotidienne d’intervenants, la principale force de l’étude réside dans sa validité écologique.
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Contribution relative des dimensions des traits psychopathiques à la persistance des problèmes de conduite pendant l’enfanceVincent Bégin (UdeS - Université de Sherbrooke), Michèle DÉRY
Les problèmes des conduites (PC) (par ex., agression, bris de règles) qui surviennent à l’enfance sont reconnus à risque élevé de persistance (Moffitt, 2006). Ce risque serait cependant particulièrement accru lorsque les PC s'accompagnent de traits psychopathiques (Frick et al., 2014), qui font référence chez l'enfant à trois dimensions: insensibilité, narcissisme et impulsivité. Bien que ces trois dimensions soient corrélées, les travaux sur ces traits se sont surtout centrés sur la dimension d'insensibilité et l’on ignore jusqu’à quel point les autres dimensions contribuent à prédire la persistance des PC. L’étude porte sur cette question et a été menée auprès de 232 enfants (âge moyen: 8,51 ans ; é.t.: 0,92) ayant tous des PC à l’entrée dans l’étude. Les PC ont été mesurés avec une échelle orientée sur les critères du DSM de Achenbach et Rescorla (2001). Les traits ont été mesurés avec l’Antisocial Process Screening Device (Frick et Hare, 2001). Les parents et les enseignants ont agi comme répondants. La sévérité initiale des PC, le revenu familial, l'âge des enfants sont contrôlés dans l’étude. L’analyse de régression linéaire hiérarchique montre que parmi les trois dimensions de traits, seule la dimension d'impulsivité contribue à prédire la persistance des PC trois ans plus tard. Une meilleure compréhension de la contribution des dimensions des traits psychopathiques à la stabilité des PC est importante pour identifier des cibles potentielles d’intervention.
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La mentalisation chez les victimes d’agression sexuelle dans l’enfance en thérapie de couple : résultats préliminaires d’une étude de casIsabelle Abdul-Rahman (UQAM - Université du Québec à Montréal), Heather Macintosh
Les victimes d’agression sexuelle dans l’enfance peuvent présenter à l’âge adulte certains symptômes, dont des difficultés dans l’établissement et le maintien de relations interpersonnelles (MacIntosh, 2013). Une théorie qui a été mise de l’avant pour comprendre les défis auxquels doivent faire face ces personnes ainsi que pour élaborer des interventions thérapeutiques susceptibles de leur venir en aide est celle de la mentalisation (Fonagy, 1991). Dans la présente étude de cas, nous avons analysé la capacité de mentalisation (Luyten, Fonagy, Lowyck, & Vermote, 2012) d’un couple (n = 1) dont l’un des deux partenaires a été victime d’agression sexuelle durant l’enfance. Les résultats préliminaires indiquent que la victime éprouve des difficultés à mentaliser en séance dans 4 situations : 1) lorsque le partenaire mentalise bien et tente un rapprochement émotionnel, 2) lorsque le partenaire a des difficultés à mentaliser, 3) lorsque la thérapeute tente un rapprochement émotionnel entre les partenaires et 4) lorsque la thérapeute tente d’explorer plus en profondeur les émotions de la victime. Ces résultats préliminaires nous renseignent non seulement sur les difficultés de mentalisation que peut avoir une personne ayant vécu une agression sexuelle dans l’enfance, mais également sur les pistes d’interventions thérapeutiques qu’il faut envisager avant de pouvoir mener une thérapie de couple à proprement parler.
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Portrait des auteurs de leurre informatique d’enfantIvan AKHTEMIYCHUK, Maya Lambert Vandelac (UdeM - Université de Montréal), Jean PROULX
Le leurre informatique d’enfants (LIE) est un crime récent (une quinzaine d’années) consistant à duper un enfant par l’entremise du Web (clavardage, médias sociaux, courriels), dans le but de commettre une agression sexuelle. La croissance de sa dénonciation reflète la nécessité de s’y intéresser, passant de 20 cas rapportés au Canada en 2003 (Ogrodnik, 2010), à 364 cas en 2012 (Cotter, Beaupré et Saguenay, 2012). Afin de mieux comprendre le LIE, il importe d’avoir une meilleure compréhension des individus qui passent à l’acte. La présente étude vise, donc, à identifier leurs caractéristiques, puis à les comparer à celles d’autres agresseurs sexuels sans leurre (d’enfants et de femmes adultes).
