Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :Plusieurs recherches ont mis en lumière le fait que les différents environnements (politique, économique, physique, chimique, professionnel, social, personnel et familial) dans lesquels vivent et se développent les personnes ont une influence importante sur leur santé et leur bien-être. Or, ces environnements sont marqués par des rapports sociaux (genre, racisation, âge, capacitisme, classe sociale, etc.) qui contribuent à la présence d’inégalités sociales de santé entre différents groupes de la population. Plusieurs travaux de chercheur·se·s en santé au travail (ST) et en santé environnementale (SE) préconisant des approches de recherches-intervention partenariales du Centre de recherche interdisciplinaire sur le bien-être, la santé, la société et l’environnement (CINBIOSE) montrent la nécessité de considérer les inégalités sociales et de genre afin d’obtenir des retombées escomptées en ce qui concerne la santé durable. Cette prise en compte est toutefois complexe et pose de nombreux défis à plusieurs niveaux, notamment sur le plan de l’opérationnalisation et de la mobilisation des connaissances.
Le colloque proposé s’inscrit dans la continuité de réflexions entamées par des chercheur·se·s du CINBIOSE sur la prise en compte, tout au long du processus de recherche, des inégalités sociales et de genre et leur intersectionnalité. Ouvert à toutes les personnes interpellées par la thématique du colloque, chercheur·se·s, praticien·ne·s, étudiant·e·s, employeurs, syndicats, OBNL, ce colloque est l’occasion d’entendre les résultats des plus récentes recherches et interventions en ST/SE s’intéressant à la santé de différentes populations en situation de vulnérabilité et de faire dialoguer, dans une perspective interdisciplinaire et intersectorielle, différentes approches théoriques et différents cadres méthodologiques susceptibles de contribuer à l’amélioration des environnements afin qu’ils soient plus équitables et sains.
Remerciements :Le comité organisateur remercie le FRQ-SC et les IRSC pour leur soutien financier ainsi que Delphine Larivière (coordonnatrice SAGE) et Geneviève Cloutier (postdoctorante, UQAM) pour leur soutien à la coordination et à la logistique du colloque.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Jessica Riel (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Myriam Fillion (TÉLUQ - Université du Québec)
- Mélanie Lefrancois (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Valerie Martin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Valérie Lederer (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Corynne Laurence-Ruel (UdeM - Université de Montréal)
- Geraldine Delbes (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Programme
Quoi retenir des recherches et des expériences terrain prenant en compte les inégalités sociales et genre?
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Communication orale
Réflexions interdisciplinaires et intersectorielles sur les inégalités sociales et de genre en santé au travail et en santé environnementaleMyriam Fillion (Université TÉLUQ), Jessica Riel (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Communication orale
Comment intégrer le sexe/genre dans une recherche-intervention partenariale favorisant la santé et l’équité ? Conseils à l’intersection de la littérature et d’expériences terrainMarie Laberge (Université de Montréal), Mélanie Lefrancois (UQAM - Université du Québec à Montréal), Hélène Sultan-Taïeb (UQAM - Université du Québec à Montréal), Jena Webb (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les chercheurs.ses souhaitant prendre en compte le sexe/genre (s/g) dans une recherche-intervention partenariale en santé au travail ou en santé environnementale s’engagent dans une démarche complexe mais porteuse pour réduire les inégalités. L’équipe GESTE (Laberge et al., 2017-2021, IRSC #153464) a mené plusieurs études visant à nourrir les connaissances pour favoriser ces approches.
Une recension de portée a identifié 19 outils issus de la littérature scientifique et grise, offrant des recommandations liées aux différentes étapes de recherches-intervention partenariales en santé (Lefrançois et al. 2023). Quatre types d’orientations sur le « comment faire » ont émergé. La synthèse souligne l’importance d’éléments transversaux comme la construction du partenariat, la réflexivité en recherche et les approches intersectionnelles. Elle souligne la nécessité d’adapter les outils au stade de familiarisation des utilisateurs.rices, tant pour les approches s/g que pour les devis de recherche-intervention partenariale, afin de ne pas submerger ou décourager les personnes novices intéressées par ces approches.
