5a. Résumé
À partir d’entrevues auprès de 11 demandeurs d’asile déboutés (DAD), de 4 avocates et de 2 travailleuses sociales, cette recherche a eu pour objectif de répondre à la question suivante: comment le déni de reconnaissance du statut de réfugié se manifeste dans la subjectivation des demandeurs d’asile déboutés au Québec ?
D’abord, leur subjectivation se perçoit par leur volonté de maintenir un bon rapport-à-soi. Cela se traduit par la redéfinition de leur identité personnelle via des pratiques multiples (mobilisation de ressources cognitives (croyance, espoir, résilience) et relationnelles (professionnels, groupe de soutien, bénévolat)) qui leur permettent de s'adapter à leur nouvel environnement et de poursuivre leur lutte pour la reconnaissance.
Ensuite, elle se perçoit par une redéfinition de leur identité sociale qui, travaillée par des processus disciplinaires, les amène à investir l’identité de « travailleur » dans l’objectif d’obtenir une reconnaissance sociale et juridique via la demande de résidence permanente pour motifs humanitaires -- dont les critères se basent sur l'intégration, et non pas la peur des persécutions.
La nouveauté de cette étude réside dans la délimitation de son objet (DAD et non pas sans-papiers ou réfugiés), la délimitation géographique (Québec), son approche (sociologie compréhensive, plutôt que psychanalytique ou psychopathologique), et enfin, son sujet (subjectivation et non pas la seule fragilisation psychique qui suit le moment du refus).