L’échantillon est constitué de 321 délinquants sexuels évalués à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal. Suite à une description de l’échantillon, des analyses prédictives ont été effectuées afin d’identifier les caractéristiques psychosociologiques qui semblent mener au LIE. Les résultats préliminaires suggèrent un profil qui diffère de celui des autres types d’agresseurs sexuels et est semblable à celui décrit précédemment par Seto et al. (2012). Conséquemment, l’évaluation du risque et le traitement devraient être adaptés à leur situation spécifique, qui semble différer de celle des autres délinquants sexuels.
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Contenu des pires cauchemars d’hommes et de femmes adultesAlexandra Duquette (UdeM - Université de Montréal), Valérie ENGLISH, Antonio ZADRA
Bien que de nombreuses études se soient penchées sur les différents aspects des cauchemars (e.g., fréquence, lien avec la psychopathologie, traitements), l’état des connaissance concernant le contenu des cauchemars demeure relativement restreint. Nous avons examiné le contenu du pire cauchemar rapporté par 78 hommes et 78 femmes adultes appariés en âge (moyenne d’âge = 25.3±9.8 années). Les variables étudiées pour les rapports écrits qui devaient contenir 25 mots ou plus était les suivantes : contenu thématique, structure narrative, cause présumée de l’éveil ainsi que les échelles standardisées du système de cotation Hall et Van de Castle (i.e., chance, malchance, agression, relations amicales, succès et échecs). Pour les deux sexes, les trois thèmes les plus fréquents concernaient la présence d’une force démoniaque, être pourchassé et être physiquement agressé. Contrairement aux cauchemars idiopathiques, les pires cauchemars semblent arboré un éventail plus restreint de thèmes et les différences de contenu entre les hommes et les femmes sont réduites.
Vecteurs identitaires : langue, éducation et modes de vie
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La description ethnographique de l’intégration linguistique de la communauté turque à MontréalUtkan Boyacioglu (UdeM - Université de Montréal)
La description ethnographique de l'intégration linguistique de la communauté turque à Montréal
Ce travail consiste à documenter l’intégration linguistique de la communauté turque à Montréal. Une présentation des relations entre les turcs et le Québec et sur la situation actuelle du français en Turquie nous permettent d’insister sur le fait que la langue n'est pas diffusée sur le territoire. De ce fait, son utilisation est associée à un registre soutenu, un aspect qu’on doit garder en tête pour la suite de notre analyse.
Notre hypothèse d’enquête porte sur unepossible distinction entre deux groupes de personnes concernant leurs origines socioculturelles qui influenceraient leur engagement linguistique.
Afin de vérifier cette hypothèse, nous présentons d'abord une analyse des perceptions à partir des réponses à un questionnaire distribué aux membres de la communauté. Ce questionnaire touche des thèmes d’ordre sociodémographique, la trajectoire personnelle et les besoins linguistiques des participants.
Ensuite, nous présentons une analyse ethnographiquedes immigrants turcs. Cette analyse décrit d'abord la vie quotidienne et les engagements linguistiques des membres de la communauté.Dans un deuxième temps, nous examinons si les fluctuations sociales à l’intérieur de la communauté influent surle rapport qu’entretiennent les membres de la communauté avec le français.
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Contribution d’un programme scolaire en arts de la scène à la formation de l’identité : perception des adolescents qui y participentÉmilie Frenette-Bergeron (UdeS - Université de Sherbrooke), Anne-Marie TOUGAS
Si la formation de l’identité est considérée comme la tâche développementale la plus complexe et exigeante à l’adolescence, elle est tributaire des interactions entre l’adolescent et ses milieux de vie (Erikson, 1968; Marcia, 1993). Le modèle théorique de Lerner (2004) explique comment les activités structurées (AS) peuvent avoir un effet bénéfique et déterminant sur la formation identitaire. Dans les écoles secondaires, une gamme de programmes sportifs ou artistiques est susceptible d’influencer la formation de l’identité des adolescents, car leur organisation fait écho aux principes des AS : en groupe, supervisé, réglementé, fréquent (Poulin, 2013). À ce jour, peu de connaissances sont disponibles en ce qui concerne la manière dont ces programmes scolaires peuvent influencer la formation de l’identité. Cette communication présente les résultats de trois entrevues de groupe menées auprès d’adolescents (n=19) afin de décrire leur expérience à titre de participant d’un programme artistique en milieu scolaire. Des analyses par catégories conceptualisantes (Paillé, 2012) ont permis de valider l’application du modèle théorique de Lerner (2004) à ce type de programme comme de le bonifier au regard du discours des jeunes. Notamment, les résultats de cette étude révèlent que pour aider les jeunes à « être eux-mêmes », les activités proposées par la voie d’un programme artistique doivent favoriser le travail d’équipe, les rétroactions constructives et la cohésion du groupe de pairs.
