Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Les moments de passage d’un ordre d’enseignement à un autre sont des périodes sensibles et complexes, notamment sur le plan des apprentissages (Chenard, Francoeur et Doray, 2007). Dans l’enseignement supérieur, ces moments sont caractérisés par une entrée dans une ou plusieurs communautés disciplinaires (Shanahan et Shanahan, 2012) et scientifiques (Pollet, 2019) qui exigent l’intégration de nouveaux écrits à lire, de nouvelles pratiques de communication ou de nouvelles modalités d’apprentissage. Or, la réflexion sur la littératie dans l’enseignement supérieur est en pleine effervescence dans la recherche francophone (Bélec, 2019; Blaser, Émery-Bruneau et Lanctôt, 2019; Boyer et Martineau, 2021). Cégeps, universités, hautes écoles, formation professionnelle supérieure, différents ordres d’enseignement s’en préoccupent, tant en contexte éducatif que professionnalisant. Du sens à donner au concept de littératie et aux frontières qu’il partage avec, notamment, les savoirs propres aux disciplines (Granger et Moreau, 2018), la réflexion des acteurs se tourne progressivement vers les pratiques pédagogiques et évaluatives. Certes, les apprentissages langagiers traditionnels préoccupent toujours, mais un véritable changement de paradigme s’est opéré vers une approche des compétences en littératie tournée vers une appropriation des genres discursifs et des littératies propres aux disciplines.
En s’orientant vers un paradigme plus systémique, le questionnement sur les compétences en littératie se complexifie. Quel est le rôle de ces compétences en éducation supérieure? Si le discours est, au-delà d’un moyen d’expression, un outil de structuration de la pensée scientifique, disciplinaire ou professionnelle, les formateurs peuvent-ils encore éluder son enseignement? Quel rapport l’enseignement supérieur adopte-t-il face aux nouvelles littératies et comment celles-ci modifient-elles le rapport au monde et à soi, au savoir et à la propriété intellectuelle (Peters, Vincent et Boies, 2020), voire à l’apprentissage? Ce colloque est l’occasion de dévoiler des résultats de recherche et de partager des dispositifs innovants situés. Il permet ainsi de mettre en commun des expertises visant à stimuler la réflexion quant aux implications pragmatiques du concept de littératie en éducation supérieure.
Trois axes sont proposés afin de structurer les échanges :
1) Les ruptures et continuités dans l’appropriation des écrits selon les ordres d’enseignement.
Cet axe aborde la transition entre les ordres, l’acculturation et l’entrée dans des communautés discursives disciplinaires ou scientifiques.
2) Les pratiques pédagogiques et évaluatives en littératie dans l’enseignement supérieur (ES).
3) Les objets de la littératie dans l’ES.
Sont ici concernés les définitions de la littératie, la lecture, l’écriture, l’oralité, la multimodalité, les genres, l’inclusion, le multiculturalisme, etc.
Le comité organisateur tient à remercier le soutien du Collectif de recherche sur la continuité des apprentissages en lecture et en écriture (Collectif CLÉ) et le Laboratoire de soutien en enseignement des littératies (LabSEL) du Cégep Gérald-Godin pour leur soutien dans l'organisation de ce colloque.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Catherine Bélec (Collège Gérald-Godin)
- Priscilla Boyer (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
- François Vincent (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Programme
Pratiques évaluatives et de soutien en lecture et en écriture en contexte d’enseignement supérieur
-
Communication orale
Stratégies de lecture et de rédaction : apprendre à lire pour poursuivre des études supérieuresDominique Choquette (Collège Rosemont), Véronique Larin (Collège de Rosemont), Monik Richard (Collège de Rosemont)
Afin de soutenir des élèves qui comptent parmi les plus faibles du réseau à l’admission, un cours de 45 heures intitulé Stratégies de lecture et de rédaction a été élaboré au Collège de Rosemont. Jumelé à l’actuel cours de 60 heures de Renforcement en français, il propose, en parallèle et en dialogue avec le travail fait sur la langue, d’outiller les élèves dans la compréhension de textes selon une séquence d’apprentissage fondée sur les approches reconnues en lecture littéraire et en enseignement explicite. Pour identifier les élèves qui présentent des lacunes en littératie à l’admission, la révision du barème de classement jusqu’alors employé ne pouvait suffire. Un test de lecture proposant divers types de textes a donc été élaboré. De la réflexion sur la refonte du cours de Renforcement, en passant par les défis engendrés par le classement des élèves en fonction de leur niveau de littératie, jusqu’aux stratégies pédagogiques en lecture et en compréhension de textes, nous proposons d’expliquer le processus d’élaboration du cours Stratégies de lecture et de rédaction.
