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Présentateur des activités scientifiques

468 - La mémoire collective de la lutte contre la pauvreté au Québec

  • Vendredi 9 mai 2025

Responsables

Il existe actuellement un engouement en recherche pour la "mémoire collective". Des études portent par exemple sur des évènements précis comme la marche du pain et des roses ayant précédé le mouvement social à l'origine de l'adoption de la loi de lutte contre la pauvreté au Québec (Dufour, 2003). D’autres s’intéressent aux traces mémorielles d’évènements marquants comme mai 68 (Guilhaumou, 2010) ou le printemps érable (Roy, 2016). D’autres étudient la « communautarisation » ou l’affrontement des mémoires comme Stora (2021) sur la décolonisation. Des recherches analysent également la mémoire dans les mouvements et ainsi, la transmission des savoirs militants de générations en générations (Lamy, 2018; Mathieu, 2007). Globalement, les principaux travaux portent sur des mouvements sociaux d’ampleur, visibles dans l’espace public (Daphi et Zamponi, 2019). Force est de constater un déficit de connaissances sur les différents mouvements et pratiques en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté. Le travail de mémoire est un long processus de réflexion et d'appropriation collective qui sert à interpréter le présent (Kubal et Becerra, 2014). Il est souvent attaché à une démarche de recherche-action ou d’immersion qui nécessite un long investissement de la part de tous les participants, un travail de recherche documentaire conséquent et, une réflexion sur les stratégies de mobilisation des connaissances. En matière de lutte contre la pauvreté, plusieurs éléments de contexte peuvent expliquer cette absence de traces : l'histoire du mouvement et son rejet de la théorisation, l'éclatement des luttes contemporaines, la criminalisation de la pauvreté qui empêche parfois de recueillir les témoignages des premiers concernés, la pénurie de main d'œuvre, le vieillissement de figures marquantes et le manque de relève, entre autres. Ce colloque s’inscrit donc dans une démarche d’état des connaissances sur la mémoire collective des mouvements et des pratiques de lutte.


Appel à communications

 

APPEL DE PROPOSITIONS COLLOQUE N.468

 

La mémoire collective de la lutte contre la pauvreté au Québec

 

 

La "mémoire collective" des mouvements sociaux constitue un champ de recherche en expansion. Comme l’illustrent Daphi et Zamponi (2019[1]), il regroupe des travaux qui visent à comprendre pourquoi et comment certains mouvements ont été marquants (p. ex. les traces mémorielles des mouvements sur les droits sociaux des années 60 ou du printemps érable), la manière dont différentes mémoires affectent un mouvement (p. ex. la transmission des savoirs militants) ou enfin, les évènements marquants et ainsi, les réinterprétations du passé qui ont cours dans un mouvement et plus largement dans l’espace social (p. ex. l’affrontement des mémoires). 

 

Globalement, les principaux travaux portent sur des mouvements sociaux d’ampleur, visibles dans l’espace public (ibid.). En matière de lutte à la pauvreté, au Québec, la recherche est plus abondante par rapport au mouvement féministe (Maillé, 2011[2]) ou au droit au logement (Saillant, 2013[3]) ou encore aux droits de la personne (Bosset et Coutu, 2015[4]), plus récemment au mouvement étudiant (Roy, 2016[5]). La lutte pour la reconnaissance de l’organisation communautaire a également été étudié (Lacombe et Sotomayor, 2006[6]) comme l’a été la marche du pain et des roses à l'origine de l'adoption de la loi de lutte contre la pauvreté au Québec (Dufour, 2004[7]). 

 

Ce panorama non exhaustif révèle plusieurs écueils : la concentration de la production de savoirs sur les mouvements de grande ampleur ou sur certains thèmes, l’idéalisation de certains mouvements ou stratégies, l’invisibilisation de certaines actions et notamment des plus récentes et régionales, l’éclatement des objets de lutte et la difficulté de situer théoriquement la pauvreté, le vécu de la pauvreté et, de fait, la lutte contre la pauvreté dans son ensemble(Greissler et Tremblay-Marcotte, 2020[8]). 

 

Les actions sociopolitiques semblent aujourd’hui marginalisées en recherche comme en intervention. En réalité, l’historiographie du mouvement n’est pas assez complète. La situation actuelle révèle des difficultés de mise à l’agenda politique et médiatique de certaines luttes ainsi que des débats normatifs (Maugère et Greissler, 2019[9]) et, le développement de stratégies moins confrontationnelles (Greissler et Tremblay-Marcotte, 2020), plus invisibles et plus dispersées (Feldman, Strier et Koreh, 2017[10]). Le manque de traces ou de connaissances peut s’expliquer par des divergences théoriques pour catégoriser certains mouvements et approches, la criminalisation de la pauvreté (qui empêche parfois de mobiliser les premiers concernés), la pénurie de main d'œuvre, le vieillissement de figures marquantes et le manque de relève, entre autres. Or, le travail de mémoire est un long processus de réflexion et d'appropriation collective qui sert à interpréter le présent et se projeter dans l’avenir (Kubal et Becerra, 2014[11]). Si les pratiques, les stratégies doivent pouvoir faire l’objet de réflexions et d’analyses, les thèmes et objets des luttes et leur sens philosophique ou théorique ainsi que leur évolution ou leur transformation doit également être pris en compte. 