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L’expression de la « différence » dans l’élaboration des expériences de nouveaux arrivants haïtiens établis au Québec depuis le séisme du 12 janvier 2010Patrick Cloos (UdeM - Université de Montréal), Laïty Ndiaye, Jessie SAINT-LOUIS
Après le séisme survenu en Haïti le 12 janvier
2010, un programme spécial de parrainage fut mis en place par le Ministère québécois de
l’immigration et des communautés culturelles
afin de permettre à quelques milliers de citoyens haïtiens de rejoindre
leur famille résidant dans la province. Cette communication s’appuie sur une recherche exploratoire sur les
expériences migratoires de nouveaux-arrivants Haïtiens parrainés dans le cadre
de ce programme. Des entrevues semi-dirigées ont été réalisées auprès de 7
hommes et 2 femmes âgés entre 23 et 60 ans. L’objectif était de rendre compte
des formes de différence auxquelles
font appel ces personnes lors de l’élaboration de leur expérience migratoire.
En d’autres mots, la question qui sous-tendait notre réflexion était de savoir
si la construction des expériences de ces personnes passait automatiquement par
la mobilisation de référents identitaires (racialisés ou ethnicisés ou
culturalisés)? Dans cette présentation nous aborderons essentiellement la
racialisation comme pratique discursive de la différence, la perception de
l’ « haïtianité » et la langue comme outil de résistance. -
La face et la figuration : au-delà de la politesse, un travail identitaireRégine Wagnac (UdeM - Université de Montréal)
Pour mieux décrire tout ce que les interactants valorisent, la présente proposition redéfinit la face et la figuration comme un travail identitaire.
Goffman (1967/1974) définit la face comme l’image positive qu’une personne a d’elle-même. L’image qu’elle essaie de projeter dans l’interaction et qu’elle veut que ses interlocuteurs lui accordent. La figuration est quant à elle « […] tout ce qu’entreprend une personne pour que ses actions ne fassent perdre la face à personne (y compris elle-même) » (Goffman, 1967/1974, p. 15). Dans la théorie linguistique de la politesse, Brown et Levinson (1987) parlent de la face positive qui renvoie au désir d’être approuvé et de la face négative qui se rapporte à l’autonomie des acteurs. Ils traitent aussi des actes menaçants pour la face et des façons d’y remédier. Référence prédominante dans la littérature, leur théorie est néanmoins critiquée entre autres pour son caractère binaire et son insistance sur la volonté de l’individu, la cognition. Des critiques qui, ces dernières années, ont favorisé un retour aux sources, à Goffman (1967/1974). Ma proposition s’inscrit dans ce nouveau tournant. Elle ne cherche pas à nier le lien entre face et politesse, elle veut plutôt montrer qu’un plus large spectre d’identités (individuelles, relationnelles et collectives) est en jeu dans l’interaction. À partir d’une revue de la littérature, l’objectif est alors de présenter la face et la figuration comme étant, avant tout, un travail/enjeu identitaire.
