La colonisation française des divers royaumes précoloniaux de l’actuel Sénégal a débuté dès 1856, précédant d’une trentaine d’années celle du reste du continent. Cette colonisation - incomplète - du Sénégal est motivée par la résistance des noblesses africaines précoloniales au développement de la culture arachidière. Afin de comprendre les interventions précoces françaises et la résistance des aristocraties précoloniales, il importe de décortiquer la façon dont la culture arachidière était contradictoire aux règles de reproduction de cette noblesse. À l’aide du cas d’étude du royaume wolof du Cayor au 19e siècle, la présente recherche teste empiriquement à l’aide de sources historiques secondaires des hypothèses issues de la théorie des relations sociales de propriété. La démarche participe à l’analyse du système de règles de reproduction des sociétés ouest-africaines précoloniales et apporte un éclairage nouveau quant à la dynamique impériale française. Il en résulte que, comme l’entité politique du Cayor est un État agraire, la production de l’arachide par les paysans, soutenue par l’Empire français, menace la capacité de la noblesse à pouvoir à extraire et redistribuer les surplus céréaliers. De plus, le renforcement de la paysannerie par le commerce mine la possibilité d’accumulation géopolitique par la noblesse du Cayor ainsi que l’équilibre de coopération-conflit entre groupes pilleurs et État agraire.
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