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Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 500 - Éducation

Description :

Les chercheurs en éducation sont à l’occasion invités par des instances politiques (ministères, syndicats, gouvernements locaux ou collectivités territoriales) à s’engager dans des recherches commanditées, sous la forme d’appels d’offres ou de projets ciblant des objets prédéfinis. Dans le cadre d’une nouvelle gouvernance en éducation, les décideurs mobilisent pour leur part de plus en plus les savoirs scientifiques pour rationaliser et légitimer leur action politique. La recherche en éducation ne constitue pas la seule source de production de connaissances pour l’action politique, dans la mesure où d’autres instances y participent (services ministériels, agences internationales, etc.), mais elle doit « composer » avec le politique dans des formes nouvelles que nous souhaitons interroger. Ce colloque examinera comment se nouent les interrelations entre chercheurs et décideurs, entre recherche et action politique, et comment ces relations informent le processus de recherche dans le champ de l’éducation.

La réflexion sur les enjeux de la recherche commanditée en éducation s’appuiera sur les axes de questionnement suivants :

- Construction et délimitation de l’objet d’étude : comment la recherche transforme-t-elle des objets sociétaux (la persévérance, la réussite, la violence… scolaires) en objets de recherche?

- Temporalité de la recherche et de l’action politique : comment la production parfois longue de savoirs scientifiques s’accommode-t-elle d’une temporalité politique à plus ou moins court terme?

- Travail de terrain et positionnement des chercheurs : comment l’entrée sur le terrain et le recueil des données se trouvent-ils modifiés par la dialectique demande (du chercheur agissant pour le compte de…) / commande (du commanditaire le plus souvent employeur des participants)?

- Restitution de résultats aux commanditaires et aux participants : comment la recherche se positionne-t-elle vis-à-vis de groupes professionnels porteurs d’enjeux et d’intérêts parfois opposés?

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Champ et savoirs

Présidence : Gustavo Barallobres (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Mot de bienvenue
  • Regard critique sur la reconfiguration des rapports entre recherche, politique et pratique à l'œuvre dans l'Evidence-based Education
    Martial DEMBÉLÉ (UdeM - Université de Montréal), Eliane DULUDE (UdeM - Université de Montréal), Claude LESSARD (UdeM - Université de Montréal), Christian MAROY (UdeM - Université de Montréal), Frédéric Saussez (UdeS - Université de Sherbrooke), Frédéric Yvon (Université de Genève)

    Dans le monde anglo américain, le développement de l'Éducation basée sur des données probantes contribue à reconfigurer les rapports entre recherche, politique et profession. Tout en revisitant à nouveau frais l'idéal de la société expérimentante de Campbell (1969), l'EBE développe un argumentaire adressé aux acteurs politiques qui s'articule autour de questions relative à l'accountability et à une gestion rationnelle des réformes en éducation; elle propose aux professionnels de l'éducation des guides d'action scientifiquement fondés en mesure d'assurer l'efficacité de leurs interventions. Notre objectif est d'analyser les processus d'interprétation des résultats de recherche par des instances intermédiaires lorsque les résultats sont addressés aux acteurs du monde politique ou du monde de la pratique. De façon plus particulière, nous étudierons la façon dont les opérateurs de formation continue acquièrent, interprètent et utilisent les données probantes du domaine de l'éducation afin de la promouvoir auprès des acteurs scolaires. Sur cette base, nous discuterons certains des enjeux liés à la reconfiguration des rapports entre recherche, politique et profession à l'oeuvre dans cette approche tout en questionnant la façon dont la notion de preuve est compris, interprétée et mise en oeuvre par le politique et les professionnels.

  • Pause
  • Les résultats des recherches sur les pratiques enseignantes efficaces et les prescriptions de la noosphère à travers les référentiels de compétences : quelle cohérence?
    Laurent Talbot (Université de Toulouse II - le Mirail)
  • Dîner

Communications orales

Places et pouvoirs 

Présidence : Christophe Roiné (Université de Bordeaux)
  • Places et interactions entre le sujet et l'objet de recherche : entre implication et (dés)engagement, entre « ruses » et « bricolages »
    Jérôme ENEAU (Université Rennes 2), Simon Mallard (Université Rennes 2)

    Le cadre de la recherche doctorale (Mallard), défini initialement dans un projet proposé à l'entreprise et au laboratoire, comprenait l'ensemble des éléments théoriques, méthodologiques, etc. Entre les contractualisations et la réalisation du projet, les écarts et négociations avec le terrain et l'entreprise sont constants. Autrement dit : « les choses ne fonctionnent jamais comme prévu ». Pourtant, ces « déviances créatrices » structurent le projet de recherche.