Point culminant des travaux de GESTE, un site internet proposera un répertoire de stratégies, appuyées par des sources scientifiques et grises ou des récits d’experts.es, pour faire face aux différents obstacles à l’intégration du s/g à toutes les étapes d’une recherche-intervention partenariale. Des extraits de ce site innovant seront partagés et discutés avec l’auditoire.
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Communication orale
Transformer les milieux à travers un apprentissage transformateur : Un regard sur 15 années d’enseignement des approches écosystémiques de la santéJena Webb (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L'apprentissage transformateur, basé sur les techniques pédagogiques qui touchent le cognitif, le psychomoteur et l’affectif, est nécessaire pour appréhender et mettre en œuvre les changements structurels de grande envergure qui sont indispensables pour renouer des relations plus saines et réciproques avec la nature et le vivant. Nous présenterons l’expérience d’une formation sur les approches écosystémiques de la santé, qui inclue les dimensions de l'apprentissage cognitif, psychomoteur et affectif. Nos formations abordent les principales orientations guidant les approches écosystémiques de la santé, pour notamment prendre en compte les inégalités sociales et de genre, à travers des études de cas et des activités visant l'intégration des apprentissages. Les évaluations des cours précédents ont mis en évidence les avantages d'aborder la complexité tout en établissant des liens entre les participants et les thèmes abordés. Nous soulignons l’importance d’une pédagogie évolutive, la diversité dans les façons de « connaître » et la construction d’une communauté de pratique. Nous nous efforçons d'améliorer nos pratiques d'enseignement et de recherche à chaque itération. La construction d’une communauté de pratique valorisant différents types d’apprentissage à travers une pédagogie critique, réflexive, itérative et évolutive, permet de prendre en compte les dynamiques complexes entourant notre relation avec les écosystèmes, le capitalisme, le pouvoir, le colonialisme et la santé.
Que relèvent des recherches terrain s’intéressant aux risques à la santé de travailleuses dans différents secteurs d’activité?
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Communication orale
Acharnées et distantes au travail : qui sont les personnes en situation de vulnérabilité ?Fanny Darbus (Université de Nantes), Emilie Legrand (Université le havre)
Secteur d’activité à majorité féminine, la coiffure concentre pénibilités physiques, psychiques et émotionnelles. Le rapport au travail majoritaire qui s’y déploie consiste à endurer les pénibilités et à peu se préserver. Dès lors, travailler dans la coiffure a un effet de vulnérabilisation de la santé des travailleurs.ses.
Ce travail repose sur des monographies de très petites entreprises (moins de 10 salarié.es) dans le secteur de la coiffure (n = 10), de la restauration (n=10) et du bâtiment (n=10), menées au moyen de plus de 80 entretiens avec les patron.nes et salarié.es auxquels s’ajoutent des temps d’observation directe. En portant la focale sur une étude de cas (un salon de coiffure comprenant 1 patron et 4 salariées) où le collectif de travail est traversé de tensions, nous voudrions montrer le lien entre hétérogénéité des rapports au travail, conflictualité discrète et production de situation de vulnérabilité tant pour les individus que pour le collectif de travail.
L’analyse proposée donne à voir en quoi des rapports différenciés au métier et l’incompatibilité des dispositions en présence vulnérabilisent chaque membre du collectif de travail et le fonctionnement du collectif du travail.
Cette étude éclaire les processus complexes de vulnérabilisation, et permet de réfléchir à ce que font les dissonances de vues et de pratiques à la santé, au collectif voire même à l’entreprise.
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Communication orale
L’impact des inégalités de genre sur la santé des femmes dans les métiers spécialisés de l’industrie de la construction : Le rôle des violences sexistes et sexuellesGeneviève Cloutier (UQAM - Université du Québec à Montréal), Valérie Lederer (UQO - Université du Québec en Outaouais), Jessica Riel (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Ancrée dans les courants féministes, cette recherche se concentre sur les liens entre les violences et la santé et sécurité des travailleuses des métiers spécialisés en s’intéressant aux rapports de genre.
