Informations générales
Événement : 84e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Le colloque portera sur l’adaptation aux changements climatiques, un sujet qui fait l’objet d’une attention grandissante dans les médias et la communauté scientifique au Québec, dans la Francophonie et dans le monde entier.
Afin de faire face aux défis posés par les changements climatiques, deux types de réponse sont possibles : l’atténuation et l’adaptation. Malgré les efforts mis en œuvre mondialement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (atténuation), le climat continuera de connaître des bouleversements irréversibles, comme une augmentation de la fréquence et de l’ampleur des événements météorologiques extrêmes (vagues de chaleur accablante, inondations, tempêtes hivernales, etc.) (GIEC, 2013). Les changements climatiques auront ainsi des impacts potentiellement considérables sur la santé et la sécurité de la population, l’environnement bâti, l’économie et l’environnement naturel. C’est pourquoi la capacité qu’auront les humains de s’y adapter est fondamentale.
Il n’est donc pas surprenant que cette question soit de plus en plus présente dans les préoccupations de différents acteurs de la société. Elle est notamment mise en avant dans la Stratégie gouvernementale d’adaptation aux changements climatiques 2013-2020 du gouvernement du Québec. D’autres gouvernements, des villes, des établissements de santé et des entreprises privées de par le monde ont aussi emboîté le pas en s’engageant dans une démarche d’adaptation. Plusieurs moyens sont ainsi proposés pour inciter les gens à modifier leurs comportements dans le but de se préparer aux conséquences des changements climatiques.
Comme l’adaptation est un sujet complexe et multifacette, ce colloque proposera une approche multidisciplinaire. Le programme du colloque réunira donc des chercheurs de haut niveau provenant de la santé publique, des sciences de l’éducation, de la psychologie, de l’administration publique, de l’économie, de la communication publique et de l’environnement.
Date :- Pierre Valois (Université Laval)
- Marie-Pier Carrier (Université Laval)
- Maxime Caron (Université Laval)
Programme
Le Québec face aux changements climatiques : outils et mesures de l'adaptation
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Mot de bienvenue
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Le système SUPREME, outil d'adaptation : contributions et défis
Depuis mai 2010, le système de Surveillance et de prévention des impacts sanitaires des évènements météorologiques extrêmes (SUPREME), développé par l'Institut national de santé publique du Québec, est disponible pour les autorités de santé publique du Québec. Le volet chaleur de ce système a pour but d'identifier des vagues de chaleur pouvant avoir des impacts sur la santé afin de permettre aux autorités de santé publique de mettre en place des mesures de prévention et de protection de la santé de la population. Ce système émet des avertissements de chaleur extrême fondés sur les prévisions des températures et présente également des données météorologiques et des indicateurs sanitaires en temps réel ou quasi réel, ainsi qu'un outil d'affichage cartographique qui permet notamment de localiser les populations plus vulnérables.
Les avertissements du système SUPREME couvrent 52 des 68 régions météorologiques du Québec. La conférence portera sur les difficultés méthodologiques concernant l'émission des avertissements ainsi que sur l'analyse de leur fiabilité. Également, une discussion sera avancée sur les impacts des avertissements sur les activités d'adaptation des Directions de santé publique et le ministère de Santé et des Services sociaux. Une analyse des défis méthodologiques concernant la définition des vagues de chaleur et la détermination de seuils sera aussi faite. Également, un bilan sera montré sur les impacts des vagues de chaleur sur les décès pendant cette période.
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L'histoire au service de la lutte contre les changements climatiques : exemple concret avec la base de données historiques des sinistres d'inondation et des étiages au QuébecNathalie Bleau (Ouranos), Isabelle Mayer-Jouanjean (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Comment faire face aux changements climatiques (CC) en cours et à venir si ce n'est avec des stratégies d'adaptation diverses et nécessaires afin de réduire leurs impacts potentiels sur les systèmes naturels et humains et d'augmenter la résilience des sociétés ? En dressant, par exemple, un portrait des vulnérabilités sociétales et territoriales, fruit de travaux croisés de plusieurs disciplines comme l'histoire dont le rôle est encore trop souvent ignoré. Pour comprendre concrètement les apports des historiens, cette présentation propose d'exposer un projet en cours dont une première phase est la réalisation d'un recueil historique d'informations relatives aux inondations et aux sécheresses/étiages s'étant produits dans le sud du Québec. Sont inventoriés dans cette base de données l'historique conjoncturel de ces événements, les renseignements hydro-météorologiques associés, leurs impacts, leur gestion et les solutions mises en place. Ce projet vise à documenter ces paramètres aussi loin dans le passé qu'il est possible de remonter selon les sources disponibles, et à permettre aux spécialistes de la gestion du risque, aux gestionnaires et décideurs d'exploiter ces ressources documentaires habituellement dispersées et souvent méconnues. C'est un projet d'envergure, interdisciplinaire, intégrant des acteurs de l'adaptation aux CC qui s'appuie sur le passé pour mieux envisager un futur au climat changeant.
