630 - L’innovation dans le milieu de la solidarité internationale : dynamiques de pouvoir et pratiques décoloniales
- Lundi 5 mai 2025
Responsables
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Marie-Claude Savard
UQAM - Université du Québec à Montréal
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Majlinda Zhegu
École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM
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Caroline Coulombe
UQAM - Université du Québec à Montréal
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Diane Alalouf-Hall
UQAM - Université du Québec à Montréal
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Jonathan Harvey
UQAM - Université du Québec à Montréal
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Francois Audet
École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM
L’innovation est simultanément célébrée pour son rôle moteur dans le progrès et la croissance économique, et critiquée en tant que vecteur de domination, d’uniformisation et d’exclusion sociale. Synonyme de modernité et de prospérité dans le domaine du développement, l’innovation en action humanitaire est aussi souvent associée aux technologies permettant de sauver des vies. Certes, l’innovation fait également partie d’un système plus large d’inégalités mondiales caractérisé par un flux (de ressources, de connaissances, de produits, de bénéfices) parfois unidirectionnel. Dans les pays du Sud global, l’innovation est souvent liée à la nécessité de répondre à des défis mondiaux de justice sociale et environnementale, visant à renforcer la résilience face aux changements climatiques et d’autres types de crises, développer des économies plus robustes et diversifiées et rehausser l’accès à l’information. Toutefois, et bien que porteuses de solutions, les innovations peuvent s’inscrire dans une dynamique d'appropriation, de marchandisation et de reproduction de rapports de domination. L’application d’une lunette critique à l’analyse de l’innovation met en lumière une conceptualisation occidentalocentrée et un ancrage néocolonial, renforcé par une société consumériste, qui peut créer et entretenir des inégalités. Ce colloque s’intéresse donc en un premier temps à mieux comprendre les mécanismes qui perpétuent les inégalités en matière d’innovation (par exemple, la marchandisation et la centralisation du pouvoir, des ressources, des agendas, des bénéfices). Ensuite, il a comme objectif d'élargir la conceptualisation en faisant valoir le potentiel d’innovations (toutes formes confondues - technologiques, managériales, organisationnelles, sociales) en solidarité, de cadres d'analyse et des pratiques prometteuses en vue de contribuer à l'émergence d'une innovation inclusive, décoloniale, socialement responsable et engagée en matière de réduction des inégalités.
Appel à communications
L’innovation dans le milieu de la solidarité internationale : dynamiques de pouvoir et pratiques décoloniales
Dans le cadre de son axe « pratiques émergentes et courants critiques », l’OCCAH invite tout individu ou groupe désireux de présenter des recherches en cours, ou des initiatives menées dans un contexte pratique (au sein d’une organisation), à soumettre une proposition de communication au plus tard le 21 février 2025.
Introduction
L’innovation est simultanément célébrée pour son rôle moteur dans le progrès et la croissance économique (Maciel et Albagli, 2010 ; Juma, 2016), et critiquée en tant que vecteur de domination, d’uniformisation et d’exclusion sociale (Cros et Broussal, 2020). Synonyme de modernité et de prospérité dans le domaine du développement (Krause, 2013 ; Ullrich, 2009), l’innovation en action humanitaire est aussi souvent associée aux technologies permettant de sauver des vies (Redfield, 2012). Certes, l’innovation fait également partie d’un système plus large d’inégalités mondiales caractérisé par un flux (de ressources, de connaissances, de produits, de bénéfices) parfois unidirectionnel. Dans les pays du Sud global, l’innovation est souvent liée à la nécessité de répondre à des défis mondiaux de justice sociale et environnementale, visant à renforcer la résilience face aux changements climatiques et d’autres types de crises, développer des économies plus robustes et diversifiées et rehausser l’accès à l’information (Jimenez et al, 2022). Toutefois, et bien que porteuses de solutions, les innovations peuvent s’inscrire dans une dynamique d’appropriation, de marchandisation et de reproduction de rapports de domination.