-
Communication orale
Littératie et enseignement supérieur : performances en lecture chez des étudiants primo-entrants faibles en français écritMarie-Claude Boivin (UdeM - Université de Montréal), Katrine Roussel (Université du Québec à Montréal)
À l’université, la lecture joue un rôle fondamental dans l’apprentissage, et la compétence à lire contribue grandement à la réussite. Dans la perspective de mieux soutenir le développement des compétences littéraciques des étudiants primo-entrants faibles en français écrit, nous avons conçu et mis à l’essai auprès de 58 étudiants un test de lecture visant à décrire leur compréhension de niveau 1, dans un texte, de phrases impliquant des structures syntaxiques précises. Le taux de réussite moyen aux onze items du test est de 55 %. Les questions les mieux réussies requièrent la compréhension du sujet de la phrase, et les moins bien réussies concernent le complément direct et les phrases subordonnées, notamment les relatives. Certains groupes nominaux et pronoms de reprise, dont l’identification de l’antécédent dans le texte est nécessaire pour comprendre la phrase, posent également des difficultés de lecture aux étudiants. Les conséquences de ces résultats pour la formation des étudiants seront dégagées lors de la communication.
-
Communication orale
De l’ordre (d’enseignement) dans les pratiques d’enseignement et d’évaluation de l’écriture dans l’enseignement supérieurAntoine Dumaine (Université du Québec à Trois-Rivières), Ariane Lavoie-Boyer (Université du Québec à Montréal), Sylvie Marcotte (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Nous menons une recherche collaborative (Desgagné, 2001; Vinatier et Morrissette, 2015) avec des acteur·rice·s de 2 institutions collégiales et de 2 institutions universitaires d’un même territoire géographique du Québec. En partant du postulat de l’acteur social compétent, nous créons un espace réflexif interordres pour mieux soutenir en écriture les étudiant·e·s de ce territoire. Pour co-situer la recherche, nous avons dressé un portrait des mesures de soutien en écriture offertes par chaque institution (5 entretiens collectifs semi-dirigés, 13 acteur·rice·s clés). Nous avons aussi demandé (sondage électronique, question à développement) aux personnes enseignantes de chaque institution de quelles façons elles soutiennent les étudiant·e·s pour qu’elles·ils rédigent leurs travaux dans leurs cours. Notre analyse des 214 réponses à cette question au moyen de catégories conceptualisantes (Paillé et Mucchielli, 2021) fait émerger différents genres de pratiques d’enseignement et d’évaluation des travaux écrits qui seraient en présence dans ces 4 institutions d’enseignement supérieur. Nous proposons que ces pratiques s’inscrivent dans le système de soutien en écriture de chacune des 4 institutions, en complémentarité avec les mesures institutionnelles offertes. Nous discutons enfin des continuités et des ruptures dans les pratiques des institutions collégiales et universitaires.
Littératies disciplinaires en contexte de transition secondaire-collégial
-
Communication orale
La lecture littéraire au collégial : proposition de définition et de critères de qualité dans une perspective de transition secondaire-collégialCatherine Bélec (Collège Gérald-Godin), Roxane Doré (Cégep de Drummondville)
Au collégial, les pratiques pédagogiques et évaluatives des cours de français sont centrées sur la production d'écrits analytiques (Sauvaire, 2020), créant un écart pouvant être source de ruptures par rapport aux buts de la discipline (Cellard et Carrier Belleau, 2021) et au continuum d’enseignement interordres (Dufays et Brunel, 2016). Dans le cadre d’un projet collaboratif (27 enseignants, 11 collèges) subventionné par le Programme d’aide à la recherche sur l’enseignement et l’apprentissage, une approche centrée sur le développement d’une compétence de lecture littéraire (LL) a été expérimentée à des fins de validation. La LL a été définie en tant que processus de construction de sens dans lequel des postures de lecture distanciées et participatives interagissent et s’entre-alimentent. Des critères de qualité ont été établis pour chacune des postures ainsi que pour les situations d’expression de celles-ci. L’ensemble permet d’inscrire la LL du collégial en continuité avec celle réalisée au secondaire tout en clarifiant ses exigences dans ce nouveau contexte. Dans le cadre d’une transition interordres, les personnes enseignantes du projet, après expérimentation en classe, ont jugé cette définition de la LL particulièrement pertinente afin de clarifier le sens de la discipline, l’objectif de la LL et son processus spécifique. Les critères de qualité, eux, ont été jugés utiles en tant qu’outils évaluatifs constructifs, simples et flexibles.