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Politiques culturelle et linguistique au Québec depuis les années 1960 : regard sur l’imbrication (ou non) des instruments d’action publique (IAP) concernésAlexandre Couture Gagnon (University of Texas), Diane Saint-Pierre
Depuis les années 1960, les gouvernements du Québec successifs ont appuyé diverses initiatives en matière de politiques culturelle et linguistique, lesquelles se destinent à promouvoir une identité nationale francophone forte, distincte du reste du Canada. Nous questionnons les liens effectifs ou diffus, selon les époques, entre ces deux politiques et leur gestion publique respective. Cette communication retrace l’histoire des politiques publiques de la culture et de la langue et de l’imbrication (ou non) des IAP qui les concernent. Nous reconstituons les grandes étapes de développement et d’adaptation de ces politiques au regard des changements de gouverne de l’État et, plus largement, des mutations au sein de la société québécoise depuis un demi-siècle. Qu’il nous suffise de mentionner la prégnance des notions de droit culturel, de démocratie culturelle, de démocratisation de la culture ou encore la montée en puissance de phénomènes comme le nationalisme québécois, l’accroissement des mouvements migratoires et l’intégration des communautés culturelles. À cela, s’ajoutent le rôle croissant d’une multitude de partenaires et plus récemment les effets de la pluralité de référentiels : la ville, la diversité culturelle, la mondialisation, la culture numérique, le développement durable et autres. Cette recherche est originale: elle présente l’étude parallèle de deux politiques et leurs IAP (imbriqués ou non) au cœur du développement du nationalisme québécois depuis les années 1960.
Santé et services communautaires : articuler interactions et interventions
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Violence invisible : étude des pathologies sociales d’ordre communicationnelMilton CAMPOS, Leila Monfared (UdeM - Université de Montréal)
De la communication dérive, non seulement l’intercompréhension, mais également la contrainte. L’étude des pathologies sociales d’ordre communicationnel soulève la question de contrainte, dit la violence invisible affectant les relations communicationnelles des individus. Autrement dit, elle met en question les mécanismes de colonisation intérieure qui peuvent produire des sujets vulnérables. Notre trajectoire de recherche s’inscrit spécialement dans le rapport entre les organismes de protections sociales et des enfants abandonnés; des groupes marginalisés ou probablement qualifiés de marginaux en Iran.
Cette communication se concentre sur des pathologies qui sont produites par la société et son système de fonctionnement. Par exemple, peut-on affirmer qu’il existerait des liens entre l’apparition des pathologies sociales d’ordre communicationnel et le système des protections et de droits de la société iranienne, comme les droits sociaux, les codes d’éthique des organismes de protections sociales, ainsi que leurs modes de fonctionnement et les valeurs ? Cette interrogation constitue le cœur de notre recherche.
À l’aide de la théorie de l’agir communicationnel de Habermas (1987), nous examinerons, des pathologies sociales d’ordre communicationnel à travers les rapports qui s’établissent dans les organismes des protections sociales, entre les fonctionnaires des institutions et les enfants à leur charge.
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Perception des familles d’accueil des conditions de réussite et d’échec du placementSylvie Morin (Université de Moncton)
Au Québec, la majorité des enfants suivis par la protection de la jeunesse et vivant en milieu substitut sont placés en famille d'accueil (Association des centres jeunesse du Québec, 2013). Malgré l’influence des perceptions des parents d’accueil sur l’évolution du placement, très peu d’études leur donnent la parole(Brown & Bednar, 2006).Cette recherche a donc pour objectif de mieux comprendre l’adaptation de l’enfant à son placement en famille d’accueil, c’est-à-dire les facteurs de réussite et d’échec, et ce, en fonction de la perspective de la famille d’accueil. Au total, 13 mères d’accueil ont participé à une entrevue en plus de compléter une série de questionnaires en référence à un placement positif et à un placement problématique. Un modèle synthèse des facteurs de réussite du placement et des facteurs de protection de la famille d’accueil a été développé à partir des résultats qualitatifs et quantitatifs obtenus. Ce modèle comprend trois grands thèmes en interaction les uns avec les autres, soit le soutien et la collaboration, l’amour et les relations, ainsi que la reconnaissance.
