303 - Arts et Education. Enjeux épistémologiques de l'énaction
- Lundi 5 mai 2025
- Mardi 6 mai 2025
Responsables
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Sylvie Morais
UQAC - Université du Québec à Chicoutimi
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Audrey Guimond
UQAC - Université du Québec à Chicoutimi
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Ana Castelo
UPEC Université Paris Est Créteil
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Audrey Lapointe
UQAC - Université du Québec à Chicoutimi
Alors que de nombreux évènements reviennent sur l’héritage de Francisco J. Varela et célèbrent la vitalité de l’énaction dans une diversité de domaines de recherches scientifiques, le colloque veut ouvrir un espace de réflexion sur ses enjeux épistémologiques, théoriques, méthodologiques et pratiques pour les recherches en arts et/ou en éducation.
Depuis la formulation initiale de l’énaction par Varela, Thompson et Rosch dans l’ouvrage The Embodied Mind (1993), s’est constitué un modèle de pensée selon lequel la cognition est incarnée. En prenant ses racines dans des philosophies et des courants scientifiques qui s’opposent au rationalisme, l’énaction met l’action plutôt que la raison au cœur de la cognition, non pas superficiellement, mais en la subordonnant à l’action. Selon ces penseurs de l'énaction, la cognition dépend de l’expérience, qui découle du fait d’avoir un corps doté de diverses capacités sensori-motrices, la perception et l’action sont inséparables de la cognition vécue (Varela et al. 1993). Les conséquences de cette hypothèse sont nombreuses, notamment celles qui orientent les recherches. Dès lors que la connaissance émerge de l’interaction entre la subjectivité du chercheur et son objet de recherche, cette voie moyenne (Varela 2017) remet en cause le caractère objectif et neutre du savoir scientifique en montrant l’importance de l’action du chercheur.euse et sa subjectivité dans sa production (Dorlin, 2008 ; Santos, 2014). Puisque l’expérience et la connaissance sont indissociables et interreliées, quelles alternatives théoriques, méthodologiques et pratiques pour celui ou celle qui, en arts et en éducation, adopte une posture épistémologique énactive?
Les démarches de recherche en arts et en éducation qui se réfèrent à une épistémologie énactive, réhabilitent la scientificité des savoirs d’expérience (Argyris et Schön, 2002 ; Senge et al., 2000; Theureau, 2015; Masciotra, 2011), ce qui ouvre la voie à des perspectives méthodologiques alternatives. Ces savoirs d’expérience - savoirs du corps, savoirs situés, savoirs incarnés- qui émergent de la pratique (éducative ou artistique) sont subordonnés à la spécificité de leurs narrations (Breton, 2020). Ce qui fait écho chez les penseurs de la microphénoménologie (Vermersch, 2007, 2019; Depraz, 2014; Petitmengin et al., 2015), qui ont mis au point une méthode fine et rigoureuse de description de l'expérience vécue. Des pratiques narratives dont l’écriture intervient comme « praxis d’analyse » (Paillé et Mucchielli, 2003). De là, nous voyons apparaitre des modes d’écriture créative et performative (Paquin, 2019) qui énactent les savoirs, tout en écrivant (Morais, 2024).
Axes de réflexion 1) Les enjeux d’une épistémologie énactive dans les recherches en arts et en éducation; 2) Les méthodologies alternatives et méthodes qui découlent d’une épistémologie énactive. 3) Les potentialités d’une épistémologie énactive dans les enseignements des arts et par les arts