5a. Résumé
S’il est un truisme de nommer la disponibilité de certains matériaux idéologiques du monde comme lieux de fabrication de celui-ci, on rencontrerait moins d’analyses qui abordent les potentiels colonisateurs de ces disponibilités sans les inscrire dans un certain rapport de causalité avec le fait colonial. Cette étude interroge les disponibilités coloniales du monde, les présente comme ce qui accompagne la domination coloniale sans en être pour autant la condition de possibilité. Je montre que cet accompagnement dessine un fil rouge où la violence diverse à l’égard de l’Autre, dans la figure du « Barbare », traverse le monde gréco-romain où elle se transformera en une nouvelle forme de disponibilité dont la résonance lors de la conquête du « Nouveau Monde » serait indéniable.
Pour ce faire, j’analyse des textes de philosophes grecs antiques dont les apports à la culture occidentale, voire universelle sont fondamentaux. Je me concentre sur les discours qu’ils tiennent au sujet de l’Autre barbare. Puis j’essaie de démontrer comment ils joueraient un rôle certain dans la conquête romaine des « Barbares ». Enfin je montre comment l’expérience combinée gréco-romaine constitue des matériaux pour la mise en forme coloniale du « Nouveau Monde ».
L’enjeu de cette réflexion sur la longue durée consiste à éveiller à la conscience les potentiels dominateurs de certaines idées du monde présent. Elle entend étoffer la discussion sur le néocolonialisme et informer des recherches futures.