 

Pour se faire, la lutte à la pauvreté doit être appréhendée selon un large spectre : la défense collective du droit au logement, des droits de la personne, de la sécurité du revenu, ou la lutte contre les inégalités sociales et les discriminations, entre autres. Il nous faut également prendre compte les différentes conceptions de la pauvreté selon les époques et le contexte sociopolitique, la logique des structures des mouvements et leurs évolutions, la médiatisation comme l’invisibilisation de certaines actions, les figures historiques connues ou moins connues, les apports de ces mouvements au plan régional ou national. De même, les personnes premières concernées, les formes de transmission des savoirs militants animent les réflexions au cœur de ce colloque. 

 

L’histoire et le sens des actions de lutte se heurte toutefois aux réalités actuelles des milieux de pratique qui sont confrontés à des difficultés majeures pour se réapproprier la lutte à la pauvreté et exister dans l’espace public. Une démarche de mobilisation des connaissances (Tremblay-Marcotte et Greissler, 2024[12]) a permis de constater la fragilité de luttes actuelles dont certains acteurs peinent à se réapproprier des grilles de lecture systémique, à mobiliser des participants et à former la relève. Néanmoins, l’engouement pour le sujet est certain, il souffre avant tout d’espaces de collectivisation, de formation continue et de financement. Ce colloque est donc envisagé comme une opportunité de requestionner les conditions selon lesquelles la mémoire de la lutte à la pauvreté doit et peut être restituée aux acteurs, à la société, aux citoyens, de reconnaître la place des mouvements sociaux dans les transformations sociales passées, actuelles et à venir. 

 

Dans ce contexte, le but de ce colloque (N. 468) vise à faire un état des lieux des savoirs sur la lutte à la pauvreté au Québec afin de comprendre les thèmes et objets des luttes passées, actuelles et les perspectives d’avenir, ainsi que les contextes sociopolitiques, institutionnels, académiques et pratiques qui favorisent l’appropriation d’une mémoire collective des luttes contre la pauvreté.

 

Les communications pourront s’appuyer sur des résultats de recherche sur la lutte à la pauvreté, des expériences pratiques de mobilisations, des enjeux institutionnels, politiques, pratiques ou cliniques. Elles pourront porter par exemple sur : 

- des exemples de lutte à la pauvreté au Québec ;

- des savoirs militants sur la lutte ; 

- des enjeux liées à l’intervention notamment collective (mobilisation, place des personnes premières concernées, etc.) ; 

- des enjeux méthodologiques de recherche ;

- des perspectives d’avenir ; 

- des stratégies de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales ; 

- des stratégies de mobilisation des connaissances pour assurer la pérennisation des démarches et productions. 

 

Le colloque est envisagé comme un cadre d’échange constructif entre le milieu de la recherche (incluant les étudiant.e.s), de la pratique et de l’enseignement en travail social notamment.

 

Ce colloque (no. 468) se déroulera en présentiel toute la journée du 9 mai 2025. Il sera accessible en ligne également. 

 

Les propositions doivent être soumises au comité scientifique d'ici le 14 février via l'adresse courriel suivante : elisabeth.greissler@umontreal.ca.

 

Les propositions soumises doivent respecter les critères suivants :

• Comprendre un titre ;

• Comprendre un résumé d'au maximum 1500 caractères, espaces compris ;

• Indiquer le nom, le prénom et l'affiliation des auteur·trices ;

• Être rédigées en français ;

• Aborder la thématique du colloque, selon différents angles.

 

 


 

[1] https://cosmos.sns.it/publication/exploring-the-movement-memory-nexus-insights-and-ways-forward/

[2] https://doi.org/10.7202/1000583ar

[3] https://id.erudit.org/iderudit/69297ac

[4] https://doi.org/10.7202/1067975ar

[5] https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/18347?show=full

[6] https://rq-aca.org/wp-content/uploads/2019/12/LivreComiteAviseur.pdf

[7] https://doi.org/10.7202/010888ar

[8] https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/strategies-de-resistance-la-defense-collective-des-droits-a-laide-sociale/

[9] https://doi.org/10.7202/1064667ar

[10] http://dx.doi.org/10.1111/ijsw.12250

[11] https://doi.org/10.1111/soc4.12166

[12] https://www.observatoiredesprofilages.ca/axes/la-memoire-de-la-lutte-a-la-pauvrete-au-quebec/

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