Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :De nombreux dispositifs de formation professionnelle utilisent des entretiens de formation mettant en présence des professionnels et des étudiants, mais aussi des formateurs universitaires et des professionnels. Au cours de ces entretiens en dyade ou en triade, des perspectives différentes sont souvent mises en avant, et un savoir est co-construit. Ces phénomènes, bien que connus, sont encore relativement mal compris. L’un des angles d’analyse possible consiste à considérer ces phénomènes comme des rencontres entre différentes cultures. À travers les discours de chacun et les références mobilisées, ainsi que dans le raisonnement d’explicitation, peut en effet se découvrir la culture professionnelle de chacun des formateurs et, ce qu’on pourrait qualifier de « culture en formation » de l’étudiant. Ce colloque entend analyser les entretiens de formation en tant que chocs des cultures où se révèlent différentes strates culturelles de chacun des intervenants. Se posent alors deux questions fondamentales : Les savoirs échangés au cours de ces entretiens appartiennent-ils à des épistémies plus ou moins compatibles, lesquelles seraient tout de même admises comme pertinentes, ne serait-ce que tacitement, par les formateurs? Ou encore, s’agit-il de savoirs co-construits ressortant in fine d’une culture émergente à laquelle adhérera l’étudiant? À travers l’analyse d’expériences de formation et l’analyse de données de recherche, les participants à ce colloque tenteront de répondre à ces difficiles questions.
Date :- Alexandre Buysse (Centre d’intervention sur le développement Culture et Art Pour Toi)
- Stéphane Martineau (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Programme
Chevauchement de cultures, dialogue de mondes représentés : l'entretien dialogique dans la formation professionnelle
-
Mot de bienvenue
-
Naissance de formes socioculturelles hâtivement subjectivées dans l'entretien de formationAlexandre Buysse (Université Laval)
Nous proposons de considérer l'enseignement comme une forme socioculturelle parmi d'autres, et les entretiens de formation comme des confrontations de formes culturelles. En mettant en lien la théorie historico-culturelle de l'activité (Leont'ev, 1978) et la forme culturelle subjectivée (Buysse, 2012), nous pouvons considérer que chaque activité socioculturelle à laquelle le sujet participe, engendre à son niveau, l'élaboration d'une forme culturelle subjectivée. Nous considérons dès lors que chaque étudiant en formation à l'enseignement est déjà porteur de formes culturelles précédemment subjectivées, découlant de formations précédentes. Ces formes culturelles subjectivées sont fusionnées ou élaborées séparément pour répondre à l'activité. Durant les entretiens de formation se confrontent dès lors des formes socioculturelles subjectivées : celle de l'enseignement telle que subjectivée par le praticien à l'aune de la pratique de l'activité, et subjectivée différemment par le formateur universitaire à travers la culture académique, ainsi que celle, en émergence, de l'étudiant. C'est sur cette base, que nous examinons les indicateurs potentiels des formes socioculturelles intériorisées par l'étudiant et l'émergence des fondements de nouvelles formes subjectivées (protoformes). Nous discutons également le rôle de l'appel hâtif aux représentations de l'étudiant et l'éventuelle déconstruction ultérieure de celles-ci par le système de formation.
-
Pause
-
Quelles formes les cultures de l'alternance donnent-elles aux savoirs professionnels?Sabine Vanhulle (UNIGE - Université de Genève)
Nous analysons les entretiens de stages en formation à l'enseignement sous l'angle des savoirs et du soi professionnels qui émergent des échanges entre le stagiaire, le tuteur du terrain et le superviseur universitaire. Quelles dynamiques sociohistoriques sous-jacentes font de l'alternance « université-terrain » un champ marqué par des tensions implicites, qui se reflètent dans ces échanges ? Quels débats de normes et de prescriptions, quels mondes de référence externes et quels mondes vécus influencent la construction des significations relatives à l'agir professionnel ? Dans quels rapports de places, attributions de rôles, formats de réflexivité ? Comment les interactants se débrouillent-ils dans la mise en scène des apprentissages qu'ils escomptent ou estiment réalisés ou non ? A quelles stratégies discursives les trois partenaires recourent-ils pour installer des espaces intersubjectifs de construction de sens ? Notre objectif est de tenter d'avancer sur ces deux questions volontairement polémiques : les stages sont-ils autre chose que des lieux voués à l'acculturation, ou bien offrent-ils des opportunités de développement d'une créativité professionnelle ? Et de son côté, la formation scientifique des futurs enseignants leur donne-t-elle des outils pour négocier cette créativité ?
