Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Nous souhaitons dresser un bilan, tout en interpellant les chercheurs communautaires, gouvernementaux et universitaires au sujet des perspectives d’avenir du champ sur les francophonies d’Amérique. Nous souhaitons particulièrement explorer les apports potentiels d’une plus grande interdisciplinarité et d’un plus grand recours à la comparaison interrégionale.
Après l’abandon progressif de la logique canadienne-française dans les années 1970, la recherche sur les francophones hors Québec a suscité l’émergence de thématiques originales liées au fait minoritaire, à la gouvernance, à l’espace ou à l’identité, par exemple. Depuis le début des années 1990, les études portant sur les francophones en situation minoritaire s’avèrent, en outre, de plus en plus nombreuses. À ce titre, si les réseaux de chercheurs et d’organismes communautaires bâtissent davantage de ponts entre les régions, les distinctions et la distance entre les communautés francophones du continent ont réduit les occasions pour les chercheurs universitaires et communautaires de bâtir des savoirs réellement partagés au sein d’un champ de recherche. Il en résulte davantage d’études de cas, associées notamment à des régions spécifiques, qui gagneraient à être intégrées à des perspectives comparatives engageant diverses disciplines.
Un autre cloisonnement des savoirs pourrait également être évoqué, soit celui des connaissances universitaires (disciplinaires), gouvernementales et communautaires. Il y aurait lieu de s’interroger sur les potentialités stratégiques et synthétiques de ces collaborations, qui demeurent le plus souvent ponctuelles.
Plus particulièrement, nous invitons des propositions sur les thèmes suivants :
— La mise en dialogue et en comparaison des différents espaces francophones;
— Des francophonies d’Amérique à la rencontre d’autres réalités minoritaires;
— La mise en dialogue et en comparaison des différents savoirs sur les francophonies d’Amérique.
Dates :- Joel D. Belliveau (Université Laurentienne)
- Mariève Forest (Association des collèges et universités de la francophonie canadienne)
- Stéphanie St-Pierre
Programme
Vers la formation d’un champ scientifique? Francophonies d’Amérique, interdisciplinarité et études comparées
Des identités édifiées, croisées et comparées
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Communication orale
Le rôle des intellectuelles dans la construction des imaginaires et des mythes sociaux au Canada français : un retour sur la pensée de Gérard BouchardGilbert Mclaughlin (Université d’Ottawa)
Gérard Bouchard s’est intéressé à la question des imaginaires collectifs et des mythes sociaux. Il propose des outils d’interprétation des imaginaires et des mythes liés directement à l’analyse du discours et adapter aux sociétés modernes. Il prend comme objet d’étude la pensée sociale et politique (le discours), qui s’emploie à élaborer des visions d’une société (imaginaire) générant une culture par des représentations du présent (de l’identité de soi et de l’autre), de son passé (mémoire) et de son avenir (utopie), « doublées d’un programme d’action individuelle et collective ».
Toutefois, l’auteur souligne l’échec des mythes politiques contemporains : « les grandes utopies des Amériques sont en panne, les mythes fondateurs nationaux sont en désaffection; la modernité elle-même, selon de nombreux observateurs, aurait épuisé son capital de rêve et d’action […] ». Devant ces défis, il est possible de se demander comment la désaffectation des mythes politiques s’inscrit à l’intérieur de la francophonie canadienne.
Bouchard n’hésite pas à souligner la capacité d’action des acteurs dans la société. Nous allons donc approfondir la place que Gérard Bouchard accorde à l’intellectuel dans la construction des mythes sociaux. Pour y arriver, nous allons présenter sa théorie des mythes sociaux en utilisant principalement le cas du Québec et de l’Acadie.
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Communication orale
Un « étonnant mutisme » : l’invisibilité des Franco-Américains aux États-UnisSusan Pinette (University of Maine)
Les Franco-Américains constituent le groupe ethnique le plus nombreux dans le Maine après les gens de descendance anglaise et le français est la langue la plus parlée après l'anglais. Or, même si l'état du Maine se trouve presque enveloppé par le Canada francophone et que les franco-américains dans certaines villes de l'état y constituent une forte majorité, ce groupe ethnique est souvent défini aux États-Unis comme un groupe « invisible ». Cette communication maintiendra que cette invisibilité puise ses sources dans deux particularités des États-Unis : la façon dont l'immigration aux États-Unis est conceptualisée et la manière dont l'état fédéral classifie et nomme des groupes ethniques aux États-Unis. Ensuite, ce travail soutiendra que cette invisibilité institutionnelle a un impact profond sur les communautés franco-américaines, notamment sur les jeunes (les jeunes franco-américains souvent n'arrivent pas à mettre leur expérience franco-américaine dans un contexte plus large liée à des phénomènes sociaux et répandus). Ce manque d’une visibilité reconnue, répandue et acceptée crée une différence importante entre les franco-américains et les autres communautés de la diaspora québécoise.
