5a. Résumé
Une écoute attentive de conversations à bâtons rompus montre que celles-ci sont parsemées d’hésitations, de pauses dites remplies comme euh, de répétitions, d’autocorrections, de lapsus, etc. Notre recherche porte sur ces imperfections que l’on qualifie habituellement de ratés. Le but est double. Il s’agit 1) de déterminer les mécanismes d'interrelation qui sous-tendent la production de deux paires de ratés (amorce de mot et répétition ainsi qu'amorce de syntagme et répétition) et 2) de vérifier si ces deux paires de ratés exercent une pression l'une sur l'autre dans le tour de parole.
À cette fin deux corpus multimodaux de conversations authentiques sont exploités : le Corpus de langue parlée en interaction (CLAPI) de l’Université de Lyon 2 et le Corpus de français parlé au Québec (CFPQ) de l’Université de Sherbrooke. Un premier coup de sonde dans ces corpus démontre l'existence d'interrelations entre les deux paires de ratés étudiées, mais leur mécanisme et leur influence mutuelle reste à déterminer.
La recherche s’inscrit dans le champ des études interactionnistes qui focalisent l’attention sur le fait que le locuteur engagé dans une conversation à bâtons rompus construit son discours au coup par coup, en s’ajustant constamment aux réactions de l’interlocuteur produites de manière vocale et mimogestuelle. La recherche permet de mieux cerner le fonctionnement de l'oral spontané en approfondissant les connaissances sur les ratés de l’oral dans une perspective interactive.