Par l’échantillonnage par choix raisonné, deux groupes de discussion et quatorze entrevues individuelles ont été conduits auprès de vingt-cinq femmes œuvrant dans l’industrie de la construction.
Les résultats s'intéressent aux causes des violences, surtout une culture de valorisation de la brutalité, des conditions de travail dangereuses, de la vengeance à la suite d’un refus d’avances sexuelles ainsi que le rôle aggravant du collectif de travail. La nécessité de travailler deux fois plus fort, l'acceptation de la prise de risque, la forte pression à ne pas se blesser et l’incapacité pour certaines à changer de milieu professionnel sont les principales raisons de la dégradation de la santé psychologique des femmes. Les manifestations des violences sexistes et sexuelles occasionnent même des maux sur la santé physique des femmes, soit des accidents de travail occasionnés par le stress et par les atteintes sur la santé mentale, des comportements imprudents des pairs qui blessent les travailleuses et des violences de nature physique camouflées par des accidents de travail.
De longues pratiques de violences sexistes et sexuelles persistent dans les métiers spécialisés et jouent un rôle néfaste sur la santé physique et mentale des travailleuses.
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Communication orale
Vulnérabilités des travailleuses dans les métiers majoritairement féminins : enjeux et pistes de réflexionCorynne Laurence-Ruel (UdeM - Université de Montréal)
Les métiers majoritairement féminins renvoient bien souvent à un travail dit relationnel réalisé auprès d’autres êtres humains. Le fait de travailler avec et pour d’autres humains implique des risques différents pour la santé, et plus particulièrement des risques de blessures musculosquelettiques ou liées à des situations des violences. De plus, la tendance persistante à la non-reconnaissance du travail des femmes invisibilise du même coup les risques de blessures et les blessures elles-mêmes (Lippel, 2020).
En partant de ce contexte plus général et de deux études de cas réalisés à l’été 2022 par le CIAFT (sondages, entrevues et focus group) auprès de caissières et de préposées aux bénéficiaires au Québec, nous souhaitons exposer les difficultés rencontrées par les travailleuses en lien avec leur santé physique et psychologique au travail, y compris dans le contexte pandémique. À partir de portrait, nous discuterons de pistes de solutions et des revendications portées par le CIAFT en vue de favoriser de meilleures conditions de santé au travail pour les femmes dans les MMF. De plus, puisque nous entamons un travail de concertation auprès d’employeurs et des syndicats issus de ces milieux de travail, il sera l’occasion de parler des obstacles ou d’initiatives abordées par ceux-ci quant à la mise en place certaines pratiques plus sécuritaires et saines pour les femmes.
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Communication orale
L’action syndicale face aux enjeux de temps de travail : le cas du Syndicat des travailleurs et travailleuses des Postes, analysé dans une perspective de genreAmmon Lilyane Djoulde Alou (Université Laval)
Le temps de travail constitue aujourd’hui le deuxième motif de grève ou lock-out après l’augmentation des salaires. L’extensification du travail est ainsi un enjeu syndical majeur. L’étude vise à comprendre, dans une perspective de genre, ce qui permet une orientation syndicale mettant en cause l’organisation du temps de travail plutôt que centrée sur la compensation salariale typique du compromis fordiste.
L’étude porte sur deux unités d’accréditation du Syndicat des travailleurs et travailleuses des Postes (STTP), les facteurs urbains (FU majoritairement hommes) et les factrices rurales et suburbaines (FFRS majoritairement femmes). Elle est basée sur des données secondaires (conventions collectives, cahiers de revendications, etc.) remontant à 1968, puis des entrevues (8) auprès d’élus de la Région du Québec.
Historiquement ce syndicat a obtenu pour les FU plusieurs gains quant au temps de travail (réduction de la semaine et de la journée, congés, congé maternité, suspension du temps supplémentaire obligatoire). En 2003, il a syndiqué les FFRS, auparavant entrepreneures indépendantes. Il a négocié un comité sur la transition vers un taux horaire pour les FFRS. Pour les deux groupes, le STTP a formulé ses propres positions quant aux itinéraires de livraison, lesquels déterminent la charge et le temps de travail réel.