    La présente étude se propose d'envisager ce « travail doctoral » comme un dispositif sociotechnique traversé par des pratiques sociales. En se référant à l'approche ternaire des dispositifs d'Albero (2010a, 2010b, 2011), le dispositif du « travail doctoral » sera étudié sous l'angle de trois dimensions : idéelle, fonctionnel de référence et vécu. En se focalisant sur le vécu du chercheur, la question centrale qui orientera cette étude sera la suivante :Comment l'entrée sur le terrain et le recueil des données se trouvent-ils modifiés par la dialectique demande (du chercheur agissant pour le compte de…) / commande (du commanditaire le plus souvent employeur des participants) ?

    La méthodologie utilisée s'appuiera sur des entretiens avec les principaux protagonistes du dispositif. De plus, un retour réflexif sur le parcours du « postier chercheur » semble essentiel afin de comprendre son empreinte, ses « bricolages » (Lévi-Strauss, 1962) et ses « ruses » (Denoyel, 2002) sur son objet et sur son terrain.

  • Politiques publiques et expérimentation sociale : le temps de l'évaluation
    Isabelle Houot (UL - Université de Lorraine)

    Dans les pays de l'OCDE, les politiques publiques « d'innovation sociale » en matière d'éducation et de formation se diffusent largement au moment même où les modèles d'adéquation entre systèmes d'emplois et systèmes de formation apparaissent s'essouffler. Il convient de s'interroger sur les effets qu'engendre ce changement de perspective sur les pratiques de formation et pour les sciences de l'éducation. Cette communication présentera une recherche issue d'un appel à projet public portant sur un dispositif expérimental de lutte contre le décrochage à l'université. En France, depuis 2009, un fonds d'expérimentation pour la jeunesse soutient une politique active composée d'expérimentations sociales. Menées dans un cadre très prescriptif, elles doivent répondre à des questions sociales, sont constituées de mesures transitoires devant aboutir à une décision politique, doivent permettre une comparaison entre panel de bénéficiaires et non-bénéficiaires, sont pensées dans une optique de généralisation. L'évaluation qui en constitue le cœur doit être menée en continu par un observateur indépendant. Nous reviendrons ici de manière détaillée sur les processus transactionnels que nous avons vu s'instaurer dans ce dispositif et nous attacherons en particulier à montrer en quoi et comment l'analyse des dispositions prises ici en matière d'évaluation conduisent à questionner les rapports entre temporalités et action publique sous l'angle de l'injonction à la mesure et de ses effets.

  • Pause
  • Synthèse

Communications orales

Espaces et temporalités

Présidence : Gustavo Barallobres (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Espèces d'espaces, retour analytique sur la petite histoire d'une recherche commanditée : « comment peut-il se dire quelque chose entre nous » chercheurs et politiques?
    Sophie Grossmann (UQAM - Université du Québec à Montréal), Christophe Roiné (Université de Bordeaux)

    Des chercheurs sont contactés fin 2011 afin d'effectuer une étude en vue d'identifier les facteurs qui expliquent la moindre présence de jeunes de moins de 20 ans (J-20) en formation professionnelle (FP) à Montréal. Cette commande, émanant d'une instance régionale, interroge un phénomène actuel dans la mesure où une prescription ministérielle, publiée en 2009, enjoint l'ensemble des responsables du système éducatif d'améliorer sensiblement la présence des J-20 en FP. Les chercheurs partent de cette commande et s'engagent dans une étude qui dure deux ans.

    Notre analyse a pour objet l'émergence d'un espace mouvant de dialogue et de négociation entre les représentants de divers ministères et gouvernements locaux et cette équipe de chercheurs dont nous faisons partie, depuis la commande initiale jusqu'à la restitution des résultats. Partant du travail de Francis Jacques (1985), nous envisageons le dialogue comme un processus par lequel un accord est cherché entre deux ou plusieurs perspectives résolument différentes sur le monde et un espace de production de sens fondé dans l'interlocution. Quant à la négociation, elle s'appuie sur « un vouloir-faire conjoint » mais se déploie aussi comme « parole qui accepte l'omniprésence des rapports de force ».

    Nous tenterons, à la manière de Perec (1974), de poser un regard sur le déroulement de la recherche en examinant les espaces d'interlocution (intersubjectifs, institutionnels, culturels) et leur enchevêtrement dans la fabrication du sens.