Objectif
L’application d’une lunette critique à l’analyse de l’innovation met en lumière une conceptualisation occidentalocentrée et un ancrage néocolonial, renforcé par une société consumériste, qui peut créer et entretenir des inégalités. Ce colloque s’intéresse donc en un premier temps à mieux comprendre les mécanismes qui perpétuent les inégalités en matière d’innovation (par exemple, la marchandisation et la centralisation du pouvoir, des ressources, des agendas, des bénéfices). Ensuite, il a comme objectif d’élargir la conceptualisation en faisant valoir le potentiel d’innovations (toutes formes confondues - technologiques, managériales, organisationnelles, sociales) en solidarité, de cadres d’analyse et des pratiques prometteuses en vue de contribuer à l’émergence d d’une innovation inclusive, décoloniale, socialement responsable et engagée en matière de réduction des inégalités.
Les paradigmes de solidarité reposant sur la transmission unidirectionnelle d’avancées technologiques issues du Nord global vers les pays du Sud global, correspondent à une époque révolue. En découle une logique qui valorise une monoculture économique (Santos, 2004), mais également une vision occidentale individualiste du travail et de la distribution des ressources (Perry, 2020). Pour faire face aux crises complexes ou "polycrises" qui sévissent ou qui planent à l’horizon, ces modèles dont l’innovation est synonyme de technologie et de croissance économique méritent d’être actualisés. Ce colloque vise à apporter une contribution originale et pertinente au débat scientifique et social sur l’innovation, les perspectives critiques, la solidarité internationale et la décolonisation. Il vise également à influencer, à valoriser et à diffuser les travaux des chercheurs.es et des acteurs.trices de ces domaines, en particulier ceux qui proviennent des pays du Sud global ou qui s’intéressent aux réalités des peuples autochtones, des minorités culturelles ou d’autres groupes minoritaires.
Comme point de départ, ce colloque pose les questions suivantes : Comment adopter des pratiques d’innovation inclusives, qui tiennent compte des valeurs humaines et des réalités culturelles ? Comment repenser les relations entre les humains et la technologie pour éviter de reproduire des inégalités ? Comment le dialogue et la revalorisation des connaissances des Suds participent-ils à transformer les structures et les pratiques dominantes et à favoriser l’émergence de nouvelles solidarités entre les acteurs du développement et de l’action humanitaire ?
Il vise enfin à créer des ponts, des synergies et des réseaux entre les différents acteurs de l’humanitaire et du développement (qu’il s’agisse d’organisations internationales, d’organisations endogènes, d’entreprises, de bailleurs de fonds ou d’instances publiques, d’organisations de la diaspora et bien plus), dans une perspective de solidarité et de transformation sociale.
Structure de la journée
Cette activité d’une journée (le 5 mai 2025) inclut des panels thématiques de chercheur.e.s (dont des étudiant.e.s) et des praticien.n.es pour réfléchir collectivement à l’innovation en tant que vecteur d’égalité sociale. Toutes les disciplines s’intéressant aux problématiques de ce colloque sont les bienvenues. Une conférence d’ouverture fournira un ancrage théorique à la journée. Ensuite, trois panels s’enchaineront avec une période de discussion/questions avec les participant.e.s. Les thématiques suivantes sont envisagées pour les panels, mais pourraient être reformulées légèrement en fonction des contributions reçues :
- Thème 1) L’innovation et les hiérarchies : mieux comprendre les mécanismes d’exclusion
- Thème 2) L’innovation comme moteur de réduction des inégalités
- Thème 3) Vers une innovation inclusive, décoloniale et transformatrice.
Format des communications
Les panélistes seront invité.e.s à partager leur contenu sous forme de présentation structurée d’une durée de 15 à 20 minutes, appuyée d’un support visuel. Les présentations seront animées par un membre de l’équipe organisatrice et seront suivies d’une période de discussion.