Nous développerons les facteurs qui peuvent expliquer ce cadrage favorable à la prise en compte des enjeux du temps de travail pour les hommes comme les femmes.
Dîner libre
Résultats d’interventions et de recherches terrain s’intéressant à l’environnement et aux risques à la santé de groupes en situation de vulnérabilité
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Communication orale
Mon eau, mon puits, ma santé : une initiative ancrée dans la communauté pour réduire les inégalités sociales de santé liées à l’eau potableTamari Langlais (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Lily Lessard (Chaire CIRUSSS de l’Université du Québec à Rimouski)
La qualité de l’eau potable est un déterminant important de la santé. Dans la région de Chaudière-Appalaches, 24 % de la population s’approvisionne en eau à partir de puits privés. Il incombe aux propriétaires de ces puits de s’assurer de la potabilité de leur eau, mais peu d’entre eux la font régulièrement analyser. Le projet pilote Mon eau, mon puits, ma santé, réalisé en collaboration avec la direction régionale de santé publique, trois organismes de bassins versants et quatre municipalités rurales, cherchait à modifier ce comportement en réduisant les obstacles à l’analyse de l’eau des puits privés. Trois des quatre principaux obstacles pris en compte dans la conception du projet peuvent être rattachés à des inégalités socio-économiques : coût élevé de l’analyse, tracas logistiques dû à l’éloignement des laboratoires, manque des connaissances et fausses croyances. La mise en œuvre du projet a révélé un obstacle additionnel : la fracture numérique, qui complique l’appropriation des résultats d’analyse par les citoyens plus âgés et réduit leur capacité d’agir en cas de contamination. Ce problème est d’autant plus préoccupant que les aînés constituent une population vulnérable aux problèmes de santé liés à une eau de mauvaise qualité. Cette communication, portant sur les résultats d’évaluation du projet Mon eau, mon puits, ma santé, expliquera comment les mesures mises de l’avant par ce projet peuvent aider à réduire les inégalités sociales de santé liées à l’eau potable.
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Communication orale
L’impact de l’environnement externe de l’exploitation agricole sur l’exposition aux pesticides des propriétaires exploitants.Sylvie Beaugrand (IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail), Alain Garrigou (Université de Bordeaux), Caroline Jolly (IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail), Élise Ledoux (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Au Québec, la moitié des entreprises sont considérées comme des microentreprises. Parmi elles, on retrouve celles du secteur agricole. La littérature scientifique souligne que les personnes travaillant dans les microentreprises sont particulièrement exposées à différents dangers, par exemple les pesticides, entraînant de nombreux effets à la santé. Les agriculteurs et agricultrices sont souvent les seuls acteurs pour la gestion de leur entreprise, dont la gestion de la santé et sécurité du travail. Ils sont des « personne(s)-orchestre » dirigeant leur entreprise tout en l’accompagnant dans son développement. Les agriculteurs et agricultrices travaillent selon le contexte particulier de leur entreprise et sont soumis aux forces de leur environnement externe.
Une recherche-intervention a permis de décrire les déterminants éloignés de ces environnements entourant les pomiculteurs québécois. L’étude a été menée entre 2018 et 2019 auprès de 9 pomiculteurs auprès desquels différentes collectes de données individuelles (p. ex : observations et entretiens) et collectives (p. ex : atelier d’échange) ont été effectuées.
Cette présentation souligne les liens entre l’exposition des pomiculteurs aux pesticides lors de leur activité de travail et les déterminants éloignés provenant de l’environnement externe de leurs exploitations. Elle vise également à questionner des pistes de solution pour agir sur ces déterminants et tendre vers une réduction à la source de l’exposition aux pesticides.