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Communication orale
La rencontre de l’Autre et son impact sur les discours identitaires des jeunes aux Jeux de la francophonie canadienneClaudine Bernard Barbeau (Université d’Ottawa), Christine Dallaire (Université d'Ottawa)
Les Jeux de la francophonie canadienne (JFC) visent à promouvoir la francophonie pancanadienne sous le format d’un festival sportif et culturel auquel sont conviés, tous les trois ans, des jeunes de 13 à 18 ans. Il s’agit ultimement d’engendrer une réflexion identitaire chez les participants et de renforcer leurs appartenances francophones dans un cadre ludique et compétitif (Dallaire, 2013). Nous examinons ici l’impact des JFC 2008 sur la réflexion identitaire des participants de quatre délégations (NE, NB, ON et QC). La notion d’identité est abordée dans une perspective foucaldienne, où l’identité s’actualise selon une subjectivité individuelle et se manifeste à partir d’une réappropriation de discours identitaires contingents aux savoirs produits à une époque spécifique et dans un espace donné (Riahi, 2011).
À partir d’un corpus composé de 71 entrevues semi-dirigées effectuées avant, pendant et après les JFC 2008, nous explorons les discours identitaires des participants afin de dresser le portrait comparatif de chacune des délégations pour en spécifier les particularités, mais aussi soulever des éléments de convergence. Nous nous penchons ensuite sur le repositionnement des discours identitaires des jeunes, à la suite de l’évènement, pour en évaluer l’impact sur leur réflexion identitaire, et constater l’effet d’une prise de conscience d’une francophonie pancanadienne sur l’identité des jeunes du Québec, qui ne se manifeste pas chez les autres participants.
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Communication orale
Modèles d’interventions auprès des femmes immigrantes d’expression française de la Colombie-Britannique à partir de l’alphabétisation et du développement des compétences essentiellesBassirou Diene (Collège Educacentre), Yvon Laberge (Collège Éducacentre)
Beaucoup de travail a été réalisé au Canada ces dernières années dans le but d’améliorer le niveau d’alphabétisme et des compétences essentielles des adultes. Qu’en est-il des femmes immigrantes? Qui sont-elles? Quelle est leur position à propos de l’alphabétisation et du développement des compétences essentielles? La présente communication s’inscrit dans le cadre des études qui visent à rendre compte de l’état actuel de l’alphabétisme des femmes immigrantes en contexte minoritaire. Elle est fondée sur les résultats d’une étude qui cherche à comprendre, hors du discours du milieu éducatif et politique, comment sont représentés et vécus les enjeux du processus d’inclusion des immigrantes francophones. La présentation résume le contexte et la méthodologie employée dans notre étude. Elle rappelle dans la conclusion les constats tirés des résultats et les recommandations, pour en arriver à la construction d’un modèle d’intervention. Notre étude qui s’est basée sur une approche critique des concepts d’inclusion et d’intégration contribue à faire avancer les connaissances à partir des représentations. Cette étude ouvre des pistes de réflexion et surtout peut aider les intervenants à mieux cibler leurs démarches d’intervention.
Présentation du Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes : actions du Québec en francophonie canadienne, vers un dialogue renouvelé
Pratiques culturelles et vitalité
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Communication orale
Les communautés en contexte et le développement des indicateurs composites de vitalité communautaireWilliam Floch (Patrimoine canadien)
Ce travail est une progression de l'initiative de recherche « Communautés en contexte » de la Direction des langues officielles qui utilise une série d'indices relatifs qui situe les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) par rapport à la majorité voisine; à d'autres CLOSM et à eux-mêmes au fil du temps. Les indices relatifs tiennent également compte du sexe et de l'âge afin de tenir compte des différences au sein d'une même CLOSM, ce qui peut servir à éclairer les particularités et les tendances qui la touchent. Sur la base des indices relatifs, une série d'indicateurs composites est actuellement en cours d'élaboration. Chaque indicateur inclut une série de mesures quantitatives et regroupe les populations régionales en quintiles pour illustrer leur statut relatif par rapport à des dimensions clés de la vitalité telles que la démographie, la démo-linguistique, la socio-économie, la complexité géographique, la vitalité institutionnelle et les ressources communautaires. La recherche révèle un degré élevé de variabilité des situations et des défis auxquels sont confrontées les CLOSM. Ces résultats confirment que « la taille ne convient pas à tous » et que des stratégies différentielles conviennent à ceux qui souhaitent appuyer la vitalité des CLOSM. Les indices relatifs et les indicateurs de vitalité composite peuvent être utilisés afin de fournir une base factuelle pour un soutien et un développement asymétriques.