-
Communication orale
Le travail collaboratif entre disciplines au cœur d’Intersection la plateforme évolutive regroupant des stratégies de rédaction et des lexiques spécialisés adaptés aux disciplinesVéronique Faucher (Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu)
En tant que responsables du Plan d’amélioration et de valorisation du français, nous avons été amenées depuis une dizaine d’années à collaborer avec les enseignant.es des différents programmes, notamment pour créer et offrir des ateliers de rédaction, de correction et révision de textes adaptés au contenu disciplinaire. Ces collaborations nous ont permis de constater la nécessité pour les enseignant.es et les étudiant.es de disposer de stratégies de rédaction et d’une banque de vocabulaire spécifiques à chacun des programmes d’études. Intersection était né. Son caractère unique repose sur son offre de ressources de français adaptées à chacune des disciplines. Notre public cible a désormais un accès direct à des stratégies de rédaction et à des lexiques spécialisés regroupés sur une plateforme, accessible gratuitement en ligne. Intersection permet ainsi de produire efficacement des documents, tels un rapport de stage, un Curriculum vitæ ou une présentation professionnelle. Si la plateforme s’enrichit continuellement, c’est grâce aux collaborations entre les spécialistes des programmes et c’est justement de ce travail collaboratif dont il sera ici question. Notons que ce projet a été réalisé avec le soutien financier de l’OQLF et du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu.
Dîner
Enjeux des littératies universitaires
-
Communication orale
Points de vue comparés d’enseignants et d’étudiants universitaires quant aux compétences à développer pour écrire avec intégritéTessa Boies (UQO - Université du Québec en Outaouais), Alain Cadieux (Université du Québec en Outaouais), Martine Peters (Université du Québec en Outaouais), François Vincent (Université du Québec en Outaouais)
Lors de la rédaction de leurs devoirs, les étudiants universitaires doivent rechercher des informations en ligne et les intégrer dans leurs travaux sans plagier. Ils doivent également étayer leurs idées par des références conformément aux normes et exigences institutionnelles. Pour produire un travail universitaire, les étudiants doivent donc faire appel à leurs compétences de littératie universitaires en matière d'information, de rédaction et de référencement tout au long du processus. Selon une recherche, les étudiants québécois s'attendent à développer ces compétences au cours de leurs études universitaires, alors que leurs professeurs, à ce que les étudiants les aient déjà acquises. Est-il possible que cet abîme d'attentes entraîne du plagiat, par manque de préparation ? Les universités d'autres pays sont-elles confrontées à la même situation ? C'est ce que nous avons cherché à vérifier. Une collecte quantitative a été effectuée dans une trentaine d’universités au Canada, aux Etats-Unis et en Europe. Deux questionnaires en ligne ont été administrés aux étudiants de premier cycle et aux professeurs afin d'obtenir des informations sur leurs compétences de littératie universitaire. Pour cette présentation, les réponses à des questions spécifiques correspondantes (étudiants vs professeurs) ont été analysées en ce qui a trait à la littératie universitaire. Des recommandations seront formulées pour favoriser le développement des compétences requises pour éviter le plagiat.
-
Communication orale
Les actions étudiantes favorisant l'apprentissage social de compétences rédactionnelles aux études supérieuresCatherine Déri (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Au Canada, le taux d’abandon au 3e cycle universitaire oscille autour de 50%, toutes disciplines confondues. Parmi les facteurs poussant les doctorants à abandonner leur programme d’études, soulignons le manque d’expérience et de compétences en rédaction académique. Certaines universités lancent des initiatives pour soutenir les étudiants en période de rédaction, mais ces stratégies ne répondent que partiellement aux besoins. À vrai dire, la socialisation universitaire du doctorant repose sur une posture proactive, c’est alors que des projets mis sur pied par des étudiants semblent offrir des solutions intéressantes. À ce titre, les regroupements centrés sur des activités de rédaction sont reconnus comme dispositifs pédagogiques prometteurs en matière de communautés favorisant l’apprentissage social. En outre, c’est en interagissant avec d’autres chercheurs que les doctorants se socialisent au métier de chercheur, en apprenant les normes et les pratiques de leurs domaines de recherche. Nous présenterons des résultats d’une étude mettant en exergue la professionnalisation des doctorants lors de leur participation à des groupes de rédaction académique. Nous discuterons d’apprentissages qui se matérialisent pendant que les doctorants rédigent des documents de genres discursifs variés en compagnie de leurs pairs. Nous offrirons également des stratégies de formation par des actions sociales étudiantes favorisant l’intégration des doctorants dans leurs champs de pratiques.