Regards féministes et sensibles aux inégalités sociales de la réforme du régime québécois de prévention
La conférence de Geneviève Baril-Gingras et Rachel Cox sera suivie d'un panel d'expertes de 60 minutes portant une analyse critique et sensible aux inégalités sociales et de genre de la prévention des risques à la santé dans la loi « modernisant » le régime québécois de santé et sécurité du travail (LMRSST).
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Communication orale
"Modernisation" de la LSST : Rappel historique et mise en contexteJessica Riel (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Communication orale
Quelle citoyenneté au travail? Une analyse de la Loi « modernisant » le régime québécois de santé et sécurité du travail.Geneviève Baril-Gingras (Université Laval), Rachel Cox (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Après le retrait de dispositions jugées sexistes, la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail a été sanctionnée en octobre 2021, bien que rejetée par toutes les associations syndicales et celles représentant les travailleur.ses accidentés et malades. Nous analysons les changements qui concernent la participation des travailleur.ses et le contrôle interne (identification, élimination et contrôle des risques), en nous appuyant sur une typologie de la citoyenneté au travail (Tucker 2007), renouvelée dans une perspective féministe, sensible aux inégalités sociales. L’examen s’appuie sur l’état des connaissances quant aux stratégies régulatoires en SST et sur la consultation des 74 mémoires sur le projet de loi. L’analyse révèle un paradoxe, typique des réformes néolibérales. Les risques couverts sont élargis et de nouvelles dispositions couvrent tous les secteurs d’activité, contrairement au régime précédent, mais leurs conditions d’efficacité sont affaiblies sous le régime intérimaire, les dispositions finales quant aux ressources en temps dévolues aux représentant.es des travailleur.ses. devant toujours être adoptées. Aucun moyen n’est prévu pour soutenir l’exercice de leurs droits par les non syndiqués. Les risques de conformité formelle plutôt que réelle sont accrus par la possibilité de programme de prévention et de comité de SST couvrant plusieurs établissements. Nous concluons en analysant les perspectives quant à l’avenir du régime de prévention.
Cocktail dînatoire – Activité de réseautage entre les participant·e·s au colloque
16 h 30 Cocktail dinatoire - Activité de réseautage entre les participant.es au colloque – Remise de bourses de l'Équipe de recherche interdisciplinaire FRQSC sur le travail Santé-Genre-Égalité (SAGE).
18 h 00 Fin de l’activité
Constats de différentes recherches terrain s’intéressant aux risques à la santé de travailleur·se·s ayant des incapacités
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Communication orale
Inégalités sociales et inclusion de personnes autistes au travail : analyse des propos d’adultes autistes et de conseillers en emploiCatherine Des Rivières-Pigeon (UQAM - Université du Québec à Montréal), Eric Doucet-Larivière (UQAM - Université du Québec à Montréal), Valérie Martin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Aparna Nadig (McGill University)
Le but de la présentation est d’approfondir les connaissances sur les mécanismes engendrant des inégalités sociales grâce à l’analyse d’obstacles à l’inclusion en emploi identifiés par des personnes autistes et des conseillers dont le rôle est de les soutenir.
L’analyse présentée provient de données issues d’une étude qualitative plus large (des Rivières-Pigeon et al. 2020) dans le cadre de laquelle 27 groupes de discussion asynchrones en ligne (Lijadi et al. 2015) ont été réalisés. Six groupes de discussion (4 d’adultes autistes et 2 de conseillers en emploi) ont été retenus pour cette analyse.
Les résultats démontrent que des obstacles à l’inclusion peuvent être identifiés à tous les niveaux du modèle écologique de Simplican et al. (2015) mais qu’ils sont particulièrement présents au niveau organisationnel. Ils concernent le manque de collaboration entre les milieux professionnels et scolaires, et les attentes de certains milieux de travail, décrites comme irréalistes et inadaptées. Nos répondants mentionnent aussi la présence d’intimidation et de la stigmatisation, notamment de la part d’employeurs. L’isolement et le manque de soutien social constituent aussi des enjeux importants. Nos répondants déplorent enfin un manque de ressources : peu de financement et de soutien organisationnel.