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Communication orale
Les formes du dynamisme culturel dans les communautés francophones et acadiennes en situation minoritaire au CanadaLianne Pelletier (Université Laurentienne)
Pourquoi la francophonie bat-elle son plein dans certaines communautés canadiennes et non dans d'autres, même si elles sont théoriquement et statistiquement semblables?
La phase quantitative de notre enquête, complétée au printemps 2016, avait permis d'identifier et de catégoriser les acteurs qui sont déterminants de la vitalité culturelle et artisitique en s'intéressant à 20 communautés francophones du Canada sélectionnées en fonction de leur taille, de leur région géographique et de leur niveau de vitalité culturelle. Cette première phase avait établi que la vitalité dépend directement de la présence d'organismes francophones artistiques et culturels.
Mais qu'en est-il des relations entre ces organismes? Nous venons de terminer la phase qualitative de cette enquête dans laquelle nous avons mené 64 entretiens auprès de représentants d'organismes artistiques et culturels de 12 communautés parmi les 20 communautés de l'échantillon de la phase 1. En somme, les organismes linguistiques et artistiques de la francophonie sont des lieux d'action, des milieux au sein desquels les responsables du développement culturel et artistique peuvent prendre des décisions, jouer de leur influence, développer des stratégies, créer des alliances, convaincre les gouvernements, sensibiliser les publics, obtenir des subventions...Ils forment un sous-système qui module la vitalité culturelle qui, elle, en retour, influence les gestes qui peuvent être posés au sein des organismes.
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Communication orale
Les pratiques de publication des chercheurs en milieu francophone minoritaire à l’ère numériqueVictoria Volkanova (Université de Moncton)
Les technologies numériques ont modifié les pratiques de publication et de diffusion des connaissances. Les revues en libre accès, les plateformes de partage (les médias sociaux académiques, entre autres), les blogs, les sites web des chercheurs, les dépôts institutionnels et les archives ouvertes disciplinaires, offrent maintenant de nouveaux modes, plus rapides, de diffusion des résultats de la recherche. Grâce aux technologies numériques, il est plus facile de former des collaborations nationales et internationales; et la révision par les pairs, fondement de la communication savante, est également transformée. Notre recherche s’intéresse aux pratiques de publication et de diffusion des connaissances scientifiques des chercheurs travaillant dans un milieu francophone minoritaire. Plus particulièrement, cette présentation explorera les aspects suivants : 1) les domaines et les revues dans lesquels ces chercheurs sont les plus actifs; 2) leurs langues de publication; 3) leurs pratiques de collaboration; 4) leur usage du libre accès; et 5) l’utilisation des médias sociaux académiques. Nous nous limitons aux années 2000 à 2015, une période qui a vu une explosion de ces nouveaux modes de publication et de diffusion. L’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick sera utilisée ici comme cas typique d’institution francophone dans un milieu majoritairement anglophone. Notre étude sera par la suite élargie à l’échelle nationale.
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Communication orale
« Cerner les points de convergence dans le discours minoritaire » : bilan à l’occasion du 25e anniversaire de la revue Francophonies d’AmériqueMartin Normand (UdeM - Université de Montréal)
Le numéro inaugural de la revue Francophonies d’Amérique a été publié en 1991. Son premier directeur, Jules Tessier, espérait que la revue permette de mieux « cerner les points de convergence dans le discours minoritaire » (Tessier, 1991 : 3). Aujourd’hui, 25 ans plus tard, le temps semble tout indiqué de faire un bilan de la revue. Dans un contexte où le monde de l’édition scientifique est en transformation, il n’est pas vain de mener un tel exercice et de prendre un moment d’arrêt pour évaluer la contribution de la revue à structurer le champ de la recherche sur les francophonies en Amérique du Nord.