Formation des maîtres
-
Communication orale
Amplifier pour mieux assurer la cohérence des propos : proposition pour développer les compétences langagières des étudiant.e.s universitaires en formation des maitresKim Samson (Université Laval)
Dans les vingt dernières années, les chercheurs en didactique ont largement critiqué le fait d’attendre des étudiant.e.s qu’ils aient déjà réglé toutes leurs difficultés langagières, alors que l’enseignement supérieur présente des particularités auxquelles les étudiants ne sont confrontés qu’une fois admis à l’université (Blaser et Pollet, 2010 ; Boch et Frier, 2015 ; Donahue, 2008). L’entrée dans les écrits universitaires se pense maintenant davantage dans une perspective d’acculturation (Blaser et Pollet, 2010). Notre projet doctoral vise donc à enrichir la compréhension du développement des compétences langagières des étudiants universitaires québécois inscrits à la formation des maitres, en particulier leur maitrise des aspects discursif et textuel. Notre recherche entendra précisément déterminer l’effet d’une intervention didactique héritée de la tradition rhétorique, l’amplification, sur la capacité des étudiants à rédiger des textes clairs, concis et cohérents.
-
Communication orale
État des lieux des activités pédagogiques des universités québécoises visant le développement des compétences langagières des étudiants des programmes de formation en enseignementPriscilla Boyer (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), François Vincent (Université du Québec en Outaouais)
Au Québec, 12 institutions universitaires ont la responsabilité d’offrir des programmes de formation menant à l’obtention d’un brevet d’enseignement. La maitrise de la langue d’enseignement tant à l’oral qu’à l’écrit est considérée comme l’une des deux compétences «fondatrices» au sein du nouveau Référentiel de compétences professionnelles des enseignant.e.s. Les universités doivent donc en tenir compte pour concevoir l’offre de formation, que ce soit au baccalauréat ou à la maitrise dite qualifiante. Or, si la maitrise de la langue par le personnel enseignant constitue un enjeu social qui mobilise de nombreux acteurs et actrices, il n’existe à ce jour aucun portrait de la situation. Cette contribution présente l’état des lieux panquébécois des activités pédagogiques visant le développement des compétences langagières dans la langue d’enseignement (français et anglais) dans les différentes universités québécoises. Ce projet s’inscrit dans le cadre du nouveau carrefour interuniversitaire pour le développement des compétences en langue d’enseignement (CIDCLE). Nous présentons d’abord la démarche méthodologique sous-jacente à l’analyse de centaines de descripteurs de cours. Ensuite, nous dressons les principaux constats qui ont émergé de cette analyse du développement potentiel des compétences au regard de quatre volets : la maitrise de la langue, les compétences relatives aux actes de communication professionnels, la littératie universitaire et un rapport positif à la langue.
-
Communication orale
Quelques perspectives et propositions didactiques pour penser les pratiques de l’oral à l’universitéAnass El Gousairi (Faculté des Sciences de l'Education)
Au Maroc, dès leur entrée à l’université, les étudiant.e.s se trouvent confrontés à de nouvelles pratiques de littératie, éloignées de celles auxquelles ils sont initiées dans les cycles d’enseignement antérieurs : exposé oral, compte rendu oral de textes lus en formation, résumé oral, conversation, débat, soutenance de PFE ou de mémoire, etc. La réflexion que nous proposons ici s’inscrit dans le cadre de la mise en place d’un enseignement innovant à la Faculté des Sciences de l’Éducation de Rabat, axé sur le développement des pratiques langagières réflexives des futur.e.s enseignant.e.s de français, et conçu comme une alternative à la longue tradition des techniques d’expression et de communication (TEC) : comment, sous quelles formes et pour quelles finalités la pratique de l’oral se mettent-elles en place à la Faculté des Sciences de l’Éducation de Rabat ? Après avoir brièvement décrit le contexte d’évolution de la FSE et ses spécificités institutionnelles, nous analyserons la pratique dominante de l’exposé comme un genre particulier de l’oral réflexif : comment la réflexivité des étudiant.e.s émerge-t-elle et se développe-t-elle à l’oral? Par quelles conduites langagières cette activité réflexive se manifeste-t-elle précisément? Quel regard évaluatif porter sur cette pratique de littératie ?