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Personnes ayant un trouble grave de santé mentale : construction des liens sociaux et sens donné à leur existence, qu’en disent ces acteurs?Danielle Pelland (UdeM - Université de Montréal)
Problématique. Si la désinstitutionnalisation a permis aux personnes ayant un trouble grave de santé mentale (ATGSM) d’entrevoir un autre chez-soi que l’asile, le rétablissement et l’intégration sociale sont complexifiés par la violence structurelle, la stigmatisation et les discriminations et ce, malgré les modifications législatives visant à améliorer les droits humains, la lutte antistigmatisation, l’avancée des connaissances et des traitements. Méthode. Prenant racine dans la filiation compréhensive permettant d’extraire le sens des expériences, l’étude qualitative s’appuie sur l’interactionnisme symbolique pour explorer la reconstruction des liens sociaux de 10 personnes ATGSM vues par une équipe de suivi intensif dans la communauté (SI) dans la région des Laurentides. Ce cadre tient compte de la complexité du social et met en lumière le point de vue des acteurs sociaux. Résultats. Il ressort des 24 entretiens, analysés selon l’analyse de contenu, que l’interaction sociale avec les intervenantes du SI est la pierre angulaire soutenant la reconstruction des liens sociaux contribuant à atténuer l’impact de la stigmatisation et des discriminations. Apport à la connaissance. Visant à enrichir la pratique, les analyses abordent la transformation de l’identité, le sens de l’existence, la signification des conflits et ruptures des liens sociaux ainsi que la négociation lors des interactions entre les personnes ATGSM, les intervenantes, les institutions et la communauté.
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Une recherche-action collaborative au service d’une expérimentation sociale : « Un logement d’abord »Corinne CHAPUT-LEBARS, Arnaud Morange (IRTS - Institut régional du travail social)
La recherche-action en sociologie que nous avons menée (en 2013-2014) auprès d’un organisme d’aide aux sans-abri (en Basse-Normandie – France) est une innovation sociale soutenue par des partenaires publics. Nous souhaitons rendre compte ici de trois aspects de cette démarche : le premier concerne le suivi que nous avons effectué de la mise en place d’un service social expérimental, inspiré du Housing-First anglo-saxon, à dimension et à échelle territoriale modestes (une vingtaine de logements mis à disposition de Sans Domicile Fixe dans la ville de Caen). Il incluait le recrutement de travailleurs-pairs (principe de « pair-émulation »). Le second volet de l’étude relève de l’expertise du dispositif nouveau d’hébergement des sans-abri, de son accompagnement en notre titre de conseil reposant sur une immersion dans le service. Les conclusions de nos observations et analyses seront proposées en un troisième moment de notre présentation, en mettant l’accent sur les changements de pratiques qu’impose le dispositif étudié aux travailleurs sociaux, sur la pertinence et les limites de cette expérimentation (« un logement d’abord »), ainsi que sur l’intérêt de la méthodologie choisie (la recherche-action).
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Trouble du spectre de l’autisme : quel soutien aide vraiment les familles?Catherine BOUCHER, Isabelle Courcy (UQAM - Université du Québec à Montréal), Catherine DES RIVIÈRES-PIGEON, Geneviève LAROCHE, Carole SÉNÉCHAL
Avoir un enfant présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) constitue une réalité familiale relativement fréquente. Les dernières données populationnelles indiquent à cet effet une prévalence d’un enfant sur 68 (CDC, 2014). Dans le cadre de cette présentation, nous exposerons les résultats d’une recherche qualitative menée auprès de familles québécoises. L’objectif de la recherche était d’analyser, à partir des perceptions des parents, les formes de soutien reçues afin de voir dans quelle mesure elles aident ou, au contraire, nuisent à l’accomplissement de leurs rôles familiaux et sociaux. Des entrevues ont été menées auprès de 15 familles. Une analyse thématique a été effectuée. Il ressort que le manque généralisé de services amène les parents, en particulier les mères, à « compenser » en endossant de multiples rôles dans les programmes et les interventions de l’enfant, ce qui n’est pas sans entraves. Lorsqu’il y a présence de services, l’inadéquation de ces soutiens formels avec les besoins des familles a souvent pour effet d’augmenter ou de complexifier le travail d’éducation effectué par les parents. Enfin, une même forme de soutien peut être perçue comme essentielle par des parents et néfaste par d’autres, soulignant ainsi la grande diversité des besoins des familles d’enfants ayant un TSA. Ces résultats seront discutés afin de réfléchir à des pistes d’action pour mieux soutenir les parents d’enfants présentant un TSA au Québec.