Modalités de soumission de la proposition
L’OCCAH accueille toute proposition de communication présentant un travail de recherche en cours ou des travaux effectués en milieu organisationnel. À des fins d’inclusivité des invité.e.s issus du milieu de la pratique et des chercheur.e.s en début de parcours, il n’est pas nécessaire de fournir un article complet pour soumissionner. Certes, un article, un carnet de recherche ou un rapport (qu’il s’agisse d’une ébauche ou d’une version finale), peut s’avérer utile pour les modérateurs et les modératrices qui pourront assurer une discussion plus en profondeur du contenu présenté.
Pour soumissionner, nous vous invitons de nous envoyer un résumé de votre contribution au plus tard le 31 mars dans lequel sont présentées les informations suivantes :
- Votre nom et votre établissement ou organisation d’attache
- Titre de votre présentation
- Un résumé ne faisant pas plus de 500 mots dans lequel la dimension de l’innovation et tout autre lien avec l’appel à communications sont clairement repérables
- Des précisions quant aux supports pouvant accompagner votre présentation, le cas échéant (ébauche d’article ou d’essai, rapport, dossier de recherche, etc.)
Veuillez faire parvenir votre proposition en format Word ou PDF à l’adresse suivante : occah@uqam.ca au plus tard le 21 février.
Un comité scientifique, formé des membres de l’OCCAH organisateurs de l’activité, consultera les soumissions reçues afin d’en déterminer l’éligibilité. Les critères principaux de sélection incluent l’arrimage avec le thème de l’activité, la diversité des perspectives, l’originalité et la contribution au dialogue sur l’innovation en solidarité internationale.
Comité scientifique : Majlinda Zhegu, Ph.D., professeure (ESG-UQAM), Caroline Coulombe, Ph.D., professeure (ESG-UQAM), Diane Alalouf-Hall, PhD, chercheure (ESG-UQAM), Jonathan Harvey, candidat au doctorat (ESG-UQAM), Francois Audet, Ph.D., professeur (ESG-UQAm) et Marie-Claude Savard, Ph.D., professeure (ESG-UQAM)
Calendrier
- Date limite pour proposer votre communication : 21 février 2025
- Communication avec les auteur.e.s des propositions : 28 février 2025
- Finalisation et diffusion du programme : 28 février 2025
- Colloque : 5 mai 2025
Contact pour questions
Marie-Claude Savard, Professeure, ESG-UQAM
savard.marie_claude@uqam.ca
Références
Cros, F et Broussal, D. (2020) « Changement et innovation en éducation : deux notions en résonance », Éducation et socialisation [En ligne], 55 | 2020. URL : http://journals.openedition.org/edso/8911 ; DOI : https://doi.org/10.4000/edso.8911
Jimenez, A., Delgado, D., Merino, R., & Argumedo, A. (2022). A Decolonial Approach to Innovation? Building Paths Towards Buen Vivir. The Journal of Development Studies, 58(9), 1633–1650. https://doi.org/10.1080/00220388.2022.2043281
Krause, U. (2013). Innovation : The new Big Push or the Post-Development alternative? Development, 56(2), 223–226. doi:10.1057/dev.2013.29
Juma, C.. (2016). Innovation and Its Enemies: Why People Resist New Technologies. New York : Oxford University Press.
Maciel, M. & Albagli, S. (2010). Les sociétés du savoir vues des pays du Sud : les défis de l’apprentissage et de l’innovation au niveau local. Revue internationale des sciences sociales, 195, 117-129. https://doi.org/10.3917/riss.195.0117
Perry, K. (2020). Innovation, institutions, and development: A critical review and grounded heterodox economic analysis of late-industrialising contexts. Cambridge Journal of Economics, 44(2), 391–415. doi:10.1093/cje/bez049
Santos, B. (2004). The World Social Forum : A user’s manual. https://www.ces.uc.pt/pss/documentos/fsm_eng.pdf.
Ullrich, O. (2009), Technology, dans Sachs, W. (Éd.), The Development Dictionary, Bloomsbury Publishing, p. 329-342
PDF Lien vers l'appel à communications