-
Dîner
-
Repérage d'effets de cultures et de sous-cultures professionnelles sur la construction de savoirs référentiels en évaluation dans des forums de discussionIsabelle Nizet (UdeS - Université de Sherbrooke)
Dans un contexte de pratique réflexive collaborative en ligne, exclusivement médiatisée par l'écriture, la participation aux forums de discussion génère l'exposition et l'entrecroisement de cultures évaluatives dans leurs dimensions personnelle, professionnelle et sociale. Des manifestations croisées des registres culturel et identitaire de l'agir évaluatif (Jorro, 2009) s'y révèlent, ce qui réactive la nécessité de repérer et traiter ces étayages culturels dans un parcours de formation à l'évaluation (Vial, 2009) afin de mieux comprendre l'influence qu'ils exercent sur la réélaboration de savoirs professionnels (Vanhulle, 2008, 2009).
Les résultats d'une étude exploratoire réalisée auprès de dix enseignants dont les écrits professionnalisants réflexifs ont été analysés, illustrent comment ces éléments de culture imprègnent des réélaborations « négatives » de savoirs référentiels dans lesquelles les participants aux forums explicitent leur réticence à les exploiter en contexte professionnel (Nizet, 2013). Nous nous questionnerons sur les défis que pose la prise en considération de ces indices de réélaboration dans une démarche de formation centrée sur l'intelligibilité des pratiques évaluatives et non pas seulement sur le développement de « bonnes pratiques ».
-
Pause
-
Les formateurs du stagiaire en enseignement : la rencontre de deux culturesStéphane MARTINEAU (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Liliane Portelance (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
En contexte de stage, l'enseignant associé et le superviseur universitaire sont appelés à partager leurs savoirs au fil des rencontres de formation. Or, les échanges et les discussions ne s'avèrent pas toujours féconds. Cette lacune serait due en partie à des logiques professionnelles différentes quoique complémentaires (Sanford et Hopper, 2000). Le manque de communication substantielle entre le formateur de terrain et le formateur universitaire est, semble-t-il, le facteur le plus nuisible au processus de formation du stagiaire (Kauffman, 1992). Notre contribution repose sur les résultats d'une recherche qui analyse la circulation des savoirs et, particulièrement, la nature des savoirs partagés de même que la dynamique de l'expression de ces savoirs. Les données ont été recueillies à partir d'entrevues individuelles et par l'enregistrement sonore de conversations entre enseignant associés et superviseur (dans le cadre du stage d'internat de la formation en enseignement secondaire). L'analyse des données qualitatives a permis d'identifier et d'organiser les savoirs, partagés ou coconstruits en nous inspirant des catégories de Pelpel (2002). Elle met aussi en évidence que, si les formateurs du terrain et les superviseurs universitaires ne vivent pas dans deux mondes totalement étrangers, leur culture respective est fort différente et que, partant, le dialogue n'est pas toujours facile.
-
L'analyse de l'activité comme espace temps dialogique : vers un modèle d'analyseFrédéric Saussez (UdeS - Université de Sherbrooke)
Le langage est omniprésent dans les dispositifs d'analyse de l'activité développés dans le champ de la recherche sur l'enseignement et sur la formation à l'enseignement. Il constitue un des matériaux privilégiés pour expliquer et comprendre les processus de production de sens autour de l'activité matérielle concrète. Toutefois, l'analyse des énoncés produits dans ces dispositifs pose de redoutables défis théoriques et méthodologiques. Comment conceptualiser, par exemple les rapports entre les représentations personnelles de l'expérience, la mise en mots, l'horizon social proche et éloigné dans le processus de productions de sens ?
Cette communication propose un modèle d'analyse du processus de production de sens fondé sur la théorie culturelle historique de Vygotski et différentes intuitions développées par Voloshinov, Medvedev et Bakhtine concernant la dynamique dialogique de tout échange verbal, fut-il tourné vers soi-même. Cette modélisation met en évidence deux modes spécifiques d'opération de la pensée verbale et réflexive. Sur cette base, nous discuterons de moyens à mettre en œuvre pour étudier le processus de production de sens à partir de l'analyse de la matérialité sémiotique de l'énoncé et nous tenterons d'illustrer une telle démarche d'analyse à l'aide de différents matériaux recueillis dans le cadre de dispositifs d'analyse de l'activité.
-
Synthèse