  • Les politiques de la réussite et la reconfiguration de la recherche institutionnelle
    Quentin DELAVICTOIRE (CIRST - Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie), Pierre Doray (UQAM - Université du Québec à Montréal), Alix LEFEBVRE-DUGRÉ (CIRST - Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie), Stéphane MOULIN (CIRST - Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie), Jean Guy PRÉVOST (CIRST - Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie)

    Depuis le début des années 1990, nous avons assisté à un retournement normatif des politiques publiques en éducation avec la montée des politiques dites de la réussite qui mettent de l'avant des objectifs d'amélioration de la persévérance scolaire et éducative ainsi que de lutte contre le décrochage scolaire. Elles ont des répercussions dans les pratiques d'enseignement et d'encadrement éducatif des élèves et des étudiants ainsi que dans les pratiques de recherche institutionnelle. Notre communication vise à décrire ces changements.

    Dans les cégeps, l'institutionnalisation de ces politiques s'est amorcée en 1993 et s'est poursuivie en 2000, alors que l'objectif d'améliorer la persévérance scolaire devait faire l'objet d'un plan de réussite, intégré au plan stratégique des cégeps. Leur réalisation a conduit à une transformation des modes de travail. Ces changements ont donné lieu à différentes controverses dont celles portant sur le statut des statistiques et la qualité métrologique des indicateurs retenus. Ainsi, l'organisation de la recherche institutionnelle a été transformée dans sa composition professionnelle et par l'usage de différents outils statistiques et analytiques.

    A maints égards, ces changements décrivent plus globalement la transformation des modes de régulation de l'ordre collégial avec la mise en œuvre du nouveau management public. Encore faut-il se demander quel sens cette mise en œuvre prend en matière d'action publique.

  • Dîner

Communications orales

Terrains d'échanges 

  • L'impératif participatif et la recherche relative aux questions environnementales : le problème de la demande au sein des territoires en projets de « développement durable »
    Jérôme Lafitte (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les acteurs-habitants de territoires locaux sont de plus en plus confrontés aux problématiques environnementales. En France notamment, la gestion de ces territoires est soumise au cadre référentiel du développement durable avec ses corolaires de la gouvernance et des démarches participatives.

    Pour appréhender la complexité des situations et éclairer les décisions politiques à prendre en matière d'environnement, plusieurs recherches mettent en avant le nécessaire rapprochement entre communauté scientifique et communauté de citoyens-usagers. Or en contexte de crise environnementale, les savoirs scientifiques impliqués restent non stabilisés et marqués par l'incertitude. La construction et la légitimation des savoirs s'en trouvent affectées.

    Plusieurs chercheurs interrogent les vertus supposées de l'impératif participatif et des processus de gouvernance associés. Mais ils achoppent souvent sur les processus concrets de construction et d'appropriation des savoirs et sur leur intégration aux pratiques des acteurs.

    Dans le cadre de la recherche que j'amorce, je souhaite interroger l'« impératif participatif » des dynamiques politiques au sein d'un territoire. Plus spécifiquement, comment les acteurs se positionnent-ils au sein du dispositif institutionnel observé ? En quoi cela influence-t-il la construction et la circulation des savoirs ? De façon transversale, je souhaite également saisir comment une recherche agit et « est agie » au contact d'une telle dynamique participative.

  • Le développement des savoirs lors d'une restitution intermédiaire des résultats dans le cadre d'une recherche-intervention
    Marie-Madeleine Gurnade (Université de Toulouse II - le Mirail), Jean-François MARCEL (École Nationale de Formation Agronomique de Toulouse)

    Dans le cadre des recherches contractualisées avec le politique, la restitution des résultats aux commanditaires est une modalité négociée en amont. Dans une recherche-intervention (R-I), pour des raisons éthiques, épistémiques et heuristiques (Bergié, 2000), la diffusion des résultats concerne également les interlocuteurs de terrain.

    La R-I présentée répond à une demande d'aide à la décision politique formulée par une collectivité territoriale. Nous proposons de porter notre réflexion sur la première restitution intermédiaire des résultats pour étudier la circulation des savoirs des acteurs enrôlés dans l'intervention : le chercheur-intervenant, les décideurs, les professionnels et les bénéficiaires. Nous souhaitons identifier comment une restitution intermédiaire contribue à la fois au développement d'un savoir partagé et à apporter un premier référé aux élus locaux. Nous convoquerons la spirale de la connaissance théorisée par Nonaka et Takeuchi (1997) pour analyser le transfert des connaissances tacites et explicites qui permettent de créer de nouveaux savoirs au sein d'une organisation. À partir d'une analyse sémantique et thématique des données qualitatives issues d'entretiens semi-directifs et d'une observation participante des interactions et des discours développés pendant et après le temps de restitutions, nous mettrons en exergue le passage d'une connaissance conceptuelle apportée par le chercheur-intervenant à une connaissance systémique élaborée collectivement.

  • Pause

Communications orales

Synthèse

Discutant·e·s : Gustavo Barallobres (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Synthèse
  • Mot de clôture