Cette communication présentera les faits saillants d’un rapport faisant le bilan quantitatif et qualitatif du contenu de la revue, préparé à la demande du conseil d’administration de la revue. Nous inscrirons les faits saillants sur une trame particulière : celle des efforts en vue de rendre légitimes les études sur les francophonies en Amérique du Nord. Un tel bilan permet aussi de faire des constats plus normatifs sur l’évolution du champ et d’amorcer un exercice prospectif sur les défis et l’avenir de Francophonies d’Amérique.
Lancement des livres 1) Résilience, résistance et alliance : penser la francophonie canadienne différemment (Allaire, G. et autres); et 2) Mot de passe, essais et récits (Tessier, J.)
Réception dînatoire dans le cadre du 25e anniversaire de la revue Francophonies d’Amérique au restaurant ZIBO! Centre-ville
Dialogue sur les savoirs autochtones
Des services sociaux et de santé pour toutes les réalités francophones
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Communication orale
L’impact des barrières linguistiques sur l’accès aux soins de santé pour les francophones vivant en contexte minoritaire dans quatre provinces canadiennesDanielle De Moissac (Université de Saint-Boniface)
L’impact des barrières linguistiques sur l’accès aux services sociaux et de santé a récemment fait l’objet de plusieurs études internationales. Au Canada, l’offre de services dans la langue officielle de choix du patient est de plus en plus reconnue comme une composante essentielle dans les systèmes de santé pour réduire les inégalités de santé et mieux répondre aux besoins des populations vulnérables. La présente étude a comme objectif de mieux comprendre l’expérience des francophones minoritaires canadiens à l’égard des services sociaux et de santé en français, plus particulièrement en ce qui a trait à l’offre active et aux services d’interprétariat, d’accompagnement et de navigation. Un sondage et des entrevues semi-dirigées ont été menées auprès de francophones dans quatre provinces. Les résultats démontrent une inégalité dans l’accès aux services, telle qu’observée par des services limités, une pénurie de professionnels bilingues et le peu d’offre active. Les barrières linguistiques ont un impact négatif sur l’accès aux soins dans les quatre régions étudiées. Les services d’interprétariat et d’accompagnement, quoique peu connus, répondent à un réel besoin, en particulier pour les personnes avec des besoins sociaux et de santé complexes. Il est souhaité que ces résultats appuient les décideurs publics et les gestionnaires d’établissements dans la planification des services offerts dans les langues officielles en contexte minoritaire canadien.
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Communication orale
L’offre active de services de santé mentale en français : le cas de l’OntarioLinda Cardinal (Université d’Ottawa)
Le principe d'offre active, unique au Canada, stipule que les services en français doivent être offerts en tout temps, dès le premier contact avec les citoyens. La santé mentale étant un nouveau domaine de recherche, on ne peut encore dire si ces services sont offerts de façon active, s'ils sont disponibles, accessibles et utilisés ou s'ils correspondent aux besoins des francophones (Normand, 2016; Guignard et coll., 2015; Bowen, 2015). En Ontario, il existe 390 milieux de soins pour la santé mentale et des dépendances, dont 39,4 % sont des services bilingues et 1,3 % qui offrent uniquement des services en français, mais le Conseil consultatif sur la santé mentale fournit peu de détails sur l'offre active. Au Manitoba, quatre des cinq bureaux régionaux de santé confirment offrir des services bilingues, mais on ne sait s'il y a une offre active des services de santé mentale en français. Le Nouveau-Brunswick publie des plans de services de santé mentale, mais ne précise pas ceux qui sont offerts en français de façon active.
Le GRIPOAS étudie l'offre active de services en français dans le domaine de la santé, en particulier, celui de la santé mentale. L'équipe de recherche mène présentement une recherche collaborative, comparative et interdisciplinaire dans le centre-sud-ouest de l'Ontario pour générer des données probantes sur les pratiques prometteuses d'offre active dans le domaine de la santé mentale. La communication présentera les résultats de cette recherche.