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Pause
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Faire d'une pierre deux coups : retombées de projets de lutte aux îlots de chaleur urbainsMélanie Beaudoin (INSPQ - Institut national de santé publique du Québec)
Dans le cadre du Plan d'action 2006-2012 sur les changements climatiques du Québec, l'INSPQ a lancé des appels de propositions afin de mettre en place des projets de démonstration de lutte aux îlots de chaleur urbains (ICU) auprès de populations vulnérables. Les projets subventionnés devaient effectuer des mesures d'adaptation : toiture verte ou blanche, verdissement, aménagement de cours d'école...
Des évaluations ont été réalisées par des partenaires. Des images thermiques satellitaires, une modélisation numérique de surface et une campagne de mesures de la température ont permis de comparer les températures de surface avant et après la réalisation des projets. Une évaluation qualitative a mesuré leseffets des projets sur la qualité de vie des citoyens, par le biais de questionnaires et entrevues portant notamment sur l'esthétisme, la sécurité des lieux et le gain de fraîcheur.
Quarante projets ont été complétés. Les évaluations réalisées ont permis de mesurer la réduction effective de l'effet d'ICU et d'apprécier l'amélioration de la qualité de vie des citoyens. Ces projets ont aussi eu des retombées sociales : impact sur la revitalisation des quartiers, insertion des jeunes, solidarité sociale ou sécurité alimentaire. Les résultats d'évaluation ont mené à une réorientation de nos actions.
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L'adaptation à la chaleur accablante : un concept multifactorielMaxime Caron (Université Laval), Marie-Pier Carrier (Université Laval), Pierre GOSSELIN (INSPQ - Institut national de santé publique du Québec), Jean-Sébastien Renaud (Université Laval), Denis TALBOT (Université Laval), Pierre Valois (Université Laval)
L'Observatoire québécois de l'adaptation aux changements climatiques (OQACC) a plusieurs mandats, dont celui de jouer un rôle de surveillance de l'état de santé de la population québécoise en suivant l'évolution temporelle d'indicateurs aux changements climatiques (CC). L'une des conséquences des CC consiste en une hausse des événements météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur accablante. Celles-ci entraînent des impacts sanitaires importants sur la population, résultant en une augmentation des décès prématurés, des visites à l'urgence et des hospitalisations. Dans une perspective de santé publique, il est important de s'assurer dès maintenant que la population s'adapte bien à la chaleur. L'un des objectifs de cette communication consiste à présenter un indice d'adaptation à la chaleur accablante et de décrire ses relations avec différentes variables.
Les données proviennent d'un sondage réalisé en 2015 auprès de 2 000 personnes résidant dans les dix villes les plus populeuses du Québec. Les résultats d'une analyse factorielle confirmatoire (CFI=0,910) suggèrent que l'indice d'adaptation présente de bonnes qualités psychométriques. Le sexe et l'âge semblent associés à l'indice; les hommes s'adapteraient moins bien que les femmes et les gens âgés entre 40 et 49 ans s'adapteraient mieux que ceux de 80 ans et plus. Cet indice permettra de suivre l'évolution de l'adaptation à la chaleur accablante de la population québécoise dans le temps.
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Qu'en est-il de l'adaptation aux inondations au sein de la population québécoise à risque?Marie-Pier Carrier (Université Laval), Pierre GOSSELIN (INSPQ - Institut national de santé publique du Québec), Jean-Sébastien RENAUD (Université Laval), Denis TALBOT (Université Laval), Pierre VALOIS (Université Laval)
Il est estimé que les changements climatiques observés au cours du XXe siècle s'accentueront selon la saison et le milieu géographique (Ouranos, 2010). Selon le panel intergouvernemental sur les changements climatiques (PICC), d'ici 2080, des millions de personnes devraient être inondées chaque année en raison de la montée des eaux. Le Québec n'y fera pas exception. Les impacts potentiels d'une inondation sur la santé des sinistrés sont nombreux. Dans cette optique, les autorités de santé et de sécurité publiques tentent de sensibiliser la population en diffusant de l'information sur les comportements à adopter afin de s'adapter aux inondations. Il a été démontré que ces mesures réduisent considérablement les conséquences négatives dues aux inondations. Malheureusement, au Québec, nous ne savons pas si ces mesures sont adoptées par les citoyens. L'objectif de cette communication consiste à présenter les résultats d'un sondage mené en 2015 auprès de 1 951 personnes résidant dans une zone inondable ou à 150 mètres d'une zone inondable au Québec. Les résultats montrent que 83,9% des gens habitants en zone inondable ne se sont jamais informés des conséquences qu'une inondation pourrait avoir sur leur santé physique et mentale. Cette population ne semble pas toujours consciente qu'elle est à risque; 26,8% d'entre eux ne savent pas qu'ils habitent une zone inondable. Cette étude fournit des informations importantes en matière de santé publique auprès de cette population.