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Une enquête ethnographique portant sur la négociation du sens et des usages des pratiques de travail de rueMarie BEAUCHESNE, Marilène BERTHIAUME, Annie Fontaine (Université Laval), Flore GAMET
Le travail de rue est une pratique d’intervention de proximité qui se caractérise par son adaptation constante à la mouvance des publics rejoints directement dans leurs milieux de vie. Ainsi, ce mode d’intervention hors-murs pose une exigence de continuel renouvellement du sens et des usages qui lui sont accordés afin d’en assurer l’adéquation au contexte culturel du territoire investi ainsi qu’aux besoins et aux aspirations des personnes rencontrées. Subventionnée dans le cadre du programme Développement Savoir du CRSH, une recherche ethnographique en cours vise à décrire comment les interactions directes et indirectes des travailleurs de rue (entre eux, avec leurs coordonnateurs, les jeunes, les partenaires, les bailleurs de fonds, etc.) participent à la négociation du sens et des usages de cette pratique ainsi qu'à analyser comment cette négociation plurielle influence la définition et l’adéquation de l’intervention auprès des jeunes plus ou moins en rupture sociale. Cette enquête de terrain inclut des séances d’observation participante (auprès de deux organismes communautaires en travail de rue situés à Montréal et à Québec ainsi que des milieux associatifs québécois en travail de rue), la tenue de groupes de discussion avec divers acteurs concernés ainsi que de l’analyse documentaire. La communication décrira l’enquête ethnographique réalisée par notre équipe de recherche et mettra en relief les faits saillants tirés de l’analyse préliminaire de nos résultats.
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Représentations sociales de la dangerosité chez les intervenants en psychiatrie : une anthropologie du risqueNathalie Baba (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’isolement avec ou sans contention au Québec sont des mesures de contrôle exceptionnelles utilisées lorsqu’une personne représente un danger à l’égard d’elle-même ou d’autrui (MSSS 2011). Plusieurs questions éthiques et problématiques sont associées à des pratiques variables entre les intervenants quant à l’utilisation des mesures de contrôle et à un sens différentiel quant aux critères définissant le « danger » et le « risque » en psychiatrie (Protecteur du Citoyen 2011). Alors que de nombreuses recherches cliniques se sont intéressées à l'identification des facteurs de risque au comportement agressif, le sens accordé à l'agressivité, au risque et au danger demeure peu considéré. La présente communication orale portera sur les représentations sociales de la dangerosité chez les intervenants en santé mentale et sur les facteurs qui sous-tendent leurs différentes pratiques de contrôle. De l’observation participante dans une unité de soins psychiatriques aigus et des entrevues semi-structurées ont été réalisées auprès d’une dizaine d’intervenants en santé mentale. Les résultats montrent que la différence entre les pratiques de contrôle des intervenants n’est pas la conséquence d’une surestimation du risque ni d'un manque de connaissances quant au risque d'agressivité, mais s’explique davantage en fonction de la présence ou de l’absence d’un lien thérapeutique et du degré de reconnaissance sociale dans les interactions entre les soignants et les soignés.
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La relation au cœur de l’intervention : exploration de l’expérience relationnelle de trois intervenantes en itinérance féminine dans une perspective phénoménologiqueAnne-Marie EMARD, Sophie GILBERT, David Lavoie (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’itinérance au féminin est un phénomène complexe encore peu étudié au Québec. Alors que de nombreuses études confirment que le « prendre soin des autres » comporte de nombreux risques, il importe d’élaborer des stratégies d’intervention qui répondent aux besoins des femmes en situation d’itinérance et de grande précarité tout en soutenant les intervenants qui les côtoient. Dans un partenariat avec l’organisme communautaire La Rue des Femmes, notre étude s’intéresse à l’expérience relationnelle des intervenantes, une dimension au cœur de la problématique de l’itinérance (Poirier, M. et al. 1999) et présentée comme un élément fondamental de l’approche de cet organisme. Un cadre de recherche qualitatif d’inspiration phénoménologique a été choisi afin d’explorer le vécu relationnel de l’intervention en tant que phénomène existentiel. Nos objectifs sont de mieux comprendre 1) l’expérience de la relation d’aide telle que vécue par les intervenantes; 2) les enjeux de cette expérience; et 3) les facteurs relationnels potentiellement agissants dans l’intervention. L’analyse à l’aide de catégories conceptualisantes (Paillé et Mucchielli, 2014) de huit entretiens et de notes d’observation a permis de schématiser la place essentielle du lien dans l’intervention offerte. Notre discussion nous amène à faire valoir les apports et les défis posés par l’intervention adressée à une population particulièrement vulnérable et démunie, en préservant l’intégrité des intervenants.