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Communication orale
L’inclusion sociale des francophones ayant une déficience intellectuelle en Ontario : état des lieuxLinda Cardinal (Université d'Ottawa), Virginie Cobigo (Université d'Ottawa), Natasha Plourde (Université d'Ottawa), Lynne Potvin (Université d’Ottawa)
La déficience intellectuelle est un nouveau thème de recherche au sein de la francophonie canadienne. À part le travail acharné de quelques associations, les services en français dans ce domaine sont peu pris en compte dans les travaux sur la francophonie à la différence de thèmes plus populaires comme l’éducation, l’immigration ou la santé. Or, ces domaines comprennent aussi une diversité de personnes ayant des besoins particuliers. Par surcroît, le thème de la déficience intellectuelle met en évidence le besoin d’une approche intersectionnelle, interdisciplinaire et collaborative pour l’étude des services en français.
La communication présentera les résultats préliminaires d’une étude réalisée de 2015 à 2017 sur la déficience intellectuelle en milieu francophone. La recherche a porté sur le mentorat et l’intégration à l’emploi de 18 jeunes francophones stagiaires de la Cité à Ottawa ayant une déficience intellectuelle. L’objectif était d’étudier les représentations du mentorat dans le domaine de l’inclusion sociale et de rendre compte de l’expérience de tout le réseau d’acteurs et d’étudiants engagés envers l’intégration des jeunes francophones ayant une déficience intellectuelle. L’étude souhaite ainsi mieux comprendre la question du mentorat en milieu francophone, poser de nouvelles questions de recherche et réfléchir aux approches les plus appropriées pour l’étude de l’inclusion sociale. -
Communication orale
L’intégration des services sociaux et de santé en français pour les aînés : parallèles et différences de vécu des communautés francophones ontariennes et manitobainesDanielle De Moissac (Université de Saint-Boniface), Jacinthe Savard (Université d'Ottawa)
L’accès à des services sociaux et de santé en français est fondamental pour les aînés francophones vivant en situation minoritaire en raison de leur profil sociodémographique, de leur état de santé précaire et de l’importance pour eux de pouvoir s’exprimer dans leur langue maternelle. Cet accès est cependant limité en raison d’une pénurie de professionnels bilingues, d’une déficience de réseaux pour les soutenir et d’une absence de stratégie particulière dans les organisations pour leur recrutement et leur rétention. De plus, le manque de connaissance sur les ressources qui offrent des services en français dans la communauté et le peu d’efforts consentis pour améliorer leur intégration nuit à l’aiguillage vers les intervenants et les services bilingues existants.
Une recherche menée au Manitoba et en Ontario auprès de gestionnaires, de professionnels, d’aînés et de proches aidants a pu identifier les mécanismes formels et informels d’intégration des soins et services aux personnes âgées francophones présentes ou absentes, selon les perspectives de divers acteurs. Cette présentation mettra en lumière les similarités et les différences régionales, et discutera des barrières à l’intégration de services. Les résultats pourraient contribuer à identifier les dimensions sur lesquelles agir pour assurer un accès à des services en français en contexte minoritaire tout au long du continuum de soins et de services, condition liée étroitement à la sécurité et à la qualité des services.
Rencontre du Réseau de la recherche sur la francophonie canadienne – Repas offert par l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne
Méthodologies et francophonies : regards interdisciplinaires
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Communication orale
Quelques réflexions sur l’avenir des statistiques officielles en démolinguistiqueJean-François Lepage (Statistique Canada)
L’objectif de cette présentation est de proposer quelques réflexions paradigmatiques sur la pratique de la démolinguistique, et particulièrement de la statistique linguistique officielle au sein d’un organisme tel que Statistique Canada.
La démolinguistique « classique » a comme objet la définition des groupes linguistiques et l’étude de leur évolution démographique respective. Depuis les années 1960, elle a permis sur cette base toutes sortes de comparaisons entre les groupes linguistiques, principalement sur le plan socioéconomique.
Depuis quelques années, cette approche classique est remise en question. Dans un contexte d’immigration soutenue, les dynamiques linguistiques actuelles sont beaucoup plus fluides et complexes. Il ne va pas de soi que la démolinguistique classique permette aisément de rendre compte de toutes les nuances de ces pratiques et identités linguistiques diversifiées et mouvantes.
Quel sont, dans ce contexte, la place et le rôle de la statistique linguistique officielle? Comment la démolinguistique peut-elle se renouveler afin de répondre aux préoccupations des communautés francophones en situation minoritaire? Comment peut-elle contribuer pertinemment aux connaissances dans un environnement de recherche multidisciplinaire en tenant compte des problématiques de recherche les plus actuelles?