Dîner
L'adaptation institutionnelle aux changements climatiques au Québec et ailleurs dans le monde
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Intégration de l'adaptation aux changements climatiques dans l'administration publique : pourquoi certains fonctionnaires sont-ils davantage proactifs que d'autres?Eva Anstett (ÉNAP - École nationale d'administration publique), Michel CROWLEY (ÉNAP - École nationale d'administration publique), Johann Jacob (Université Laval), Moktar LAMARI (ÉNAP - École nationale d'administration publique), Arnaud SAWADOGO (ÉNAP - École nationale d'administration publique)
Les conséquences du réchauffement climatique interpellent particulièrement les pouvoirs publics, au premier chef via l'intégration d'une préoccupation pour l'adaptation aux changements climatiques (ACC) dans les processus de prise de décision. Les progrès en matière d'ACC sont néanmoins variables selon les échelles et différents facteurs (individuels, organisationnels et institutionnels) peuvent expliquer ces variations. Peu de recherches empiriques ont toutefois cherché à expliquer les perceptions et comportements des fonctionnaires relativement à l'ACC.
Ce papier dresse un portrait des efforts d'intégration de l'ACC au sein de 2 ministères du gouvernement du Québec (MDDELCC et MAMOT), puis cerne des facteurs faisant en sorte que certains fonctionnaires seraient davantage proactifs quant à l'intégration de l'ACC. Nos résultats s'appuient sur les données d'un sondage web mené en 2013 auprès de 394 fonctionnaires.
Une analyse factorielle a permis d'identifier trois dimensions cognitives associées à la problématique des CC (connaissances générales sur les CC, coûts et efficacité des mesures d'ACC, évaluation du risque). Des analyses de régression (OLS) ont ensuite permis d'identifier certains prédicteurs de i) la consultation de documents portant sur l'ACC; ii) l'initiation de mesures d'ACC. Ces résultats ont permis d'orienter la conception d'outils de sensibilisation (guide et formation) à l'intention des fonctionnaires en matière d'intégration de l'ACC dans leurs activités.
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Les stratégies d'innovation des municipalités dans la gestion des risques de désastres naturelsPierre GOSSELIN (INSPQ - Institut national de santé publique du Québec), Kaddour Mehiriz (Institut national de recherche scientifique)
Les municipalités au Québec sont les premiers répondants dans le cas d'aléas météorologiques extrêmes. Pour prendre en charge correctement cette responsabilité, elles doivent continuellement améliorer leurs pratiques afin de s'adapter aux nouvelles réalités résultant des changements climatiques. À ce propos, les études sur l'innovation distinguent deux stratégies d'innovation, soit les stratégies qui misent essentiellement sur les ressources et l'expertise interne des organisations (intramural innovation) et les stratégies se basant sur l'expertise se trouvant dans leur environnement tels que les organismes de recherche, les fournisseurs et les clients (extramural innovation).
Nous présentons ici les résultats d'un sondage relatifs aux stratégies d'innovation des municipalités dans la gestion des risques de désastres naturels qui a été réalisé au Québec en 2014. Reprenant la typologie de l'innovation interne/externe et l'adaptant au contexte municipal, nous présentons les résultats de l'enquête qui ont trait aux 3 questions suivantes:
1- Quelles sont les stratégies d'innovation les plus couramment utilisées par les municipalités?
2- Est-ce que ces stratégies sont des substituts l'une à l'autre, ou plutôt complémentaires?
3- Finalement, est-ce que les stratégies d'innovation varient en fonction des caractéristiques des municipalités?
L'étude permet ainsi de mettre la lumière sur un sujet qui a fait l'objet de peu d'études en administration publique.
