412 - Le télétravail, nouvelles modalités de travail et d’occupation des territoires postpandémiques, entre amélioration du liant et fragilité du lien
- Mardi 6 mai 2025
- Mercredi 7 mai 2025
Responsables
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Arnaud Scaillerez
Université de Moncton
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Gerhard Krauss
Université Rennes 2
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Mireille Demers
Université de Moncton
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Diane-Gabrielle Tremblay
TÉLUQ - Université du Québec
Même si depuis la pandémie (Covid-19), le nombre de personnes en situation de télétravail augmente (Gohoungodji et al., 2022), de nombreuses questions quant à sa mise en place (contenu des règlements internes, critères pour l’accorder, marge de manœuvre du gestionnaire, responsabilité de l’employeur), son hybridité ou encore ses défis (isolement, intensification du travail, droit à la déconnexion…) demeurent encore en discussion. Le travail à domicile (TAD) est le plus répandu à ce jour (ISC, 2023), mais d’autres formes existent et méritent elles-aussi d’être mieux connues. Il est possible de travailler hors de son bureau habituel et hors de son domicile dans un tiers-lieux (tels que les espaces de coworking). Durant la décennie passée, travailler dans un tiers-lieu était une nouvelle forme de télétravail en progression au Canada. Depuis la pandémie, le TAD s’est propagé et certains tiers-lieux, mis à mal durant la période, semblent avoir fait évoluer leur modèle, ce qui entraine un certain nombre de questionnements (Scaillerez, Tremblay, 2024). Enfin, une forme de télétravail se développe au cours de ces dernières années, il s’agit du télétravail nomade, permettant de travailler dans n’importe quel lieu connecté (café, chambre d’hôtel, parc, espaces de coliving notamment, Scaillerez, 2023) ou plus généralement dans ce que certains auteurs nomment les quart-lieux (Morrison, 2019). Les concepts de quart-lieux et de nomadisme numérique demeurent pourtant peu investis par la recherche, nous souhaitons contribuer, au travers de ce colloque, à en améliorer les connaissances.
Tout en souhaitant dresser un état des lieux des pratiques de télétravail dans différents types d’organisations ou de lieux, ce colloque vise aussi à partager les observations des chercheurs de diverses régions ou pays, puis à se questionner sur ses modalités et enjeux à venir (fréquence ou nombre de jours, modalités de contrôle, suivi de performance et de productivité; effets sur les territoires, la ruralité, etc.).
Appel à communications
Le colloque vise l’approfondissement des connaissances concernant les différentes formes de télétravail (travail à domicile, dans les tiers-lieux et le nomadisme numérique). Le télétravail fait beaucoup parler de lui depuis ces dernières années, mais beaucoup de questions n’ont pas encore obtenu de réponses précises. On assiste même parfois à un retour de certaines anciennes pratiques (recrudescence des open spaces au détriment des bureaux fermés chez certains employeurs, espaces de coworking jouant davantage le rôle de centres d’affaires (Scaillerez, Tremblay, 2025, à venir). Certains risques de dégradation des conditions de travail apparaissent comme la dépersonnalisation des espaces de travail, l’aseptisation de l’environnement de travail (un monde du travail sans parfum…).
Cela montre que l’autonomie dans le travail acquise pendant la pandémie reste fragile. Même les salariés cadres sont concernés quand ceux-ci se voient privés du signe de statut social que peut représenter le droit à un bureau individuel, et qui sont soumis à un contrôle social informel plus fort dans un open space à l’œil de leur employeur que dans un bureau fermé.
On peut aussi supposer que les nouveaux espaces de travail (espaces de coworking, tiers-lieux centrés sur le travail) ne fonctionnent pas dans un vide social, mais peuvent générer de nouvelles formes de contrôle social, des mécanismes favorisant la discipline et la performance au travail ou encore imposant des normes collectives (comme par exemple, la coopération comme devoir).
Depuis la pandémie (Covid-19), le télétravail a pourtant permis à certains employeurs sceptiques jusqu'alors (Fernandez et al., 2014), de prendre conscience de la faisabilité de cette modalité de travail et de ses bénéfices potentiels, notamment sur le rendement et la réduction de certaines dépenses. Notre colloque souhaiterait se pencher sur les bienfaits, les bonnes pratiques, les risques et inconvénients à long terme des différentes formes de télétravail.
Nous souhaitons regrouper les visions et perspectives des chercheurs universitaires chevronnés ou émergents dans des domaines et disciplines variés.
Nous encourageons les personnes à nous présenter des recherches contribuant à mieux mesurer la potentialité du télétravail (dans ses aspects bénéfiques, comme dans ses risques) tant au niveau des personnes que des territoires (pour les milieux ruraux : dynamisation territoriale, attractivité ; pour les milieux urbains (modalités d’exercice, diversification…).
Le mélange d’apports théoriques, de conceptualisations pluridisciplinaires, de mise en pratique et d’échanges d’expériences constitue des objectifs prioritaires dans l’organisation de cet évènement.
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