La présentation propose quelques pistes de réflexions, mais vise surtout à ouvrir un dialogue pour le renouvellement et la pertinence de la statistique linguistique.
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Communication orale
Développement d’une série de mesures géographiques avancées pour l’étude des communautés de langue officielle en situation minoritaire au CanadaMartin Durand (Ministère du Patrimoine canadien)
Les communautés de langue officielle en situation minoritaire se développent et s’épanouissent dans des contextes démographiques, socio-économiques, culturels et géographiques qui varient énormément d’un endroit à l’autre au pays. Afin de mieux comprendre comment s’articule ces dynamiques régionales ainsi que les défis particuliers auxquels font face les communautés, l’équipe de recherche de la direction générale des langues officielles de Patrimoine canadien a développé une série de mesures géographiques avancées allant de la bande de distance à la distance standard en passant par l’analyse de proximité et le voisin le plus proche. Grâce à ces mesures, nous avons une meilleure compréhension du niveau de complexité géographique des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Ceci nous permet d’identifier plus facilement les populations démontrant un statut géospatial simple, populations qui présentent un potentiel plus grand pour la mobilisation ainsi que des défis moins importants quant à la livraison de services. À l’opposé, les populations ayant un statut géospatial complexe présentent un potentiel plus élevé quant aux défis liés à la mobilisation et à la prestation de service auxquels s’ajoutent des problématiques de cohésions communautaire et identitaire.
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Communication orale
Faire de la recherche sur la francophonie économique canadienne : le défi des enjeux conceptuels et méthodologiquesIrving Lewis (RDEE Canada)
À partir de la présentation des résultats de deux grandes études statistiques menées par le RDÉE Canada, nous mettrons en lumière les enjeux conceptuels et méthodologiques liés à la recherche sur la francophonie économique canadienne, les stratégies développées pour les relever et les questions en suspens. La première recherche a porté sur les défis et les opportunités auxquels font face les entrepreneurs francophones quand vient le moment d’explorer les marchés internationaux. Elle a permis de révéler les différences de décisions entre les entreprises francophones et celles anglophones en matière d’exportation, de même que les effets de la localisation géographique et le statut de résidence des propriétaires sur celles-ci. Les données proviennent des sources suivantes : l’Enquête sur le financement des petites et moyennes entreprises, la T2- Déclaration de revenus des sociétés et l’Index général des renseignements financiers. La deuxième recherche dresse un portrait des entreprises francophones dans les communautés francophones et acadienne. Elle a permis de mettre en lumière le nombre de lieux d’affaires ainsi que leurs caractéristiques principales à partir d’indicateurs comme le revenu, les salaires, les exportations, l’âge moyen des entreprises, les profits, la croissance. Trois bases de données ont été mobilisées pour la réalisation de ce profil : la Structure des industries canadiennes, le Registre des entreprises de Statistique Canada et le Registre des exportateurs.
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Communication orale
La généalogie par ADN : une toile en expansion pour la diaspora franco-nord-américainePierre Gendreau-Hétu (Carrefour de généalogie / Québec ADN)
La francophonie d’Amérique trouve dans la révolution génomique un horizon scientifique et une perspective de développement dont les institutions d’enseignement supérieur et leurs sciences humaines peinent à prendre acte. La combinaison de la génomique et de la généalogie ne relève encore en Amérique du Nord francophone que d’initiatives citoyennes telles que les projets Québec ADNy et ADNmt.
Les implications de la généalogie génétique sont significatives sur le plan scientifique autant que communautaire. Le discours identitaire « post franco » trouve notamment dans cette généalogie expérimentale une puissante source d’inspiration. Des projets de généalogie rassemblent aujourd’hui des milliers de clients d’entreprises telles que Family Tree DNA mobilisés par des hypothèses à valider. Salive et archives collaborent à l’établissement des signatures ADN ancestrales.
La généalogie par ADN constitue un défi au cloisonnement universitaire, qu’il soit en son sein, entre disciplines et facultés, ou extra-muros. La diaspora franco nord-américaine tisse depuis une décennie une toile généalogique continentale, à la fine pointe de la génomique. Nombre de Nord-Américains d’origine laurentienne ou acadienne recherchent l’épicentre de leurs origines par une généalogie de haute technologie. L’important projet à Québec d’un Carrefour de généalogie de l’Amérique francophone répond précisément à cet intérêt retrouvé chez une diaspora virtuelle dont souvent seul le nom de famille parle français.