5a. Résumé
La beauté féminine est-elle extérieure, située sur la surface du corps? Ou, comme le veut le discours populaire nord-américain sur le mieux-être, rayonne-t-elle de l’intérieur, imbriquée avec la clarté des émotions, l’équilibre de l’esprit? Ces questions sont cruciales pour comprendre quand, comment et pourquoi les femmes arrivent à se « sentir » belles. La beauté féminine a été historiquement définie par l’opposition entre surface (superficialité, tromperie, futilité) et profondeur (authenticité, pureté, véridicité). Cette opposition traditionnelle se retrouve dans le discours occidental contemporain sur le lien entre beauté et bien-être. Si, pour ce discours, la beauté authentique est celle qui rayonne de l’intérieur, elle doit néanmoins se rendre visible sur la surface du corps – ainsi qu’être reconnaissable pour les autres. Ma conférence présente les résultats d’une recherche qualitative avec méthodes participatives, au sein de laquelle onze femmes ont été invitées à s’exprimer sur leur expérience de la beauté et du bien-être, en lien aussi avec leur participation à la culture visuelle digitale axée sur l’autoreprésentation (selfies). Je discuterai en particulier les tensions normatives entre apparence et authenticité, surface et profondeur, pour mettre en évidence les conditions sociales de possibilité des émotions positives et négatives des femmes par rapport à leur apparence.