Malgré l’alternance politique à la présidence française, les discours des décideurs de la politique russe de la France restent sensiblement les mêmes depuis 1991. Comment expliquer que ces discours restent stables, alors que ceux qui les prononcent vont et viennent à la tête de l’exécutif dans des contextes politiques changeants? Je propose de répondre à cette question à partir de la littérature sur les identités et la politique étrangère, à l’appui du concept d’orientalisme de Saïd. Je suppose que ces discours restent stables, car ils expriment et reproduisent des représentations orientalistes durables de la Russie. Pour le démontrer, je vais mener une analyse critique des discours officiels français sur la Russie dans le contexte de cinq crises des relations franco-russes depuis 1991 : la deuxième guerre de Tchétchénie, la deuxième guerre d’Ossétie du Sud, l’annexion de la Crimée par la Russie, le début de l’intervention militaire russe en Syrie, et l’invasion russe de l’Ukraine. Mon projet apporte deux contributions à l’avancement des connaissances; à commencer par un regard nouveau sur le monde politique français et les discours francophones, là où la littérature se concentre exclusivement sur le monde anglo-saxon. La seconde contribution tient à la déconstruction des représentations stéréotypées de l'Autre dans le discours politique, qui se traduit par la déconstruction des postures bellicistes que ces discours génèrent concrètement en politique internationale.
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