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Pause
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Vers un portrait de l'adaptation aux changements climatiques dans le réseau de la santé et des services sociaux du QuébecPierre GOSSELIN (INSPQ - Institut national de santé publique du Québec), Kaddour Mehiriz (INRS - ETE - Institut national de la recherche scientifique - Eau Terre Environnement), Alexandre Morin (Université Laval), Pierre VALOIS (Université Laval)
Un des projets de recherche menés par l'Observatoire québécois de l'adaptation aux changements climatiques (OQACC) consiste à dresser un portrait évolutif de l'adaptation aux changements climatiques (ACC) dans les établissements du réseau de la santé et des services sociaux du Québec (RSSS). Selon la mission qui leur est confiée, différentes instances au sein du RSSS ont un rôle à jouer face aux impacts possibles des aléas météorologiques. Cependant, les mesures mises en place à travers la province dans le but de protéger la santé et la sécurité des usagers et du personnel du RSSS, demeurent méconnues et difficiles à circonscrire. Pour y pallier, cette étude s'intéresse à deux phénomènes, les vagues de chaleur et les inondations. Suite à une revue de la littérature portant sur les mesures d'ACC, une liste d'indicateurs a été élaborée. Ces indicateurs ont été triés en fonction des responsabilités de chacune des instances ciblées (prévention, intervention d'urgence, soins aux patients, infrastructures, etc.), et ont servi de base à l'élaboration de questionnaires. Ces questionnaires seront administrés à intervalles réguliers auprès de différents responsables au sein des établissements de santé et services sociaux, dans le but d'effectuer une surveillance de l'évolution du processus d'ACC. En plus d'offrir aux autorités un portrait rigoureux et valide de l'ACC dans le RSSS, cette étude permettra d'accroître notre connaissance des déterminants associés à l'adaptation.
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Quelles mesures d'adaptation aux changements climatiques prises dans le secteur agricole par les agriculteurs et les pouvoirs publics dans la région d'Aïn Defla (Algérie)?Khelifa Amokrane (Université d'Oran), Christopher BRYANT (UdeM - Université de Montréal), Valentina-Mariana MANOIU (Université de Bucarest), Azzeddine Madani (Université de Khemis Miliana)
Les événements météorologiques observés un peu partout dans les pays du monde suscitent de plus en plus l'intérêt des gouvernements et des personnes. Les grandes vagues de chaleur enregistrées durant les 5 derniers mois en Algérie ont fait ressortir les signes inquiétants des changements climatiques sur le secteur agricole. Les pouvoirs publics sont sur le point de déclarer la sècheresse pour la saison agricole 2015-2016. La région d'Ain Defla semble très touchée cette saison, par cette situation à cause des faibles précipitations enregistrées. Située à 145 km à l'ouest de la capitale Alger, cette région à vocation agricole par sa grande production alimente le marché algérien et offre des possibilités pour l'exportation du surplus en pomme de terre.
Dans cette communication nous comptons analyser le comportement des agriculteurs et des pouvoirs publics face à ce changement climatique brusque en Algérie à travers leurs réactions suite à cette sécheresse et mettre, entre autres, la lumière sur les mesures d'adaptation prises pour atténuer l'impact lié au manque d'eau et à la hausse de chaleur qui influent sur de nombreux produits agricoles, et ce à travers des entrevues auprès de certains agriculteurs et décideurs et les données existants. Pour conclure, nous proposons de nouvelles mesures permettant plus d'adaptation aux changements climatiques pour le secteur agricole, lequel joue un rôle très important dans l'autosuffisance alimentaire et dans l'économie du pays.
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L'adaptation aux changements climatiques en Afrique subsaharienne et à Madagascar : la contribution de l'économie politiqueJessica Andriamasinoro (UQAM - Université du Québec à Montréal), Bruno SARRASIN (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les pays de l'Afrique subsaharienne, à laquelle Madagascar est associée, comptent parmi les plus impactés par les changements climatiques considérant leurs conditions géographiques, économiques et démographiques. Si les études sur la mise en œuvre de l'adaptation au changement climatique dans cette région sont nombreuses, celles qui traitent du pouvoir des acteurs non étatiques dans la conception et la mise en œuvre des stratégies d'adaptation demeurent limitées. Or, les Institutions financières internationales (IFI) interviennent également dans ces phases et possèdent des programmes destinés à financer l'adaptation. En s'inscrivant dans une approche hétérodoxe d'économie politique internationale développée par Susan Strange, notre objectif est de comprendre le rapport dialectique entre les objectifs d'adaptation aux changements climatiques et ceux du développement sous-jacent en Afrique subsaharienne, en posant un regard particulier sur Madagascar. L'originalité de cette communication repose tout d'abord sur le cadre d'analyse choisi qui ne limite pas la notion de pouvoir à son caractère relationnel, mais également structurel. À l'aide d'une analyse documentaire et d'entretiens semi-dirigés, notre démarche permettra aussi d'exposer comment l'adaptation contribue à consolider le modèle de développement proposé par les IFI dont les effets contribuent potentiellement aux changements climatiques.