L’identification de ces défis organisationnels constitue une première étape vers le développement de stratégies permettant de favoriser l’inclusion et le bien-être au travail.
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Communication orale
Capacitisme, identités professionnelles et conflits travail-vie personnelle : quels effets sur la santé physique et psychologique des travailleur.se.s ayant des incapacités ?Normand Boucher (Université Laval), Francis Charrier (Université Laval), Bernadette Dallaire (Université Laval)
Très peu d’études ont exploré les effets du capacitisme sur l’équilibre travail-vie personnelle et la santé physique et psychologique des travailleur.se.s ayant des incapacités. Cette conférence explore comment il les conduit à adopter des identités professionnelles insoutenables susceptibles d’augmenter leurs risques d’épuisement professionnel au cours de leur carrière.
Des récits de vie ont été réalisés avec douze travailleur.se.s ayant des incapacités motrices sévères et très sévères. Les données recueillies ont été catégorisés à l’aide de NVIV012 et analysés au moyen des concepts employés dans les études critiques dans le champ du handicap.
Les résultats montrent qu’en raison du capacitisme rencontré (ou internalisé) en emploi, elles et ils souhaitent se présenter en tant que travailleur.se « invisible » ou « superhéro.ïne ». Ces identités professionnelles les conduisent à adopter des attitudes et des comportements contribuant à augmenter : 1) les exigences physiques, psychologiques et temporelles, 2) les conflits travail-vie personnelle et 3) les niveaux de stress et de stress vécus au cours de leur carrière.
Le développement de milieux d’emploi équitables et sains pour les travailleur.se.s ayant des incapacités à la fois une flexibilisation des conditions de travail et une remise en question du capacitisme dans leurs cultures organisationnelles et les relations avec les superviseurs et les collègues de travail.
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Communication orale
Processus de vulnérabilisation dans/par le travail des personnes en situation de handicap invisible et ressources développées pour favoriser la construction de la santé au travailGaétan Bourmaud (Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis), Catherine Delgoulet (Conservatoire National des Arts et Métiers), Catherine Gouédard (Responsable scientifique du projet Cap_DevCom_PSH, Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis), Vanessa Rémery (UQAM - Université du Québec à Montréal), Isabelle Soidet (Université de Paris-Nanterre)
Documenter les parcours professionnels des personnes en situation de handicap représente un enjeu scientifique crucial tant ils sont marqués par une grande complexité et des processus de vulnérabilisation multifactoriels. Dans le projet de recherche interdisciplinaire Co-analyse des parcours et développement des compétences professionnelles des personnes en situation de handicap pour accompagner les transitions (Cap_DevCom_PSH) financé par le GIS-GESTES, nous développons, dans une visée à la fois compréhensive et transformative, une démarche d’accompagnement des personnes en situation de handicap invisible permettant d’articuler les parcours de travail aux enjeux de santé avec lesquels elles composent. L’objectif est d’analyser comment les problématiques de santé rencontrées contribuent à la construction des parcours professionnels. Comment caractériser les transitions en relation avec la santé ? En quoi certaines sont-elles incarnées dans un sentiment d’empêchement et d’autres dans un certain pouvoir d’agir et d’advenir ? Nous mettrons en évidence comment la co-analyse de ces parcours de santé et de travail, outillée par une démarche mobilisant les chroniques de vulnérabilité, et déployée auprès d’une dizaine de personnes, permet d’accéder à une meilleure compréhension tant des processus de vulnérabilisation qui se construisent dans et par le travail, que des processus de développement en jeu face aux obstacles vécus pour favoriser la construction de la santé au travail.
Les angles morts de la recherche réalisée avec et pour les populations en situation de vulnérabilité en santé au travail et en santé environnementale
Dîner libre
Le temps d’un « world-café » : (re)penser la recherche-intervention pour réduire les inégalités sociales et de sexe/genre en santé au travail et en santé environnementale
Le « world-café » constitue une méthode qui vise le partage de connaissance dans le cadre de conversations qui permettent aux participant.e.s de débattre et d’échanger leurs idées sur une question ou un sujet.